Contenu du sommaire : La Russie vers 1550 : monarchie nationale ou empire en formation

Revue Cahiers du monde russe Mir@bel
Numéro volume 46, no 1-2, janvier-juin 2005
Titre du numéro La Russie vers 1550 : monarchie nationale ou empire en formation
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - André Berelowitch, Vladislav NAZAROV, Pavel UVAROV p. 12 accès libre
  • Introduction

  • L'État : typologie, problématique

    • Culture and politics, or the curious absence of Muscovite state building in current American historical writing - Valerie A. Kivelson p. 19-28 accès libre avec résumé
      Culture et politique, ou la curieuse absence de la construction de l'État moscovite dans l'historiographie américaine actuelle. En dépit d'une floraison de recherches et de publications américaines consacrées à l'histoire de la Moscovie, peu d'entre elles étudient la genèse de l'État moscovite avant 1550. Et si l'État demeure au centre des études américaines, l'accent est mis sur des périodes plus tardives ou sur des questions touchant davantage à l'histoire culturelle qu'à l'histoire institutionnelle ou diplomatique. Le présent article s'efforce d'explorer et d'expliquer ce changement d'approche. Si l'on examine l'évolution générale des questions que se posent les historiens américains, on découvre que les études de la Moscovie s'attachent de plus en plus à déterminer par quelles stratégies les États obtenaient légitimité et soutien de la part de leurs sujets. Ces nouvelles questions, qui ont trait au caractère particulier de l'époque prémoderne, ont poussé les spécialistes de la Moscovie à étudier le début de cette période plutôt que la fin du Moyen ?ge. Ce déplacement dans le temps révèle l'un des traits caractéristiques fondamentaux de cette période insaisissable qu'est l'époque prémoderne -- le développement précoce d'États nationaux consensuels et unifiés.
    • Nasledie Zolotoi Ordy v formirovanii Rossiiskogo gosudarstva - Bulat R. Rahimzanov p. 29-38 accès libre avec résumé
      L'héritage de la Horde d'or et son rôle dans la formation d'un État russe. L'article étudie le problème des influences orientales sur le système politique moscovite du xiiie au xvie siècle. Bien qu'il ait éveillé depuis longtemps l'intérêt des historiens russes et soviétiques, ce sujet est loin d'être épuisé. L'auteur expose son point de vue sur des questions comme la place des principautés de la Russie du Nord-Est dans l'ulus de Djöchi (Horde d'or), les causes de l'ascension de la principauté de Moscou au xve siècle, le statut du monarque moscovite dans le cadre du système de normes juridiques en vigueur pendant la pax mongolica. Il analyse au passage la genèse des apanages tatars en Russie, les conséquences de la conquête des khanats de la Volga sur la situation internationale de la Moscovie, la corégence, etc. Il conclut en soulignant l'importance de la Horde d'or dans l'histoire politique de la Russie.
    • La similitude du dissemblable : La Russie et la grande-principauté de Lituanie xive-milieu du xvie siècle - Elena RUSINA p. 39-50 accès libre avec résumé
      L'article traite des différences entre les systèmes socio-politiques de la Moscovie et de la grande-principauté de Lituanie -- les deux États qui émergent, au xiiie siècle, des ruines de la Russie kiévienne. L'auteur commence par analyser les tentatives antérieures (très peu nombreuses du reste) de comparaison entre ces deux pays voisins, tant macro- que micro-scopiques, pour découvrir le point de départ de leur divergence. L'autocratie propre à l'État moscovite, mais totalement étrangère à la grande-principauté, est communément expliquée par l'impact des institutions socio-politiques mongoles. C'est oublier, souligne l'auteur, à quel point le facteur mongol a pesé sur l'histoire des pays de la Rus´ du Sud-Ouest. Elle conclut en appelant de ses v?ux une exploration plus poussée de ce problème complexe.
    • La notion d'État Moderne est-elle utile ? : Remarques sur les blocages de la démarche comparatiste en histoire - Jean-Frédéric Schaub p. 51-64 accès libre avec résumé
      L'article aborde deux aspects de la critique historiographique qui demeurent, le plus souvent, disjoints. D'un côté, les historiens s'interrogent, avec une insistance croissante, sur les conditions scientifiques de la comparaison en sciences sociales, notamment dans le domaine des « aires culturelles ». D'un autre côté, après avoir été remise en selle, l'histoire de la politique a atteint un point de réflexivité qui, sous une forme renouvelée, questionne son autonomie dans le domaine des études historiques. Le propos de l'article consiste à montrer que le principal obstacle à la réflexion comparatiste sur l'Europe occidentale et d'autres régions, par exemple l'Europe orientale, tient justement à la place qu'occupe dans l'historiographie occidentale la singularité d'un récit politique qui demeure le principal vecteur d'une conception évolutionniste de l'histoire du monde. Il montre comment, par contrecoup, une critique radicale de l'exposé classique de la formation de l'État moderne en Europe occidentale permet d'aborder avec beaucoup plus de liberté intellectuelle tout un ensemble d'hypothèses comparatistes.
  • Modalités de l'expansion

    • Incorporation des territoires de l'Est dans l'État moscovite (XIVe-premiÈre moitié du XVIe Siècle) - Irina L. MAN´KOVA p. 65-74 accès libre avec résumé
      L'article est consacré à l'expansion de Moscou vers l'Est entre le xive et le milieu du xvie siècle. L'annexion de territoires immenses au Nord-Est de la plaine russe et au-delà de l'Oural est étudiée sous l'angle des processus d'intégration de la population annexée dans le système politique et social de la Moscovie. Prenant pour exemple la Perm´ de la Vy?egda, la Grande Perm´ et les principautés vogoules, l'auteur met en évidence les différents moyens mis en ?uvre lors de l'incorporation de ces territoires. Le choix du moyen dépendait des possibilités des princes moscovites, du niveau du développement des communautés autochtones et de l'évolution des relations extérieures. Par ailleurs, l'article constitue une contribution au débat sur l'annexion des territoires des Komis-Zyriènes (Perm´ de la Vy?egda).
    • Rossiia i poiavlenie kazachestva na Volge i na Donu v. XV- pervoi polovine XVI v. - Igor´ O. Tjumencev p. 75-82 accès libre avec résumé
      La Russie et l'apparition des Cosaques sur la Volga et le Don, xve- première moitié du xvie siècle. Cet article est consacré au problème de l'origine des Cosaques. L'auteur conclut que ceux-ci n'ont jamais constitué de groupe ethnique autochtone qui aurait occupé les rives du Don de toute antiquité. Leur apparition est le résultat de la décomposition de la Horde d'or et du départ massif vers la steppe de petits nobles ruinés de Russie et de Pologne. C'est la politique du gouvernement russe qui favorisa le développement de cette communauté particulière, à la fois du point de vue ethnique et du point de vue culturel, que furent les Cosaques libres du Don et de la Volga.
  • Histoire socio-politique

    • Ot « zemel´ » k « velikim kniazheniiam » - Andrej A. Gorskij p. 83-90 accès libre avec résumé
      Du « pays » à la « grande principauté ». Tendances de l'évolution politique en Europe orientale, xiiie-xve siècle. L'article examine l'évolution territoriale et politique des Slaves orientaux entre le xiiie et le xve siècle. L'auteur étudie le mécanisme des annexions (primysly) effectuées par les princes russes et lituaniens. Il apparaît que ces annexions n'étaient pas seulement le résultat des politiques respectives de ces princes. Même si la Horde d'or n'est pas à l'origine des remaniements territoriaux, elle a joué un rôle important dans l'ensemble du processus. Les princes de Moscou et de Lituanie, plus habiles que d'autres souverains, surent mettre à profit les partages successifs des pays du Nord-Est.
    • Les réformes du milieu du xvie siècle et l'évolution structurelle de la noblesse russe - Andrej P. PAVLOV p. 91-106 accès libre
  • Économie et société

    • Krest´iane v sotsial´noi strukture srednevekovoi Rusi - Vladimir A. Arakceev p. 107-114 accès libre avec résumé
      Les paysans dans la structure sociale de la Russie médiévale, xive- première moitié du xvie siècle. Le statut des paysans dans la société médiévale russe n'était pas encore établi de manière définitive. Le présent article analyse leurs droits sur la terre et les contours juridiques de la paysannerie en tant que groupe social. Les dispositions légales limitant les transactions foncières font apparaître deux tendances distinctes dans l'évolution de la propriété foncière paysanne. À Moscou, c'est la propriété éminente de l'État sur la terre qui l'emporte, à Novgorod, les paysans disposent plus librement de leurs terres. Le statut de droit d'État des paysans en Russie du xve-xvie ss. était en train de s'établir. Les paysans du xve et de la première moitié du xvie siècle n'étaient pas encore constitués en ordre (soslovie), mais se présentaient comme une communauté stratifiée, dont les différentes couches se distinguaient par leurs statuts juridiques et étaient assujetties à des suzerains différents.
    • Croissance et crises dans le monde médiéval xie-xve siècle : Réflexions et pistes de recherche - Mathieu Arnoux p. 115-132 accès libre avec résumé
      La longue phase de croissance qui marqua l'Occident des xie-xiiie siècles n'est plus guère étudiée par les historiens de l'économie, en particulier faute de données quantitatives, alors que la période de crise qui suivit la peste noire de 1348, pour laquelle on dispose de documents sériels beaucoup plus abondants, a fait l'objet de recherches bien plus précises. Prenant acte en premier lieu des liens qui unissent les deux épisodes de la croissance et de la dépression, et qui lui donnent l'unité d'une période, l'article essaye de montrer comment la prise en compte des représentations sociales, religieuses ou de fiction, permettent de mettre en évidence et de comprendre les comportements qui rendirent possibles aussi bien la croissance de l'économie que sa transformation dans une période particulièrement bouleversée. La promotion des activités laborieuses et des pratiques de redistribution qui leur étaient associées, tant en ville qu'à la campagne, jouèrent un rôle considérable dans la construction d'une société à fort pouvoir d'investissement puis dans sa résistance, voire son développement, en dépit des épidémies et autres infortunes qui caractérisent la fin du Moyen ?ge.
    • Personal´nyi sostav nizhegorodskogo dvorianstva i upravlenie Nizhegorodskim kraem v seredine XV-seredine XVI v. - Pavel V. Chechenkov p. 133-146 accès libre avec résumé
      La composition de la noblesse de Ni?nij-Novgorod et l'administration de la région du milieu du xve au milieu du xvie siècle. Un des aspects les plus importants de la genèse de l'État russe fut l'intégration des seigneurs féodaux laïcs des différentes régions au sein d'une noblesse unique, leur participation au processus de formation des élites et à la création d'un appareil administratif local. Le présent article étudie ces phénomènes dans le cadre de la vaste région dont Ni?nij-Novgorod était la capitale -- exemple d'autant plus intéressant que la grande-principauté de Ni?nij-Novgorod fut la première des entités politiques importantes à être absorbée par Moscou. Il apparaît que le gouvernement moscovite, sans recourir à la « transplantation » des élites, réussit à diluer complètement la noblesse locale, du reste peu nombreuse, au sein de lignages venus d'ailleurs. Par ailleurs, et cela dès avant la réforme de l'administration régionale mise en ?uvre au milieu du xvie siècle, les nobles de Ni?nij-Novgorod eurent la possibilité d'influer sur les affaires régionales, dans la mesure où les lignages les plus en vue étaient appelés à exercer des responsabilités sur le plan local. Voilà qui permet d'envisager sous un jour nouveau les relations entre le pouvoir central et les sociétés nobiliaires de province.
    • Agrarnaia mikro-istoriia na primere Voloka-Lamskogo i Radonezha (XIV-XVI vv.) i osobennosti rannemoskovskogo obshchestva - Sergej Z. Chernov p. 147-156 accès libre avec résumé
      Micro-histoire agraire du pays de Moscou : Volok Lamskij et Radone? (xive-xvie s.) et les particularités de la société moscovite. Le but des recherches entreprises par l'auteur est d'établir un lien entre l'exploration archéologique exhaustive d'un territoire médiéval et l'étude de la propriété foncière à partir des documents écrits. La combinaison de ces deux méthodes permet de reconstruire le paysage agraire de la principauté de Moscou aux xive-xvie siècles et, ce faisant, de révéler la quantité d'informations que peuvent livrer les documents fonciers. Dans la Russie du Nord-Est, entre 1250 et 1350, la société s'écarte sensiblement du modèle féodal classique. Le prince concède, la plupart du temps, à ses bojare des droits sur les cantons ruraux (volosti) ou sur des activités artisanales (puti), droits qu'ils reçoivent « en subsistance » (v kormlenie). L'absence de fief découle d'un pouvoir princier fort, qui garde les élites à son service sans leur octroyer de domaine en précaire. Ce système, dont la mise en place coïncide avec la mise en culture du territoire, persiste, presque inchangé, pendant trois siècles et détermine durablement le paysage agraire.
    • Gorod i veche: sotsial´nyi aspekt - Pavel V. Lukin p. 157-166 accès libre avec résumé
      La ville et le ve?e : aspects sociaux. Remarques historiographiques. Cet article traite du problème depuis longtemps débattu des assemblées populaires, ou ve?e, dans la Russie médiévale. L'analyse de l'historiographie montre que les spécialistes de l'histoire du ve?e qui ont travaillé à l'époque soviétique n'étaient guère au courant de la discussion, animée et féconde, à laquelle ont pris part surtout des chercheurs polonais et allemands dans les années 1970 au sujet des « assemblées populaires » des Slaves orientaux et occidentaux. De l'avis de l'auteur, l'étude comparative des formes d'activité politique et sociale des habitants des villes russes au Moyen ?ge, dans le contexte plus général de l'histoire européenne, demeure toujours très actuelle.
    • Znachenie «zakona» v srednevekovom russkom prave (XVI-XVII vv.) - Konstantin V. Petrov p. 167-176 accès libre avec résumé
      La signification de la « loi » dans le droit médiéval russe, xvie-xviie s. Cet article est consacré à l'étude du rôle et de l'importance des normes inscrites dans les lois promulguées par le pouvoir suprême (le grand-prince, le tsar, le conseil des boyards) en Russie aux xvie-xviie siècles. L'auteur met en doute la thèse selon laquelle les « lois » de cette époque auraient eu le même pouvoir contraignant qui caractérise les lois modernes. Selon lui, en examinant les cas de violation du Justicier (Sudebnik) de 1497, les historiens ont fait usage, sans s'en rendre compte, des notions modernes sur l'autorité des lois. Or, dans la Russie des xvie-xviie siècles, dans bien des cas, la « loi » n'avait pas plus d'autorité que la coutume. Voilà pourquoi les cas de « violation des lois » signifient simplement que les juges ont appliqué la coutume. La « loi » était bien la source unique du droit lorsqu'il s'agissait de réglementer la chose publique, mais dans le domaine du droit privé elle n'avait pas plus de force que la coutume.
  • Autour de la monarchie

    • Sacre des tsars et sacrements de l'Église AUX XVIe-XVIIe siècles - Olivier Azam p. 175-192 accès libre avec résumé
      L'analyse liturgique et théologique du rituel du sacre et du couronnement des tsars permet de constater l'ancrage de ce rite dans la vie sacramentelle de l'Église. Après un bref rappel du déroulement de la cérémonie et de l'origine vétérotestamentaire de l'onction royale, on s'est attaché à mettre en évidence les liens liturgiques entre le couronnement et les sept sacrements. Une attention particulière a été accordée au sacrement de l'ordre et au rôle central du seul sacrement effectivement célébré lors de la cérémonie du sacre, l'eucharistie, au cours de laquelle le souverain marginalisé par le couronnement et l'onction est réintégré dans la communauté à laquelle il appartient. Si le sacre des tsars, qui n'est pas efficace per se, ne peut être tenu pour un sacrement, il doit néanmoins être défini comme un sacramental conçu pour aider le tsar à accomplir sa double mission : remplir consciencieusement les devoirs de sa charge et créer pour ses sujets les conditions favorables à l'accomplissement de leur vocation de chrétiens.
    • Les princes de Moscou face à la mort : Modèle monastique et sainteté lignagère (1263-1598) - Pierre GONNEAU p. 193-210 accès libre avec résumé
      Cette étude, embrassant dix générations, analyse les conditions de la mort des 86 princes de la dynastie moscovite. Elle tente d'établir pour chacun d'eux l'état, laïque ou monastique, dans lequel il est mort, ses dispositions testamentaires, son lieu de sépulture et l'existence ou l'absence d'une vénération posthume. On peut distinguer trois catégories principales : le prince-moine qui prend l'habit religieux sur son lit de mort, le prince n'entretenant que des relations intermittentes avec l'ordre monastique et le « prince-nourricier » qui, sans entrer dans les ordres, manifeste une dévotion ou une générosité particulière envers ses abbayes favorites. La fonction et l'époque jouent aussi leur rôle. D'Aleksandr Nevskij (?1263) à Ivan II le Bel (?1359), les aînés de la dynastie moscovite choisissent le trépas monastique parce qu'il garantit leur salut individuel et donne à leur lignée, qui ne compte aucun prince-martyr, son aura de sainteté. En revanche, à partir du règne de Dmitrij Donskoj (?1389), les aînés de Moscou optent presque tous pour un trépas séculier, car renoncer au pouvoir, même in extremis, risque de déstabiliser le système monarchique. Les cadets se font rarement moines, mais sont fréquemment des « nourriciers ». Comme en Occident, la dynastie moscovite forme idéalement un corps mystique, constitué par le souverain en exercice, mais aussi ses frères et cousins, qui reposent presque tous dans la nécropole de l'archange Saint-Michel, au Kremlin.
    • La monarchie russe à la lumière de la crise politique des années 1530-1540 - Mihail M. Krom p. 211-218 accès libre avec résumé
      L'auteur soutient que les crises politiques peuvent être considérées comme des « expériences » menées par l'Histoire elle-même : elles éclairent le fonctionnement d'un système politique qui, lorsque la situation est « normale », demeure opaque. Ainsi, une analyse minutieuse de la crise politique des années 1530-1540, crise provoquée par la minorité d'Ivan IV, peut nous aider à mieux comprendre la monarchie médiévale russe. Cette crise, en effet, jette un jour nouveau sur le rôle du souverain dans le système politique et sur les fonctions de ses conseillers et de ses clercs. L'auteur conclut que les prérogatives imprescriptibles du souverain comprenaient le contrôle exercé sur l'élite aristocratique ainsi que la représentation de l'État dans les relations extérieures. Pour ce qui était de l'administration au jour le jour, elle était confiée à un groupe encore embryonnaire de bureaucrates (une proto-bureaucratie) : les maîtres de l'Hôtel, les trésoriers, les secrétaires (d´jaki). Ces administrateurs professionnels disposaient d'un réel pouvoir, mais en termes de dignité et de prestige ils étaient éclipsés par les aristocrates titulaires du grade le plus élevé de la cour, celui de bojarin. Enfin, comparée à d'autres monarchies du xvie siècle, la grande-principauté de Moscou semble plutôt archaïque, ce qui ne veut pas dire immuable : bien au contraire, le milieu du xvie siècle est une époque de changements rapides et profonds.
    • Le couronnement d'Ivan IV : La conception de l'empire à l'Est de l'Europe - Olga NOVIKOVA p. 219-232 accès libre avec résumé
      L'article traite le couronnement comme une sorte d'exposé, dans lequel l'élite politique exprime, au moyen du symbole et de l'émotion, un ensemble d'idées complexes touchant aux rapports de la monarchie et du clergé, aux obligations du souverain et aux limites de son pouvoir. L'auteur analyse la signification juridique et politique des insignes, des gestes rituels, des prières, de l'homélie du métropolite. De l'avis d'Olga Novikova, le couronnement jouait le rôle d'une constitution, recréant une image idéalisée de la société, image qui pouvait influencer en retour les pratiques politiques réelles. Au cours de la cérémonie, on énonçait clairement les obligations du tsar, on décrivait ce que pourrait être un monarque idéal, on précisait dans quelles conditions l'empereur cessait d'être un souverain authentique. Le tsar, conclut l'auteur, contractait au cours du rituel toute une série d'obligations en présence de nombreux témoins, mais il n'avait à rendre compte de sa manière de s'en acquitter qu'à un seul d'entre eux : à Dieu qui, croyaient les organisateurs, assistait invisible à la cérémonie.
    • The Muscovite monarchy in the sixteenth century: ?national,? ?popular? or ?democratic?? - Maureen PERRIE p. 233-242 accès libre avec résumé
      La monarchie moscovite au xvie siècle : « nationale », «populaire » ou «démocratique » ? L'article évalue de façon critique les textes historiographiques précurseurs des positions de certains chercheurs qui rejettent actuellement l'idée que l'État moscovite était « despotique », notamment certains membres de l'école de Harvard, dont Valerie Kivelson, et l'historien pétersbourgeois Boris Mironov, qui a défini la Russie d'avant Pierre le Grand comme une « monarchie populaire » (narodnaja monarhija). L'auteur examine l'usage des adjectifs nacional´naja, narodnaja et demokrati?eskaja que font les historiens V. O. Klju?evskij, S. F. Platonov et Ivan Solonevi? dans leur description de la monarchie moscovite. Son attention se porte plus particulièrement sur R. Ju. Vipper qui, dans la première édition de son livre sur Ivan le Terrible (1922), compare la politique antinobiliaire du tsar à celle de Christian II de Danemark, le « roi du peuple ». Selon l'auteur, bien que la description de la Moscovie d'Ivan comme une monarchie populaire ne soit pas convaincante, Vipper a eu raison d'attirer l'attention sur le fait que le tsar usait d'une rhétorique « populiste » ou « démagogique ». L'auteur conclut que le « populisme monarchique » et le phénomène associé de la « monarchie populaire » présentent des caractéristiques de la culture politique moscovite.
    • L'image du pouvoir monarchique dans les relations entre la Russie et la Pologne-Lituanie : Seconde moitié du xvie siècle - Luc RAMOTOWSKI p. 243-250 accès libre avec résumé
      L'émergence de l'État russe au xvie siècle éveille l'intérêt de l'Europe. La guerre de Livonie, notamment, qui intéresse les États riverains de la Baltique, est l'occasion de porter un jugement sur le pouvoir des tsars, en l'occurrence Ivan IV. Mais le « tyran » des écrits protestants en langue allemande apparaît dans les chroniques officielles russes comme le défenseur de la Vraie Foi. Aux yeux d'Ivan IV, en effet, la faiblesse de la monarchie des Jagellons ne fait qu'encourager la Réforme en Pologne-Lituanie. Le tsar, lui, se pose en protecteur de l'oekoumène chrétien. La polémique, toutefois, n'empêche pas le dialogue : la guerre de Livonie montre qu'il existe aussi bien entre les simples soldats qu'entre les diplomates moscovites et ruthènes (orthodoxes de Lituanie). De ce contexte naît le projet d'une candidature moscovite à la succession du trône électif polono-lituanien. La mise en avant de cette candidature n'est pas moins révélatrice que la guerre : Ivan IV affirme son hostilité aux libertés nobiliaires, tandis que certains bojare russes semblent attirés par le modèle politique polono-lituanien.
    • Princes, parents et seigneurs : Loyautés et crime contre le souverain en Europe centrale ou occidentale et en Moscovie xive-xviie siècle - ANGELA RUSTEMEYER p. 251-264 accès libre avec résumé
      Princes, parents et seigneurs. Loyautés et crime contre le souverain en Europe centrale ou occidentale et en Moscovie (xvie-xviie siècle). Le crime n'est pas seulement un fait social, mais aussi une construction culturelle. Sa répression reflète les valeurs et les craintes des élites et parfois aussi celles du peuple. De plus, la définition de ce qui est criminel ne fait jamais complètement abstraction de l'ordre politique : le crime de lèse-majesté en témoigne. Les historiens ont été conscients de l'importance des procès de crime de lèse-majesté pour leurs recherches sur l'autocratie moscovite, mais ils se sont peu intéressés au contexte européen de ces procès et à l'histoire du droit pénal dont ils font partie. En conséquence, l'étude de ces procès n'a fait que consolider la réputation de la Russie moscovite comme civilisation à part, soumise à un pouvoir despotique, qui transforme jusqu'aux idées de ses sujets en matière de loyautés communautaires et familiales en mécanismes de répression. En élargissant la perspective, la présente esquisse tente de modifier cette image.
    • The limits of Muscovite autocracy : The relations between the grand prince and the boyars in the light of iosif Volotskii's Prosvetitel´ - Cornelia SOLDAT p. 265-276 accès libre avec résumé
      Les limites de l'autocratie moscovite. Les relations entre le grand-prince et les bojare vues à travers l'?uvre de Josif Volockij, Prosvetitel´. Depuis que Sigismund Herberstein a affirmé que le tsar moscovite régnait en « maître », donc en « tyran », sur ses sujets, qui se désignaient eux-mêmes comme ses « esclaves » (holopy), l'historiographie occidentale ne manque pas de décrire la relation entre le tsar et ses bojare comme patriarcale et empreinte de cruauté. L'auteur de l'article soutient qu'en se désignant comme « esclaves du souverain », les membres de l'élite dirigeante exécutaient une sorte de kenosis (podvig, haut fait) consistant à se rabaisser devant le souverain/Dieu. Cette imitation du Christ soulignait leur participation au système socialement complexe du pouvoir. L'?uvre de référence pour une description du pouvoir tyrannique du monarque moscovite est le Prosvetitel´ de Josif Volockij. Cependant, une lecture minutieuse montre que « mu?itel´ », généralement rendu par « tyran », terme qui évoque le régicide et la désobéissance civile chez le chercheur occidental, n'est pas traduit correctement. Des extraits de la Bible suggèrent plutôt que le mot mu?itel´ doit être compris en relation avec mu?enik, « martyr », le second membre de l'opposition mu?itel´/ mu?enik. Dans ce contexte, le mu?itel´ est celui qui fait des martyrs, c'est le bourreau qui exécute la sentence, sans être nécessairement mauvais. Pour les conseillers du tsar, prodiguer de bons conseils à un mauvais tsar ouvrait les portes du paradis. Par ailleurs, le devoir qu'a le tsar de juger et punir ses sujets tel qu'il est décrit dans Prosvetitel´ est assujetti à des règles morales rigoureuses. On peut en conclure que le pouvoir autocratique du tsar moscovite n'avait d'existence que dans le discours. Il était en fait soumis à des limites morales personnelles et sociales strictes.
    • Otnosheniia pravitelia i znati v Severo-Vostochnoi Rusi v. XIV - nach. XVI v. - Peter S. Stefanovic p. 277-284 accès libre avec résumé
      Les relations entre le prince et la noblesse en Russie du Nord-Est (xive-début du xvie s.) : le baiser sur la croix comme serment de fidélité ? Au Moyen ?ge, les nobles russes qui entraient au service d'un prince lui juraient-ils fidélité ? Répondre à cette question est essentiel pour comprendre l'idéologie et le rituel des relations entre le prince et la noblesse. Malgré quelques voix discordantes, la majorité des historiens considèrent qu'en Russie du Nord-Est le serment de fidélité prenait la forme d'un baiser sur la croix. L'article examine les sources attestant que les nobles baisaient la croix en signe de fidélité au grand-prince de Moscou. Il s'agit des chartes dites krestoceloval´nye, conservées depuis la seconde moitié du xve siècle. Or, ces documents n'avaient pas pour but de s'assurer de la fidélité de tous les nobles mais seulement de ceux qui étaient soupçonnés de vouloir fuir à l'étranger. Il faut remarquer également qu'à ces actes étaient jointes des chartes de caution, par lesquelles des nobles et des prélats se portaient garants de leurs pairs suspectés, s'engageant à verser des sommes importantes si ceux-ci manquaient à leur parole. L'auteur conclut que le baiser sur la croix comme serment de fidélité d'un noble à son prince n'est apparu qu'à la fin du xive siècle, en raison de la rivalité entre Moscou et la grande-principauté de Lituanie, qui toutes deux cherchaient à réunir les territoires russes à leur profit. Une autre pratique fut introduite parallèlement : lorsqu'un nouveau prince accédait au trône, la noblesse dans son ensemble devait lui prêter serment. Il s'agissait d'un serment obligatoire, public et collectif qui revêtait notamment la forme d'un baiser sur la croix. Ces deux pratiques de baiser sur la croix n'ont rien de commun avec les rituels de vassalité en Europe occidentale. Elles sont liées à la formation de la monarchie moscovite centralisée.
  • Idéologies, mentalités, religions

    • A few notes about the strigol´niki heresy - Alexey I. Alexeev p. 285-296 accès libre avec résumé
      Quelques notes à propos de l'hérésie des « strigol´niki ». En mettant l'Église en accusation, les strigol´niki ne faisaient qu'exprimer les états d'âme du peuple chrétien, qui craignait que les sacrements administrés par des clercs indignes se révélassent inefficaces. La volée de critiques adressée au clergé témoigne à sa manière du succès de la catéchisation et du degré de dévouement à leur sacerdoce qu'on exigeait désormais des pasteurs. Il semble que le noyau de l'hérésie, autour duquel sont venues s'agglutiner des pratiques traditionnelles de piété et des croyances populaires, ait été la protestation contre la simonie entendue au sens large, c'est-à-dire comme toute espèce de transgression liée à l'ordination des prêtres. Les strigol´niki ont, semble-t-il, partagé ces caractéristiques, ainsi qu'une dévotion particulière pour l'Évangile, avec les Patarini de Milan.
    • Aleksandr nevskii: Hagiography and national biography - Anna NAVROTSKAYA p. 297-304 accès libre avec résumé
      Aleksand Nevskij : Hagiographie et biographie nationale. Dans la tradition historiographique, Aleksandr Nevskij appartient à la mémoire nationale du peuple russe. L'article propose un survol des étapes majeures du développement de l'image de ce héros que l'État s'est approprié dès le xiiie siècle et jusqu'en 1938, année où Serge Eisenstein tourne son film. L'analyse proposée s'applique à démontrer la conformité essentielle entre deux modèles éthiques inspirés, l'un, par le principe religieux, l'autre, par le principe national. Le « parcours » de Nevskij, du statut de prince et de saint local à celui d'un des « pères » de la nation et de saint national est intimement lié aux transformations de l'État et aux aléas de la conjoncture politique. L'évolution progressive de son image témoigne clairement du fait que l'existence « éternelle » de ce héros dans la mémoire nationale ressort plutôt de la création d'un mythe. Le mythe, à son tour, fonctionne selon des circonstances et dans des conditions liées à l'équilibre sans cesse fluctuant des forces politiques. Ainsi, l'hagiographie et la biographie historique représentent un même modèle idéologique dont Aleksandr Nevskij n'est qu'un exemple particulier.
    • La mémoire de la bataille de Kulikovo dans l'idéologie de l'état russe des xve-xvie siècles - ANDREJ E. PETROV p. 305-326 accès libre avec résumé
      La bataille de Kulikovo est aujourd'hui un « lieu de mémoire » classique de l'historiographie comme de la conscience collective russes. Pourtant, le rôle historique de cette victoire n'a pas été perçu immédiatement. Un siècle s'est écoulé avant qu'apparaisse le Dit sur la bataille contre Mamaj. Cette ?uvre littéraire, qui correspondait pleinement aux priorités politiques des souverains russes des xve-xvie siècles, est pleine d'inexactitudes et d'anachronismes, dus aux nombreux emprunts faits par le compilateur. Ce récit mythique de la bataille se prêtait, bien mieux qu'un compte rendu prosaïque des faits, aux rites, anniversaires et célébrations consacrés au souvenir de l'exploit de Kulikovo.
    • Political thinking in Moscow in the sixteenth and seventeenth centuries : Peresvetov, kri?aniç and the grammatisation of knowledge - STEFAN SCHNECK p. 327-336 accès libre avec résumé
      La pensée politique à Moscou aux xvie et xviie siècles : Peresvetov, Kri?aniç et la « grammaticalisation du savoir ». Comment pensait-on, comment parlait-on de politique à la cour du tsar au xvie siècle (sous Ivan IV) et au xviie siècle (sous Alexis Mihajlovi?), si l'on entend par politique une organisation idéale de l'État et de la société ? Pour répondre à cette question, l'auteur étudie les ?uvres d'Ivan Peresvetov et de Juraj Kri?aniæ, qui ont rédigé, pour la cour impériale, des écrits reflétant à la fois leur savoir d'experts et leur position de marginaux. L'analyse révèle des différences fondamentales dans leurs modes d'argumentation, différences qui correspondent à des changements profonds dans la culture intellectuelle des milieux de la cour tout au long du xviie siècle. Si Peresvetov argumente par images et par citations, Kri?aniæ, cent ans plus tard, développe sa pensée sous la forme caractéristique du savoir grammatical : fonctionnelle, analytique, exhaustive. Comme on peut observer une évolution analogue dans d'autres disciplines intellectuelles, il est légitime de parler d'une « grammaticalisation du savoir » dans la Russie du xviie siècle.
    • Formirovanie ideologii russkoi monarkhii v XVI v. i Stepennaia kniga - Aleksej V. Sirenov p. 337-344 accès libre avec résumé
      La formation de l'idéologie de la monarchie russe du xvie siècle et la Stepennaja kniga. L'article étudie un témoin important de la pensée historique russe du xvie siècle, la Stepennaja kniga (Livre des degrés de la généalogie impériale). Ce document se distingue par sa composition unique et par la philosophie de l'histoire qu'il exprime, assimilant l'histoire russe à une échelle qui mène à Dieu. L'étude d'un brouillon découvert récemment éclaire l'histoire de la création du Livre des degrés. Il est désormais possible d'affirmer que l'image de l'échelle et la division correspondante du texte en « degrés » ne faisaient pas partie des intentions de l'auteur au départ mais firent leur apparition pendant l'étape finale de la rédaction du livre.
    • La naissance de l'Union de Brest : La curie romaine et le tournant de l'année 1595 - LAURENT TATARENKO p. 345-354 accès libre avec résumé
      L'année 1595 voit l'accélération des négociations de l'Union de Brest. Dans le même temps, l'unité du clergé ruthène vole en éclats sur un fond d'opposition croissante des confréries laïques et du prince Constantin Basile Ostrojskyj. La curie pontificale, quant à elle, avertie sur le tard, examine le projet dans la précipitation. Les prélats romains s'appuient alors sur le précédent florentin de 1439, mais pour les questions pratiques, relatives au dogme et à la liturgie, ils établissent un parallèle avec l'Union des coptes d'Égypte et la politique du Saint-Siège à l'égard des « Grecs » du sud de la péninsule italienne. Dans les deux cas, l'étude des divers documents démontre que, du côté romain, l'objectif principal était de prévenir toute similitude possible des futures Églises unies avec les pratiques protestantes. C'est pourquoi l'Union avec les orthodoxes devenait davantage une reconquête catholique au sein d'une chrétienté éclatée qu'un véritable dialogue entre les confessions. De plus, le concile de Trente avait marqué une rupture qui, en instaurant des frontières nettes entre la Réforme et la tradition catholique, ne pouvait que compromettre l'ouverture du catholicisme face à d'autres modèles du vécu de la foi. Cette approche était en effet incompatible avec le modèle florentin. Par conséquent, l'Union de Brest devenait le fruit d'un mécanisme dépassé et incapable d'offrir le soutien efficace recherché par les évêques ruthènes.
    • Le temporel de la chaire métropolitaine de Russia orientalis : (xive siècle -- premier quart du xviie siècle) - Élisabeth Teiro p. 355-362 accès libre avec résumé
      Après avoir brièvement décrit les difficultés inhérentes à l'étude de la propriété foncière dans la Russie médiévale, l'auteur propose les grandes lignes du travail qu'elle a mené sur les biens-fonds de la chaire métropolitaine russe du xive au xvie siècle. Par chaire métropolitaine, il faut entendre ici l'éparchie propre du chef de l'Église russe. L'auteur présente les modes d'acquisition, les zones de concentration, les méthodes d'exploitation des terres ainsi que les différends relatifs aux possessions foncières. Elle tente également de mettre en exergue les ambiguïtés de la gestion de ce patrimoine qui ne cessa de croître au cours de toute la période étudiée et qui permit à l'Église de préserver tout son poids économique alors que le pouvoir séculier sapait sa puissance politique.
    • Mental´nye osnovy drevnerusskogo monarkhizma (seredina XIII-seredina XV vv.) - Oleg G. Usenko p. 363-386 accès libre avec résumé
      Les bases mentales du monarchisme dans la Russie ancienne (milieu xiiie-milieu xve siècle) : les couples fidélité / trahison et vassal / sujet. On entend ici par monarchisme l'ensemble des notions explicites concernant le monarque et son pouvoir partagées par les membres d'une communauté donnée. Dans la Russie médiévale, du milieu du xiiie au milieu du xve siècle, le monarchisme était fondé sur des liens contractuels (ou « équivalents ») ou quasi-contractuels (« non équivalents »). La plus importante, parmi les relations contractuelles, était la relation suzerain-vassal, tandis que la relation despote-sujet dominait le système des liens quasi-contractuels. Il faut remarquer toutefois qu'un prince pouvait être à la fois suzerain et despote, vassal et sujet. Tous les rapports décrits ci-dessus étaient interprétés par les contemporains à travers le couple fidélité / trahison. Cette opposition, à son tour, s'appuyait sur la distinction entre « sien » et « étranger », sans pour autant donner naissance à un patriotisme au sens moderne de ce mot.
    • «Osviashchennyi sobor» v istochnikakh XIV-nachala XVI vv. - Varvara G. Vovina-Lebedeva p. 387-396 accès libre avec résumé
      Le « saint concile » dans les sources russes du xive au début du xvie siècle. L'auteur examine l'emploi de l'expression osvja??ennyj sobor (« saint concile ») dans les sources russes du xive au début du xvie siècle. Il soumet à une analyse critique l'interprétation, courante dans l'historiographie, qui en fait une sorte de synode des prélats, dont la composition et les compétences seraient précisément définies. L'auteur ne croit pas que le haut clergé à l'époque considérée ait fait partie d'un quelconque organisme réunissant les princes de l'Église. Dans la plupart des textes, il faut comprendre osvja??ennyj sobor comme désignant l'ensemble des membres du clergé.
    • Florentiiskaia uniia i avtokefaliia Moskovskoi tserkvi - Valerij E. Zema p. 397-410 accès libre avec résumé
      Le concile de Florence et l'autocéphalie de l'Église russe. Remarques sur les sources narratives. L'article examine la façon dont les textes moscovites opposés au concile de Florence (chartes, chroniques, pamphlets) virent le jour. Ils furent rédigés dans l'intention d'affirmer la légitimité du siège autocéphale naissant. L'historiographie de la réception du concile de Florence en Europe orientale montre que celui-ci fut très controversé. L'auteur se penche également sur les raisons du rejet du concile en Moscovie, à Novgorod, Pskov et Tver´. L'étude des textes opposés au concile de Florence permet d'en établir une généalogie hypothétique.