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Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro Tome 57, janvier-mars 2004
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Bibliographie

  • Articles

    • A phantom of his own figuring. The Poetry of Thomas Hardy - Paul Volsik p. 103-116 accès libre avec résumé
      À partir d'une analyse de « After a Journey », l'article s'intéresse surtout au recueil Poems of 1912-13, au fantôme et à tout ce qui « hante ». Le fantôme est d'abord envisagé comme trace d'un topos qui fascinait l'époque, mais aussi comme figure métatextuelle, figure qui permet la déconstruction d'oppositions apparemment stables comme victorien/moderne ; qui permet aussi la compréhension du rapport texte/intertexte ; comme celui qu'entretient l'?uvre du poète avec l'élégie comme genre ainsi que sa place dans le canon tel qu'il a été reconstruit au XXe siècle. De manière générale on suggère ici que tout travail textuel est une négociation avec une présence incertaine et absente, et une absence présente de façon ambiguë, négociation dont le fantôme pourrait servir d'« incarnation ».
    • Seuils, mer, rivages - Denis Bonnecase p. 2-9 accès libre
    • « The boy stood on the burning deck » : poétique du nonsense - Jean-Jacques Lecercle p. 92-102 accès libre avec résumé
      Pourquoi les textes poétiques du nonsense, textes mineurs, survivent-ils mieux dans notre culture que nombre de grands poèmes victoriens ? Pour résoudre ce paradoxe, on tente de définir une poétique du nonsense, qui se caractérise, paradoxalement, par l'expulsion de la référence, du sens et de la métaphore, et l'exagération des contraintes de la syntaxe et de la versification. L'analyse est d'abord menée par comparaison entre un texte jadis célèbre de Mrs Hemans et ses parodies, puis par l'étude d'un sonnet de Lear, qui parodie Tennyson. La solution du paradoxe de départ passe par un détour par la théorie du sens de Deleuze : il apparaît que le nonsense, texte du « sens », mais non du bon sens ou du sens commun, se prête à des re-contextualisations tant modernistes que post-modernes.
    • Le soleil noir d'In Memoriam - Christian La Cassagnère p. 10-21 accès libre avec résumé
      Mettant en question la construction élégiaque d'In Memoriam comme séquence unifiée, cette lecture met en évidence l'intermittence de la parole compulsive qui produit le texte tennysonien. Apparaissent ainsi les signes d'une indépassable mélancolie : outre l'image d'un soleil noir ? qui recouvre sans doute les traces d'une perte originaire ?, un imaginaire fusionnel d'incorporation de l'objet perdu. Le sujet de l'écriture hésite ainsi entre deux destins : celui d'un moi mélancolique habité par la pulsion de mort et dérivant vers l'asymbolie, et celui d'un « je » orphique capable de retrouver la Chose perdue dans les limites signifiantes du poème.
    • Un poème méconnu de Robert Browning : Aristophanes' Apology - Bernard Brugière p. 22-38 accès libre avec résumé
      Cette étude a d'abord pour objet de réhabiliter le plus long et le plus injustement négligé des monologues dramatiques de Browning, l'une de ses ?uvres les plus accomplies et les plus révélatrices : Aristophanes' Apology. Il est vrai que le lecteur est confronté d'emblée à des difficultés d'ordre divers : l'érudition abstruse de Browning, son emploi d'innombrables échos intertextuels entre ce monologue et les pièces d'Aristophane et d'Euripide, la complexité de la structure temporelle et l'enchevêtrement des niveaux d'énonciation. Construite sur une série de dualités et d'oppositions (comédie et tragédie, conservatisme social d'Aristophane et progressisme d'Euripide), l'?uvre offre un parallèle implicite entre les crises idéologique, morale et religieuse de l'Athènes du ve siècle (av. J.-C.) et celles de l'Angleterre victorienne. La langue de Browning apparaît ici dans toute sa verve et ses aspects les plus inventifs et ses images explorent différents domaines de la sensibilité et du sexe en l'absence de toute censure. Essayant de maintenir dans une tension dialectique les arguments d'Aristophane et de Balaustion, son héroïne et locutrice, le poète vise à construire une vision totalisante qui réconcilierait les paradoxes et les ambivalences de l'expérience.
    • Meredith's Modern Love: showing/speaking/acting out - Denis Bonnecase p. 39-52 accès libre avec résumé
      Loin d'avoir la prétention d'épuiser les significations proliférantes de Modern Love, cette étude cherche à montrer que Meredith (poète victorien trop souvent négligé aujourd'hui) y aborde la lancinante question de l'altérité liée à l'inconscient. Le flot de la parole vient alors déstabiliser le projet confessionnel (cognitif et cathartique) inscrit dans la séquence narrative et dans la poétique visuelle du sonnet. De cette autre scène, celle du sujet confronté à l'obscurité de son altérité animale, le poète ne peut s'extraire qu'en ramenant son écriture à un geste de sauvetage : sous la pression du refoulement, il abandonne le poème derrière lui pour retourner au silence.
    • Dante Gabriel Rossetti : « visible parlare » ou le pouvoir poétique des images - Laurence Roussillon-Constanty p. 53-62 accès libre avec résumé
      Qu'il s'agisse de sonnets ou de poèmes écrits en regard de tableaux peints par l'artiste, la poésie de Dante Gabriel Rossetti engage avec la peinture un dialogue. Par sa forme compacte, son aspect visuel, mais aussi ses sonorités, le sonnet lui-même se pose face à l'image comme un contre-tableau. « The best picture is a painted poem », aimait à déclarer l'artiste, et il s'agira ici d'examiner les implications d'une telle affirmation, à la lumière de quelques exemples tels que La Donna della Finestra, Beata Beatrix ou Proserpine. D'une manière plus large, cette étude sera l'occasion de montrer comment Rossetti se sert de la poésie comme cadre, limite ou même aboutissement de la peinture.
    • Swinburne ? Whistler : Correspondance(s) - Charlotte Ribeyrol p. 63-78 accès libre avec résumé
      Le modèle classique de l'ut pictura poesis est une notion dépassée dans la seconde moitié du xixe siècle. Face au renouvellement des rapports entre les arts dans cette période de transition et d'incertitude théorique, comment comprendre la poésie ekphrastique d'un Swinburne séduit par la peinture déjà presque abstraite d'un Whistler ? La notion de « correspondance », espace aporétique entre l'échange et l'analogie, dépasse la dichotomie classique peinture/poésie pour laisser place au musical, comme si l'ut comparatif et adversatif de la formule horatienne pouvait se (re)lire comme la clef d'un poème tel que « Before the Mirror ». Seront ainsi explorés les lieux de passage qui hantent la poésie et les textes théoriques de Swinburne mais aussi l'?uvre picturale de Whistler : phénomènes de translation, seuils, effets de cadrages et d'ambiguïté.
    • « Traceries of the light » : modalités du lisible et de l'illisible dans l'œuvre de Gerard Manley Hopkins - Jean-Marie Fournier p. 79-91 accès libre avec résumé
      Le présent article souligne que la poésie de Gerard Manley Hopkins peut se lire comme la tentative à la fois cohérente et désespérée d'un poète pour déchiffrer le monde phénoménal : j'essaie de montrer qu'un processus de lecture se trouve pour lui inscrit de manière inéluctable dans le processus même de la perception, tâche impossible à mener, en dépit de la richesse philosophique (en particulier par l'exposé subtil quoique hétérodoxe des théories de Duns Scot, à travers la question de l'inscape et de l'instress) que le poète mobilise pour tenter de saisir plus clairement les phénomènes. La nature indécidable du monde phénoménal permettrait ainsi de rendre compte du caractère d'illisibilité que présente la poésie de Hopkins, ou du caractère totalement réfractaire à l'écriture qui caractérise le monde. Dans sa poésie, Hopkins se contente peut-être donc de remplacer l'univers « réel » par un univers « écrit ». J'étudie cette hypothèse à travers la lecture de quelques-uns de ses poèmes les plus célèbres.