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Revue Négociations Mir@bel
Numéro no 1, janvier 2004
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial

  • Varia

    • Variations sur la négociation tacite et le point focal de Thomas Schelling - Christian Morel p. 15-26 accès libre avec résumé
      Le concept de point focal de T. Schelling est l'idée que deux acteurs peuvent trouver un compromis, par anticipation des attentes de l'autre, c'est-à-dire sans communiquer explicitement. Cette idée a inspiré à l'auteur de l'article un certain nombre de réflexions. Il s'agit moins d'une lecture critique que de rebondissements provoqués par ce concept. L'article développe notamment l'idée que le point focal peut être préféré pour des raisons autres que l'économie de temps et d'énergie, que la négociation du point focal peut conduire à un échec, que les compromis correspondant au point focal ne sont pas obligatoirement des solutions simples et qu'une négociation peut être hétérogène : implicite sur certains sujets et explicite sur d'autres. Le processus du point focal est donc un instrument que les acteurs de la négociation utilisent de façon tactique et stratégique et pas uniquement comme un raccourci commode.
    • De la négociation dans la justice imposée - Philip Milburn p. 27-38 accès libre avec résumé
      La justice française est une institution où les décisions sont imposées et opposées aux justiciables, et elle constitue l'instance par excellence de l'imperium de l'Atat. Néanmoins, la part de négociation qu'elle laisse aux justiciables est loin d'être négligeable et va croissant. L'examen de la boîte noire de la mise en pratique concrète de différentes procédures montre que les praticiens de la justice (juges, avocats, médiateurs, conciliateurs) font en sorte que leurs décisions soient acceptées, voire parfois suggérées par les justiciables dans un processus de dialogue. Les évolutions récentes de la loi encouragent du reste cette tendance. Cela implique que la compétence judiciaire comporte une part significative de capacité de contrôle d'un processus de négociation d'une décision qui doit en effet se conformer à ses exigences.
  • dossier: ' L'âge de la négociation ? '

    • L'âge de la négociation ? - Christian Thuderoz p. 41-43 accès libre
    • Une matrice conceptuelle de la négociation : Du marchandage à la négociation valorielle - Olgierd Kuty p. 45-62 accès libre avec résumé
      Penser la négociation suppose un ensemble de concepts associés : l'acteur ordinaire, l'accent sur les moyens et le local, le pouvoir. Cette matrice conceptuelle est apparue dans les années 1930. Par ailleurs, ces concepts voient leur définition évoluer : on peut ainsi distinguer deux conjonctures intellectuelles successives depuis les années 1950 où les vocables d'incertitude et de pouvoir ont changé de sens. Enfin, une telle approche permet de mieux saisir le défi contemporain posé au concept de négociation qui passe du marchandage à la négociation valorielle et où le pouvoir n'est plus associé au seul champ des intérêts, mais participe de la mobilisation des engagements et des identités.
    • La négociation quotidienne et le règlement officiel des litiges dans les entreprises aux États-Unis - Charles Heckscher, Lavinia Hall p. 63-78 accès libre avec résumé
      Alors que les procédés officiels de règlement des conflits de type « gagnant-gagnant » ont échoué à intégrer en profondeur les politiques communes dans le domaine des Ressources Humaines, un type de négociation « gagnant-gagnant », plus informel et plus spontané, s'est développé à partir des interactions quotidiennes des gestionnaires dans bon nombre d'entreprises aux Etats-Unis.Ce type de négociation, dans le cadre de coopérations dans des domaines de connaissances à évolution rapide, s'est développé malgré le conservatisme des institutions officielles (qui, en général, continuent à favoriser l'application de processus adversariaux).Nous suggérons ici que les forces encourageant la négociation « gagnant-gagnant » au quotidien vont de plus en plus souvent entrer en conflit avec les superstructures officielles des entreprises, et exiger des modifications substantielles de celles-ci.
    • Une « Guerre des dieux »... négociée ? - Christian Thuderoz p. 79-90 accès libre avec résumé
      L'article met en scène une fausse controverse entre Anselm Strauss et William Zartman à la fin des années 70 à propos de l'activité sociale de négociation. Celle-ci est-elle en expansion, ce qui caractériserait nos sociétés de modernité avancée (nous serions ainsi parvenus à « l'âge de la négociation »), ou serait-elle, ni plus ni moins qu'hier, structurante de tout ordre social organisé, et simplement découverte aujourd'hui par des chercheurs qui l'auraient ignoré hier ? L'auteur réconcilie les deux positions en posant l'hypothèse d'une conjonction des deux mouvements. Il suggère de nommer « laïcisation » ce phénomène d'extension et de généralisation du négocié, phénomène produit par une « politisation » accrue de nos sociétés; celle-ci correspond à cette « Guerre des dieux » dont parlait le sociologue Max Weber au début du XXe siècle pour qualifier l'émergence de conflits valoriels et de morales concurrentes.
  • Grand Entretien

    • La « fabrique » de la loi à l'épreuve de la démocratie : Décréter, consulter, négocier... - Guylaine Vallée, Annie Giraud-Héraud p. 93-109 accès libre avec résumé
      Toute sa vie professionnelle, Guy Rocher a enseigné la sociologie, à l'Université Laval, à Québec, jusqu'en 1960, puis au département de sociologie de l'Université de Montréal. Depuis 1979, il travaille comme chercheur au Centre de recherche en droit public, à la Faculté de droit de l'Université de Montréal, dans les domaines de la sociologie du droit et de la sociologie de la santé. Il est l'auteur de nombreuses publications en sociologie générale (son Introduction à la sociologie générale en trois tomes a eu une très grande diffusion), mais aussi en sociologie du droit, en sociologie de la santé, et, plus récemment, sur le pluralisme juridique et les autochtones. A côté de ses activités d'enseignement et de recherche, il faut rappeler son implication constante dans la vie politique de son pays. Dès l'âge de vingt ans, il a exercé des responsabilités importantes à la Jeunesse Atudiante Catholique qu'il a présidée pendant deux ans. De 1961 à 1966, il a été membre de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement qui a révolutionné le système d'éducation au Québec. De 1977 à 1979, il a été sous-ministre au développement culturel dans le premier mandat du parti québécois. A ce titre, il est l'un des auteurs de la Charte de la langue française, texte majeur de la politique linguistique québécoise dans lequel la place du français est affirmée et réaffirmée, non seulement dans le champ du travail, mais aussi dans l'affichage commercial, à l'école pour les nouveaux arrivants, et dans l'ensemble de la sphère publique et privée au Québec. Enfin, de 1981 à 1983, il a été sous-ministre au développement social.
  • Notes de lectures / (Re)lectures