Contenu du sommaire : L'économie du développement vingt ans après (volume 2)
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 27, no 4, décembre 2013 |
Titre du numéro | L'économie du développement vingt ans après (volume 2) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Échange et développement - Erik Thorbecke, Peter Cornelisse p. 5-24 L'objectif de cet article est de présenter un cadre expliquant les diverses formes d'échange dans différents contextes – particulièrement dans les pays en développement. L'approche que nous proposons repose sur un nouveau concept que nous appelons « approche de la configuration de l'échange ». Celui-ci se compose de trois éléments constitutifs : l'objet échangé, les acteurs engagés dans les décisions relatives à l'objet échangé, et l'environnement – matériel, social, technologique et juridique – dans lequel les acteurs opèrent. Les caractéristiques de ces éléments, selon différentes combinaisons, déterminent différents types de relations d'échange et de transactions. Chaque combinaison particulière d'éléments avec le processus de formation de l'échange et la transaction qui en découle est considérée comme une configuration d'échange. Ce nouveau concept permet de clarifier la dynamique de l'échange en examinant les forces qui affectent les éléments de l'échange. Deux exemples, l'un dans le cadre d'un pays en développement et l'autre dans le contexte de la crise de la finance mondiale qui a débuté en 2007, illustrent cette approche de la configuration d'échange.Classification JEL : O10, L14, O11, O17.Exchange and Development
The purpose of this paper is to present a framework explaining why different types of transactions occur in different settings – particularly in developing countries. The approach we propose is based on a new concept which we call “exchange-configuration”. The latter consists of three building blocks or elements: the item exchanged; the actors engaged in decisions related to the item being exchanged; and, the environment – physical, social, technological, and legal – within which the actors operate. The characteristics of these elements, in different combinations, shape distinct types of exchange relations and transactions. Each particular combination of elements together with the formation process of the exchange and the resulting transaction is considered an exchange configuration. This new concept can clarify the dynamics of exchange by examining the forces that affect the elements of exchange. Two examples, one within the setting of a developing country and the other relating to the global financial crisis that started in 2007, illustrate the use of exchange configurations. - Le commerce dans une stratégie de développement axée sur la « croissance verte ». Problèmes et enjeux - Jaime de Melo p. 25-58 Cet article examine l'état des connaissances sur les conséquences environnementales liées au commerce que peut générer la stratégie de développement d'un pays et s'articule autour de trois axes : (i) les liens directs entre environnement et commerce (surexploitation des ressources naturelles et coûts de transport liés au commerce) ; (ii) le « commerce virtuel » des émissions résultant des activités de production ; (iii) les caractéristiques d'une combinaison de produits dans le cadre d'une stratégie de « croissance verte » (produits préférables pour l'environnement et biens pour la gestion de l'environnement). Les principales conclusions sont les suivantes. Le commerce exacerbe la surexploitation des ressources naturelles dans des environnements institutionnels faibles, mais rien ne permet d'affirmer que les différences de politiques environnementales entre les pays ont engendré d'importants « paradis pour pollueurs ». Des politiques commerciales visant à aplanir les disparités dans les politiques environnementales se révèleraient inefficaces et entraîneraient des conflits destructeurs au sein de l'OMC. L'absence de progrès lors du cycle de Doha suggère qu'il faut modifier le système actuel d'élaboration des politiques mondiales.Classification JEL : F18, Q56.Trade in a “Green Growth” Development Strategy. Issues and Challenges
This paper discusses the state of knowledge about the trade-related environmental consequences of a country's development strategy along three channels: (i) direct trade-environment linkages (overexploitation of natural resources and trade-related transport costs);(ii) ‘virtual trade' in emissions resulting from production activities; (iii) the product mix attributes of a ‘green-growth' strategy (environmentally preferable products and goods for environmental management). Main conclusions are the following. Trade exacerbates over-exploitation of natural resources in weak institutional environments, but there is little evidence that differences in environmental policies across countries has led to significant ‘pollution havens'. Trade policies to ‘level the playing field' would be ineffective and result in destructive conflicts in the WTO. Lack of progress at the Doha round suggests the need to modify the current system of global policy making. - Épargner les revenus tirés des ressources naturelles dans les pays en développement : principes et règles de politiques - Paul Collier p. 59-96 De nombreux pays pauvres sont en train de découvrir la valeur des ressources naturelles non renouvelables. À la différence de la plupart des autres sources de recettes fiscales, les recettes publiques provenant de la déplétion de ces ressources sont à la fois non durables et volatiles. Chacune de ces caractéristiques implique que le taux d'épargne adéquat pour les recettes tirées des ressources naturelles devrait différer de celui des autres recettes.En outre, une découverte est une « nouvelle », exigeant une transition pour sortir d'une situation qui est soudainement devenue sous-optimale. Il est prévisible que ces transitions entraînent des coûts qui eux-mêmes vont peser sur le taux d'épargne optimal. Bien que ces caractéristiques soient connues depuis longtemps, de manière étonnante, les implications sur le comportement d'épargne optimal sont restées peu étudiées.A fortiori, on a également peu étudié les conséquences pour les règles susceptibles d'assurer la réalisation pratique de ces fondements analytiques. Notre analyse se déroule en quatre étapes. Dans la section 1, nous exposons comment l'épargne devrait répondre de façon optimale à la trajectoire de déplétion connue d'une ressource naturelle limitée. Dans la section 2, nous présentons la volatilité des recettes dans le cadre d'ajustements des coûts des dépenses. Dans la section 3, nous abordons les implications des coûts de transition. Enfin, dans la section 4, nous détaillons les implications pour les règles et les institutions budgétaires.Nous soutenons que lorsque les recettes provenant de ressources en voie d'épuisement sont importantes, l'optimisation budgétaire exige que les règles intra-temporelles traditionnellement intégrées dans le budget annuel soient complétées par des règles inter-temporelles. Ces règles protègent l'allocation budgétaire efficace que doivent réaliser les budgets intégrés conçus à cette fin dans les circonstances courantes.Savings from Natural Resource Revenues in Developing Countries: Principles and Policy Rules
Many poor countries are now discovering valuable non-renewable natural resources. Unlike most other sources of tax revenue, the government revenues from the depletion of these resources are both unsustainable and volatile. Each of these features implies that the savings rate appropriate for resource revenues should differ from that on other revenues. Further, a discovery is ‘news', requiring a transition from a situation which has suddenly become sub-optimal. Such transitions must be expected to generate costs which will themselves affect the optimal savings rate. While the features themselves have long been well-understood, the implications for optimal savings behaviour are surprisingly underdeveloped. A fortiori, the implications for the rules which might be the practical embodiment of these analytic underpinnings are also underdeveloped. Our analysis proceeds in four stages. In Section 1 we discuss how savings should optimally respond to the known depletion path of a finite natural resource. In Section 2 we discuss revenue volatility in the context of costly adjustments in spending. In Section 3 we discuss the implications of costs of transition. Finally, in Section 4 we discuss the implications for fiscal rules and institutions. We argue that where revenues from depleting resources are significant, fiscal optimization requires that the intra-temporal rules conventionally incorporated into annual budgeting be supplemented by inter-temporal rules. Such rules protect the efficient fiscal allocation which in conventional circumstances integrated budgets are designed to achieve. - L'essor économique de l'Afrique. Motifs d'optimisme et de pessimisme - Shantayanan Devarajan, Wolfgang Fengler p. 97-113 Le PIB de l'Afrique subsaharienne s'est accru de 5 % par an depuis 2000 et on s'attend à ce qu'il augmente encore plus rapidement dans le futur. Bien que les pessimistes fassent rapidement remarquer que cette croissance a suivi l'augmentation des cours des produits de base, le succès des réformes politiques récentes et l'ouverture croissante des sociétés africaines donnent à la région une chance raisonnable de réaliser une croissance plus soutenue au cours des années à venir.Classification JEL : O.Africa's Economic Boom. Why the Pessimists and the Optimists Are Both Right
Sub-Saharan Africa's GDP has grown five percent a year since 2000 and is expected to grow even faster in the future. Although pessimists are quick to point out that this growth has followed increases in commodities prices, the success of recent political reforms and the increased openness of African societies give the region a good chance of sustaining its boom for years to come. - L'efficacité de l'aide pour réduire la pauvreté : leçons des analyses transversales et influence de la vulnérabilité des pays - Patrick Guillaumont, Laurent Wagner p. 115-164 Les analyses économétriques transversales relatives à l'efficacité de l'aide sont nombreuses et souvent décriées. En s'appuyant sur les résultats de celles qui semblent les plus pertinentes et robustes, cet article soutient que l'aide contribue à réduire la pauvreté, notamment dans les pays vulnérables aux chocs. Il examine les principaux défis méthodologiques auxquels font face ces analyses et qui touchent à la définition de l'aide, à son endogénéité, à l'hétérogénéité des caractéristiques des pays receveurs qui conditionnent son efficacité, à la variabilité de ses rendements, à la dynamique temporelle de son action. Sont successivement explorés trois canaux à travers lesquels l'aide influence la pauvreté : par son effet sur la croissance économique, par son influence sur les dépenses sociales et par son impact macroéconomique stabilisateur, fortement associé aux deux autres canaux. L'impact stabilisateur de l'aide a un rôle majeur pour la réduction de la pauvreté, qui ne peut être mis en lumière sans le recours à des analyses transversales.Classification JEL : F35, O11, O40, C21, I3.Aid Effectiveness for Poverty Reduction: Lessons from Cross-sectional Studies with a Focus on Structural Vulnerability. Cross-country econometric studies of aid effectiveness are numerous and often criticized. Relying on results of those which seem the most relevant and robust, this paper argues that aid is leading to poverty reduction, in particular in vulnerable countries. It examines the main methodological challenges faced by these studies, related to the definition aid, to its endogeneity, to the heterogeneity of the country features conditioning its effectiveness, to its variable returns, to the time dynamics of this effectiveness. Three main channels by which aid may influence the poverty levels are considered: the economic growth, the public social expenditures, and the macroeconomic stabilizing impact, interrelated with the two other channels. The stabilizing impact of aid has a major influence on poverty reduction, which cannot be evidenced without cross country analyses.
- La géopolitique de l'aide internationale et du terrorisme transnational - Jean-Paul Azam, Véronique Thelen p. 165-192 Cet article présente quelques résultats de Azam et Thelen (2008, 2010, 2012), qui illustrent comment l'aide internationale est utilisée par les pays riches pour acheter les services des gouvernements bénéficiaires dans le but de protéger ou de promouvoir leurs intérêts économiques et politiques. En particulier, ces résultats montrent que l'aide internationale est efficace pour contrôler le nombre d'attaques terroristes transnationales provenant des pays bénéficiaires, alors qu'elle l'est moins en ce qui concerne le nombre d'attaques dans les pays hôtes. En revanche, ils montrent que les interventions militaires, saisies ici par la présence de soldats américains sur le terrain, sont contre-productives, accroissant en fait le nombre d'attaques aussi bien par pays source que par pays hôte.Classification JEL : D74, F35, H11, I21, O19.The Geo-Politics of Foreign Aid and Transnational Terrorism
This paper reviews some findings by Azam and Thelen (2008, 2010, 2012) that illustrate how foreign aid is used by rich countries to purchase the services of recipient governments with a view to protect or promote their economic and political interests. In particular, these findings show that foreign aid is effective at controlling the number of transnational terrorist attacks coming from the recipient countries, while it is not so regarding the number of attacks in the host countries. In contrast, they show that military intervention, as captured by the presence of US soldiers on the ground is counter-productive, as it increases the number of terrorist attacks both by source country and by host country. - L'(absence d') impact de l'impact : pourquoi les évaluations d'impact conduisent rarement à une prise de décision politique fondée sur les faits - Jean-Louis Arcand p. 193-218 Une question récurrente qui déroute plusieurs chercheurs et certains responsables politiques est celle de savoir pourquoi les évaluations d'impact, qui sont devenues monnaie courante dans le domaine du développement, ont si peu d'impact sur la prise de décision à proprement parler. Dans cet article, j'étudie l'impact des évaluations d'impact. Je fais appel à un cadre bayésien simple emboîté dans un modèle standard reposant sur une fonction de « contest success ». Avec ce modèle de concurrence entre des décideurs anti-évaluation, des décideurs bayésiens et des évaluateurs fréquentistes, je montre que la probabilité d'annulation d'un programme est une fonction décroissante de l'impact estimé par l'évaluation et de la croyance a priori sur la base de laquelle le programme a été initialement approuvé. En outre, la probabilité d'annulation est une fonction décroissante de l'efficacité de l'influence exercée par les évaluateurs fréquentistes. Dans la mesure où il est fort probable que cette efficacité en termes de lobbying des évaluateurs fréquentistes soit proche de zéro dans la vraie vie, la probabilité d'annulation d'un programme qui avait été approuvé au départ, bien qu'il soit entaché d'une évaluation très négative, est extrêmement faible. Le modèle fournit ainsi une explication possible de la raison pour laquelle les évaluations d'impact ont si peu d'impact sur la prise de décision, et pourquoi elles ont si peu contribué à la prise de décision fondée sur les faits.Classification JEL : O12, D04, D72, C11, C21, C72.A recurring puzzle to many academics and some policymakers is why impact evaluations, which have become something of a cottage industry in the development field, have so little impact on actual policymaking. In this paper, I study the impact of impact evaluations. I show, in a simple Bayesian framework embedded within a standard contest success function-based model of competition amongst anti-evaluation policymakers, Bayesian policymakers, and frequentist evaluators, that the likelihood of a program being cancelled is a decreasing function both of the impact estimated by the evaluation and of the prior on whose basis the program was approved to begin with. Moreover, the probability of cancellation is a decreasing function of the effectiveness of the influence exerted by frequentist evaluators. Since the latter's effectiveness in terms of lobbying in favor of their findings in the real world is likely to be close to zero, the likelihood of cancelling a program that was approved in the first place, despite its suffering a highly negative evaluation, is extremely low. The model thus provides one possible explanation for why impact evaluations have so little impact in the realm of decision-making, and why they have contributed so little to evidence-based policymaking.