Contenu du sommaire : Corps habillés. Politique des métiers de l'ordre
Revue | Politique africaine |
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Numéro | no 128, décembre 2012 |
Titre du numéro | Corps habillés. Politique des métiers de l'ordre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le dossier : Corps habillés. Politique des métiers de l'ordre
- Politique des corps habillés. Etat, pouvoir et métiers de l'ordre en Afrique - Marielle Debos et Joël Glasman p. 5
- Maintenir l'ordre au Nigéria : vers une histoire de la souveraineté de l'Etat - Olly Owen p. 25 Cet article retrace l'évolution de la Nigerian Police Force afin d'expliquer la nature de l'institution policière contemporaine au Nigeria. Il tente d'établir les origines et les trajectoires de la distribution du pouvoir et des modalités d'exercice de celui-ci. L'histoire du contrôle policier formel au Nigeria est comprise ici comme celle de la souveraineté et du domaine de l'État. La souveraineté par le maintien de l'ordre renvoie ici au déploiement du contrôle de l'État dans un contexte de légitimité contestée, de ressources étatiques (matérielles et symboliques) limitées, de persistance d'alternatives traditionnelles au maintien de l'ordre et d'émergence de nouvelles. L'article s'appuie sur des sources écrites primaires et secondaires, mais aussi dans une large mesure sur des entretiens avec des officiers de police de la période coloniale et postcoloniale. À ces sources s'ajoute une perspective ethnographique sur les stratégies contemporaines de maintien de l'ordre au Nigeria s'appuyant sur un travail de terrain mené entre 2009 et 2011.Policing Nigeria: Towards an History of State Sovereignty
The article traces the evolution of the Nigerian Police Force in order to explain the nature of the present-day police institution in Nigeria. It attempts to establish the roots and trajectories of distributions of power and modes of exercising power and control which are currently entrenched. The history of formal policing in Nigeria is introduced here as state sovereignty and domain over society. The article adopts an understanding of sovereignty-in-policing which is about the writ of state control in a situation of contested legitimacy, limited state resources, both symbolic and material, and of the persistence of older (and emergence of new) alternatives. The article uses published primary and secondary resources, but also relies heavily on interviews with retired colonial-era and post-colonial police officers; and compares these with ethnographic insights into present-day policing in Nigeria compiled during fieldwork in 2009-2011. - Les politiques de contrôle des stupéfiants au Nigéria : centralisation, répression et insécurité - Gernot Klantschnig p. 53 Cet article examine les politiques de contrôle des stupéfiants au Nigeria en se fondant sur des sources jusqu'alors inaccessibles. Il analyse l'émergence d'une agence spécialisée dans le contrôle des stupéfiants et les transformations de la gouvernance de cette agence depuis 1989. L'accent est mis sur la perception par les agents en charge du contrôle des stupéfiants de leur travail et de leur insertion dans les réseaux de coopération internationale. Nous montrons que l'évolution du contrôle des stupéfiants au Nigeria a moins à voir avec l'évolution de la criminalité sur le terrain qu'avec les dynamiques politiques de l'État postcolonial en matière de centralisation, sa préférence pour des politiques répressives et une tendance à externaliser ses conflits internes autour des idées et des ressources en matière de contrôle des stupéfiants.The Politics of Drug Law Enforcement in Nigeria: Centralisation, Repression and Insecurity
This article examines the politics of Nigerian drug law enforcement based on previously inaccessible sources. It reconstructs the rationales for the emergence of a specialized drug control agency and the ways this agency has been governed since 1989, emphasising how drug agents perceive their work and how they have inserted themselves into international networks of law enforcement cooperation. The case study of Nigerian drug law enforcement shows that its evolution had little to do with actual crime trends but that it was rather entwined with political dynamics in the postcolonial state, as it followed patterns of centralisation, a preference for repressive policy and a trend to externalise its domestic conflicts over resources and ideas on drug control. - Anatomie d'une unité mutine : le coup d'état de 1992 en Sierra Leone - Maggie Dwyer p. 77 À partir de l'étude du coup d'État de 1992 en Sierra Leone, cet article examine la complexité des révoltes militaires internes. À partir d'entretiens et de conversations informelles avec les mutins, cet article donne un aperçu des dynamiques internes d'une unité dont les membres ont pris la décision extrêmement risquée d'attaquer leurs compagnons d'arme et la tête de l'État. Cette volonté d'exprimer leur mécontentement au plus haut niveau était, selon l'unité, une décision collective, mais les motivations différaient entre les officiers et les militaires du rang. Cet article montre en quoi les mutins ont maintenu une discipline au sein de l'unité, tout en déjouant la doctrine militaire et en se révoltant contre l'autorité supérieure. Outre l'examen des fonctionnements internes de ce groupe, cette recherche resitue l'unité dans son contexte au sein de l'armée de Sierra Leone. Une hiérarchie historiquement faible et un système de patronage ont certainement poussé les officiers subalternes et les militaires du rang à se révolter. Cette étude de cas montre le cocktail explosif que représente une unité militaire extrêmement solidaire aux niveaux les plus bas, mais déconnectée et mécontente de la hiérarchie militaire.Anatomy of a Mutinous Unit: The Case of Sierra Leone's 1992 Coup d'État
This paper will use the 1992 coup in Sierra Leone as a case study to examine the intricacies of internal military revolts. Based on interviews and informal conversations with the mutinying soldiers, the paper provides a unique glimpse into the internal dynamics of a unit that made a highly risky decision to attack their fellow soldiers as well as the Head of State. The plan to express their dissatisfaction to the highest levels was, according to the unit, a collective decision, but the motivations differed between the officer and enlisted ranks. The paper highlights how the mutinying soldiers maintained discipline as a unit while at the same time countering military doctrine and revolting against higher authority. In addition to examining the internal workings of this group, the research will put the unit into context within the larger Sierra Leone military. A historically weak hierarchy and benefits based largely on patronage systems likely impacted the junior officers and enlisted soldiers' decision to revolt. This case shows the potential dangers of having military units that are both highly cohesive at the lower levels but disconnected and discontent with the larger military hierarchy. - Les agents des parcs nationaux au Sénégal : soldats de la participation ? - Céline Ségalini p. 101 Au Sénégal, la gestion des aires protégées s'inscrit dans une longue tradition paramilitaire. Depuis les années 1990, cette culture professionnelle est concurrencée par l'approche participative devenue incontournable dans le champ local de la conservation. Mais sur le terrain, ce nouveau modèle de conservation peine à s'imposer et supplanter la culture militaire qui continue de trouver des appuis dans le processus de professionnalisation et d'encadrement des agents des parcs. L'inertie liée à l'histoire laisse ainsi perdurer les barrières du modèle passé de « conservation forteresse ».National Park Wardens in Senegal: Soldiers of Participation?
In Senegal, the management of protected areas is part of a paramilitary tradition. Since the 1990s, this professional culture is challenged by the participatory approach which has become central in the local field of conservation. But in the field this approach has hardly replaced the military culture which continues to find some sort of support in the professionalization and supervision process of park wardens. This historical inertia perpetuates the existence of the “old fortress” conservation model.
Recherches
- Can organisations learn without political leadership ? The case of public sector reform among South African home affairs officials - Aurelia Segatti, Colin Hoag, Darshan Vigneswaran p. 121 Peut-il y avoir apprentissage organisationnel sans leadership politique ? Le cas de la réforme du ministère de l'Intérieur sud-africain. Cet article traite de la transformation des « cultures institutionnelles » dans les administrations publiques. Cette dynamique est explorée dans le contexte des réformes des administrations publiques post-apartheid, et plus particulièrement de la gestion des migrations par le ministère de l'Intérieur sud-africain. L'article évalue les effets d'une réforme de nature politique destinée à inculquer un nouvel éthos de « service public » sur les perceptions et les pratiques des fonctionnaires. L'article conclut que les facteurs structurels n'expliquent que marginalement les difficultés rencontrées. C'est bien plutôt l'incapacité du leadership politique à pallier le manque d'un sens de mission commune et l'ensemble des effets non anticipés et contre-productifs de la réforme elle-même qui expliquent l'incapacité à amender les perceptions et les comportements des bureaucrates.This paper deals with the transformation of “institutional culture” in bureaucratic agencies. This is explored in the context of post-Apartheid South African public sector reform, and more particularly that of migration management within the Department of Home Affairs (DHA). The paper assesses the effects on staff's perceptions and practices of a politically driven attempt at inculcating a new sense of “service delivery”. Structural factors are not found to have been prevalent determinants explaining the difficulties in implementing the reform. It is rather the failure of the political leadership to address the lack of a shared sense of mission and the range of unintended, counter-productive effects, elicited by the reform itself which explain the overall incapacity to amend perceptions and behaviours among civil servants.
- Can organisations learn without political leadership ? The case of public sector reform among South African home affairs officials - Aurelia Segatti, Colin Hoag, Darshan Vigneswaran p. 121
Conjoncture
- "Le roi es mort, vive le roi" : Meles Zenawi règne, mais ne gouverne plus - Jean-Nicolas Bach p. 143 Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi est décédé en août 2012, privant le FDRPE – à la tête de l'État depuis 1991 – de son leader historique. Fruit d'un compromis, la nomination du protégé de Meles Zenawi, Hailémariam Dessalegn, marque la poursuite de son œuvre. La continuité du régime ne saurait néanmoins cacher des tensions plus profondes : celles liées à la survie de toute une classe politique à la tête d'un pays dont la stabilité à moyen terme dépend désormais de la réalisation des promesses faites par l'ancien Premier ministre avant sa mort.« The King is dead, long live the King »: Meles Zenawi does not govern anymore but still reigns
The Ethiopian Prime Minister Meles Zenawi died in August 2012 leaving the EPRDF, the dominant party controlling the State since 1991, without its historical leader. The nomination as Prime Minister of Hailemariam Dessalegn, Meles' favourite, by EPRDF's elites confirms Zenawi's strong legacy. Nevertheless, this nomination hardly hides deep internal political tensions. The survival of the political elite running the country will be determined by their capacity to implement the programme and the promises formulated by Meles Zenawi in the years preceding his death.
- "Le roi es mort, vive le roi" : Meles Zenawi règne, mais ne gouverne plus - Jean-Nicolas Bach p. 143
Lectures
- Chronique bibliographique. Planification urbaine, identification raciale et violence à Zanzibar - Roman Loimeier p. 159
La revue des livres
- p. 166