Contenu du sommaire : La puissance américaine à l'épreuve
Revue | Politique Américaine |
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Numéro | N°19, février 2012 |
Titre du numéro | La puissance américaine à l'épreuve |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Mot aux lecteurs - p. 6
- Editorial - Alexandra de HOOP SCHEFFER et François VERGNIOLLE de CHANTAL p. 7
- Les revers de l'armée américaine dans la guerre d'Afghanistan : le cas de la Kounar - Adam BACZKO p. 11 A trois ans du retrait annoncé des troupes américaines, le mouvement Taliban s'est implanté dans l'ensemble de l'Afghanistan. Le cas de la province orientale de la Kounar suggère l'importance du rôle l'armée américaine dans l'échec de l'intervention occidentale qui se profile. En s'impliquant dans des disputes et des rivalités entre individus, et en imposant sur ces litiges une grille de lecture tribale, les militaires américains ont exacerbé la conflictualité locale et se sont aliéné les habitants de la Kounar. A l'opposé des discours sur « les coeurs et les esprits », la conduite américaine de la guerre en Afghanistan ne tient pas compte de la population et des dynamiques politiques du pays.The Setback of the American Army in Afghanistan: The Case of Kounar
Three years prior to the withdrawal of the American troops, the Taliban insurgency is continuously making progress throughout Afghanistan. The case of the Eastern Kunar province suggests that the American army largely contributed to the looming failure of the Western intervention. By involving itself in the disputes and the rivalries between individuals, and by imposing on those quarrels a tribal interpretation, the American soldiers have exacerbated local conflicts and alienated the inhabitants of Kunar. Contrary to the narrative on “hearts and minds”, the American conduct of the war in Afghanistan disregards the population and the political dynamics of the country. - "L'impuissance de la puissance" ? : Une approche sociologique de la contre-insurrection américaine en Irak - Stéphane TAILLAT p. 27 La contre-insurrection menée par l'armée américaine en Irak est insuffisamment analysée au regard de ses forces et de ses faiblesses, mais aussi de ses succès et de ses limites. Cet article invite, à travers une étude empirique, à analyser les liens entre discours et pratiques, mais aussi à évaluer l'impact de ces dernières en fonction de la configuration stratégique en Irak. Loin de conclure à la condamnation ou à l'hyperbole concernant les modes d'action militaire américains en Irak, il montre comment ceux-ci ont évolué et agit dans le contexte de relations de pouvoir.An “Impotent Power”: A Sociological Study of the American Counter-Insurgency Tactic in Iraq
The American Counterinsurgency in Iraq suffers from an often superficial analysis with regards to critical matters such as its strengths and weaknesses, its successes and limitations. This paper illustrates the necessity of analyzing empirical evidences in order to see how practices relate to discourses and simultaneously shape and are shaped by the sociopolitical context in Iraq. Far from concluding that Counterinsurgency has to be forgotten or seen as a silver bullet in its own right, this article shows how American military courses of action in Iraq evolved and acted in a specific strategic context characterized by power relations. - "Leading from behind" : contour et importance de l'engagement américain en Libye - Philippe GROS p. 49 Cet article traite de l'importance du rôle des États-Unis dans le renversement du régime de Mouammar Kadhafi et de quelques caractéristiques majeures de l'intervention américaine. Il avance tout d'abord que la stratégie du président Obama de « Leading From Behind » a sans doute répondu à une volonté de compromis entre d'une part les interventionnistes libéraux conduits en l'occurrence par la Secrétaire d'État Hillary Clinton, laquelle a jugé que, dans le cadre d'un soutien au cas par cas des révolutions arabes, il était de l'intérêt des États-Unis d'empêcher le massacre des civils à Benghazi et, d'autre part, le Pentagone, réticent à s'engager dans une nouvelle guerre avec un état final recherché mal défini et dans laquelle les intérêts vitaux américains ne sont pas en jeu. Du point de vue opérationnel, Odyssey Dawn a été la première opération de haute intensité de l'US Africa Command (AFRICOM). Le manque d'expertise de l'AFRICOM en matière de ciblage et de puissance aérienne a semble-t-il été compensé par les efficaces mécanismes de coordination opérationnelle de l'appareil militaire américain, ainsi que par le soutien du US European Command. L'engagement militaire des États-Unis s'est révélé essentiel pour mettre en place et maintenir cette capacité de ciblage. Alors que les frappes elles-mêmes ont été principalement exécutées par des partenaires européens, en premier lieu par les Français, la puissance militaire américaine a fourni les capacités de soutien absolument nécessaires pour ce type d'opération. Les incertitudes qui prévalent sur les types d'engagements futurs ou les prochaines directions politiques occidentales, notamment à la Maison-Blanche et à l'Elysée, rendent stériles toute prédiction quant à la répétition d'un tel modèle. En revanche, la baisse des capacités européennes et américaines, presque certaine à un horizon de moyen terme, est susceptible simultanément d'accroître le fossé entre ces forces et de limiter la volonté et l'aptitude des États-Unis à le combler en cas de nécessité.“Leading From Behind”: The Main Features of the U.S. Intervention in Libya
This article discusses the importance of the United States' role in toppling Moammar Gaddafi's regime and the main features of the U.S. intervention. It first asserts that the President Obama's “leading from behind” strategy may have resulted from a compromise between on the one hand the liberal interventionists led in that instance by Secretary of State Hillary Clinton, who judged that, in the context of a case-by-case support of Arab revolutions, it was of American interest to prevent the slaughtering of civilians in Benghazi and, on the other hand, the Pentagon, much more reluctant to engage in a new war with an ill-defined end state and in which vital American interests were not at stake. From an operational standpoint, Operation Odyssey Dawn was the U.S. Africa Command's (AFRICOM) first high intensity operation. AFRICOM's lack of targeting expertise and airpower assets were seemingly compensated by the efficient mechanisms or joint operational coordination as well as by the support of US European Command. The US military engagement has proven vital to establishing and maintaining such targeting capacity. While the strikes themselves have primarily been carried out by Europeans partners, notably by the French, U.S. military power provided unique supporting assets necessary for such type of operation. It is nevertheless impossible to assert whether it is a new model, given the uncertainties concerning the perspective for this type of engagement or the future leadership in Western capitals, namely at the White House or the Elysée. Conversely, the decrease of European and U.S. military capabilities, which is almost certain to remain a trend on a midterm horizon, is likely to simultaneously increase the gap between them as well as limit the U.S. will and ability to - La politique étrangère américaine, en dehors des sentiers battus : Les Etats-Unis au Sud Caucase de Bill Clinton à Barack Obama - Julien ZARIFIAN p. 69 Aux confins de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, et riche en hydrocarbures grâce aux ressources caspiennes azéries, le Sud Caucase, composé des Républiques d'Arménie, d'Azerbaïdjan et de Géorgie, indépendantes de l'URSS en 1991, a eu tôt fait d'attirer l'attention de la diplomatie américaine. Depuis lors, les États-Unis, des présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama, y ont mené une politique active bien que souvent discrète, caractérisée notamment par sa grande continuité. Cette politique s'est avérée relativement efficace et a permis une implantation géopolitique américaine solide dans la région. L'aide financière octroyée annuellement, en particulier à l'Arménie et à la Géorgie, le soutien –bien qu'à géométrie variable– à la démocratisation, la politique énergétique américaine, la coopération militaire et sécuritaire, ainsi que l'implication diplomatique dans la résolution des conflits régionaux, ont favorisé cette implantation des États-Unis. En quelques années, ceux-ci sont ainsi parvenus, à devenir un acteur géopolitique majeur dans cette région stratégique, sans évincer toutefois, pour autant, leurs concurrents régionaux, au premier rang duquel la Russie.American Foreign Policy Off the Beaten Path: The United States and Southern Caucasus from Bill Clinton to Barack ObamaSince 1991 and the independence of the Republics of Armenia, Azerbaijan, and Georgia, from the U.S.S.R., the United States has led an active –although often discreet– foreign policy in the South Caucasus. This region appears to be of relative strategic importance, mostly because it is located at the crossroads of Russia, Iran, and Turkey, and because Azerbaijan is an oil- and gas-rich country. Although American officials never officially acknowledged it, the goal of the U.S. presidents Bill Clinton, George W. Bush, and Barack Obama alike, has been to penetrate the South Caucasus from a geopolitical point of view, in order to gain influence there. The U.S. has therefore sought to and quite well succeeded in obtaining reliable geopolitical levers in the region, although it has not completely supplanted its regional competitors, such as Russia. The most notable elements of this policy of penetration, whose major characteristic is its continuity from the early 1990s onwards, have been fivefold: the financial assistance it has provided every year, particularly to Armenia and Georgia; the support to democratic processes – although somewhat ambivalent; the military cooperation with the three South Caucasian republics, the energetic policy it has implemented in the region; and the diplomatic efforts it has made to solve regional conflicts.
- Les limites de la politique chinoise d'Obama : le smart power à l'épreuve - Barthélémy COURMONT p. 93 La formulation d'une nouvelle politique américaine à l'égard de la Chine depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama s'est articulée autour d'un compromis entre des éléments du hard power (militaire, économie) et du soft power (influence, dialogue, persuasion). Cette posture a été définie par plusieurs experts et des personnalités politiques, dont la Secrétaire d'État Hillary Clinton, comme une « diplomatie intelligente », également qualifiée de smart policy ou smart power. Cependant, face à la montée en puissance de la Chine et ses développements, tant dans le domaine économique que politique, quelle est la réelle marge de manoeuvre de Washington dans sa relation avec Pékin, et quelles sont les implications de la smart policy ? Si la politique chinoise est une priorité pour l'administration Obama, les défis auxquels Washington fait face sont particulièrement nombreux, compte-tenu des conséquences d'un échec dans la redéfinition de la relation Chine – États-Unis.A Challenge to Smart Power: The Limits of Obama's Chinese Policy. The redefinition of the U.S. policy toward China since Barack Obama's election has been based on a compromise between elements of hard power (military, economy) and soft power (influence, dialogue, persuasion). This posture has been defined by several experts and policymakers, notably the U.S. State Secretary Hillary Clinton, as a “smart policy” or “smart power”. However, considering the rise of China and its implications both at economic and political levels, what is the real margin of Washington in its relation with Beijing, and what are the long term implications of the smart policy? If the China policy is a priority for the Obama administration, the challenges for Washington are particularly sensitive, considering the consequences of a failure in implementing a comprehensive China-U.S. relation.
- Le renouveau du conservatisme populiste : la montée de la Tea Party et son impact - Nicol C. RAE p. 111 L'apparition d'un mouvement « Tea Party » dans les semaines qui suivent l'élection du démocrate Barack Obama à la présidence fut le phénomène le plus surprenant de la vie politique américaine récente. Ce texte présente la montée du mouvement, sa nature, son ancrage populaire, ses relations tendues avec l'Establishment républicain, son impact lors de la campagne de 2010 et son avenir. Il replace le mouvement dans une longue lignée de mouvements populistes – de droite comme de gauche – qui apparaissent régulièrement sur la scène politique américaine, notamment en période de crise économique. Malgré leur caractère souvent éphémère, ces mouvements ont généralement un impact de long terme sur la vie politique du pays.The Return of Conservative Populism: The Rise of the Tea Party and Its Impact on American Politics
The emergence of the conservative “Tea Party” movement within weeks of Democratic President Barack Obama taking office in early 2009, has been the most surprising recent development in American politics. This essay discusses the rise of the Tea Party, the nature of the movement, its popular base of support, its tense relationship with the “Republican Establishment”, its impact on the 2010 midterm election campaign, and its future prospects. I argue that the Tea Party is the latest in a long line of populist social movements – of both right and left – that emerge periodically in American politics – and particularly in times of economic hardship. These movements tend to be ephemeral but they frequently leave a lasting impact on American politics and public policy. - L'opposition impuissante ? Comment la majorité contrôle le Sénat - Peter HANSON p. 131 Cet article explore une des mutations récentes du processus législatif au sein du Sénat, la création de lois dites « omnibus » face à la difficulté de gérer les débats dans la Haute Assemblée. En rassemblant les lois de finance (Appropriation Bills) au sein d'un seul texte, le pari est de rendre le coût politique de l'obstruction insupportable. A partir d'une étude du 108ème Congrès, (2002-04), l'auteur met en relief les enjeux politiques de cette innovation procédurale tout en montrant ses conséquences de long terme.Steamrolling the Opposition: Omnibus Bills and the Breakdown of the Federal Budget Process
This article is about one of the recent legislative innovations in the Senate : the creation of « omnibus » bills to try and control the Senate floor on budget issues. Facing a surge of obstructionism over the past decades, Majority Leaders have increasingly bundled together Appropriation bills in one single legislative package so that the political costs of obstruction would be prohibitive. Using the 108th Congress (2002-2004) as a case-study, the author highlights the political stakes of this move as well as its long-term consequences. - Livres signalés - p. 159