Contenu du sommaire : Que faire des institutions ?

Revue Tracés Mir@bel
Numéro no 17, 2009/2
Titre du numéro Que faire des institutions ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Tribune

  • Articles

    • Instituer la toute-puissance ? Les rapports d'autorité dans la France d'Ancien Régime - Fanny Cosandey p. 39-54 accès libre avec résumé
      Cet article propose une réflexion sur les mécanismes de pouvoir dans la monarchie d'Ancien Régime, à travers les rapports qu'induisent les querelles de préséance. Entre les rangs considérés comme patrimoniaux par des sujets soucieux de maintenir leur prééminence, et une monarchie attentive à conserver la maîtrise de l'ordre politique (lequel passe par l'assignation des places lors des cérémonies), les tensions favorisent ? mais bloquent aussi ? l'affirmation de la toute-puissance. Cette apparente contradiction entraîne de fait des espaces de négociation ou de conflit dont la monarchie sait user pour imposer son autorité, tout en respectant les règles sociétales qui régissent l'organisation hiérarchique. Le nécessaire recours au roi pour arbitrer les querelles le met en position d'intervenir souverainement, et, ce faisant, d'imposer sa toute-puissance. Le jeu entre les contraintes imposées par l'équilibre des pouvoirs et la reconnaissance de sa légitimité, d'une part, et le besoin d'une autorité supérieure pour maintenir l'ordre, d'autre part, permet finalement d'instituer la toute-puissance, dont la notion, sinon l'exercice, s'avère un instrument politique efficace.
    • (Se) rendre conforme. Les limites de la critique au Conseil d'analyse économique - Thomas Angeletti p. 55-72 accès libre avec résumé
      Cet article se propose d'analyser empiriquement la question de la normalisation des comportements au sein des institutions, à travers le cas particulier du Conseil d'analyse économique (CAE), organisme regroupant des économistes chargés de conseiller le Premier ministre. Doté d'une double exigence formelle de fonctionnement, en proposant, d'une part, une pluralité scientifico-politique dans le recrutement et en valorisant, d'autre part, la confrontation des points de vue, ce conseil se trouve, de l'aveu même de ses membres, dans l'incapacité de générer les débats pour lesquels il a pourtant été créé. Deux facteurs explicatifs sont avancés : 1) nombre de ces économistes évoluent dans des espaces professionnels multiples, signe d'un rapport à la règle suffisamment distancié pour mettre en défaut ceux des participants qui surinvestissent l'institution scientifiquement ou politiquement ; 2) le déroulement normé des réunions au CAE génère des stigmatisations croissantes pour les économistes minoritaires, qui se voient reprocher leur incapacité à s'exprimer dans les formes requises (dépolitisation des débats, respect des grandeurs en présence, comportements réalistes), les amenant même à la défection. In fine, la conduite formellement pacifiée des débats au sein de l'institution doit autant à ses effets propres qu'au cloisonnement général dont la science économique a été l'objet au cours des dernières décennies.
    • L'institution comme réalisation du collectif - Franck Bessis p. 73-87 accès libre avec résumé
      Cet article articule les explications du changement institutionnel de l'économie des conventions et de la théorie de la régulation. La première section prend appui sur la théorie de la connaissance objective de Karl Popper, pour éclairer les relations entre les règles (versant objectif de l'institution) et les régularités liées de comportements et d'attentes supposées partagées (versant intersubjectif de l'institution). La deuxième section distingue trois niveaux de codification de ces régularités qui permettent une appréhension des institutions comme système hiérarchique de règles. La troisième section souligne la dimension normative de ces règles et interroge la notion de légitimité. La quatrième section explique la dynamique des institutions à partir de l'ambivalence des accords sur les règles et des limites du contrôle réflexif. La conclusion récapitule les différents enseignements de notre parcours dans une définition des institutions potentiellement commune aux deux approches.
    • Interroger les changements de la prison. Des processus de déprise et de reprise institutionnelle - Corinne Rostaing p. 89-108 accès libre avec résumé
      Dans cet article, nous nous interrogeons sur les possibilités de changement de la prison, une institution souvent décrite comme inapte au changement. Or elle connaît, d'après nos observations de terrain de longue durée dans les prisons françaises, des formes de « détotalisation » et de « déclin du programme institutionnel » communes à d'autres institutions, ainsi que des changements liés à l'influence croissante de la société sur la prison. L'analyse sociologique montre les dynamiques souvent contradictoires que connaît l'institution carcérale : d'une part, les pressions pour en faire une institution décente, de l'autre, la politique sécuritaire qui tend à renforcer son usage et à ouvrir de nouvelles possibilités d'arbitraire. L'étude concomitante des formes de désengagement et de renforcement institutionnels permettra de donner du sens aux changements observés.
    • Y a-t-il des règles constitutives ? - Olivier Morin p. 109-125 accès libre avec résumé
      En philosophie des sciences sociales, il est fréquent de lire qu'il n'existe pas d'institution qui ne soit basée sur une règle constitutive au moins. Par opposition aux règles qui se contentent d'organiser des comportements déjà existants, les règles constitutives, dit-on, rendent possibles des pratiques qui n'existent pas indépendamment de la règle qui les institue. On dit ainsi qu'il est absurde de se prêter à soi-même de l'argent, puisqu'il est constitutif de l'institution du prêt qu'il y ait un prêteur distinct du débiteur. Sans nier la possibilité de leur existence, l'article soutient que les intuitions que nous utilisons pour identifier les règles constitutives ne sont pas fiables. Un grand nombre d'institutions dépendent pour leur définition de personnes compétentes dont l'avis est susceptible de changements, malentendus et désaccords. Les mutations qui en découlent sont impossibles à anticiper a priori. Dire qu'une règle institutionnelle est constitutive, c'est faire un pari risqué sur l'avenir de l'institution concernée, et la solidité du consensus public sur lequel elle se tient.
    • La monnaie : les bases naturelles d'une institution - Sacha Bourgeois-Gironde p. 127-139 accès libre avec résumé
      Comment la monnaie a-t-elle émergé ? Les économistes proposent classiquement une définition de la monnaie en termes de réalisation de trois fonctions fondamentales (moyen d'échange, unité de compte et réserve de valeur). Une fois qu'on se concentre sur ces aspects fonctionnels, il est naturel de poursuivre une définition de la monnaie reposant essentiellement sur une convention entre agents sociaux capables de s'accorder et de communiquer. Le fait social monétaire est alors dépendant de conditions institutionnelles d'arrière-plan. Searle, en particulier, propose un modèle de cette relation de dépendance qui implique de manière cruciale le langage. Nous proposons une approche différente dans laquelle la valeur d'un stimulus monétaire (une pièce de monnaie par exemple) n'est pas dépendante de faits institutionnels préalables. Notre hypothèse, basée sur des observations empiriques, est que la reconnaissance qu'une pièce de monnaie est pourvue ou pas de pouvoir d'achat n'est pas un processus, du point de vue psychologique et neuronal, qui est dépendant du décodage préliminaire d'aspects symboliques et conventionnels par ailleurs associés à cette pièce. Nous faisons l'hypothèse que l'émergence et le succès culturel de la monnaie a été rendu possible par le recyclage de voies neuronales associées au préalable, au cours de l'évolution, au traitement de catégories écologiques telles que les visages et la nourriture.
  • Notes

  • Traductions

  • Entretiens