Contenu du sommaire : Le Maroc de Mohammed VI : mobilisation et action publique

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 120, décembre 2010
Titre du numéro Le Maroc de Mohammed VI : mobilisation et action publique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le dossier : Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique

    • Question sociale et développement : les territoires de l'action publique et de la contestation au Maroc - Myriam Catusse et Frédéric Vairel p. 5 accès libre
    • L'activisme associatif comme marché du travail. Normalisation sociale et politique par les "Activités génératrices de revenus" à El Hajeb - Irene Bono p. 25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article propose une lecture en termes d'économie politique des pratiques d'inclusion des « pauvres » par le marché à travers la promotion des Activités génératrices de revenus (AGR), dans le contexte particulier d'El Hajeb au Maroc. Cette promotion des AGR est révélatrice de l'émergence d'une nouvelle conception du marché reposant sur la valorisation de l'activisme associatif comme pourvoyeur d'opportunités d'inclusion économique. La normalisation sociale et politique qui en dérive dévoile à la fois des traits typiques de l'exercice du pouvoir au Maroc et de la gouvernance néolibérale.
      Associational activism as a labour market. Social and political normalization through « Income generating activities » at El HajebBased on a political economy analysis, this article examines the practices of inclusion of the « poor » into the market through the promotion of Income generating activities (IGA), in the specific context of El Hajeb, Morocco. IGA's promotion is interpreted as a sign of the emergence of a new conception of market, in which the opportunities of integration are related to associational activism. The social and political normalization engendered by such a process sheds light over some patterns of the exercise of power in Morocco, as well as of neoliberal governance.
    • L'électrification temporaire des bidonvilles casablancais : aspects et limites d'une transformation "par le bas" de l'action publique. Le cas des carrières centrales - Lamia Zaki p. 45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers l'exemple de l'électrification des bidonvilles de Casablanca, cet article analyse les rapports dynamiques entre politiques publiques et formes de mobilisation populaire au Maroc. Il montre comment l'introduction d'un nouvel acteur, l'entreprise privée chargée de la gestion déléguée de la distribution d'eau et d'électricité dans l'agglomération, a entraîné une radicalisation du piratage électrique dans les bidonvilles et poussé les pouvoirs publics – qui s'y étaient jusque-là refusés – à accepter au cas par cas le raccordement institutionnalisé de ces quartiers. L'échec relatif à moyen terme du dispositif d'électrification montre cependant les limites d'une transformation par le bas de l'action publique, l'entreprise faisant face à de fortes difficultés pour gérer, sans portage politique fort, cette mission de service public.
      The temporary electrification of the Casablanca slums: aspects and limits of a grassroots transformation of a public policy. The case of the Carrières centrales. Through the example of the electrification of the Casablancan slums, this article analyzes the dynamic relationships between public policies and patterns of popular mobilizations in Morocco. It shows how the introduction of a new actor, the private company in charge of the electricity distribution in the agglomeration, has led to a radicalization of electricity hijacking in the slums and has forced public authorities to accept an institutionalized inclusion in the electrical grid of those informal neighbourhoods. However, the relative failure of the electrification process after a few years shows the limits of a transformation of public action “from below”, as the private company, lacking the support from the state, faces important problems in the management of this public mission.
    • Le "Maroc inutile" redécouvert par l'action publique : les cas de Sidi Ifni et Bouarfa - Karine Bennafla et Montserrat Emperador p. 67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis dix ans, le Maroc connaît une multiplication des mouvements de protestation sociale dans les bourgs et les villes moyennes. En étudiant les cas des mobilisations à Sidi Ifni (à l'orée du « Sahara occidental ») et à Bouarfa (près de la frontière algérienne), cet article se propose d'éclairer les relations entre l'État marocain et ses périphéries. L'article analyse ainsi la variété des interactions entre mobilisations, appartenances nationales et politiques d'aménagement. Il montre que le pouvoir central, confronté depuis des siècles à des épisodes de dissidence tribale, perpétue des pratiques anciennes pour gérer ces mobilisations des périphéries en alternant mesures de répression et octroi de concessions.
      « Useless Morocco » rediscovered by the state: the cases of Sidi Ifni and Bouarfa
      Over the course of the last decade, social protests have been on the increase in Morocco, especially in the small and medium-sized cities. The cases of protest movements in Sidi Ifni (located on the border of the contested Western Sahara) and Bouarfa (near the Algerian border) illustrate the tense relationship between the central state and peripheral areas. From these cases, this article analyses the various interactions between social mobilizations, national belonging, and development policies. It shows that the central state, which has been confronted with tribal dissidence over centuries, continues to manage social unrest by combining repression and the granting of privileges.
    • Leaders associatifs et élus locaux au Maroc : épreuves de face-à-face et controverses dans les arènes du développement - Mohammed Benidir p. 87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose d'analyser des controverses locales autour des usages de l'eau dans des projets de développement, qui opposent des villageois organisés en association à leurs élus locaux dans deux communes rurales marocaines. Il met l'accent sur l'inscription de ces mobilisations dans des configurations locales caractérisées par des logiques tribales et des solidarités de proximité et montre une recomposition des pouvoirs locaux, notamment de la notabilité.
      Associative leaders and local representatives in Morocco. Confrontations and controversies in arenas of development. This article analyzes local controversies around the uses of water in projects of development between inhabitants organised within an association and their local representatives in two Moroccan villages. It focuses on these local mobilizations shaped by local tribal dynamics and neighbour solidarities, which lead to a reshaping of the local authorities, including the notability.
  • Recherches

    • New political topographies. Mining companies and indirect discharge in Southern Katanga (DRC) - Jana Hönke p. 105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nouvelles topographies politiques. Entreprises minières et décharges indirectes au Sud du Katanga (RDC)Cet article entend analyser les reconfigurations actuelles du système politique en Afrique en étudiant la manière dont les multinationales gèrent la sécurité dans les régions minières de cuivre et de cobalt au Sud du Katanga (République démocratique du Congo – RDC). Ce texte cherche à démontrer que l'extension du rôle des entreprises dans la gestion du système politique au Sud du Katanga peut être interprétée comme une nouvelle forme de décharge indirecte effectuée par le pays d'accueil et par le pays d'origine de l'entreprise multinationale, pour externaliser, en grande partie, la gouvernance locale. Cela suggère des topographies politiques qui diffèrent de celles de la gestion de la sécurité par les entreprises au XIXe et XXe siècles.
      For analysing current reconfigurations of political order in Africa in a new way, this article suggests a focus on particular socio-economic spaces. It analyses how multinational companies govern security in the copper and cobalt mining region of Southern Katanga (DRC). The article argues that the extended role of companies in managing political order in Southern Katanga can be understood as a new form of indirect discharge by the host and the home states of multinational companies in such a way as to quasi-outsource local governance. It engenders political topographies different from those of corporate security governance in the XIXth-XXth centuries.
    • Mali : la politique de décentralisation à l'heure de l'agenda de Paris pour l'efficacité de l'aide - Sonia Languille p. 129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Inspirée à l'origine, au début des années 1990, par des objectifs institutionnels endogènes, la décentralisation malienne est aujourd'hui portée financièrement par la « communauté internationale ». Cet article entend éclairer, à partir d'une analyse des discours et des instruments d'intervention des bailleurs du nouveau régime de l'aide – dialogue politique, appui budgétaire sectoriel, renforcement des capacités –, la construction de la politique de décentralisation au Mali, au carrefour des logiques externes de gestion et des reconfigurations internes des rapports de pouvoir.
      Mali: Decentralisation Policy and Paris Agenda for Aid Efficiency
      Originally inspired, at the beginning of the 1990s, by endogenous institutional objectives, the decentralisation process in Mali is today fuelled by external donors' funding. Based on an analysis of discourses and of donors' practices in the context of the new aid agenda – political dialogue, sector budget support, capacity-building –, this article intends to shed light on the design process of Malian decentralisation policy as the outcome of managerial logics and internal political dynamics towards new power configurations.
    • Beyond Black and White : Ethnicity and land reform in Namibia - Eduard Gargallo p. 153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Par-delà le Noir et le Blanc : ethnicité et réforme agraire en NamibieLe processus de réforme agraire en Namibie s'est inscrit dans la politique officielle de « construction nationale » qui tente d'ignorer les tensions ethniques à l'œuvre dans le pays. Le gouvernement a ainsi rejeté les revendications sur certaines terres ancestrales formulées par les communautés qui en ont été dépossédées durant la période coloniale, tout en refusant d'accorder le statut d'« indigène » à quelque communauté namibienne que ce soit. Les terres de fermiers blancs sont par conséquent redistribuées à des bénéficiaires « africains » indépendamment de leur identité ethnique ou de leur histoire, et des lots peuvent ainsi être attribués à des gens qui n'ont jamais été privés de leurs terres. Cet article tente de comprendre les raisons d'une telle politique et de montrer en quoi elle suscite au sein de nombreuses communautés un sentiment d'injustice.
      The land reform process in Namibia has been based on the official policy of “nation building” which attempts to ignore the existence of ethnic differences and tensions. The government has refused both to accept claims to ancestral lands by communities dispossessed during colonial times; and to recognise as “indigenous” any of the Namibian communities. Land acquired from white farmers is, therefore, redistributed to “African” beneficiaries regardless of their ethnic identity or their history of dispossession, and plots can thus be allocated to people who were never deprived of their land. This articles tries to analyse the reasons behind this policy, and to show how it makes many ethnic communities feel discriminated and unfairly treated.
    • L'Etat de facto du Somaliland - Markus Hoehne p. 175 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article rend compte de la formation étatique de facto de la République du Somaliland (Corne de l'Afrique), qui a fait sécession de la Somalie effondrée en mai 1991, mais qui manque toujours d'une reconnaissance internationale. Il éclaire les relations entre les décisions et les pratiques quotidiennes des hommes politiques locaux, des autorités traditionnelles, des membres de la diaspora et des gens ordinaires, ainsi que leurs conséquences souvent imprévisibles sur la formation étatique en cours. Il montre que la construction du Somaliland est aussi informée par des facteurs « externes » comme la faillite de la Somalie, l'état de guerre dans lequel elle se trouve, et le conflit avec le Puntland, une « contre-polity » du Somaliland établie dans le nord-est de la Somalie en 1998. Le cas du Somaliland offre une bonne illustration de la complexité des processus de construction étatique en général. Sa transformation d'un espace politique dévasté par la guerre en un État viable, bien que non reconnu internationalement, est un défi à tous les concepts téléologiques qui conçoivent la formation de l'État comme un procès linéaire ou encore aux approches top-down de la (re-)construction étatique.
      The de facto state of Somaliland
      This article presents the de facto state formation of the Republic of Somaliland in the Horn of Africa that seceded from collapsing Somalia in May 1991, but still lacks international recognition. It highlights the relationship between everyday practices and decisions of local politicians, traditional authorities, members of the diaspora and ordinary people with their often unforeseeable consequences, to the ongoing state formation. It argues that Somaliland's formation is also shaped by ‘external' factors such as the state failure and warring in Somalia, and the conflict with Puntland, a ‘counter-polity' to Somaliland established in north-eastern Somalia in 1998. The case of Somaliland provides a good example for the complexities of processes of state formation in general. Its development from a war-torn polity into a viable state, albeit without international recognition, defies any teleological concepts of linear state formation or top-down approaches to state (re-)construction.
  • Essais

  • Lectures