Contenu du sommaire : Fédéralisme, démocratie, Europe
Revue | L'Europe en formation |
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Numéro | no 359, janvier 2011 |
Titre du numéro | Fédéralisme, démocratie, Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Fédéralisme, démocratie, Europe
- Federalism, Fiscal Autonomy and Democratic Legitimacy in Europe: Towards Tax Sharing Arrangements - Nico Groenendijk p. 3-19 Dans cet article sont présentées des informations concernant l'autonomie fiscale des différents niveaux de gouvernement dans l'Union européenne. Au sein de l'Europe, les gouvernements centraux se taillent encore la part du lion dans la répartition des compétences de taxation et de dépenses. Les autres niveaux de gouvernement doivent s'accommoder largement de plans de financement venus du haut ou du bas, ce qui diminue sérieusement leur autonomie fiscale. L'argument proposé dans cet article est que ce déséquilibre fiscal (vertical) a de considérables conséquences négatives, en particulier sur la légitimité de l'Union européenne, à la fois en termes d'input et d'output de légitimité, et que l'Union européenne en tant que telle souffre d'un problème de légitimité conjointe en matière fiscale. Après une étude des diverses théories du fédéralisme (théorie du fédéralisme fiscal, fédéralisme compétitif et fédéralisme coopératif), la conclusion est que le modèle du fédéralisme coopératif répond le mieux au fonctionnement de l'Union européenne. Une partie de ce modèle est la répartition fiscale (ou taxation conjointe), que l'on peut présenter comme une solution à l'actuelle impasse financière.In this article data on fiscal autonomy of different levels of government in the European Union are presented. Within Europe central governments still hold the lion's share of the power to tax and spend. Other levels of government largely have to make do with upward and downward funding schemes which seriously diminish their fiscal autonomy. It is argued that this (vertical) fiscal imbalance has considerable negative impacts on especially the legitimacy of the European Union, both in terms of input and output legitimacy, and that the EU as a whole suffers from a joint legitimacy problem in fiscal matters. After a review of several theories on federalism (fiscal federalism theory, dual or competitive federalism and cooperative federalism) it is concluded that the model of cooperative federalism best suits the European Union. Part of this model is tax sharing (or joint taxation) which is advocated as a way-out of the current fiscal deadlock.
- Fiscal Federalism and Capital Cities: A Comparative Analysis of Berlin and Brussels - Luca Barani p. 21-45 Une perspective générale comparée est adoptée pour définir les types de fédéralisme fiscal en présence en Belgique et Allemagne, et les positions de leurs villes capitales respectives dans l'économie politique de ces deux systèmes fédéraux. Alors que le système politique belge est défini par un fédéralisme fiscal compétitif, le modèle allemand est marqué par une tendance coopérative.L'argumentaire principal de l'article est que les forces centripètes (Allemagne) et centrifuges (Belgique) sont des facteurs déterminants pour la nature et la position relative des villes capitales dans la fédération. L'article soutient qu'une ville capitale qui se trouve dans un système fédéral coopératif est avantagée en ce qui concerne son autonomie financière par rapport à une ville capitale dans un système compétitif, mais que le rapport s'inverse si l'on considère les questions de responsabilité et de transparence financière.Dans l'article, une attention spécifique est accordée au rôle de capitale de facto de l'Europe acquis par Bruxelles dans le cours du processus d'intégration européenne, ce qui implique des compétences additionnelles exercées par la capitale belge par rapport à Berlin.A general comparative perspective is adopted in order to define the features of fiscal federalism in Belgium and Germany and the positioning of their capital cities within the political economy of these federal systems. Whereas the Belgian political system is defined by competitive federalism, the German one is marked by cooperative tendencies. The major argument of the article is that centripetal (Germany) and centrifugal (Belgium) forces are determinant factors of the nature and relative position of each capital city within the federation. The article argues that a capital city within a cooperative federal system is better off than one within a competitive one with respect to financial autonomy, but the contrary is true as far as it concerns accountability and transparency. In the comparison, specific attention is dedicated to the role of de facto capital of Europe acquired by Brussels, which implies an added layer of functions performed by the Belgian federal capital in respect of Berlin.
- « Qui peut le plus, peut le moins » ou l'Europe au secours de la Belgique - Geneviève DUCHENNE p. 47-58 À l'heure où la Belgique vient de présider l'Union européenne et se cherche, une nouvelle fois, un avenir, l'historien s'interroge... Aujourd'hui, l'Europe ne semble plus être un thème mobilisateur sauf peut-être pour Bart De Wever et ses épigones. Dans l'esprit de la N-VA, le recours à l'Europe est omniprésent pour justifier des réformes de structure visant à l'« autonomisation » de la Flandre et à l'« évaporation » de la Belgique. Dans un monde globalisé, où les échanges s'accélèrent, l'Europe et la Flandre – au nom du principe de subsidiarité – seraient donc plus compétentes que l'État belge pour gérer les défis futurs. C'est le processus d'intégration européenne qui le voudrait... Mais, la rhétorique, inhérente au discours politique belge, est beaucoup plus ancienne. Comme entend le démontrer cet article, l'Europe – quoique parfois de manière très surprenante – est toujours venue au secours de la Belgique.At a time when Belgium just held the rotating presidency of the Council of the European Union and at the same time tries, once again, to define its own future, there is much for historians to ponder : today's Europe does not seem to be a mobilising theme anymore... except for Bart De Wever and his followers. The Flemish nationalist party N-VA continuously resorts to Europe to call for structural reforms aiming at giving more autonomy to Flanders by “evaporating” Belgium. According to the party, the challenges of the 21st century globalised world are best answered by Europe and Flanders, and not by Belgium. This would be a consequence of the European integration process... But this rhetoric is inherent to the Belgian political discourse and is much older than the recent communitarian tensions. This paper intends to show how Europe has always come to Belgium's assistance, sometimes in a very surprising way.
- Russia's Path to Federalism and Democracy under the Influence of the Council of Europe - Anna Katharina Stahl p. 59-81 Cet article examine le rôle du Conseil de l'Europe dans l'évolution du fédéralisme russe, tant au niveau local que régional. Il tente en particulier de prendre en considération la contribution du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux en tant que garant de la Charte européenne de l'autonomie locale. Tout en rendant compte des spécificités du modèle russe de fédéralisme asymétrique, l'article accorde une attention particulière aux défis engendrés par la vague de réformes territoriales initiées par le Président Poutine en 2000. Plus généralement, l'article envisage la nécessité de lier le fédéralisme à l'étude de la démocratie.This article examines the role of the Council Europe in the development of Russian federalism, both at local and regional level. In particular, it draws on the work of the Congress of Local and Regional Authorities (CLRAE), the main guarantor for the European Charter of Local Self-Government (ECLSG). While providing an overview of the specificities of Russian asymmetrical federalism, a particular focus is given to recent challenges arising from territorial reforms initiated by President Putin in 2000. In general terms, this article draws on research relating the analysis of federalism to the study of democracy.
- Becoming Exceptional? American and European Exceptionalism and their Critics: A Review - Leif Hoffmann p. 83-106 Pendant des décennies, des comparaisons systématiques entre l'UE et les États-Unis ont largement été découragées par le fait que l'exceptionnalisme américain et le caractère sui generis de l'Union européenne ont été considérés comme allant de soi. Un renversement de cette tendance, cependant, a eu lieu récemment. La comparaison entre les deux régimes politiques est devenue plus courante et acceptée dans la communauté savante. De nouveaux chercheurs ont noté que si les deux entités politiques pouvaient être exceptionnelles en comparaison avec les États-nations européens, elles le sont moins l'une par rapport à l'autre. Cet article passe donc d'abord en revue les arguments pour lesquels l'UE et les États-Unis d'Amérique ont été traités comme sui generis dans le passé, avant de présenter la littérature émergente sur la comparabilité des deux régimes et les nouveaux résultats de recherche qui en sont issus.Systematic comparisons between the EU and the US have largely been discouraged due to the fact that American exceptionalism and the European Union being sui generis were taken for granted. A reversal of this trend, however, has recently taken place with comparisons between both polities having become more common and accepted in the scholarly community. More scholars have noted that while the two polities might be exceptional in comparison with the European nation-states, they are less so when compared to each other. This article therefore reviews the arguments why the EU and the United States of America have been treated as sui generis in the past and the emergent literature on the comparability of the two polities and some of the new research results developing from it.
- Dans l'Europe en formation, en 1960 : Structures fédérales - Michel Mouskhély p. 107-117 Cet article fut publié dans le premier numéro de l'Europe en formation, en mars 1960. L'auteur y établit la distinction théorique entre l'État fédéral et la Confédération d'États, qui trouve son origine dans le lieu de fixation du pouvoir. La Confédération d'États se fonde sur une relation de type politique oligarchique, là où l'État fédéral exige la suprématie du Droit et postule la démocratie. Ainsi, la Confédération repose sur la seule volonté des États membres, alors que l'État fédéral établit un équilibre entre États et peuples, organisé par la recherche du bien commun et le contrôle juridictionnel. La supériorité de la Fédération tient à l'équilibre de cette association, qui assure sa stabilité et sa durabilité.This article appeared in the first issue of L'Europe en formation, in March 1960. The author establishes the theoretical distinction between the Federal State and the Confederation of States, which finds its source in the place where the power is set up. The Confederation of States is based on a political oligarchic relationship, whereas the Federal State stipulate the rule of law and postulate democracy. Thus, the Confederation of States lies on the sole will of the member states, whereas the Federal State creates a balance between states and peoples, supported by the research of the common will and the judicial control. The superiority of the Federal State stems from the balance of the association, insuring stability and durability.
- Federalism, Fiscal Autonomy and Democratic Legitimacy in Europe: Towards Tax Sharing Arrangements - Nico Groenendijk p. 3-19
Étude
- Communauté supranationale et deuxième congrès de La Haye (octobre 1953) - Jean-Pierre Gouzy p. 119-132 L'article se consacre aux sources du deuxième congrès de La Haye (1953) et à son déroulement. Le deuxième congrès trouve son origine dans l'Assemblée ad hoc, créée dans le contexte du traité de la Communauté européenne de défense (CED), et visant à élaborer une communauté politique européenne. Face aux tergiversations de différents gouvernements et partis politiques quant à la ratification du traité CED, le second congrès de La Haye fut convoqué, en réunissant les organisations de la « société civile européenne », afin d'affirmer devant l'opinion publique la nécessité d'une communauté politique européenne. Le refus français de ratifier la CED mit fin à l'ensemble du projet.The paper presents the reasons for the second Hague Congress (1953) and its main events. This Congress finds its origins in the Ad Hoc Assembly, created in the framework of the European Defence Community treaty, and aiming at working out a European Political Community. Confronted to the prevarications of some governments and political parties regarding the ratification of the EDC, the Second Congress was convened between European civil society organisations, in order to assert the necessity of a political community in front of the public opinion. After the ratification failed in the French parliament, the whole project was abandoned.
- Communauté supranationale et deuxième congrès de La Haye (octobre 1953) - Jean-Pierre Gouzy p. 119-132
Tribune
- Chypre : la difficile réunification par une solution fédérale ou confédérale ? - Jean-Pierre Derisbourg p. 133-140
Chronique
- La vie politique en Europe et dans le monde - Jean-Pierre Gouzy p. 141-170
Lectures
- Lectures - p. 171-176