Contenu du sommaire
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Volume 62, avril-juin 2009 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Introduction - Denis Bonnecase p. 131-133
- Swinburne par lui-même, ou la preuve par l'absurde - Marc Porée p. 134-145 Rien de tel qu'un auto-pastiche pour mettre en lumière les maniérismes d'un écrivain. À condition de ne pas en rester là, et de confronter en retour « Poeta Loquitur » et « Nephelidia » à l'original de la production de Swinburne. Autant par respect pour le poète, et ils ne sont pas nombreux à le faire, qui attire lui-même l'attention sur ses propres travers, que par égard envers sa poésie qui vaut assurément mieux que son travestissement absurde, fût-il brillant. C'est l'occasion, mais là n'est pas le propos central de l'article, de confirmer qu'une bonne partie de l'?uvre de Swinburne a partie liée avec la parodie « sérieuse », ainsi que le dirait Genette. Rien de tel, ensuite, qu'un détour par une réflexion de Yves Bonnefoy, pour s'interroger sur la pertinence de la notion de « présence » chez Swinburne, en particulier dans « The Lake of Gaube ». On finira de mettre à l'épreuve sa poétique, à la lumière cette fois des vertus prêtées par Roland Barthes à l'« inexpression ».
- Harmonie et silence chez Swinburne - Denis Bonnecase p. 146-159 Le texte swinburnien est souvent proliférant, lieu par excellence de l'infini de la poésie et du jeu de ses signifiants. Cependant, il est aussi, pour qui prête une oreille attentive à la régularité de sa pulsation métrique, hanté par un rêve d'harmonie et de silence. L'analyse de certains poèmes essentiels (« A Match », « The Garden of Proserpine », « A Nympholept ») permet alors de voir à l'?uvre le travail du désir dans la création de Swinburne, désir de totalité et de repos fantasmés par le mythe saphique qui rêvera le texte comme océan.
- Swinburne et critique de la raison poïétique - Sébastien Scarpa p. 160-173 Cet article postule que la disparition du Divin bouleversa la conception que Swinburne se faisait de la notion de sens. Que peut bien signifier un poème, s'interrogeait le poète, si le Logos ? soit, le principe même de toute signification ? est, en lui-même, illusoire ? Ne correspond-il pas, au fond ? et à l'opposé des théories de la métaphysique occidentale ?, à une pure émanation du soi, au résultat d'un puissant désir d'expression qui n'a de but que d'exprimer ? L'?uvre de Swinburne oscille ainsi entre deux modalités : celle de la volonté romantique (et idéaliste) qui vise à révéler le Réel ultime, à manifester ? en l'articulant au sein de l'espace textuel ? ce qui demeure généralement implicite, et celle d'un usage intensif et quasi-asignifiant du langage correspondant à un déploiement des forces du vivre à travers l'?uvre d'art. Si les poèmes de Swinburne perpétuent une évaporation systématique du sens, s'ils aspirent, en somme, à devenir musique, c'est que, dans l'esprit de leur auteur, ils trouvent leur point d'émergence dans l'espace originaire et pré-réflexif de la chair émotionnelle.
- Poétique de l'écart : l'exemple de « Cyril Tourneur » - Pascal Aquien p. 174-185 En se fondant sur une analyse du sonnet « Cyril Tourneur », cet article étudie la façon dont le poète, conscient d'un écart entre le langage et le réel, montré à la façon d'un monde étrange, n'en souligne que plus vivement la puissance et la densité du signifiant. Cette étude propose ensuite une interprétation du titre.
- Swinburne et la variation rythmique - Lacy Rumsey p. 186-204 Cette étude propose une nouvelle analyse de certains types de variation rythmique présents dans la poésie de Swinburne. Elle décrit les différentes réalisations du tétramètre d'« Itylus » avant de se pencher sur les rapports entre mètre et syntaxe dans la structure rythmique des vers à six temps forts. L'analyse utilise le concept de temps fort virtuel, phénomène auquel Swinburne a recours de façon diversifiée et puissante. Deux parodies de Tennyson, composées elles aussi en vers à six temps forts, sont analysées en tant qu'exercices de métaprosodie, dans lesquelles la banalité rythmique s'associe à la banalité de la pensée. L'article en conclut que la façon dont Swinburne manie la variation rythmique n'est pas la cause du sentiment de passivité que certains lecteurs ont éprouvé à la lecture de sa poésie.
- Filiations saphiques : de Swinburne à Virginia Woolf et H. D. - Charlotte Ribeyrol p. 205-221 Cet article met en lumière les filiations secrètes entre l'?uvre hellénique de Swinburne et celle de Virginia Woolf et d'H. D. Les poèmes saphiques de Swinburne sont en effet à décrypter comme autant d'invitations à une lecture autre de la Grèce antique. Or, les fantasmes apolliniens, que partagent aussi bien les Victoriens que certains Modernistes comme Ezra Pound, semblent exclure toute bigarrure, toute déviance orientale ou chthonienne car perçues comme décadentes et féminines, c'est-à-dire comme contraires au modèle dominant d'une Hellade exclusivement dorienne et solaire. Swinburne entreprend pourtant de donner voix à ces dissonances, d'érafler la surface marmoréenne de l'idéal antique, afin de faire affleurer une Grèce différente et dissidente que révèlent en parallèle les anthropologues et archéologues au tournant du XXe siècle et que se réapproprient V. Woolf et H. D. comme territoire d'une création au féminin.
- Bibliographie - Sébastien Scarpa p. 222-228
Études critiques
- Hobbes en son temps - Louis Roux p. 229-236
- Un éminent Victorien - Bernard Brugière p. 237-247
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 248-251