Contenu du sommaire : Usages de Platon
Revue | Revue française d'histoire des idées politiques |
---|---|
Numéro | no 37, 1er semestre 2013 |
Titre du numéro | Usages de Platon |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Études
- Usages politiques de Platon - Dimitri EL Murr p. 3
- Rousseau lecteur du Politique de Platon - Dimitri EL Murr p. 5-33 Rousseau fait allusion deux fois dans le Contrat Social au Politique de Platon. Ces allusions, pour peu qu'on examine leurs différences d'une version à l'autre du Contrat Social et leur contexte d'apparition dans chacune de ces versions, révèlent que Rousseau a non seulement bien lu le Politique et compris ses enjeux mais qu'il a fait un usage positif de ce dialogue, ainsi que des Lois, pour élaborer la figure de son Législateur. L'appendice regroupe l'ensemble des marques et annotations que Rousseau a portées sur son exemplaire de Platon qu'il lisait en latin dans la traduction de Ficin, revue par Grynaeus.Rousseau alludes twice to Plato's Statesman in his Social Contract. These allusions differ according to the versions of the Contract and appear in different contexts. Once these variations are taken into account, it appears that Rousseau was aware of what was at stake in Plato's dialogue, which he read thoroughly. Moreover, he made a positive use of The Statesman as well as of The Laws in delineating his Legislator. All marks and annotations left by Rousseau on his copy of the Statesman, translated by Ficino and revised by Grynaeus, are collected in the appendix.
- Le Platon libéral de Victor Cousin - Michel Narcy p. 35-57 La première traduction française intégrale du corpus platonicien fut publiée, de 1822 à 1840, par Victor Cousin. En s'appuyant à la fois sur l'ordre dans lequel furent publiés les dialogues et sur la comparaison entre les cours de Cousin et les arguments qu'il rédigea pour les dialogues publiés de 1822 à 1831, l'article cherche à démontrer le lien entre cette publication et les circonstances où s'est trouvé Cousin durant ce laps de temps, passant du statut d'opposant à des positions de pouvoir, mais sans jamais renier ses convictions forgées au contact de Royer-Collard et des doctrinaires.The first complete French translation of the Platonic corpus was published from 1822 to 1840 by Victor Cousin. During these years, Cousin switched from political opposition to positions of power without ever disavowing his early convictions, acquired under the influence of Royer-Collard and the “doctrinaires”. Based on a study of the order of publication of the translations and on a comparison between Cousin's lectures and his outlines of the dialogue between 1822 and 1831, this paper aims at establishing the connections between the publication of his translation of Plato and his personal convictions.
- Platon à l'époque victorienne contre l'idée de système - Malcolm Schofield p. 59-80 On considère généralement que les deux grands platoniciens de l'ère victorienne – George Grote et Benjamin Jowett – ont défendu des perspectives opposées sur Platon. Tout ce que leurs lectures respectives ont de commun n'est pas moins important : une herméneutique « atomiste », en réaction contre toutes les tentatives de systématisation des Dialogues, et un mélange d'attention scrupuleuse portée à l'historicité des textes et d'insistance sur l'idée que donner sa place à Platon dans l'histoire de la philosophie et dans « l'échelle du progrès humain » fait partie de l'obligation qui incombe à l'historienThe two great Victorian Platonists – George Grote and Benjamin Jowett – are often perceived as championing opposed perspectives on Plato. It is argued here that what they had in common is no less important : an “atomistic” hermeneutic in fierce reaction against attempts to draw a system out of the dialogues and a scrupulous attention to the texts as historical documents, combined with the insistence on the historian's obligation to give Plato his place in the history of philosophy and “in the scale of human improvement”
- De l'homme démocratique à l'animal grégaire : De Platon vers Nietzsche et retour - Monique Dixsaut p. 81-95 Ce n'est pas leur critique du régime démocratique qui rapproche Platon et Nietzsche mais un même diagnostic : la démocratie est l'avant-dernière étape d'une déchéance dont la dernière est la tyrannie. Un tel diagnostic ne se comprend qu'à la condition de rejeter les interprétations déterministes du livre VIII de la République et de faire appel aux concepts nietzschéens de généalogie, provenance (Herkunft), type. C'est ce même schème qui explique chez Platon le passage d'un extrême à l'autre – de l'homme démocratique au tyran – et qui chez Nietzsche annonce le destin de l'Européen moderne : son nihilisme passif engendrera un animal grégaire, un « dernier homme ».What brings Plato and Nietzsche together is not their critique of the democratic regime but a commons diagnosis : democracy is the last stage but one of a decay, the last stage being tyranny. Such a diagnosis can only be understood if one discards the determinist interpretations of Republic VIII and resorts to the nietzschean concepts of genealogy, “origins” (Herkunft), and type. The same pattern explains, in Plato, the passing from one extreme to the other – from the democratic man to the tyrant – and heralds, in Nietzsche, the fate of the modern European whose passive nihilism will beget a gregarious animal, a “last man”.
- Sauver Platon de ses ennemis... et de lui-même : Platon dans l'Allemagne de l'après-guerre - Michail Maiatsky p. 97-109 La question de la « réhabilitation » de Platon en Allemagne, après 12 ans de régime nazi marqué par des usages abusifs de la philosophie platonicienne a été compliquée par l'intervention de K. Popper. Le premier volume de son œuvre La société ouverte et ses ennemis intitulé L'enchantement de Platon, du fait de la lecture totalitaire de Platon qu'il défend, a étrangement corroboré l'exégèse nazie. Plusieurs critiques ont accusé Popper de ne pas tenir compte du caractère utopique de la politeia, d'en ignorer le potentiel démocratique, de lire Platon littéralement, ou encore d'ignorer la charge contre le libéralisme contenue dans sa philosophie. Mais, sans passer par Popper, certains ont également tenté de sauver l'image d'un Platon humaniste, tandis que certains auteurs nazis ont continué de défendre leurs interprétations.The issue of “rehabilitating” Plato in Germany after 12 years of Nazism and its abuse of platonic philosophy was difficulted by K. Popper's intervention. Ironically, Popper's totalitarian reading in The Spell of Plato, the first volume of The Open Society and Its Enemies, corroborates the Nazi exegesis. Various critics blamed Popper for not taking into account the utopian nature of the politeia, for ignoring its democratic potential, for reading Plato too literally or for discarding his philosophical indictment against liberalism. Popper notwithstanding, while some strived to preserve the humanist image of Plato, others maintained the Nazi reading of his philosophy.
- Platon et le développement durable - Melissa Lane p. 111-131 Le souci de ce que Platon appelait la stabilité de la relation entre la cité et l'âme devrait faire partie intégrante de ce que nous appelons « durabilité ». Non que Platon ait pensé la durabilité en termes écologiques mais sa République étudie la manière dont on peut rendre une société socialement et psychologiquement stable – non par la répression mais par l'interaction stable des motivations et des valeurs de la population de manière à produire et reproduire une forme souhaitable de relation sociale. Les moyens de parvenir à une telle stabilité – les vertus qui visent le bien de la totalité – sont déjà mis en œuvre par l'encadrement de certaines entreprises et par les militants écologistes ; leurs opposés, les vices, ont entre-temps contribué aux crises tant écologiques que financières.Plato's concern with what he called the stability of the city-soul relation must be part of what we call sustainability. It is not that Plato himself was thinking about ecological sustainability, but rather that his Republic investigates how to make a society socially and psychologically stable – not by repression but through people's motivations and values stably interacting to produce and reproduce a valuable form of social relationship. The means to attain such stability – virtues aiming at the good of the whole – are already being employed by certain business executives and by environmental activists ; their converse, the vices, have meanwhile contributed to ecological and financial crises alike.
- Le catholicisme social et la politique : À propos de la correspondance de Maurice Deslandres avec Maurice Blondel - Patrice Rolland p. 133-157 La correspondance de Maurice Deslandres avec Maurice Blondel livre les interrogations politiques d'un catholique social avant 1914. Deslandres, fondateur et pilier des Semaines sociales, y exprime son refus de l'engagement politique à l'occasion de sa rupture avec le Sillon, refus confirmé dans les mêmes termes au cardinal Gasparri en 1927 à propos de l'Action Française. La position de Deslandres permet de saisir les justifications d'un catholicisme social soucieux d'un civisme qui écarte encore l'engagement politique proprement dit.Maurice Deslandres' letters to Maurice Blondel evidence the political interrogations that a social catholic could entertain before WW1. In these letters, Deslandres, a founder and a pillar of the Semaine Sociale, expressedly recused to commit himself politically when he broke up with Le Sillon, and confirmed his recusal in similar terms to Cardinal Gasparri in 1927, in relation to the Action Française. Deslandres' attitude allows us to understand the justifications of a social Catholicism staying clear of any genuine political commitment.
Documents
- Lettres à Maurice Blondel 1903-1910 - Maurice Deslandres p. 159-181
- Lettre au cardinal Gasparri 11 janvier 1927 - Maurice Deslandres p. 183-188
Bibliographie
- Lectures critiques - p. 189-198