Contenu du sommaire : L'emprise des outils de gestion

La multiplication d'indicateurs de gestion destinés à rationaliser, à rendre visible et prévisible l'action traverse la plupart des domaines sociaux et économiques. L'objectif de l'article est de montrer la capacité des « agents forestiers », responsables de la gestion des forêts d'État, à construire, à mobiliser et à rendre acceptables des indicateurs plus ou moins objectifs pour leur permettre de négocier de manière pragmatique une gestion de la forêt adaptée à la nature des enjeux locaux (protection du gibier, d'espaces naturels, de la biodiversité?).

À partir d'une participation à la mise en place d'un outil de reporting, les auteurs analysent de façon originale les résistances observées. Les dirigeants de la société pharmaceutique en question ont voulu faire de cet outil de reporting, un outil de contrôle du groupe des acheteurs, qu'ils jugeaient avoir une position stratégique trop forte. Mais au final, c'est à une négation de leur spécificité de métier et de leur engagement antérieur que l'outil aboutit.

L'auteur relate son expérience de conduite d'un processus de changement. À l'Office européen des brevets, l'usage du diagnostic sociologique a facilité l'appropriation d'une Balanced Scorecard, un outil de gestion issu d'une culture américaine. L'article présente les effets de l'adaptation de cet outil dans cette structure caractérisée par le multiculturalisme : le partage d'une culture d'entreprise renouvelée, une compréhension des finalités de l'organisme, un regard neuf sur le management?

L'auteur se propose de comprendre la situation paradoxale des méthodes de recrutement à la française. En effet, la graphologie y est utilisée comme méthode de sélection des candidats, alors même qu'elle a des détracteurs et qu'elle n'est pas légitime, voire interdite, dans les autres pays. C'est une analyse historique qui lui permet de mettre en évidence la construction de cette position, au travers notamment des logiques professionnelles des différents intervenants dans les recrutements : graphologues, psychologues et consultants.

En s'appuyant sur une étude empirique relative à la mise en ?uvre d'une action publique régionale, l'article s'attache à montrer comment une notion, en l'occurrence l'innovation, devient un dispositif en quête d'usages. Au fur et à mesure que les acteurs en présence : élus, chargés de mission, entrepreneurs? s'approprient cette notion, ils la rendent opérationnelle de manière différenciée. Selon les dispositions de chacun et par sa circulation d'un milieu à un autre, l'innovation apparaît ainsi comme un dispositif en perpétuelle fabrication. Le concept d'innovation permet d'illustrer les transformations rhétoriques qui se jouent entre les concepteurs d'une action publique, ses usagers et les relais qui participent à sa mise en ?uvre.

Cet article s'appuie sur une recherche consacrée à la création, la diffusion et l'appropriation de l'emas et de l'iso 14001, deux normes conçues entre 1993 et 2003 et permettant la certification des entreprises en matière environnementale, sur le modèle de la certification « qualité ». L'auteur propose une analyse sociologique originale pour expliquer la concurrence entre ces deux normes puis la prédominance sur le territoire français de la norme iso, soutenue par des jeux acteurs et réseaux français, contrairement à la norme européenne emas.