Contenu du sommaire : La police politique en Union Soviétique, 1918-1953

Revue Cahiers du monde russe Mir@bel
Numéro volume 42, no 2-3-4, avril-décembre 2001
Titre du numéro La police politique en Union Soviétique, 1918-1953
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - p. 205-206 accès libre
  • Surveillance, information et réseaux d'indicateurs

    • The MECHANISMS of the informational activity of the GPU-NKVD : The surveillance file of Mykhailo Hrushevsky - Iurii I. SHAPOVAL p. 207-230 accès libre avec résumé
      Les rouages de l'activité de surveillance des GPU-NKVD. Le dossier de Myhailo Hru?evsky. Notre article analyse les documents uniques des GPU-NKVD contenus dans le dossier de surveillance du célèbre historien et homme politique ukrainien Myhailo Hru?evsky. Celui-ci fit l'objet de filatures permanentes -- à son retour dans l'Ukraine communiste au printemps 1924, après son départ forcé pour la Russie au printemps 1931 et jusquà sa mort en novembre 1934. Les documents et matériaux qui témoignent de cette filature nous permettent non seulement de reconstruire pour la première fois plusieurs pages de la biographie du chercheur, mais de faire également la lumière sur les rouages des structures des GPU-NKVD qui ont accompli cette surveillance. Nous décrivons en détail toutes les étapes de la collecte des renseignements et leurs sources, leur étude par les structures tchékistes et l'usage qu'elles en faisaient, et nous évoquons les relations de ces structures avec les organes étatiques du parti. C'est la première fois dans l'historiographie contemporaine que l'on traite scientifiquement un dossier d'archive de ce type.
    • The role and place of secret collaborators in the informational activity of the gpu-nkvd in the 1920s and 1930s : (on the basis of materials of the Donbass region) - Volodymyr SEMYSTIAHA p. 231-244 accès libre avec résumé
      Le rôle et la place des collaborateurs secrets dans la collecte de renseignements des GPU-NKVD pendant les années 1920 et 1930 (à partir de documents d'archives de la région du Donbass). Dès le premier jour de son existence, la police politique commença à mettre en place un réseau d'informateurs secrets qui s'étendit peu à peu à toutes les couches de la société sans exception. Les organes locaux du parti contribuèrent activement à la collecte et à la transmission des renseignements. La plupart des organes ukrainiens des GPU-NKVD reproduisaient la structure de l'appareil central de la police politique. La structure des service secrets qui géraient les renseignements au sein des services spéciaux ukrainiens et les méthodes utilisées pour la collecte des renseignements reproduisaient elles aussi celles de l'Union. Il fut créé un réseau spécial de plénipotentiaires accompagnés d'assistants, d'agents et d'informateurs dans plusieurs secteurs de l'économie, dans différents organismes et instituts et dans les immeubles. Les plénipotentiaires et leurs assistants avaient chacun un réseau d'agents et d'informateurs qui leur fournissaient les renseignements nécessaires à leurs rapports sur les événements locaux. Au fil des ans, la taille et la forme de ce réseau se sont fortement transformées au gré de son financement, de la situation politique et de l'efficacité des tchékistes locaux.
    • Le système d'information de la GPU : la situation politique en Ukraine dans les années 1920 rapportée à Kaganovi?. - Valerij VASIL´EV p. 245-262 accès libre avec résumé
      Notre article examine le rôle de L. Kaganovi? dans l'élaboration et la mise en place de la politique du pouvoir soviétique en Ukraine dans les années 1920, ainsi que la façon dont Kaganovi? était informé par les organes de la GPU. Sur la base de nouveaux documents d'archives conservés dans le fonds personnel de Kaganovi? au RGASPI, nous étudions comment les dirigeants du parti communiste voyaient la politique de l'ukrainisation, le mouvement nationaliste ukrainien et l'industrialisation. La volonté des dirigeants d'intégrer l'Ukraine à l'URSS le plus complètement possible, d'utiliser le mouvement nationaliste ukrainien pour légitimer leur pouvoir et élargir le fondement social du régime communiste faisait partie intégrante de cette vision. En même temps, Kaganovi?, avec le soutien de Stalin, voyait dans l'Ukraine une base pour le déploiement de la révolution prolétarienne mondiale vers les pays d'Europe de l'Ouest. Le concept de lutte des classes et l'idée d'une dictature brutale du prolétariat étaient le fondement de la conception qu'avait Kaganovi? des processus sociaux. Selon lui, les organes de la GPU devaient jouer un rôle crucial dans la construction du socialisme en Ukraine. D'un côté, il donnait des instructions politiques et idéologiques à la GPU qui prédéterminaient la direction de l'activité des tchékistes, même en ce qui concernait le renseignement, et de l'autre, les renseignements de la GPU permettaient aux dirigeants communistes de prendre des mesures politiques et idéologiques extrêmement précises visant à maintenir le cap politique et à renforcer le pouvoir du parti communiste en Ukraine.
    • Les organes du contrôle d'État et les journaux dans l'URSS de Staline : des auxiliaires de la police politique ? - François-Xavier NÉRARD p. 263-278 accès libre avec résumé
      Dès 1928, le pouvoir stalinien banalise la pratique de la dénonciation : il la rend visible, quotidienne, « normale ». Cet article veut montrer comment les « signaux » deviennent un phénomène de masse en URSS. Les différentes campagnes menées, le discours tenu tendent à estomper les frontières morales : il n'y a plus de honte à dénoncer. Le système de recueil des dénonciations reflète également cette politique : le pôle secret (la police politique) est doublé d'un pôle public vaste et amplement « médiatisé ». Il s'agit de permettre à ceux que la dénonciation aux « organes » rebute de sauter quand même le pas. Pour autant, ce deuxième pôle n'est pas un simple supplétif de la police politique. Certes, certaines lettres sont systématiquement transmises à la GPU ou au NKVD (les lettres anonymes et celles qui mettent en cause les collaborateurs de ces organismes). D'autres le sont de façon beaucoup plus aléatoire sans qu'il soit possible de dégager de véritable logique. Parfois la police politique participe aux enquêtes du parti ou de l'Inspection ouvrière et paysanne : elle fournit le plus souvent des renseignements précieux sur l'origine sociale des individus. Elle intervient également en fin d'enquête comme organe de répression. Si la collaboration est réelle, les deux pôles travaillent cependant plus en parallèle qu'en synergie. Il ne s'agit donc pas d'un système uniquement tourné vers la répression politique.
    • Gender and policing in Soviet West Ukraine, 1944-1948. - Jeffrey BURDS p. 279-320 accès libre avec résumé
      Les femmes et la police politique dans l'Ukraine occidentale soviétique de 1944 à 1948. Notre article examine le rôle des femmes dans la campagne anti-insurrectionnelle menée par l'Union soviétique en Ukraine occidentale pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Nous nous sommes basés sur des documents des archives de Moscou, Kiev et Lvov. Au printemps de 1944, l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) et l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) firent de plus en plus appel à des femmes et des jeunes filles pour effectuer des tâches vitales pour les rebelles nationalistes. La police secrète soviétique réagit en orientant sa stratégie autour de ces femmes. Les réseaux d'indicateurs (agentura) intégrèrent de plus en plus de femmes alors même que se développaient des tactiques spéciales visant à les terroriser. Celles de la police soviétique, qui mettaient en ?uvre des violences sexuelles, engendrèrent en outre une réaction brutale de la part du mouvement clandestin ukrainien. Les moskal´ki (les « collaboratrices ») devinrent ainsi la cible des représailles des unités punitives du mouvement clandestin.
    • La composition et les méthodes secrètes des organes de sécurité soviétiques en Lituanie, 1940-1953. - Arvydas ANU?AUSKAS p. 321-356 accès libre avec résumé
      Il est important d'identifier les activités et les objectifs réels des organes de sécurité des services secrets ainsi que les moyens qu'ils mettent en ?uvre dans un État totalitaire. Dans cet article, nous examinons le rôle, les effectifs, la composition et quelques-unes des méthodes secrètes de la police politique (plus connue par la suite sous le nom de KGB) dans le processus de soviétisation de la Lituanie (c'est-à-dire, dans la création d'un terrain favorable à la réorganisation socio-politique de l'ancien État indépendant de Lituanie, à la réforme ou à la destruction de ses institutions) de 1940 à 1941 puis de 1944 à 1953.
  • Organisation bureaucratique et relations avec le parti

    • Razvitie sovetskih organov gosudarstvennoj bezopasnosti : 1917-1953 gg. - Vladimir N. Haustov p. 357-374 accès libre avec résumé
      Le développement des organes de sécurité d'État soviétiques, 1917-1953. Dans cet article, nous mettons au jour plusieurs aspects essentiels de l'activité des organes soviétiques de sécurité entre 1917 et 1953. Dès février 1922, les GPU-OGPU-NKVD-MGB se trouvaient sous l'entière autorité du parti au pouvoir, le parti bolchevik, qui définissait les axes principaux de leur activité et la politique des cadres. Leur tâche principale consistait à exécuter les « directives » du parti. En fait ils se trouvaient sous la tutelle personnelle de Stalin. Ils ne furent jamais une entité politique indépendante, mais l'instrument docile du parti bolchevik. Le trait spécifique du développement des services spéciaux soviétiques fut l'utilisation active des organes de sécurité dans l'exécution des tâches relatives à la construction économique. Les organes des GPU-NKVD-MGB étaient les instruments de la politique répressive et de l'ingérence dans la vie économique. Les départements puis les directions de l'Économie et des Transports étaient pour le pouvoir suprême un levier de contrôle supplémentaire sur ces domaines de l'économie. Peu à peu, l'utilisation des organes de sécurité comme instrument de répression fut remplacée par leur utilisation comme instrument de contrôle et de vérification de l'application des décisions de l'État, et de renseignement sur l'exécution des tâches majeures du plan.
    • Les transformations du personnel des organes de sécurité soviétiques, 1922-1953 - Nikita PETROV p. 375-396 accès libre avec résumé
      Les transformations du personnel des organes de sécurité soviétiques, 1922-1953. Notre article examine les questions relatives à la formation des cadres des organes de sécurité et les principales tendances dans les modifications de leurs effectifs pendant l'ère stalinienne. Nous décrivons en détail la composition sociale, nationale, politique et la répartition par tranches d'âge du groupe des dirigeants du NKVD, ainsi que la dynamique gouvernant ses mouvements et ses changements pendant la Grande Terreur en 1937 et 1938. Nous examinons ensuite le rôle des facteurs externes (régulation par le parti du processus de sélection des cadres, purges de cadres et vagues d'arrestations) et internes (luttes entre clans et groupuscules à l'intérieur du NKVD). Nous examinons le statut des cadres du MGB de l'URSS dans l'après-guerre et notons une régression générale -- l'abaissement du niveau d'éducation des tchékistes. Nous comparons la situation des cadres de la sécurité avec celle des cadres des autres subdivisions (le Goulag). Nous dégageons des tendances générales tels le nivellement de la composition nationale, l'élévation du niveau d'éducation, l'expansion structurelle permanente de la sécurité et l'augmentation de ses effectifs.
    • L'OGPU en 1924 : Radiographie d'une institution à son niveau d'étiage - Nicolas Werth p. 397-422 accès libre avec résumé
      À partir de rapports internes présentés par les différents services de l'OGPU à Feliks Dzer?inskij à la fin de 1924, cet article analyse la structure de l'OGPU à un moment peu connu de l'histoire de la police politique. Durant le bref apogée de la NEP, la place et le rôle de la police politique dans le système soviétique font l'objet de vifs débats. Un certain nombre d'institutions (justice, finances, affaires étrangères) souhaitent limiter les moyens de l'OGPU. Quant aux tchékistes, ils font valoir la forte diminution, depuis 1921, de leurs moyens, et l'immensité des tâches auxquelles ils sont confrontés dans un environnement interne et externe hostile. Les rapports de l'OGPU présentés à l'occasion de la discussion du budget de la police politique fournissent un état détaillé des structures et des activités d'une institution sur la défensive, profondément frustrée par la situation politique du moment, incertaine de son avenir, après les années héroïques de la guerre civile et du « communisme de guerre ».
    • Dual subordination ? The political police and the party in the Urals region, 1918-1953. - James HARRIS p. 423-446 accès libre avec résumé
      Une double loyauté ? La police politique et le parti dans la région de l'Oural, 1918-1953. Pendant environ deux décennies, les organes régionaux de la police politique furent officiellement subordonnés à leur homologue central et au comité régional du parti. Au départ, cette situation engendra peu de conflits. Les « organes » locaux servaient deux maîtres en détruisant les « oppositions » et en favorisant la réalisation de projets économiques ambitieux. Cependant, au début des années 1930, face aux exigences extraordinaires des plans quinquennaux, de nombreux dirigeants régionaux du parti montrèrent qu'ils avaient plus d'emprise sur la police politique locale. Celle-ci joua un rôle décisif lorsqu'il fallut protéger les cliques régionales des pressions du plan en traquant et en arrêtant les « destructeurs » et les « saboteurs », c'est-à-dire ceux à qui on pouvait faire porter la responsabilité des problèmes liés à la production. Ce stratagème prit fin en 1936 et contribua à la Grande Terreur. Après cette date, le centre fit de son mieux pour prévenir toute connivence entre le parti régional et la police politique dans la subversion des directives du centre. À partir de 1939, c'est le centre qui sélectionna tous les agents de la police politique locale. Il surveilla leur activité avec vigilance. Le bilan de ce changement fut au mieux mitigé. Il existait encore une certaine connivence entre la police et le parti, mais le centre était toutefois bien mieux informé sur la criminalité bureaucratique. Ces renseignements ne provenaient pas d'une police politique locale disciplinée, mais étaient plutôt le fait d'une tendance quasiment incontrôlée à chercher un bouc émissaire et ceci, à tous les niveaux.
    • Chekist in essence, chekist in spirit : regular and political police in THE 1930s - Paul M. HAGENLOH p. 447-476 accès libre avec résumé
      « D'essence tchékiste, d'esprit tchékiste » : la police ordinaire et la police politique pendant les années 1930. Au moment de la restructuration générale de l'État soviétique qui accompagna la prise du pouvoir par Stalin, la police secrète soviétique (OGPU) prit la police ordinaire (milicija) sous son autorité à la fin des années 1930. L'OGPU s'efforça de transformer celle-ci en un système policier ordinaire qui compléterait les fonctions de l'OGPU liées à la sécurité intérieure tout en restant séparée aux niveaux bureaucratique et opérationnel. Ces tentatives de réforme échouèrent lamentablement pendant la première moitié des années 1930. L'OGPU n'était pas préparée à faire face aux difficultés liées à la réforme de cette bureaucratie tentaculaire, décentralisée, corrompue et inefficace. L'OGPU (suivie plus tard du NKVD) réagit à ces échecs en éliminant progressivement les différences entre la police ordinaire et la police secrète : elle encouragea la milicija à utiliser des tactiques de maintien de l'ordre plus conformes aux pratiques extrajudiciaires de l'OGPU qu'aux méthodes ordinaires préconisées par le régime au début des années 1930. Cet effacement de la frontière entre les deux types de maintien de l'ordre a eu pour résultat l'expansion substantielle des catégories de criminels ciblées par les opérations de répression de masse de 1937 et 1938.
    • The passport system and state control over population flows in the Soviet Union, 1932-1940. - Gijs KESSLER p. 477-504 accès libre avec résumé
      Le système des passeports et le contrôle de l'État sur les déplacements de la population en URSS, 1932-1940. L'ouverture récente des archives a mis au jour un des aspects du contrôle policier soviétique, à savoir le système restrictif des passeports intérieurs et des permis de séjour urbains qui furent introduits en 1932. Notre article étudie les origines de ce système et suit son développement au cours des années 1930 jusqu'à la révision majeure des règlements en 1940. Le système des passeports servait à surveiller et à enregistrer les déplacements de la population vers des centres urbains et ruraux sélectionnés et hors de ces centres, et à débarrasser les centres les plus importants d'un point de vue stratégique des personnes considérées « peu fiables socialement ». Sa mise en ?uvre entraîna au départ le « nettoyage social » et des expulsions massives des villes les plus grandes et des régions frontalières. Pendant les années qui suivirent, il servit de moyen de répression chaque fois qu'il fallait débarrasser une région d'« ennemis » ou de fauteurs de trouble potentiels et empêcher ce type d'individus de s'y installer. Les catégories de personnes soumises à ces restrictions changèrent avec le temps en fonction des besoins sécuritaires du régime. Le nombre de régions auxquelles ces restrictions s'appliquaient augmenta considérablement au cours des années 1930. Bien que le système des passeports eût réalisé ses objectifs d'un point de vue répressif, il eut plus de difficultés à mettre en ?uvre les formes de contrôle des mouvements de population plus systématiques qui avaient été envisagées au départ. En ceci, c'était un instrument de contrôle stalinien typique -- rudimentaire et sélectif, mais catégorique.
    • Social disorder, mass repression, and the NKVD during the 1930s. - DAVID R. SHEARER p. 505-534 accès libre avec résumé
      Le désordre social, la répression de masse et le NKVD pendant les années 1930. Dans cet article, nous étudions l'évolution de la politique soviétique de répression de masse pendant les années 1930. Au début de la décennie, les dirigeants du parti et de l'OGPU menèrent des campagnes de répression de masse contre des classes jugées hostiles, en particulier les petits propriétaires terriens. Pendant la collectivisation et la dékoulakisation, la répression de masse fit partie d'une guerre de classes dont le but était d'asseoir le pouvoir soviétique et d'installer la dictature du prolétariat. Ironiquement, la « victoire » du socialisme en 1933 et 1934 marqua non seulement la fin de la guerre des classes mais aussi la fin de toute prétention à une forme de répression de classe. Au milieu de la décennie, les autorités se servirent de la répression de masse pour gérer la criminalité et le désordre social et, plus tard, les dangers que semblait représenter la contamination ethnique et nationale. La répression de masse servit alors principalement à redistribuer la population, à former des identités nationales politiquement acceptables, à protéger les frontières et à imposer une discipline sociale et économique sur la société soviétique. Avec la peur d'une opposition politique intérieure et l'imminence de la guerre, la brutalité de cette répression augmenta en 1937 et 1938, conférant aux grandes purges de ces années leur caractère particulier et leur virulence.
    • Stalin i organy gosudarstvennoj bezopasnosti v poslevoennyj period. - Oleg HLEVNJUK p. 535-548 accès libre avec résumé
      Stalin et les organes de sécurité d'État pendant l'après-guerre. Notre article étudie les principales méthodes que Stalin utilisait pour garder la haute main sur les organes de sécurité pendant ses dernières années au pouvoir (1945-1953). Notre recherche sur cette question nous a mené à examiner les remplacements effectués à la direction du MGB en 1946 et 1951, les purges au sein du MGB en 1951 ayant trait à l'« affaire Abakumov » et celles de 1952-1953 ayant trait à l'affaire des « Blouses blanches ». Nous montrons comment Stalin a manipulé les deux plus importants piliers du régime -- l'appareil du parti et les organes de sécurité. Nous pensons que les faits que nous relatons ne permettent pas de souscrire au point de vue courant chez nos collègues selon lequel Stalin n'avait plus d'autorité sur les leviers du pouvoir pendant les derniers mois de sa vie.
    • Les documents du Ministère public de l'URSS comme sources de l'histoire du Goulag, 1945-1953. - Dina N. NOHOTOVI? p. 549-556 accès libre avec résumé
      Cette étude montre que, en marge des documents des NKVD-MVD largement exploités par les historiens depuis quelques années, les matériaux provenant du Ministère public d'URSS constituent une source importante pour l'étude de la politique répressive et du système carcéral et pénitentiaire. Bien que le Ministère public n'ait pas exercé une influence déterminante sur les processus fondamentaux dans ce domaine, les matériaux résultant des contrôles des procureurs et les expertises préalables aux actes normatifs contiennent des données précieuses qui témoignent de la situation des détenus et des mécanismes de la politique de répression.
  • Terreur et Goulag

    • Wie Dder terror Gross wurde: Massenmord und Lagerhaft nach Befehl 00447 - Rolf BINNER, Marc JUNGE p. 557-614 accès libre avec résumé
      Comment la Terreur est devenue « grande » : étude des exécutions de masse et des condamnations à l'incarcération en camp sur la base du Prikaz N° 00447. Le 31 juillet 1937, le Politbjuro du VKP(b) approuva l'avant-projet du NKVD « sur la persécution des anciens koulaks, des criminels et des autres éléments antisoviétiques ». Ce texte, généralement connu sous le nom de Prikaz n° 00447 et qui porte la signature de E?ov, fut publié pour la première fois en 1992. Cet ordre déclencha un tourbillon de terreur de masse dirigé par l'État qui n'affecta généralement pas les fonctionnaires de l'État et du parti mais frappa les citoyens ordinaires de plein fouet. C'est un des éléments les plus importants du phénomène connu à l'Est comme à l'Ouest sous l'appellation de « Grande Terreur ».
    • Conflict and complicity : The expansion of the Karelian Gulag, 1923-1933. - Nick Baron p. 615-648 accès libre avec résumé
      Conflit et complicité : l'expansion du Goulag carélien, 1923-1933. Notre article, qui se base sur des documents d'archives récemment déclassifiés, retrace l'expansion du système « spécial » des camps en Carélie depuis l'installation du camp de désignation spéciale des îles Solovki en 1923 jusqu'à l'achèvement du canal Belomor en 1933. Les camps « spéciaux » furent placés sous l'autorité de la police politique soviétique et non sous celle des organes civils ou judiciaires de Carélie et eurent pour mission initiale d'isoler les prisonniers politiques les plus dangereux et les criminels réfractaires. Cependant, au cours de la décennie en question, le camp des îles Solovki se transforma en une organisation économique puissante qui faisait travailler ses détenus dans de nombreux secteurs de la région. Le gouvernement de Carélie tenta de s'opposer à l'expansion progressive du camp sur son territoire, mais ne put mettre fin à l'utilisation contractuelle croissante de la main-d'?uvre du camp dans l'économie locale, qui manquait cruellement de travailleurs non détenus. Après 1929, le gouvernement carélien et la direction du camp finirent bon gré mal gré par faire cause commune en faisant campagne pour le développement régional. L'intérêt de la police politique pour la Carélie atteignit son point culminant avec la construction du canal Belomor pour laquelle le « camp spécial » mobilisa plus de 175000 détenus. Notre article examine aussi les fluctuations de la relation entre le gouvernement carélien et l'administration du « camp spécial », relation qui alternait entre conflit et complicité.
    • Magadan and the evolution of the Dal´stroi bosses in the 1930s. - David J. NORDLANDER p. 649-666 accès libre avec résumé
      Magadan et l'évolution des directeurs du Dal´stroj dans les années 1930. Bien qu'elle doive son importance à sa position centrale au sein du Goulag, Magadan est longtemps restée invisible dans l'histoire de l'URSS. Cependant, cette capitale du monde carcéral peut nous fournir un grand nombre de renseignements sur la nature et les rouages du pouvoir stalinien. Notre article traite des changements survenus dans l'administration provinciale de cette métropole subarctique pendant les années 1930, étude qui s'appuie sur des documents d'archives centrales et régionales. Bien que Magadan ait toujours tablé sur la répression, on observe des variations visibles dans sa politique qui reflètent les époques et les tendances nationales plus larges. La première génération de directeurs de camps, qui avait en partie fait ses classes sur les objectifs utopiques de la révolution bolchevique, apparaît rétrospectivement comme un groupe assez modéré qui prenait au sérieux les objectifs officiels de réhabilitation et de réinsertion sociale des détenus. C'étaient aussi des gestionnaires relativement compétents capables d'atteindre les objectifs industriels fixés par le Kremlin. Tout ceci fut transformé en 1937, année décisive, lorsque la e?ov??ina s'abattit de plein fouet sur Magadan, altérant définitivement sa culture bureaucratique. La production économique chuta de façon spectaculaire au fur et à mesure que la violence politique augmenta, tout ceci sous la houlette d'une équipe adaptée aux dures réalités du moment. Il y eut un difficile moment de répit en 1939 lorsque Moscou mit en place une autre hiérarchie locale qui devait relancer la production, mais qui fit preuve du même cynisme politique. Soumis aux psittacismes des discours officiels pendant les années qui suivirent, les grands idéaux d'Octobre perdirent leur sens et disparurent dans le cataclysme des grandes purges.
    • Alliés ou ennemis ? Le GUPVI-NKVD, le Komintern et les « Malgré-nous ». Le destin des prisonniers de guerre français en URSS (1942-1955). : Le destin des prisonniers de guerre français en URSS (1942-1955) - Gaël MOULLEC p. 667-678 accès libre avec résumé
      Il est encore très difficile d'établir un bilan chiffré du sort des 130000Alsaciens-Lorrains incorporés de force dans l'armée allemande durant le second conflit mondial et dont plus de 21000 reviendront des camps de prisonniers en URSS. Aujourd'hui -- aux travers de documents conservés dans divers centres d'archives russes -- il devient clair que leur destin à été modelé à la fois par les autorités soviétiques, mais aussi par les responsables du mouvement communiste international présents à Moscou. Comparativement moins maltraités, les « malgré-nous » rentreront chez eux plus tôt que les autres prisonniers de guerre étrangers internés en URSS. Toutefois, ces même archives russes gardent la trace de la présence de 28 prisonniers de guerre français en URSS en 1955.
    • The Great terror in the provinces of the USSR, 1937-1938 : A cooperative bibliography - Rolf BINNER, Marc JUNGE, Terry Martin p. 679-696 accès libre