Contenu du sommaire : Gouverner entre guerre et paix
Revue | Politique africaine |
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Numéro | no 111, octobre 2008 |
Titre du numéro | Gouverner entre guerre et paix |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le dossier : Gouverner entre guerre et paix
- Gouvernance et ethnographie en temps de crise : de l'étude des ordres émergents dans l'Afrique entre guerre et paix - Karel Arnaut et Christian Kordt Hojbjerg p. 5
- Arrangements sécuritaires locaux dans les régions somalies de la Corne de l'Afrique - Ken Menkhaus p. 22 Cet article explore les systèmes informels de sécurité et de gouvernance dans les communautés des hinterlands de l'Est de la Corne de l'Afrique, hors des zones effectivement administrées par « leur » gouvernement central. Les régions où l'État a failli ne restent pas sans gouvernance et sont au contraire le lieu de différents arrangements qui assurent des niveaux de sécurité variables aux populations. Il ne s'agit pas de communautés qui s'en remettent à des techniques de gouvernement relevant de la tradition, mais bien d'innovations politiques hybrides, qui s'appuient sur toute une série d'acteurs locaux. On cherche aussi à comprendre ici comment ces entités politiques locales ont parfois été intégrées aux structures formelles de gouvernement sous la forme d'un « État négocié » ; on analyse les opportunités et les problèmes qui ont émergé dans le sillage de ces arrangements au Nord du Kenya, en Somalie, au Somaliland, et dans l'Est de l'Éthiopie.Local security arrangements in Somali-inhabited areas of the Horn of Africa
This article explores informal systems of security and governance in the local communities living beyond the effective administration of the central state in the « ungoverned » hinterlands of the eastern Horn of Africa. Zones of state failure are not entirely ungoverned, but exhibit an array of informal arrangements and local adaptations that provide variable levels of security and order. These informal systems are not merely a case of communities falling back on traditional authorities and customary law, but constitute innovative hybrid polities that draw on a wide range of local actors. The article also explores the extent to which these local polities have been at times drawn into formal government structures in a « mediated state » arrangement, and both the opportunities and problems that has posed in northern Kenya, Somalia, Somaliland and eastern Ethiopia. - Négocier et contester l'ordre public dans l'Est de la République démocratique du Congo - Koen Vlassenroot p. 44 Cet article évalue l'impact des forces armées non étatiques sur la vie publique au cours de la guerre en RDC ainsi que les retombées de leur présence et leurs interactions avec les autres groupes, acteurs et institutions en termes de « régulation locale ». Dès le début de la guerre, l'Est du Congo a connu un double processus : les opérations des groupes rebelles ont aggravé le déclin de l'État, mais elles ont également suscité l'émergence de coalitions, de structures et de réseaux nouveaux qui ont eu un impact sur l'organisation de l'ordre public. On analyse ici les diverses stratégies de contrôle de ces groupes armés comme des « processus de gouvernance ». L'étude de ces processus et l'impact sur les mécanismes existant de distribution et de redistribution est indispensable si l'on veut comprendre les conséquences à long terme des conflits.Negotiating and contesting public order in Eastern Democratic Republic of Congo
This article evaluates the impact of non-state military forces in public life during the Congolese war and the outcomes of their presence and interaction with other groups, actors and institutions in terms of « local regulation ». Since the start of the Congolese war, the Eastern parts of the country have witnessed a double process : armed campaigns by rebel groups have further aggravated a process of state decline, while in several regions these have given rise to new coalitions, structures and networks that have had an impact on the organization of public order. The objective is to investigate the performance of the variety of strategies of control deployed by these armed groups as « governing processes ». These processes and their impact on existing patterns of distribution and redistribution need to be studied if we want to understand the long-term consequences of conflicts. - Le "Master General" et Madame le Maire : structuration d'un ordre émergent de gouvernance dans l'hinterland libérien - Christian Kordt Hojbjerg p. 68
- Violence et géographie du pouvoir et de l'enrichissement dans la zone frontière de Chukudum (Sud Soudan) - Anne Walraet p. 90 Grâce à sa position stratégique dans les montagnes et à proximité des frontières ougandaise et kényane, la région de Chukudum, dans l'État fédéré de l'Equatoria oriental, au sud-est du Sud Soudan, a été l'un des quartiers généraux de la Sudan People's Liberation Army. Havre de paix aussi bien pour les déplacés et réfugiés en transit que pour l'aide qui leur était destinée, la zone a aussi connu un commerce transfrontalier considérable. Les combattants de la SPLA et les déplacés, souvent d'origine dinka bor, ont profité de ces opportunités tandis que les autochtones didinga, après l'échec de leur rébellion en 1999, ont dû se réfugier dans les collines. Trois ans après la fin de la guerre et deux ans après la reddition de la milice qui avait déclenché cette rébellion, une nouvelle autorité civile essaie de s'imposer, en partenariat avec les leaders traditionnels – et s'oppose ainsi à une alliance entre militaires et commerçants.Violence and the geography of power and wealth in the frontier zone of Chukudum (South Sudan) Strategically located in the mountains and close to the Ugandan and Kenyan borders, the area of Chukudum in Eastern Equatoria, South Sudan's most south-eastern state became a headquarters of the Sudan People's Liberation Army (SPLA) and a refuge for internally displaced persons (IDP). It provided a safe haven and a road for outgoing refugees and incoming relief aid and also afforded opportunities for trans-border trade and profits going from tobacco and gold, to cattle, guns and ammunition. SPLA military and IDPs, both mainly Dinka Bor, developed a livelihood in trade, to the detriment of the local Didinga, who supported a militia uprising in 1999 and fled into the highlands. Three years after the end of the war, and two years after the surrender of the militia, a new local government is trying to establish its authority over the County territory and its people by forming a partnership with the traditional chiefs and confronting a de facto bond of merchants and military.
Conjoncture
- p. 111Le présent article explore les divers rôles joués par la violence lors des récentes élections présidentielles au Zimbabwe. Le premier tour a été marqué par l'absence relative de violence d'État, alors que le second a connu une violence extrême, orchestrée par le parti au pouvoir. Les comparaisons parfois faites entre le Zimbabwe et le Kenya nous semblent trompeuses: la violence électorale au Zimbabwe n'était pas une violence ethnique et elle ne provenait pas de forces extérieures à l'État. Les séquelles sur les institutions, les partis politiques et sur les conceptions populaires de la citoyenneté influenceront profondément la nature de tout futur accord de partage de pouvoir.A tale of two elections : Zimbabwe at the polls in 2008This article explores the varied role of violence in Zimbabwe's two recent polls. Crucial to the first elections was the relative lack of state-led violence ; crucial to the second was the extreme violence orchestrated by the ruling party. Comparisons have been drawn with Kenya, but we argue that these are misleading : Zimbabwe's electoral violence was not ethnic and it was not driven in any significant way by forces outside the state. The legacy it has left for state institutions, political parties and popular notions of citizenship will profoundly shape the nature of any future power-sharing agreement.- La violence et les urnes : le Zimbabwe en 2008 - Jocelyn Alexander et Blessing-Miles Tendi
Pistes de recherche
- p. 131Quelle est la place de la dimension agraire dans les guerres civiles récentes en Afrique de l'Ouest ? La comparaison entre deux régions de pays en conflit (le centre-ouest de la Côte d'Ivoire et l'est de la Sierra Leone) indique que les jeunes mobilisés proviennent de groupes marginalisés dans les institutions agraires locales. Mais dans le cas ivoirien, la violence est d'abord dirigée contre les populations d'origine étrangère à la région, dans un mouvement de défense des institutions communautaires autochtones, alors qu'en Sierra Leone, la mobilisation s'attaque aux institutions de la communauté et aux autorités locales. On explique ici ces différences par les variations dans l'organisation lignagère de ces sociétés et par l'histoire du changement agraire.The agrarian roots of West African rebellions
What is the weight of agrarian issues in recent civil wars in West Africa ? A comparison between two regions of countries in conflict (West Central Côte d‘Ivoire and Eastern Sierra Leone) indicates that the youth who took part to the war belong to groups that have been marginalised in the local agrarian institutions. In Côte d'Ivoire youth militia targeted allochtonous migrant groups, in an attempt to uphold a lineage-based social order, while in Sierra Leone a comparable group of young fighters sought to overturn it. These variations are analysed with reference to differences in the lineage system of these societies and the history of agrarian change.- Les racines agraires des insurrections ouest-africaines. Une comparaison Côte d'Ivoire-Sierra Leone - Jean-Pierre Chauveau et Paul Richards
Magazine
- p. 169Cet article étudie la façon dont des groupes de descendants d'esclaves du Niger et du Bénin ont diversement saisi les opportunités ouvertes par la décentralisation pour accéder à la représentation politique au niveau communal et participer à la gestion de la chose publique. Les associations ont joué un rôle crucial dans l'émergence d'une conscience collective, servant de tremplin politique à des leaders d'origine servile vers des responsabilités politiques municipales et parlementaires. Il apparaît que la pratique politique de ces nouveaux élus, loin d'être réformatrice, tend à reproduire les modes locaux de gouvernance prévalant avant la décentralisation.The political revenge of slave descendants in Benin and Niger
The article studies the ways groups of slave descendents from Niger and Benin have accessed political representation at municipal level and have taken part of the management of public goods in the context of recent decentralization reforms. The author shows the crucial role played by associative movements in the birth of a collective consciousness and group identity. Political leaders of servile origins have used these associative movements to emerge politically and access political positions at municipal and parliament level. However it seems that these newly elected actors do not propose new governance patterns but rather reproduce the way public goods were managed previously.Lectures
- La revue des livres - p. 187
- La revue des revues - p. 199
- Abstracts - p. 205