Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
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Numéro | volume 72, no 2, juin 2006 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Bonne gouvernance, professionnalisme, éthique et responsabilité - Demetrios Argyriades p. 159-176 Dans une récente publication de l'IISA intitulée The World We Could Win (Amsterdam, IOS, 2005), le professeur Werner Jann concluait avec justesse : « Le jour où quelqu'un proclamera la “fin de l'Histoire” ou même la “fin de la discussion” sous prétexte que tout a été dit et que tous les problèmes de gouvernance ont été résolus, nous aurons tous du souci à nous faire » (p. 156-157). Nous nous faisons effectivement du souci depuis plus de vingt ans, précisément pour cette raison. Les pays en développement, plus particulièrement, ont été victimes d'une pensée unidimensionnelle qu'on a fait passer dans le monde entier comme la réponse définitive à la réforme du secteur public. Le « modèle de marché » de la gouvernance cherchait à convertir les pouvoirs publics à des méthodes issues du secteur privé et à « évider » l'État. Les revendications technocratiques et les prétentions scientifiques étaient une caractéristique frappante de ce modèle. En réalité, celui-ci prétendait « développer une science de l'administration pourvue de principes universellement valides » (Heady, 2001 : 391). Les résultats de cette idée ont été très mitigés, pour ne pas dire plus, tant en théorie qu'en pratique. Comme nous le verrons dans le présent article, les partisans de cette idée évoquaient le mythe de la convergence globale pour justifier leurs revendications. Ils cherchaient dès lors à légitimer l'« isomorphisme coercitif », c'est-à-dire des solutions imposées aux pays en développement sans tenir compte du contexte institutionnel et de la capacité administrative propres à chaque cas. Renforcés par l'influence politique, les « transferts de politiques » qui en ont résulté ont sans doute contribué à interrompre la mise au point d'approches innovantes compatibles avec la culture et les besoins des pays concernés. Ils ont exacerbé les problèmes de corruption, le déclin de la confiance du public et l'affaiblissement du service public.Résumé à l'intention des praticiensLes enseignements tirés de ce qui se passe depuis deux décennies – le thème de la présente communicationmettent en évidence la nécessité de se prémunir contre les nombreuses erreurs propres aux solutions de type « one best way » [croyance dans une meilleure façon de faire unique]. Il faut considérer avec méfiance les recettes savamment présentées qui inondent le marché mais qui sont l'antithèse même d'une bonne planification et d'une gouvernance démocratique. L'« externalisation » n'est pas une alternative à la mise en place et au renforcement de la capacité publique nationale et de la mémoire institutionnelle si l'on veut parvenir à une prise de décision avertie dans la sphère publique. La gestion entrepreneuriale et l'essor de l'exécutif impérial se sont accompagnés de graves inconvénients sur le plan de l'intégrité publique et de la qualité de l'exécution. Ils ont également aggravé l'affaiblissement visible du professionnalisme du service public. Il n'existe tout simplement pas de raccourcis dans l'institutionnalisation des valeurs du service public. Celles-ci reposent sur une culture et des structures qui priment effectivement la connaissance, la vertu et la compétence, et mettent ces qualités au service de l'intérêt public.In a recent publication of the IIAS entitled The World We Could Win (Fraser-Moleketi, 2005), Professor Werner Jann aptly concluded: ‘The moment when somebody declares the “end of history” or indeed “end of discussion”, on the ground that all has been said and all the problems of governance have been resolved, we shall all be in deep trouble' (pp. 156–7). We have been in some trouble for more than 20 years, precisely on this account. Developing countries, especially, have been victims of one-dimensional thinking which was sold to the world as the definitive answer to public sector reform. The ‘market model' of governance sought to convert the government to private sector ways and ‘hollow out' the State. A salient trait of this model was technocratic claims and scientific pretensions. The model, in effect, purported ‘to develop a science of administration with principles of universal validity' (Heady, 2001: 391). Both in theory and in practice, the outcomes of this mind-set have been very mixed at best. As this article will show, it tried to root its claims in the myth of global convergence. It thus sought to legitimate ‘coercive isophormism', that is to say solutions imposed on developing countries without any regard to the institutional context and administrative capacity in each particular case. Backed by political clout, the resulting ‘policy transfers' have arguably contributed to arresting the development of innovative approaches consistent with the culture and needs of the countries concerned. They have exacerbated the problems of corruption, decline of public trust and the erosion of public service.Points for practitionersThe lessons from the experience of the past two decades — the subject of this article — bring home the need to guard against the many fallacies of ‘one best way' solutions. We need to treat with scepticism savvily packaged recipes which flood the market-place, but are the very antithesis of sound policy planning and democratic governance. ‘Outsourcing' is no alternative to building and reinforcing public home-grown capacity and institutional memory for informed decision-making in the public sphere. Entrepreneurial management and the rise of the imperial executive have carried a stiff price in terms of public integrity and quality of performance. They have also aggravated the observable erosion of public service professionalism. There are simply are no short cuts to the institutionalization of public service values. These rest on a culture and structures which actively prize knowledge, virtue and competence, placing them at the service of the common good.
- L'imputabilité, les valeurs et les principes éthiques du service public: l'avis des législateurs finlandais - Ari Salminen p. 177-193 Le thème du présent article est l'éthique du service public. C'est dans le contexte du modèle finlandais d'État providence que nous analyserons la nature profonde de l'administrateur éthique en tenant compte de trois éléments : l'imputabilité, les valeurs et les principes de déontologie. Dans cet article, nous examinons ces thèmes essentiellement à travers le point de vue de représentants élus. Nous avons en effet demandé aux législateurs finlandais de donner leur avis et de décrire leurs attitudes de même que leurs attentes en ce qui concerne ces questions. Les données empiriques de cette étude ont été rassemblées par le biais d'une enquête distincte menée auprès de l'ensemble des membres du Parlement. Dans cet article, nous essayons également d'établir un lien entre les conclusions empiriques et le débat qui existe actuellement dans la recherche sur l'éthique dans le service public.Résumé à l'intention des praticiensDans cet article, nous examinons les questions liées à l'éthique du service public à travers le point de vue de représentants élus. Les données de notre étude ont été rassemblées par le biais d'une enquête menée auprès de l'ensemble des parlementaires fin 2004.D'abord, cet article est avant tout une contribution empirique au débat sur l'éthique du service public. Nous avons demandé aux législateurs finlandais de donner leur avis et de décrire leurs attitudes de même que leurs attentes en ce qui concerne trois grandes questions : l'imputabilité, les valeurs éthiques et les principes de déontologie. Les principales conclusions sont présentées dans six tableaux.Deuxièmement, cet article est une contribution au débat sur le développement et la réforme de l'administration publique. Dans le cas finlandais, les réformes du nouveau management public influencent le modèle administratif historique finlandais d'État providence. En analysant « la nature profonde de l'administrateur éthique », les politiciens expliquent leur vision de la bureaucratie et des fonctionnaires et les éléments qu'ils considèrent comme importants sur le plan éthique.Troisièmement, des comparaisons empiriques supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne les différentes relations entre les politiques et les administrateurs en Finlande et dans d'autres pays.The subject of this article is public service ethics. In the context of the Finnish welfare model, the essence of the ethical administrator is analysed by three issues: accountability, ethical values and ethical principles. In the article, these topics are mainly discussed through the viewpoints of elected representatives. Finnish legislators were asked their opinions, attitudes and expectations towards these issues. The empirical material of the study was gathered through a separate survey given to all Members of Parliament. The article also tries to link the empirical findings to the current debate of public service ethics research.Points for practitionersIn the article the topics of public service ethics are discussed through the viewpoints of elected representatives. The material of the study was gathered through a survey given to all Members of Parliament in the end of 2004.First, the article is mainly an empirical contribution to the discussion of public service ethics. The Finnish legislators were asked their opinions, attitudes and expectations towards three main issues, which were accountability, ethical values and ethical principles. The main findings are presented in the six tables of the article.Second, the article is a contribution to the discussion of public administration development and reform. In the Finnish case, there exists the pressure of New Public Management reforms on the Finnish historical administrative welfare model. Analysing ‘the essence of ethical administrator', the politicians express their views on how they see bureaucracy and public servants and what they consider important in an ethical sense.Third, more empirical comparisons are needed from the different relationships between politicians and administrators in Finland and in other countries.
- L'engagement organisationnel du personnel du secteur public néerlandais - Bram Steijn, Peter Leisink p. 195-211 L'engagement organisationnel est un thème très étudié depuis une trentaine d'années. Le présent article s'intéresse au secteur public, relativement peu étudié. En nous appuyant sur une vaste enquête menée dans l'ensemble du secteur public, nous examinons l'engagement organisationnel et ses antécédents, notamment l'influence des techniques de GRH. Nos conclusions vont, dans une large mesure, dans le même sens que les précédentes études puisqu'elles indiquent l'importance relativement élevée des caractéristiques professionnelles et organisationnelles et l'importance relativement mineure des caractéristiques personnelles en ce qui concerne l'engagement affectif. L'on constate par ailleurs que la perception qu'ont les fonctionnaires de la GRH influence l'engagement organisationnel, un élément important lorsqu'il s'agit d'orienter l'activité de gestion. Les conclusions concernant l'engagement normatif diffèrent en revanche des précédentes études. D'autres recherches devraient être menées qui portent à la fois sur l'engagement organisationnel et sur la motivation du service public étant donné que celle-ci pourrait influencer l'engagement normatif des travailleurs du secteur public.Résumé à l'intention des praticiensL'étude de l'engagement organisationnel des travailleurs est important car il est bien connu que l'engagement est lié au bien-être des travailleurs et, plus important encore, au rendement de l'organisation. Il n'en reste pas moins que l'engagement organisationnel dans le secteur public est un sujet relativement peu traité. Cela n'est pas un problème puisque notre étude révèle que les antécédents en ce qui concerne l'engagement organisationnel des travailleurs du secteur public néerlandais ne diffèrent pas beaucoup de ce qui ressort des études axées sur le secteur privé. En d'autres termes, les gestionnaires du secteur public souhaitant renforcer l'engagement organisationnel de leurs subalternes peuvent appliquer les méthodes du secteur privé.Notre étude révèle plus particulièrement qu'une application intelligente des techniques de GRH entraîne un niveau d'engagement organisationnel plus élevé. À cet égard, la façon dont les travailleurs perçoivent et évaluent ces techniques est très importante. Une évaluation positive de ces techniques entraînera en effet un niveau d'engagement organisationnel plus élevé. Les gestionnaires du secteur public doivent dès lors suivre de près l'introduction et l'application concrète des techniques de GRH au sein de leur organisation, sans quoi les conséquences sur l'engagement organisationnel décevront sans doute.Organizational commitment has become a much researched subject over the past three decades. This article focuses on the relatively understudied public sector. On the basis of a large public-sector-wide survey, organizational commitment and its antecedents are assessed, including the contribution made by HRM practices. The findings are, to a large extent, in agreement with earlier studies in that they indicate the relatively major importance of job and organizational characteristics and the relatively minor importance of personal characteristics for affective commitment. Further, there is evidence of an effect of employees' perception of HRM practices on organizational commitment, which is relevant for orienting management action. However, the findings with respect to normative commitment differ from previous studies. It is suggested that further research should be done that includes both organizational commitment and public service motivation as the latter could have an effect on normative commitment of public sector employees.Points for practitionersStudying organizational commitment of employees is important as it is well known that commitment is related to employee well-being and, even more importantly, organizational performance. Nevertheless, organizational commitment in the public sector is relatively less studied. This need not be a problem as our study shows that the antecedents of organizational commitment of Dutch public sector employees do not differ much from what is known from private sector studies. In other words: public sector managers who want to improve organizational commitment of their employees can use private sector best practices.In particular, our study shows that an intelligent use of HRM practices will lead to higher levels of organizational commitment. In this respect it is very important how employees will perceive and evaluate these practices: in particular, a positive evaluation of these practices will lead to a higher organizational commitment. Public sector managers, therefore, should monitor closely the introduction and actual use of HRM practices within the organization — otherwise the effects on organizational commitment will probably disappoint.
- Les enjeux liés à l'adoption d'une comptabilité patrimoniale par les administrations centrales - Frédéric Marty, Sylvie Trosa, Arnaud Voisin p. 213-232 Le choix du passage en comptabilité patrimoniale, suscité en France par l'application de la Loi Organique sur les Lois de Finances, a un impact réel sur les mécanismes de la décision politique. Il revient à renforcer la rationalité économique dans les choix publics, en adaptant des normes d'information comptable et financière venues du secteur privé. Elle permet notamment de réaliser des comparaisons de coûts public-privé, nécessaires pour s'engager dans d'éventuelles contractualisations avec des prestataires privés.L'adoption de la comptabilité patrimoniale vise à améliorer l'information fournie aux acteurs publics. Elle tend également à limiter les possibilités d'arbitrages défavorables aux investissements de long terme et à l'entretien des actifs publics. Elle donne aux parlements, aux organismes de contrôle et aux citoyens une appréciation des politiques menées, renforçant les exigences de transparence des comptes publics et de responsabilisation des gestionnaires. Elle n'en est pas moins une réforme complexe et coûteuse, dont la conduite nécessite un contexte politique favorable et une stratégie de mise en œuvre adaptée.Résumé pour les praticiensL'adoption par les administrations publiques d'un comptabilité patrimoniale inspirée des normes du privé peut apparaître comme faisant peu de cas des spécificités de la gestion publique. Cependant, les managers privés et publics partagent la même contrainte de rareté des ressources disponibles. Par exemple, disposer d'une information sur les coûts de fonctionnement des services (incluant les coûts des capitaux immobilisés) permet de s'assurer de l'efficacité économique des choix publics et de satisfaire aux exigences croissantes d'évaluation de l'action publique et de contrôlabilité des managers publics (accountability). A ce titre, la réforme comptable fait écho à un déplacement du contrôle de la régularité de la dépense publique vers l'évaluation de son opportunité économique. Cependant, l'adoption d'une comptabilité patrimoniale ne serait être conçue comme un processus exempt de risques et faiblement coûteux. Transposer des normes issues du secteur privé peut se faire au détriment de la transparence de l'information comptable, en laissant une plus large place aux choix discrétionnaires, notamment en matière de charges calculées (provisions,...). De la même façon, affecter une valeur patrimoniale à certains actifs publics suppose des choix difficiles et potentiellement porteurs de risques. Enfin, un tel basculement comptable ne peut se faire que dans le cadre d'une vaste réforme de l'action publique et constitue en lui-même une opération longue, coûteuse et dont le succès est largement conditionné à la formation et à l'adhésion des personnels.France's decision to move to Accrual Based Accounting, triggered by the application of the Organic Law to the Finance Laws, has a tangible impact on political decision-making mechanisms. By adopting accounting and financial information standards derived from the private sector, it has the effect of reinforcing the economic rationality of public decisions. It makes it possible, in particular, to draw comparisons between public and private costs, comparisons that are necessary to set up any possible contract-based links with private suppliers.The move towards Accrual Based Accounting sets out to improve the information provided to the public operators. It also tends to limit the possibilities of arbitrations that are unfavourable to long-term investments and the maintenance of public assets. It gives parliaments, control bodies and citizens an appreciation of the policies being carried out, thus reinforcing the demands for the transparency of public accounts and the accountability of their managers. However, there is no getting away from the fact that it is a complex and costly reform, whose implementation requires a favourable political context and an appropriate implementation strategy.Points for practitionersThe adoption by public administrations of Accrual Based Accounting inspired by the standards of the private sector may appear to pay little heed to the specific characteristics of public management. However, private and public managers share the same problem of the scarcity of available resources. For instance, obtaining information about the operating costs of the departments (including the costs of fixed assets) makes it possible to ensure the economic efficiency of the public choices and to satisfy the growing demands for the evaluation of public policy performance and the accountability of public managers. In this respect, the accounting reform appears as a shift from control of the appropriation of public expenditure towards an evaluation of its economic optimality. However, the implementation of Accrual Based Accounting should not be perceived as a process that is risk free and low in cost. Transposing standards from the private sector can be done to the detriment of the transparency of reporting by increasing the possibilities of discretionary choices, in particular in terms of calculated charges (budgetary allowances). Similarly, putting an accrual based value on certain public assets implies difficult choices that potentially carry risks. Finally, this kind of transition can only be carried out within the framework of a far-reaching public policy reform and in itself implies a long and costly operation whose success is to a great extent dependent on staff training and support.
- Les rapports financiers et la décentralisation dans les gouvernements municipaux - Francisco J. Bastida, Bernardino Benito p. 233-249 Certaines réformes mises en œuvre dans le secteur municipal espagnol ont entraîné une décentralisation accrue de la gestion. Cette décentralisation a au pour effet de réduire l'intérêt des états financiers municipaux étant donné que les entités décentralisées ne sont pas mentionnées dans ces rapports. Nous avons dès lors réalisé une analyse empirique portant sur 54 grandes municipalités espagnoles afin d'évaluer les conséquences de la décentralisation sur les rapports financiers municipaux. Notre enquête révèle une grande inquiétude parmi les praticiens concernant l'importance des rapports globaux. Par ailleurs, les entités décentralisées devraient être incluses dans les rapports globaux lorsque la municipalité est compétente pour approuver leur budget. Cette caractéristique révèle une orientation juridique/budgétaire parmi les représentants municipaux, qui s'intéressent davantage aux contraintes juridiques et budgétaires qu'aux indicateurs managériaux. Nous pensons que cette approche bureaucratique devrait évoluer vers une autre approche, caractérisée par un niveau plus élevé de techniques de gestion issues du secteur privé.Résumé à l'intention des praticiensLes grandes municipalités espagnoles détiennent en moyenne 7,22 entités dépendantes. Les plus grandes villes utilisent essentiellement des entités contrôlées pour transférer la gestion des services, tandis que les petites municipalités font appel à des entités cogérées pour réaliser des économies d'échelle. Cette décentralisation managériale rend indispensables les rapports financiers globaux. Par conséquent, notre étude indique que les praticiens sont très préoccupés par la nécessité de rapports globaux. Sur le plan interne, ces rapports sont un moyen précieux de surveiller les entités décentralisées et d'améliorer la coordination des politiques du groupe municipal (gestion de la trésorerie, situation de la dette et ressources humaines). Sur le plan externe, ils fournissent des informations transparentes, ce qui améliore le contrôle démocratique des ressources publiques, ils permettent des comparaisons entre des entités publiques aux structures organisationnelles différentes et ils améliorent l'évaluation des risques financiers par les entités financières.Notre enquête révèle que les praticiens souhaitent inclure dans le rapport global les entités dont les budgets doivent être approuvés par la municipalité. De la même manière, ils considèrent que le solde budgétaire et le fond de roulement (rendus obligatoires par les lois budgétaires) sont les rapports les plus utiles. Ces deux éléments révèlent une orientation juridique/budgétaire parmi les représentants municipaux, qui s'intéressent davantage aux contraintes juridiques et budgétaires qu'aux indicateurs managériaux. Cette approche bureaucratique devrait évoluer vers une autre approche, davantage axée sur les techniques de gestion issues du secteur privé.Some reforms implemented in the Spanish municipal sector have led to an increasing managerial decentralization. This decentralization has made municipal financial statements lose relevance, since devolved entities are not disclosed in these statements. Accordingly, we have made an empirical analysis of 54 big Spanish municipalities in order to evaluate the impact of decentralization on the municipal financial statements. The survey shows a great concern among practitioners about the importance of global reports. Furthermore, devolved entities should be included in the global reports if the municipality has the authority to approve their budget. This feature shows a legal/budgetary bias of municipal officials, who focus on legal and budgetary constraints more than on managerial indicators. We think this bureaucratic approach should evolve to another one with a higher degree of private sector management techniques.Points for practitionersOn average, big Spanish municipalities hold 7.22 dependent entities. Controlled entities are used mainly by the largest cities to devolve management of services, whereas joint-management entities are used by small municipalities to achieve economies of scale. This managerial decentralization makes global financial reports essential. Thus, our study indicates that there is a great concern among practitioners about the need for global reports. These reports, from an internal perspective, are a useful instrument to oversee devolved entities and to improve the coordination of municipal group policies (cash management, debt position and human resources). From an external perspective, they provide transparent information enhancing democratic control of public resources, they allow comparisons between public entities with different organizational structures and finally, they improve financial risk assessment by financial entities.Our survey shows that practitioners would include in the global report those entities whose budgets must be approved by the municipality. Similarly, practitioners consider budget balance and working capital (required by budgetary laws) as the most useful statements. These two features reveal a legal/budgetary bias of municipal officials, who focus on legal/budgetary constraints more than on managerial indicators. This bureaucratic approach should evolve to another one focused more on private sector management techniques.
- Des nombres, des nuances et des objectifs mobiles: associer l'utilisation des indicateurs ou des descripteurs de la corruption dans l'évaluation du développement des états - Alan Doig, Stephanie McIvor, Robin Theobald p. 251-266 Le présent article s'intéresse à trois questions : la convergence des donateurs à propos d'un programme de développement commun, la raison pour laquelle la lutte contre la corruption est considérée comme un aspect fondamental du programme et les moyens nécessaires pour évaluer la corruption dans le cadre du suivi de l'évolution du développement. Cet article passe en revue la genèse du programme de développement et les raisons pour lesquelles la corruption sert souvent d'indicateur ou de mesure du progrès. Nous établirons la distinction entre deux techniques (les indicateurs quantitatifs et les descripteurs qualitatifs) généralement utilisées pour évaluer les types et les niveaux de corruption avant d'aborder les questions de méthodologie et d'interprétation liées à chaque technique. Nous suggérons que, bien que ces deux techniques jouent un rôle particulier, il ne faut pas oublier leurs limites pour ce qui est des questions liées aux politiques ou aux réformes, en particulier sur le plan de l'exercice du pouvoir politique ou de la nature et de l'orientation du développement. À ce jour, on n'est pas encore totalement parvenu à la convergence nécessaire dans l'utilisation des deux approches et, en attendant de parvenir à cette convergence, un recours excessif à l'une d'elles ne constitue pas un fondement efficace pour les initiatives de réforme et d'aide, ni pour évaluer le progrès et l'impact de ces initiatives dans la mise en œuvre du programme de développement.Résumé à l'intention des praticiensL'évaluation des progrès en matière de démocratisation et d'autres questions clés voisines, comme la corruption, est une technique de plus en plus utilisée par les organismes multilatéraux et bilatéraux, ainsi que par les ONG, dans le cadre du programme de développement. La corruption est particulièrement utilisée comme moyen d'évaluation habituel. L'approche numérique, qui fait appel à des indicateurs quantitatifs, offre des classements simples et fait clairement apparaître les augmentations de même que les baisses de progrès. Ni la démocratisation, ni la lutte contre la corruption ne sont des questions simples. Il est dès lors important que l'utilisation de ces indicateurs soit intégrée à une approche descriptive capable de fournir une évaluation approfondie des problèmes qui influencent la mise en œuvre et l'évolution du programme de développement. Il faut parvenir à comprendre parfaitement l'interaction qui existe entre le travail des donateurs, le pouvoir politique et les initiatives de réforme pour pouvoir évaluer les variations, les nuances et les orientations des progrès. Le meilleur moyen d'y parvenir serait peut-être de faire une synthèse des approches afin de bien comprendre les causes, les caractéristiques et les types de corruption, ainsi que l'évolution du développement et de la démocratisation des pays.This article is concerned with three issues: the convergence of donors over a shared development agenda, on why dealing with corruption is seen as a key aspect of the agenda, and the means to assess corruption within the context of monitoring development progress. The article reviews the genesis of the agenda, and why corruption is often used as an indicator or measure of progress. It distinguishes between two general approaches — quantitative indicators and qualitative descriptors — for assessing types and levels of corruption before considering methodological and interpretative issues relating to each approach. It suggests that, while each has a role, cognizance should be made of the awareness of the limitations of either for policy- or reform-related issues, particularly in terms of the exercise of political power or the nature and direction of development. The necessary convergence of the use of the two approaches has not been fully achieved to date and, until such time as a convergence is achieved, an overreliance on one or other approach may not provide an effective basis for reform and aid initiatives, nor for assessing the progress and impact of both in delivering the development agenda.Points for practitionersAssessing progress on democratization and on related key issues, such as corruption, are increasingly used by multilateral and bilateral agencies, as well as NGOs, in relation to the development agenda. Corruption in particular is used as a common means of assessment. The numerical approach, using quantitative indicators, offers simple rankings and a clear increase or decrease in progress. Neither democratization nor addressing the issue of corruption are that simple. It is therefore important that the use of indicators is integrated with a descriptive approach that can provide an in-depth assessment of the issues that impact on the implementation and progress of the development agenda. There is a need to ensure a full understanding of the interplay of donor work, political power and reform initiatives to assess the variations, nuances and directions of progress. This may be more usefully achieved through a synthesis of the approaches to fully understand the causes, patterns and types of ccorruption, as well as the progress of state development and democratization.
- La réforme du gouvernement local en Chine : Une perspective d'acteur rationnel - Janice L. Caulfield p. 267-283 La Chine a récemment subi une série d'initiatives de réforme exhaustives visant à améliorer l'efficacité, la flexibilité et l'innovation bureaucratiques au moyen d'une décentralisation du budget et de la gestion. Le secteur du gouvernement local en Chine assume des responsabilités fonctionnelles importantes, du développement économique à la fourniture de bien-être social. Il est responsable de plus de 70 % des dépenses gouvernementales globales. Aujourd'hui, à l'aube de ce nouveau millénaire, le gouvernement central chinois cherche à transformer le gouvernement local dans le cadre de sa stratégie de libéralisation du marché. Cette transformation passe par la « privatisation » des entreprises locales (un processus initié dans les années 1990) et une rationalisation de la bureaucratie locale. Bien qu'il s'agisse d'une administration encore fortement centralisée, l'approche uniforme en matière de gouvernement local a été abandonnée et l'on encourage désormais une différenciation entre les régions et les localités. Dans le cadre d'une structure politique encore fortement limitée, cependant, les réformes ont fait plus qu'améliorer les résultats économiques de la Chine. Elles ont produit des mesures encourageant les représentants locaux à adopter des attitudes de maximisation de la rente et de l'utilité. Dans la présente communication, nous examinons les initiatives de réforme et étudions les résultats de façon critique dans ce contexte.Résumé à l'intention des praticiensLa transformation économique de la Chine depuis vingt ans compte de nombreux admirateurs, mais aussi de nombreux détracteurs, une transformation qui n'est pas parvenue à remettre sérieusement en cause son système politique. Le gouvernement local a joué un rôle fondamental dans la transition de la Chine vers une économie capitaliste, car c'est au niveau local qu'est apparu l'entrepreneurialisme de marché. Dans la présente communication, nous remontons aux origines de la réforme commerciale, administrative et budgétaire du gouvernement local, c'est-à-dire à l'initiative de Deng de 1979 appelée « société ouverte ».Les réformes ont eu un succès mitigé et d'importantes leçons ont été tirées. D'abord, les modèles purs ne peuvent pas prévoir les résultats de façon certaine en raison de l'influence des ambitions personnelles des responsables de la mise en œuvre de la réforme. Ensuite, l'application de nouveaux modèles économiques et administratifs doit tenir compte du contexte culturel du pays. Dans une société habituée depuis longtemps à la direction et à l'autorité centrales, ceux qui sont chargés de la mise en œuvre de la réforme seront les premiers à profiter du changement. Troisièmement, des objectifs de réforme contradictoires – en Chine, ceux-ci sont illustrés par les termes « économie de marché socialiste » engendrent non seulement une certaine confusion pour les responsables de la mise en œuvre de la réforme, mais ouvrent également la voie à des comportements opportunistes.There has been a series of comprehensive reform initiatives in recent Chinese history aimed at improving bureaucratic efficiency, flexibility and innovation through management and fiscal decentralization. The local government sector in China carries major functional responsibilities from economic development to social welfare provision. It is responsible for over 70 percent of total government expenditure. Now, in the new millennium, the Chinese central government seeks to transform local government as part of its market liberalization strategy. This includes ‘privatizing' local enterprises (a process begun during the 1990s) and a rationalization of local bureaucracy. Although still a highly centralized administration, there has been a significant move away from a uniform approach to local government where now differentiation between regions and localities is actively encouraged. Within a still tightly constrained political structure, however, the reforms have done more than improve China's economic output. They have created incentives for local officials to engage in rent seeking and utility-maximizing behaviours. The article explores the reform initiatives and critically assesses results against this background.Points for practitionersChina has as many admirers as it does detractors for its economic transformation over the past 20 years, a transformation that has, remarkably, failed to challenge in any serious way its political system. Local government has been a key player in China's transition to a capitalist economy because it is at the local level that market entrepreneurialism has been unleashed. The article traces market, administrative and fiscal reform of local government since the Deng ‘open society' initiative of 1979.The reforms have had mixed success and important lessons have emerged. First, pure models cannot be certain predictors of outcomes because of the interplay of personal ambitions of those responsible for implementing reform. Second, an understanding of a country's cultural milieu is vital in the application of new economic and administrative models. In a society long used to central direction and authority, those charged with reform implementation will be the first to benefit from change. Third, contradictory reform objectives — in China these are captured in the term ‘socialist market economy' — not only creates confusion for implementers of reform, but opens up spaces for opportunistic behaviour.
- Les contextes culturels et les informations numériques gouvernementales - Manuel Pedro Rodríguez Bolívar, Carmen Caba Pérez, Antonio M. López Hernández p. 285-307 La façon dont les entités du secteur public rendent les informations publiques est influencée par le niveau de transparence adopté, et la construction de même que la gestion des sites Web sont des éléments de plus en plus essentiels des administrations publiques modernes. Il n'en reste pas moins que des différences existent à ce niveau entre les gouvernements au niveau mondial, en raison sans doute de facteurs contextuels différents. Dans la présente communication, nous examinons et analysons la façon dont les gouvernements centraux anglo-saxons, sud-américains et d'Europe continentale se servent de la Toile pour divulguer les informations d'ordre financier. Afin de mesurer la divulgation des informations financières gouvernementales sur l'Internet, nous avons défini un indice. Celui-ci tient compte des données considérées comme pertinentes pour un utilisateur potentiel et rassemble les données relatives à leurs sites Web. Les résultats indiquent que la façon dont les différents pays se servent de la Toile pour divulguer les informations financières est profondément liée à leur culture administrative. La conclusion est que les gouvernements d'Europe continentale et d'Amérique du Sud doivent améliorer la divulgation numérique de leurs informations.Résumé à l'intention des praticiensL'utilité du présent article pour les praticiens de l'administration publique est triple. D'abord, la présente communication révèle certains des éléments qui sont essentiels dans un modèle numérique lorsqu'une administration publique introduit des informations financières sur son site Web officiel. Deuxièmement, notre communication pourrait contribuer à encourager un processus d'analyse comparative entre différentes administrations publiques, afin d'harmoniser les informations financières du secteur public sur les sites Web. Enfin, notre article pourrait aider les administrateurs publics à auto-évaluer les informations financières publiques présentées sur leurs sites.> The way in which public sector entities disseminate information publicly is affected by the degree of transparency adopted, and the construction and management of websites are increasingly essential elements of modern public administration. Nonetheless, differences in this process exist among governments worldwide, probably due to different contextual factors. This article examines and discusses the approach of Anglo-Saxon, South American and Continental European central governments to the use of the Web as a means of making financial disclosures. To measure the disclosure of governmental financial information on the Internet, an index has been defined, taking into consideration the data considered to be relevant for a potential user, gathering the data visiting their websites. The results show that the way different countries use the Web for financial disclosure is deeply rooted in and follows from their administrative culture. In conclusion, the Continental European and South American governments should improve their digital reporting.Points for practitionersOur contribution in this article for the public administrators' practitioners is threefold. First, this article may reveal some of the items that are essential in a digital model when a public administration introduces financial information in its official website. Second, the article could contribute to encouraging a benchmarking process among different public administrations, helping to harmonize the public sector financial information in the website. Finally, the article may be a useful instrument for the public administrators to auto-evaluate the public financial information on their websites.
- Comptes rendus de livres - p. 309-317