Contenu du sommaire : Écrits personnels

Revue Cahiers du monde russe Mir@bel
Numéro volume 50, no 1, janvier-mars 2009
Titre du numéro Écrits personnels
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Journaux féminins, 1780-1850

    • À la rencontre des journaux personnels - Catherine Viollet p. 9-16 accès libre
    • Journal intime : pléonasme ou oxymore ? - Philippe Lejeune p. 17-20 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir du journal inédit de Praskov´ja Vasil´evna NaryÒkina, tenu en 1811, on montrera combien il était encore difficile, à cette époque, d'appeler « journal » un texte intime.
      Based on the unpublished diary kept by Praskov´ia Vasil´evna Naryshkina in 1811, the present study shows how difficult it was yet, at that time, to call intimate written material a “journal.
    • L'usage du français et du russe dans les journaux féminins : xviii>e-premier tiers du xix>e siècle - Elena Greanaja p. 21-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de cet article est de montrer dans quelle mesure et de quelle manière l'alternance des langues, principalement française et russe -- la plus fréquente dans les journaux des femmes russes --, influe sur l'expression personnelle et la construction du moi, et quelles sont les fonctions respectives du français et du russe dans les journaux personnels féminins.Si le français reste la langue préférée et habituelle de la chronique familiale et mondaine, de la présentation romanesque de sa vie, le russe, dans les journaux bilingues, permet d'abandonner les formules françaises, coulantes et faciles, pour un autre mode d'expression, plus « direct » et « authentique », à l'individualisation plus marquée.La maîtrise, à travers les deux langues, de différents modes d'expression, le passage immédiat d'un registre à l'autre offrent la possibilité de s'orienter librement à travers plusieurs pratiques culturelles, tout en maintenant une certaine distance par rapport à ces pratiques, et en sauvegardant l'espace culturel traditionnel.
      This article aims to evaluate how and to what extent the alternate use of two languages, particularly Russian and French, which one mostly encounters in Russian women's diaries, influenced these women's self-expression and identity construction. It also describes the respective functions of French and Russian in women's private journals.Even though French was still preferred and regularly used for family and social chronicling as well as for romanticizing one's life, the use of Russian in bilingual journals allowed the writers to leave aside easy and smooth French turns of phrase and adopt a different, more “direct” and “genuine” mode of expression which made for a stronger assertion of individualities Commanding different modes of expression in both languages and rapidly changing registers allowed the writers to move freely through several cultural practices while keeping a certain distance from these practices and preserving their cultural traditions.
    • Journaux féminins en langue française, 1780-1850 - Elena Grecanaja, Catherine Viollet p. 33-66 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le corpus analysé est constitué de plusieurs dizaines de journaux personnels, pour la plupart inédits -- datant de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du XIXe déposés, sous forme de manuscrits, dans différents fonds d'archives à Moscou et Saint-Pétersbourg. Ils sont rédigés en langue française, par des femmes appartenant à l'aristocratie russe.Les auteures se proposent d'explorer de manière synthétique les principaux choix thématiques présents de manière récurrente dans ces journaux, et qui attestent de leur cohésion en tant qu'ensemble. Restituer les expériences et activités des diaristes, les espaces matériels, géographiques et relationnels dans lesquels elles évoluent, les repères culturels qui leur sont propres, c'est saisir leur manière -- à la fois individuelle et collective -- de construire les relations entre soi et le monde.Comment sont présentées, à l'intérieur même des journaux, l'éducation, les lectures, les pratiques religieuses des femmes russes de cette époque ? Quelle place est accordée, au sein de ces textes qui relatent la vie quotidienne, au corps et à la maladie ? Aux pratiques d'écriture (diaristique, épistolaire, littéraire) ? De quelle manière se déroulent les fréquents voyages en Europe (Allemagne, France, Italie principalement) ? Comment fonctionnent les relations familiales et les réseaux de sociabilité, le choix du conjoint ? Et qu'apprend-on de leur conception de l'amour et du mariage ? Telles sont les questions auxquelles les auteures tentent de répondre.
      The corpus under study is made up of several dozens of diaries - for the most part unpublished -, dating from the end of the eighteenth century and the first decades of the nineteenth, and housed in various archives in Moscow and St. Petersburg. They were written in French by women of the Russian gentry. The authors of the article explore the main recurring themes which appear in the diaries and give cohesion to the corpus. By reproducing the diarists' experiences and activities, their various moves inside and outside their immediate surroundings, their relationships, and their specific cultural reference points, the authors capture the way in which these women, individually or as a group, built their relationship to the world. How do the diaries present these women's education, readings, and religious practices? How much room does their account of daily life make for the body and its ailments, for writing practices (diaries, correspondence, literature)? How did frequent travelling to European countries (mainly Germany, France, and Italy) go? How were family and social relationships organized? How did one choose a husband? What do we learn from their conceptions of love and marriage? The authors of the article attempt to find an answer to these questions.
    • Les journaux, des manuscrits uniques - p. 67 accès libre
  • Écrits personnels, 1930-1970

    • L'injonction autobiographique dans les années 1930 : G.A. Medynskij et l'histoire du métro de Moscou - Josette BOUVARD p. 69-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite de l'écriture suscitée des journaux ouvriers à travers la pédagogie de G.A. Medynskij, écrivain et pédagogue soviétique (1899-1984). Cet écrivain, aujourd'hui oublié, organisa en 1934 l'écriture de journaux au sein de la rédaction de l'Histoire du métro, chapitre de l'Histoire des fabriques et des usines, le projet que Gor´kij initia et dirigea de 1931 à 1936. L'entreprise gorkienne s'inscrivait dans la production discursive de propagande de l'industrialisation stalinienne mais constitua cependant une expérience unique et restreinte d'écriture des ouvriers d'usine, dernier épisode de la longue histoire de la littérature prolétarienne. La biographie de Medynskij éclaire son engagement dans la lutte antireligieuse et dans l'éducation de jeunes vagabonds dans les années 1920, puis de jeunes ouvriers dans les années 1930. Pendant quelques mois de 1934, Medynskij consacra son énergie à stimuler, conseiller les auteurs ouvriers du métro dans l'écriture de leurs journaux personnels. Il lut attentivement, annota les journaux que les ouvriers du métro lui remettaient, organisa des discussions et des rencontres avec eux sur ce thème. Ces journaux ne furent pas publiés et n'entrèrent pas dans l'écriture de l'Histoire du métro. Medynskij, conscient des impasses et apories de cette histoire des entreprises écrite par les ouvriers eux-mêmes, constata l'échec du projet. Beaucoup de dirigeants de l'Histoire des usines disparurent tragiquement pendant les grandes purges.
      This article deals with workers' private journals written at the request and under the guidance of Soviet writer and educator G.A. Medynskii (1899-1984). In 1934, this now forgotten writer organized a journal writing project involving workers of the Moscow subway for the publication of the History of the Subway- a volume of the series. A History of Factories, initiated and directed by Gor´kii between 1931 and 1936. Launched as part of the production of discursive propaganda for Stalin's industrialization, Gor´kii's undertaking constituted a unique, though short-lived, writing experience for factory workers and marked the last stage of the long history of workers' literature. Medynskii's biography gives an insight into his involvement in antireligious struggle and the education of young vagrants in the 1920s and young workers in the 1930s. In 1934, Medynskii spent several months advising and supporting the subway workers in their journal keeping. He carefully read and annotated the texts that the workers handed in, organized meetings and discussion groups. These journals remained unpublished and thus did not become part of the subway's written history. Medynskii became aware of the obstacles and aporias of a history of factories written by the workers themselves and could not but note that the project was a failure. A great number of the project's leaders tragically disappeared during the Great Purges.
    • Enjeux historiques des journaux et de la correspondance dans la réécriture de l'histoire de la révolution sous Stalin - Malte Griesse p. 93-124 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article explore les dynamiques de l'échange communicationnel à l'époque de Stalin et son impact sur la formation de l'opinion. Alors que les journaux, qui présentent leurs auteurs dans un état solitaire de monologue intérieur, révèlent souvent des étendues d'ambiguité et de doute, une communication engagée, particulièrement entre personnes se faisant confiance, est beaucoup plus à même de donner naissance à des jugements et des opinions clairs, ce qui est de la plus haute importance sur le plan de la capacité critique. La riche correspondance personnelle de la famille Krav©enko-Spunde, famille de vieux bolcheviks engagés, montre à quel point un échange ouvert peut susciter et renforcer tant le soutien que la critique la plus âpre du système. Ces documents mettent en lumière un changement majeur, le passage d'un soutien quasi inconditionnel au régime stalinien à sa critique de « fossoyeur de la révolution », condamnation qui émerge du débat politique tenu dans le cercle étroit de la famille. De plus, la défense d'un bien commun à l'encontre du discours public pousse les discutants à transcender leur cercle restreint et à chercher un contre-public indispensable pour lever le soupçon de particularité qui pèse sur les « biens » défendus au sein de ce cercle et pour confirmer ainsi leur caractère de « bien commun ». La tentative d'élargissement du cercle communicationnel mène à une nouvelle activité dans l'écriture mémorielle qui se propose aussi bien de dévoiler les mensonges du système que de révéler un héritage révolutionnaire distinct de la représentation officielle monopolisée par le régime. L'expérience des relations personnelles pendant la révolution joue un rôle essentiel pour cette revendication dissidente d'un héritage révolutionnaire. Camaraderie et confrontation unie face à l'ennemi pendant la guerre civile doivent être distinguées de l'énonciation et de l'élaboration d'opinions lors de débats publics. Seule cette seconde expérience, basée sur la réciprocité, pouvait donner lieu à la constitution d'une personne politique. Le système stalinien craignait cette personne politique et tentait de l'anéantir dans les années 1930, notamment lors des Grands Procès au cours desquels l'expérience des relations humaines et de la confiance pendant la révolution même fut systématiquement sapée par l'accusation d'hypocrisie.
      This article explores the dynamics of communicational exchanges in Stalin's time and its impact on the formation of opinions. Whereas diaries, which represent their authors in a solitary state of inner monologue, often exhibit expanses of roaming doubt and ambiguity, communication, particularly when it occurs between people who trust each other, is much more likely to give rise to clear opinions and judgments, which is of utmost importance for the question of critical ability. The particularly well-documented personal correspondence between members of the Kravchenko-Spunde family (Kravchenko and Spunde were two highly committed Old Bolsheviks) shows how open communication can elicit and reinforce both support and the harshest criticism of the system. These documents reveal a major shift from almost unconditional support to a profound criticism of the Stalinist regime as “undertaker of the Revolution” - a condemnation that emerged from political debate within the narrow circle of the family. Moreover, the defense of a common good against official discourse drove the discussants to transcend the family circle and look for a supporting public essential to the rescue of the cherished “common good” from the odium of particularity and to the confirmation of the “common” character of this good The attempt at enlarging the family's communicational circle led to a new activity in memoir writing that aimed at exposing the system's lies and revealing a revolutionary legacy distinct from the official representation monopolized by the regime. The experience of personal relations is central to this dissident claim for a revolutionary legacy. Comradeship and joint confrontation of the enemy during the civil war must be distinguished from the enunciation and elaboration of opinions in public debates. The latter experience, based on reciprocity, was solely able to constitute a political person. The Stalinist system feared that political person and tried to destroy it systematically during the show trials, when the human relations and trust experienced during the Revolution were demeaned with the accusation of hypocrisy.
    • Quand la terreur se mêle de narration : Le cas d'un journal sans nom (1936-1937) - Véronique Garros-Castaing p. 125-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Début 1936, X., haut dirigeant de l'État-Parti, pressentant peut-être une disgrâce prochaine qui le conduira à la mort en 1937, s'exile en écriture. Pour autant, l'analyse proposée de son journal ne s'attache pas à décrire cette lente descente aux enfers qu'ont connue d'innombrables citoyens soviétiques au cours de cette histoire désorbitée. Elle tente de discerner divers « nœuds », lestés de paradoxes et sans doute constitutifs de la période : comment l'(il)logique de la Terreur peut être l'objet d'une appropriation par sa future victime ; comment cette même Terreur, via une déstructuration temporelle imposée à l'individu, lui dicte des formes narratives de soi ; et comment, ce faisant, l'individu en question est susceptible de reconquérir un « je ».
      In early 1936, probably sensing the eventual disgrace which caused his demise in 1937, an anonymous top party leader retreated into writing. The present analysis of this man's journal does not address the slow descent into hell experienced by so many Soviet citizens in those times gone mad. Rather it aims at discerning various predicaments laden with paradoxes and undoubtedly constituent of the period: how a future victim internalizes the (il) logic of Terror; how Terror dictates narrative forms of the self by causing a disruption of the individual's awareness of time; and how, in the process, the individual in question is likely to recover his sense of self.
    • The Last Soviet Dreamer : Encounters with Leonid Potemkin - Jochen Hellbeck p. 139-152 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les journaux soviétiques des années 1930 offrent un éclairage saisissant des dimensions intimes et profondes de la révolution bolchevique. Contrairement à la croyance populaire selon laquelle les citoyens soviétiques cherchaient à cultiver leur vie privée en opposition à l'idéologie communiste totalitaire, nombre de ceux qui tinrent un journal sous Stalin eurent recours à ce procédé pour insuffler à leurs propres vies les valeurs de la révolution en cours. Ils rêvaient le rêve soviétique, un rêve porteur de la promesse qu'ils seraient acteurs de l'histoire et rejoindraient l'avant-garde de l'humanité. Cet article a pour point de départ le journal lyriquement expressif de Leonid Potemkin, étudiant en géologie dans les années 1930. L'auteur de l'article a eu la chance de rencontrer Potemkin dans les dernières années de sa vie et d'enregistrer toute une série d'entretiens avant son décès en 2007. Ces entretiens abordent la question de la mémoire de l'époque stalinienne aujourd'hui et de la poursuite des engagements de la part d'un diariste ayant connu cette période. Ils mettent aussi en évidence les problèmes éthiques et épistémologiques que soulève l'investigation de propos personnels et intimes en présence de leur auteur.
      Soviet diaries from the 1930s offer striking insights into the personal and inner dimensions of the Bolshevik revolution. In contrast to popular belief that Soviet citizens sought to cultivate a private existence in contradistinction to the totalitarian communist ideology, many of those who kept diaries during the Stalin period used them to instill their personal lives with the values of the unfolding revolution. They dreamed the Soviet dream, a dream that promised fulfillment in the act of making history and joining the vanguard of humanity. This article takes as its starting point the lyrically expressive diary of Leonid Potemkin, a student of geology of in the 1930s. I was fortunate to meet Potemkin in his old age and conduct a series of videotaped interviews with him before he died in 2007. My interviews with Potemkin address the memory of the Stalin era today and the continued commitments on the part of a surviving diarist from that age. They also showcase the epistemological and ethical problems that accrue from the investigation of intimate personal accounts in the presence of their surviving author.
    • Dnevnik sovetskoj devuski (1968-1970) : privatnoe i ideologiceskoe - Irina Savkina p. 153-168 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objet un journal, présenté par l'auteure comme un égo-document caractéristique de la période considérée. Pour l'essentiel, l'approche tente de discerner les types de discours susceptibles d'avoir influé sur la description et la construction du « Je » d'une jeune Soviétique ordinaire. Aussi l'auteure s'intéresse-t-elle à la façon dont le discours soviétique, sa rhétorique, ses mythes culturels et idéologiques ont pu, plus ou moins profondément, « façonner » cette narration de soi. De même s'interroge-t-elle sur les rapports interactifs entre l'idéologique et le privé ; sur ce qui distingue le privé de l'intime ; sur les possibilités dont disposait à l'époque cette diariste pour faire part, précisément, de l'intime.
      In this article, the author presents her own diary as an ego document characteristic of the period under study. She mainly aims at pinpointing the discourse types that were likely to have an impact on an ordinary young Soviet girl's self-description and identity construction. She studies how and to what extent Soviet discourse and rhetoric as well as cultural and ideological myths could, more or less profoundly, shape this self-narration. Along the same line, she addresses the possibly interactive relationship between the private and the ideological, the definition of privacy and intimacy, and the means available to the diarist in conveying the intimate.
    • Facettes du journal personnel russe : Lectures, perspectives - Véronique Garros-Castaing p. 169-178 accès libre
    • Bibliographie sélective - p. 179-186 accès libre
  • Documents

    • Lemnos, l'île aux Cosaques - Bruno Bagni p. 187-230 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En novembre 1920, l'armée Wrangel, évacuée de Crimée, arrive à Constantinople. Elle compte dans ses rangs quelque 50 000 Cosaques que les autorités françaises décident d'installer sur l'île grecque de Lemnos, en attendant de leur trouver un pays d'accueil. Ces camps vont fonctionner près d'un an, jusqu'en octobre 1921. L'auteur passe en revue les raisons qui ont poussé au choix de Lemnos et dresse un tableau du difficile quotidien des Cosaques sur cette île dénuée de ressources (problèmes de logement, nourriture et vêtements rationnés, relations tendues avec les autorités françaises ainsi qu'avec les autochtones, ...). Cette année sera marquée par un bras de fer permanent entre des autorités françaises pressées de se débarrasser de réfugiés qui coûtent cher au budget de l'État, et un état-major russe cherchant à garder intacte son armée pour reprendre la lutte contre le pouvoir des Soviets. Pris en tenaille entre ces deux autorités, les Cosaques sont partagés entre la nostalgie du pays perdu et la crainte d'un avenir plus qu'incertain dans des pays inconnus. Une grande partie des Cosaques va accepter de retourner en Russie soviétique, malgré l'opposition de Wrangel qui voit en ce retour une trahison. Les autres vont finir par être acceptés en Bulgarie et Yougoslavie, tout en gardant leurs formations militaires, selon les vœux de leurs officiers supérieurs.
      In November 1920, Wrangel's army arrived in Constantinople after being evacuated from the Crimea. It contained within its ranks some 50,000 Cossacks, whom French authorities decided to camp on the Greek island of Lemnos until a host country could be found. Don and Kuban Cossacks were placed in separate settlements which remained opened for about a year, until October 1921. The author evaluates the reasons for the choice of Lemnos and describes the harshness of the Cossacks' daily lives on the island (insufficient shelter, clothes and food rationing, strained relations with French authorities and locals, etc.). The year was marked by a permanent trial of strength between French authorities, in a hurry to get rid of refugees considered too expensive for the national budget, and the Russian General Staff, which aimed at keeping its army intact in order to resume the struggle against Soviet power. Caught in the middle between these two authorities, the Cossacks wavered between nostalgia for the lost homeland and fear of an uncertain future in unknown countries. A vast number of Cossacks accepted to return to Soviet Russia even though Wrangel opposed this move, which he regarded as treason. The others were eventually placed in Bulgaria and Yugoslavia and kept their military formations, thereby complying with their superior officers' wishes.
  • Essai

    • Social Categories in Russian Imperial History - Elise K. Wirtschafter p. 231-250 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un premier temps, l'auteure rappelle que le travail accompli par les historiens sociaux depuis les années 1960 permet de bien appréhender l'ordre social officiel de la Russie impériale mais pas les aspirations et les comportements sociaux du peuple russe. Consciente des limites des sources officielles ou émanant des élites qui orientent habituellement l'historiographie, elle concentre son attention sur ce que les catégories sociales identifiées par la loi révèlent du développement de la société russe. L'auteure se réfère à des affaires judiciaires liées à des cas de fausse identité, de servage illégal et de désobéissance populaire pour démontrer comment la définition des catégories sociales a pu varier en fonction des cirsconstances et des objectifs poursuivis par les individus. Elle conçoit les catégories sociales russes comme une sorte de processus social qui permet d'approfondir l'analyse sur la façon dont les définitions sociales fluctuantes et imprécises ont favorisé à la fois insécurité sociale et intégration sociétale.
      The author begins by noting that since the 1960s social historians have achieved a good understanding of Imperial Russia's official social order, but not of the Russian people's social attitudes and aspirations. Sensitive to the limitations of the official and elite sources that currently define the historiography, she focuses on what legally defined social categories make knowable about the development of Russian society. Wirtschafter uses judicial cases concerned with falsified identities, illegal enserfment, and popular disobedience to show how the meaning(s) of social categories could change depending on historical circumstances and human purposes. She conceives of Russian social categories as a form of social process, which leads to further analysis of how the changeable and amorphous social definitions promoted both social insecurity and societal integration.