Contenu du sommaire : Les journées de Microéconomie Appliquée 2012

Revue Revue d'économie politique Mir@bel
Numéro volume 123, juillet-août 2013
Titre du numéro Les journées de Microéconomie Appliquée 2012
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les Journées de Microéconomie Appliquée, 2012 - Virginie Lethiais, Youenn Loheac p. 465-468 accès libre
  • Compétition académique et modes de production scientifique des économistes français - Yann Kossi, Jean-Yves Lesueur, Mareva Sabatier p. 469-494 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article analyse les déterminants de la production scientifique des enseignant-chercheurs français en économie en mobilisant des données originales issues des candidatures aux campagnes nationales 2009 et 2010 de la « Prime d'Excellence Scientifique ». L'échantillon constitué à partir de cette expérience permet d'évaluer les performances individuelles en matière de production scientifique dans un contexte de compétition académique typique des modèles de tournoi. Les publications des candidats sont mesurées dans une fenêtre temporelle identique couvrant la période 2005 à 2010 et un indice de production scientifique est construit à partir du classement CNRS des revues. L'estimation économétrique de fonctions de production scientifique par quantiles permet d'identifier l'existence d'un cycle de production scientifique associé à un effet Matthieu. L'article apporte deux contributions significatives par rapport aux travaux développés dans ce domaine par la littérature. Nous contrôlons le caractère multitâche des enseignants-chercheurs et nous identifions l'effet des externalités de voisinage sur les performances individuelles en matière de publication.
    Academic competition and network externalities in scientific production: An econometric study on French economists This paper studies the determinants of scientific productivity from an original database of French academic economists observed in 2009 and 2010. All these individuals were involved in the first and second experiences of an academic competition, the “Prime excellence Scientifique”. This tournament was introduced by the French academic system to select best publishers. For this competition, the scientific productivity was observed in a same period from 2005 to 2010 and competitors are selected and ranked by their relative performance in publications using the same criteria (National Scientific Research Center ranking). We construct a scientific production index and estimate productivity regressions using quantile regression. We control for individual characteristics, environmental context, initial publication performance (h index), in line with stylized facts and theoretical foundations like Lotka law and scientific life cycle productivity. The paper brings two novel dimensions in the literature. The first is done by controlling for the multi-task activities of tenure and associated professor when evaluating their scientific production. The second outcome of the paper consists to evaluate the impact of network spillover externalities induced by local competences accumulated in economics departments on each individual performance.
  • Incitations managériales dans un duopole mixte : cas de la privatisation partielle de la firme publique - Kadohognon Sylvain Ouattara p. 495-517 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article étudie l'impact des schémas de rémunération managériaux dans un jeu où une firme publique, qui fait face à une situation de privatisation partielle de son capital, est en concurrence avec une firme privée. Le schéma de rémunération des gestionnaires de la firme partiellement privatisée est supposé tenir compte des objectifs sociaux de l'autorité publique. Il est alors démontré que l'utilisation stratégique de ces contrats incitatifs managériaux permet de contribuer à l'amélioration du bien-être social. De plus, la mise en œuvre de contrats incitatifs pour les gestionnaires peut avoir des effets concurrentiels similaires à ceux de la privatisation.
    Managerial incentives in mixed duopoly: the case of partial privatization This paper studies the impact of managerial incentive contracts in a game where a firm that is owned jointly by both the private and public sectors (a semi-public firm) competes with a private firm. The incentive scheme of semi-public firm managers is assumed to reflect the social goals of public authority. It was found that the strategic use of managerial incentive contracts can contribute to improve social welfare. Furthermore, the use of incentive contracts may have similar competitive effects than those of privatization.
  • A qui profite la formation en entreprise ? - Jérôme Lê p. 519-548 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ce papier s'intéresse à la question du partage entre employeurs et employés des gains de productivité issus de la formation en entreprise. Lorsqu'ils sont formés, les salariés peuvent valoriser une partie de leurs connaissances sur le marché du travail. Cet effet « général » des formations doit théoriquement se répercuter sur le salaire perçu dans l'entreprise, sous peine de mobilité. De même, les salariés peuvent avoir intérêt à se former à des technologies spécifiques dès lors qu'ils parviennent à capter une partie des rentes de l'entreprise (Oosterbeek, Sloof et Sonnemans [2007] ; McDonald et Solow [1981]). A partir d'une modélisation simple, il est possible d'isoler chacun de ces effets sur les salaires dans la mesure où les investissements en capital fixe génèrent eux-mêmes un effet spécifique de partage de rente. Les estimations se basent sur un panel d'entreprises observées sur la période 2000-2007. Le partage des gains de la formation se ferait à hauteur de 30 à 50 % en faveur des salariés. Les résultats suggèrent que le principal, voire unique, canal de partage serait l'effet spécifique. Celui-ci s'opérerait au niveau collectif plutôt qu'individuel, ce qui expliquerait que les enquêtes salariales ne reportent qu'un faible impact de la formation sur les salaires.
    Who benefits from on-the-job training? This paper addresses the issue of productivity gain sharing from on-the-job training between employers and employees. When they are trained, workers can value part of the skills on the labour market. This “general” effect of training should theoretically impact the wage in the firm. Employees may find it also valuable to train in specific technologies if they are able to capture a share of the firm's rents (Oosterbeek, Sloof and Sonnemans [2007]; McDonald and Solow [1981]). Using a simple model, it is possible to isolate each of these two effects on wages, given that fixed capital investments themselves generate a specific effect of rent sharing. Estimations are based on panel of firms over the 2000-2007 period. On-the-job training productivity gain sharing would be around 30 to 50 % for employees. Results suggest that the main, if not only, sharing channel would be the specific effect. The latter would operate at the collective rather than individual level, which would explain why surveys highlight only a small impact of on-the-job training on wages.
  • Analyse de l'éco-efficience du secteur laitier réunionnais : confrontation des objectifs productiviste et environnementaliste - David Berre, Stéphane Blancard, Jean-Philippe Boussemart, Hervé Leleu, Emmanuel Tillard p. 549-572 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Grâce aux avancées méthodologiques portant sur la modélisation des fonctions de production permettant la prise en compte explicite des outputs indésirables, la différenciation des fonctions-objectif des acteurs et l'agrégation sectorielle des technologies individuelles, cet article se propose d'évaluer l'éco-efficience du secteur laitier réunionnais. Cette évaluation compare deux types d'objectifs a priori opposés : les approches « productiviste » et « environnementaliste ». Selon l'approche productiviste qui souhaite maximiser la production domestique, les résultats indiquent une possible marge de progression significative de l'offre de la quantité de lait (+ 54 %) sans préjudice supplémentaire à l'environnement. Parallèlement, en privilégiant une meilleure gestion de l'environnement, l'analyse aboutit à une forte diminution possibles des quantités globales d'outputs indésirables comme les gaz à effet de serre ou les excédents d'azote (– 46 %) sans pour autant diminuer la production laitière actuelle. De façon inattendue, ces deux approches conduisent aux mêmes ordres de grandeur en termes d'indicateurs environnementaux relatifs : excédent azoté/litre de lait et gaz à effet de serre émis/litre de lait. Sur un territoire insulaire comme La Réunion, sujet aux problématiques d'autosuffisance alimentaire des départements d'outre-mer, l'analyse sectorielle de l'efficience apparait comme un outil important de décision car il permet d'analyser une allocation optimale des ressources locales et une optimisation des matières importées pour le secteur agricole.
    Eco-efficiency assessment of La Réunion's dairy sector: Comparison between productivist and environmentalist objectives Various methodological improvements in production function modelling allow the integration of undesirable outputs, the distinction between stakeholders' objective-function and the sectoral aggregation of individual technologies. This paper gathers these concepts in order to assess the eco-efficiency of the dairy sector in La Réunion. Our assessment compare two objectives seemingly opposed: the productivist approach and the environmentalist approach. According to the productivist approach, focused on the milk production maximization, inefficiency reduction could create an increase of 54 % of the dairy production, without additional undesirable emissions. At the same time, a better environmental management leads to an important potential decrease of undesirable outputs as greenhouse gases or nitrogen surpluses (– 46 %), given the current milk production. Unexpectedly, the two approaches lead to similar values of environmental indicators: Nitrogen surplus per liter of milk and greenhouse gases per liter of milk. On an insular territory as La Réunion, impacted by the food self-sufficiency issue of overseas department, efficiency sectoral analysis appears to be a powerful tool to support decision plan, as it allows an assessment of optimal allocation of local resources and an optimization of imported materials for agricultural sector.
  • Le face-à-face OGM ? agriculture biologique en Europe : entre réglementation et recommandation - Christophe Charlier, Alexandra Rufini p. 573-592 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le Règlement Européen 834/2007, en charge de définir le label Biologique européen depuis janvier 2009, autorise un seuil de 0,9 % de présence fortuite d'OGM dans les produits Biologiques (Bio). Un seuil d'OGM différent de zero permet aux agriculteurs de préserver leur label dans le cas d'une faible contamination OGM mais risque de discréditer une filière de réputation « sans OGM ». Dans la Recommandation 2003/556/CE la Commission européenne propose de faire supporter aux agriculteurs d'OGM les mesures de protection visant à limiter la contamination OGM – principe dit du newcomer – mais laisse le choix aux États membres d'appliquer ce principe. Ce papier présente une analyse économique des conséquences de ce seuil d'OGM sur le bien-être de la société avec et sans le principe du newcomer. Il étudie comment le régulateur impartial, face à des consommateurs hétérogènes, détermine le seuil d'OGM autorisé pour assurer la coexistence des deux formes d'agriculture, en tenant compte du discrédit mais aussi de la flexibilité qu'il engendre pour le maintien du label Bio. Après avoir défini les conditions de la coexistence des agricultures, nous montrons que i) le seuil d'OGM devrait être différent de zero lorsque les agriculteurs Bio supportent les mesures de coexistence et que ii) le seuil d'OGM autorisé devrait être nul lorsque le principe du newcomer est retenu dans la réglementation.
    The confrontation of the GM and Organic agricultures in Europe: Between regulation and recommendation The European Regulation 834/2007, responsible for the definition of the European Organic Label since 2009, allows a non-intentional presence of authorised GMOs limited to the threshold of 0.9 % in organic production. Such a threshold, when strictly positive, allows organic producers to keep the organic label in case of a small GM contamination. However, it may bring discredit on the organic agriculture which can no more be understood as “GMO-free”. The European Commission in its recommendation 2003/556/CE proposes that GM producers should bear the cost of the measures decided to limit the dissemination of the GM gene – the so-called “newcomer principle”. European countries are however free to adopt such a principle and can proceed differently. This article presents an economic analysis of the determination of the optimal GMO threshold maximizing society's wellbeing when the newcomer principle is implemented and when it is not. This optimal GMO threshold in both cases is decided by an impartial regulator facing heterogeneous consumers, and is intended to ensure the coexistence between GM and organic agricultures, taking into account of the potential discredit it implies on organic agriculture and the flexibility it allows for the preservation of the organic label. We first establish the conditions for coexistence. We then show that i) the GMO threshold can be different from zero if the organic producers bear the cost of the coexistence measures and ii) the GMO threshold should be zero under the newcomer principle.
  • Assiste-t-on (réellement) à une polarisation du débat sur les OGM ? Une perspective internationale sur la période 2000-2010 - Damien Rousselière, Samira Rousselière p. 593-622 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Comment peut-on expliquer le fait que les OGM (Organismes génétiquement modifiés) soient fortement discutés en France et en Europe alors qu'ils sont peu utilisés, et considérés comme acceptables aux États-Unis où leur utilisation est courante ? L'interprétation de ces différences en termes d'acceptabilité et de lien à des attitudes relatives au risque, à l'alimentation et la nature a été fortement discutée notamment par la prise en compte des dynamiques institutionnelles propres au débat public de chaque pays. Notre travail se veut une extension de ces précédentes recherches bien que nous critiquions explicitement l'hypothèse de biais d'assimilation et de polarisation émise habituellement pour caractériser une opinion publique qui serait divisée sur le sujet. A l'aide des microdonnées de l'ISSP (International Social Survey Program) 2000-2010 sur l'environnement, nous mobilisons un modèle de choix hétérogènes pour mesurer l'évolution au cours du temps de l'acceptabilité et l'importance des effets propres à chaque pays. Pour certains pays, nous mettons en évidence une augmentation légère du sentiment de dangerosité des semences génétiquement modifiées (mesurée sur une échelle de Likert) mais une réduction de la variance des positions, suggérant ainsi une modération des attitudes.
    Is there (really) a polarization of attitudes toward GMO? An international inquiry on the 2000-2010 period How can we explain that the use of genetically-modified organisms (GMOs) in food and horticulture is an issue in France and in Europe, where they are hardly used, and yet seems to be taken for granted in the US, where their use is widespread? Many observers see this as a sign that American consumers have accepted transgenic foods, due to a different attitude to risks, food and nature. This explanation has been discussed since with a focus on the institutional dynamics of the public debate. Our paper can be considered as an extension of these previous researches, although we criticize the “bias assimilation and polarization hypothesis” about a public opinion split on this issue. Our data come from the 2000-2010 ISSP (International Social Survey Program) on environment. The heterogeneous choice (aka location-scale) model helps us to separate the effects of time and country. For some countries, we show a gentle increase of risk perception of GM crops (measured on a Likert scale) but a small decrease of the variance, suggesting a fall in the extremist view.
  • Heterogeneity in the Egyptian informal labour market: choice or obligation? - Rawaa Harati p. 623-639 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Hétérogénéité dans le marché de travail informel en Egypte: question de choix ou d'obligation? Ce papier fournit des arguments historiques et empiriques dont le but est d'expliquer le développement du secteur informel en Egypte. Après avoir rappelé les différentes approches proposées dans la littérature, il identifie la configuration du marché du travail Egyptien tout en permettant l'hétérogénéité des emplois informels et donc l'existence de différents segments du secteur informel en utilisant un modèle de mélange. Il conclut que le marché du travail Egyptien informel en 2006 était composé de deux segments ayant chacun une équation de salaires distinctes. Ceci peut indiquer l'existence de barrières à 1'entrée à chaque secteur, par exemple, des coûts fixes liés à la stigmatisation sociale qui empêchent les gens de travailler dans le secteur qui leur offre le plus haut salaire espéré.
    This paper provides historical and empirical arguments that can explain the development of the Egyptian informal sector. After recalling the various approaches proposed in the literature, it identifies the configuration that overrides the Egyptian labor market by allowing for the heterogeneity of informal jobs and therefore the existence of different segments within the informal sector using a mixture model. It concludes that the Egyptian informal labor market in 2006 was composed of two segments with a distinct wage equations. This may point to the existence of barriers to entry to each sector, e.g. fixed cost related to social stigma which prevent people from working in the sector which offers them the highest expected wage.
  • Hétérogénéité de l'impact de l'assurance santé sur les comportements d'épargne en Chine rurale - Diana Cheung, Ysaline Padieu p. 641-662 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article évalue l'impact de la Nouvelle Coopérative Médicale Rurale sur l'épargne des ménages par quartile de revenu en Chine rurale. Nous utilisons les données du China Health and Nutrition Survey pour l'année 2006. Nous estimons l'impact de cette assurance santé sur l'épargne des ménages pour chaque quartile de revenu en utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires et celle des doubles moindres carrés ordinaires. Nous démontrons que l'effet de l'assurance sur les comportements d'épargne des ménages ruraux est hétérogène et concluons qu'il existe un impact significatif et négatif de la participation à la NCMR sur l'épargne des ménages aux revenus moyens uniquement. Ce résultat reste valide lorsque nous contrôlons la potentielle endogénéité résultant de la prise en compte des dépenses de santé dans la définition de l'épargne. En outre, la NCMR n'a pas d'effet sur les dépenses de santé et ce quel que soit le quartile. La diminution de l'épargne, consécutive à la souscription à l'assurance, résulte d'une baisse de l'incertitude des ménages face au risque de dépenses catastrophiques de santé.
    Heterogeneity of the impact of health insurance on saving behaviours in rural China This paper evaluates the impact of the New Cooperative Medical Scheme on household savings by quartiles of income in rural China. Thanks to CHNS data, we estimate the impact of this health insurance on household savings for each quartile of income by using ordinary-least-square and two-stage-least-square estimations. We find a significant negative impact of the participation in NCMS on savings for middle-income households only. This result remains when we control for a possible endogeneity arising when we build savings on health expenses. As NCMS has no impact on health expenditures for all quartiles of income, we conclude that the decrease in savings, associated to NCMS participation, results from a reduction of households income risk rather than a reduction of health expenses.