Contenu du sommaire : Fêtes et rituels dans la migration

Revue Revue Européenne des Migrations Internationales Mir@bel
Numéro Vol. 16, no 2, 2000
Titre du numéro Fêtes et rituels dans la migration
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Fêtes et rituels dans la migration

    • Editorial - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel p. 7-8 accès libre
    • L'invention de l'authenticité. Belleville, quartier juif tunisien - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel, Patrick Simon p. 9-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La sociologie des migrations a, de longue date, décrit et analysé la constitution de « quartiers d'immigration » investis et organisés par des communautés. Pour rendre compte de ces formes d'implantation, les descriptions empruntent souvent le vocabulaire de la reproduction, comme si, au cours de leur acclimatation à la société d'installation, les structures et pratiques héritées du pays d'origine n'avaient subi que des transformations superficielles. Or le processus de re-création de l'environnement familier de la société d'origine s'effectue à partir d'une invention, d'un bricolage aurait dit Bastide, qui réinterprète l'héritage pour mieux le dépasser. C'est du moins ainsi que l'on a analysé la formation du quartier juif tunisien de Belleville et l'évolution de la communauté installée dans ce quartier à partir de la fin des années 1950. La mise en scène de la tradition donne l'impression d'une immuabilité. Elle masque en fait une profonde modification du sens et de la portée des pratiques religieuses, sociales et culturelles. On cherchera dans cet article à déconstruire les mécanismes de création de l'authenticité et à analyser ses usages dans la négociation des rapports sociaux internes à la communauté et la place de celle-ci dans la société française.
      The Invention of Authenticity. Belleville, a Tunisian Jewish Neighbourhood in Paris The sociology of migration has long described and analyzed the « territorialization » of immigrant ethnie communities in specifie neighbourhoods. This type of settlement is frequently discussed in terms of reproduction, as if adaptation of structures and practices from the country of origin to the host society had produced only superficial transformations and left their core unchanged. We challenge this interprétation and argue that the process of recreating an environment similar to that of the society of origin is based on invention, on a reinterpetation of that society's legacy. This is how we analyze the development of the Tunisian Jewish neighbourhood in Belleville and the évolution of the community that settled there beginning in the late 1950's. The playing out of tradition gives the image of immutability, but in fact conceals a profound change in the meaning and impact of religious, social and cultural practices. In this article we attempt to deconstruct the creation of authenticity and analyse how it is manipulated so as to negociate social class relations within the community and the position of the latter in the wider French society.
    • Fêtes de rue, enfants d'immigrés et identité locale. Enquête dans la région niçoise - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel, Christian Rinaudo p. 43-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant d'un travail de terrain réalisé dans la région niçoise, cet article traite de l'engagement des enfants d'immigrés dans les nouvelles formes de luttes urbaines. Celles-ci trouvent leur expression lors de fêtes de rue qui se veulent indépendantes de toutes formes de pouvoir local. L'auteur s'appuie sur une problématique des identités locales prises à la fois comme enjeux de définition institutionnelle de la ville et comme source de définition existentielle de ses habitants. Il apparaît alors que la promotion de l'image touristique de Nice en tant que capitale de la Côte d'Azur contribue à la fois au développement de mouvements de résistance joyeuse à cette définition de la ville et à la participation volontaire et enthousiaste des jeunes d'origine maghrébine dans cette lutte. Il se dessine ainsi, lors des carnavals « indépendants » et autres fêtes de rue organisées dans les vieux quartiers populaires de la ville, une forme d'expression identitaire qui repose sur la construction de liens communautaires forgés sur la base d'une adhésion volontaire reposant sur un projet alternatif quant à la manière de vivre la ville. En ce sens, ces fêtes participent de la production d'un sentiment identitaire qui n'est pas tant fondé sur l'origine commune des participants que sur le rêve d'une communauté ouverte sur le quartier, sur la ville et sur le monde.
      Street Festivals, Children of Immigrants and Local Identity. Survey in the Region of Nice Based on fieldwork in the Nice region, this article discusses the involvement of the children of immigrants in new kinds of urban struggles. Such conflicts are expressed in street festivals that are designed to be indépendant of any local authority. The author approaches local identities as both the arena of struggle regarding the institutional definition of the city and the source of self-definition of the inhabitants. The promotion of Nice's touristic image as the capital of the Côte d'Azur gives rise to lively resistance movements to such a definition of the city and to enthusiastic, voluntary participation in them by youth of North African background. During « independant » carnivals and other street festivals organized in the old popular quarters of the city, expressions of identity arise that are based on an alternative project for life in the city. Thus, such celebrations contribute to the production of a sense of identity that is less based on the common origins of the participants than on the ideal of a community open to the neighborhood, the city and the world.
    • La fête des Portugais : héritage et invention - Albano Cordeiro, Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel p. 59-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quarante ans se sont écoulés depuis l'arrivée des Portugais en France et la création de leurs premières amicales. Ces espaces collectifs organisés « pour soi » au début de l'immigration, ont permis aux Portugais de promouvoir leur identité sur la scène publique et d'accéder à une légitimité sociale. Les ressources culturelles dont ils disposaient, folklore, musique, fêtes, mobilisaient un savoir-faire déjà acquis au pays et ont été facilement transposées dans l'immigration. Les pratiques festives ont toujours joué un rôle structurant de l'associationnisme portugais en France. Dans les années 1980, alors que les difficultés du départ se furent adoucies, la dimension festive héritière de la convivialité populaire allait sortir du cadre de l'« entre soi » pour acquérir une nouvelle fonction à la fois sociale et symbolique, celle de faire lien avec « les autres ». Dans cet article, les auteurs interrogent « les fêtes des Portugais » et le sens qu'elle revêt pour ceux qui l'organisent et ceux qui la vivent.
      Portuguese Celebrations : Legacy and Invention Forty years have elapsed since the arrival of the Portuguese in France and the founding of their first social clubs. These collective social spaces organized " for one's own " at the beginning of immigration allowed the Portuguese in France to promote their identity in the public arena and to acquire a certain social legitimacy. Their cultural resources such as folklore, music and festivities mobilized a savoir-faire acquired in the country of origin and easily transported via immigration. Festive practices have always played a structuring role in Portuguese associations in France. During the 1980's, when the initial difficulties of migration had subsided, the festive dimension was taken out of the " among one's own " framework and acquired the new social and symbolic function of establishing ties with " others ". In this article, the authors examine " Portuguese celebrations " and the meaning they hold for those who organize them and those who live them
    • Transnationalité et renouveau de la vie festive capverdienne aux États-Unis - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel p. 77-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La transnationalité que nous analysons dans cet article dépasse les niveaux politique et économique et concerne aussi le domaine symbolique. Nous cernons la spécificité de la transnationalité capverdienne depuis l'Indépendance (1975), tout en soulignant son ancienneté. Cette transnationalité touche des individus dont les racines capverdiennes remontent à trois ou plusieurs générations. L'étude de la vie festive et publique chez les Capverdiens-Américains dans la région de Boston et de Providence montre comment la transnationalité moderne a modifié les paramètres des enjeux identitaires ethniques. En même temps que la notion de « la tradition capverdienne » est ébranlée, de nouvelles formes de mémoire communautaire voient le jour. Nous signalons notamment le rôle des « transmigrants » des années récentes ; mieux scolarisés et plus cosmopolites que les cohortes précédentes, ils ont une influence importante sur les médias et la vie publique de la communauté capverdienne-américaine.
      Transnationalism and Renewal of Cape Verdean-American Feslive Life Transnationalism goes beyond the political and economie levels and encompasses symbols and ritual. We discuss the Cape Verdean transnationalism as a longstanding phenomenon that has taken new forms since Independence (1975). It affects individuals whose Cape Verdean origins go back three or more generations, through festive life as well as other ineans. The study of festive and public life among Cape Verdean-Americans in the Boston-Providence area shows that modem transnationalism has changed the parameters of identity issues. At the same time, notions of « Cape Verdean tradition » have been challenged and new forms of social memory have emerged. One influence is the « transmigrants » of recent years; better educated and more cosmopolitan than earlier cohorts, they already exert considerable influence on the public life of the Cape Verdean-American community today.
    • Le rituel de la slava et l'imaginaire communautaire de l'unité. Les Roumains de Homolje et les Serbes en France - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel, Dejan Dimitrijevic p. 91-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La slava est la fête du saint patron de la plus petite unité sociale, la maison. Ce rituel marque l'unité des vivants et des défunts au sein du groupe concerné et perpétue les relations de solidarité extra-lignagère par un système d'échanges réciproques d'invitations à la slava. C'est dans ce sens que les Roumains de Homolje (Nord-Est de la Serbie), qui se reconnaissent aussi comme Serbes, pratiquent le rituel jusqu'à la vague d'émigration économique qui a débuté dans le milieu des années 1960. À partir de ce moment, la slava a été adaptée à la nouvelle situation : elle contribue également à la cohésion des membres de la maison qui vivent dans au moins deux pays, et les relations de solidarité, qui étaient exclusivement roumaines car les deux communautés vivaient séparées, se construisent désormais avec les Serbes. L'examen de la pratique de la slava en France révèle la volonté de maintenir l'unité de la maison malgré la dispersion de ses membres, et l'intégration de ce rituel, au cours des années 1990 marquées par les guerres yougoslaves, au processus d'assimilation à la nation serbe commencée au dix-neuvième siècle.
      The Ritual of the Slava and the Unity of the Imagined Community. The Romanians from Homolje and the Serbs in France The slava is the feast of the household's patron saint. This ritual shows the unity of the living and the dead of the group, and through a System of mutual invitations, fosters extra-lineage relationships of interdependence. Before economie migration began in the mid-1960s, the Romanians of Homolje (Northeastern Serbia), who also consider themselves Serbs, practiced the ritual in this way. Since then, the slava has been adapted to the new situation and contributes to the cohesion of households whose members live in different countries. Furthermore, relationships of interdependence, formerly exclusive to Romanians, because the two communities were living apart, are now extended to include Serbs. The study of the slava as practiced in France shows the participants' détermination to maintain household unity despite geographie dispersion. Moreover, during the Yugoslavian wars in the 1990s, the ritual became linked to the process of assimilation to the Serb nation that began in the nineteenth century.
    • Négociation, polyphonie et différence dans les pratiques créatives des Grecs- Australiens - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel, Gillian Bottomley p. 119-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans des pays polyethniques. comme l'Australie, les politiques multiculturelles sont généralement basées sur des concepts d'identités etanches qui prennent pour fondement certaines caractéristiques ethnoculturelles. Ce texte porte sur plusieurs activités culturelles grecques-australiennes qui négocient la polyphonie. Des exemples sont pris premièrement, dans les contributions d'écrivains grecs-australiens lors d'une conférence tenue dans le cadre du Jour de l'Australie en 1998 et deuxièmement, selon des contextes australiens spécifiques, dans les variations de la musique grecque « rebetika ». Nous avançons que ces pratiques ne se limitent pas à des célébrations esthétiques du multiculturalisme, mais sont aussi des critiques des identités essentialisées qui témoignent, selon l'expression de Bourdieu, de l'aspect « polythétique » de toute pratique culturelle.
      Negotiation, Polyphony and Difference in Greek-Australian Creative Practices In polyethnic countries like Australia, multicultural policies are usually based on concepts of discrete ethnie identities demarcated by ethnocultural characteristics. This paper concentrates on several specific Greek-Australian cultural activities that negotiate polyphony. Examplcs are drawn from : firsl; presentations by Greek-Australian writers at a conference held on Australia Day. 1998, and second; variations within Greek rebetika music as played within specifc Australian contexts. 1 argue that these practices are not simply aesthetic celebrations of multiculturalism, but critiques of essenlialising identities that demonstrate what Bourdieu calls the « polythetic » aspect of all cultural practice.
    • La chanson populaire comme création identitaire : le Rebetiko et le Raï. De la transgression locale à la reconnaissance mondiale - Marie-Antoinette Hily, Deirdre Meintel, Michel Oriol p. 131-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce texte part de la distinction à effectuer entre la mobilisation des identités collectives et la culture, en tant qu'objet d'études de l'anthropologie. Celle-ci est considérée comme un processus dynamique destiné à unifier et à obtenir d'être reconnu de la part d'un ensemble de sujets qui, faute de cela, seraient voués à demeurer dans l'hétérogénéité et la domination subie. Les chansons populaires, illustrées ici par le rebetiko et le raï, fournissent un très bon exemple de ce processus, qui se développe indépendamment des normes officiellement instituées et, souvent, à leur encontre. Le raï et le rebetiko, issus des milieux marginaux et stigmatisés, ont trouvé une légitimité en devenant des symboles de résistance aux dominations et aux menaces politiques (l'armée allemande, puis les colonels grecs pour le rebetiko, l'islamisme et la nomenklatura algérienne pour le raï). Puis ils ont été internationalement reconnus, grâce, en particulier, à leur adoption par les diasporas constituées par les émigrés.
      Popular Songs and Identity in Rebetiko and Raï : From Local-Level. Marginality to World-Wide Renown Michel ORIOL The conceptual framework of this article concerns the mobilisation of collective identities as a process quite distinct from cultural manifestations as they are studied by anthropologists. It is considered as a dynamic way of bringing unity and recognition to a collection of people otherwise doomed to remain in a state of heterogeneity and domination. Popular songs, as shown here by rebetiko and raï, are a very good illustration of this process, developing independantly of and often against officiai ideological norms. Raï and rebetiko, first sung in marginal and stigmatised milieus, found a legitimacy in becoming a symbol of resistance political dominations or threats (german army and greek colonels for rebetiko, Islamism and Algerian nomemklatura for raï). Then, they got international recognition, particularly through their adoption by migrant diasporas.
  • Notes de recherche

  • Notes de lecture

  • Livres reçus - p. 195-197 accès libre
  • Notes aux auteurs - p. 199 accès libre