Contenu du sommaire : Economic cooperation reconsidered

Les cartels revisités : un survol de questions neuves, de méthodes nouvelles et de résultats surprenants. L'accord général concernant les avantages de la concurrence s'accompagne d'un consensus similaire autour du caractère destructeur des cartels. Partant de ce verdict, la présente contribution analyse diverses hypothèses et met en lumière une réalité pratique qui contredit ce jugement. De même que des exemples négatifs existent à coup sûr, on peut en trouver beaucoup de positifs. Dans une première étape, l'article présente des cas dans lesquels l'évidence historique contredit la perception négative traditionnelle. Une seconde traite des champs de recherche nouveaux pour une recherche future qui pourrait accroître beaucoup notre connaissance pratique de la cartellisation. Les cartels d'une part, les fusions-acquisitions de l'autre constituent les deux voies dans lesquelles une entreprise peut s'engager du point de vue de sa croissance externe. Alors qu'un comportement concurrentiel peut être impulsé au sein des cartels, il ne peut l'être dans les entreprises fusionnées. Une analyse récente du comportement coopératif contrôlée par l'État ouvre, en fin de compte, de nouvelles possibilités pour la décision économique prise dans le but de relancer la concurrence.JEL Codes: L4, L5, D42, F53, K21

Résistance et capacité d'adaptation des cartels sur les marchés australiens (1901-1967). Cet article examine la persistance du comportement de cartel en Australie. Il tire bénéfice de l'évidence relevée de 1901 à 1939, lorsque l'intérêt pour les cartels était intense. Il s'appuie aussi sur les études académiques menées depuis les années 1950 et 1960, à la fin desquelles fut introduite une législation antitrust moderne. Le but n'est pas d'identifier les cartels à long terme, mais les facteurs qui ont pu conduire à l'émergence du comportement de cartel. Il est possible d'identifier un comportement de préférence pour les cartels chez divers acteurs durant différentes périodes et dans certaines circonstances, mais toujours dans les mêmes industries et dans le même environnement ou dans d'autres qui leur sont immédiatement liés. Se trouve ainsi démontrée la réalité d'une « résilience » des cartels, c'est-à-dire d'une double capacité de résistance et d'adaptation. Bien que l'étude des structures industrielles puisse fournir la meilleure preuve « anthropologique » de l'existence des cartels, beaucoup peut être appris de la mise en évidence, sur une longue période, d'un comportement favorable aux cartels par-delà les types d'activités et de marchés. JEL Codes: K21, L41, N80

Les années 1920 constituèrent un âge d'or pour les cartels. Certains virent même en eux un moyen pour reconstruire l'économie européenne et résoudre le difficile problème des réparations. Tel fut le cas de Louis Loucheur. Grand patron de l'électricité et des travaux publics, il fut le principal organisateur de la mobilisation industrielle de la France durant la Première Guerre mondiale avec son prédécesseur le socialiste Albert Thomas. S'inspirant de l'action réalisée en Allemagne par Walter Rathenau, il s'entoura d'un brain-trust d'ingénieurs de premier plan, accéléra la rationalisation de l'industrie française et jeta les bases d'une politique pétrolière indépendante. Après la guerre, il joua un rôle déterminant dans la reconstruction du pays. Devenu leader de la gauche républicaine, il milita en faveur du développement des ententes et cartels internationaux. Pour lui, ils constituaient le seul moyen de réconcilier durablement la France et l'Allemagne ainsi que de faire face à la concurrence des États-Unis. Très actif au sein de la Société des Nations, il voyait dans les cartels un moyen prééminent d'aller dans la voie des États-Unis d'Europe.

Le libéralisme en tant que non-interférence de l'état. Le développement de la législation suédoise des cartels (1911-1953). En Suède, la libre concurrence a été considérée comme très (et de plus en plus) irréaliste durant la première moitié du xxe siècle. Une législation plus stricte en vue de combattre les cartels fut mise en place durant la seconde moitié de ce même siècle. Cette évolution avait été interprétée comme une composante de l'américanisation de même que la libre concurrence peut être considérée comme l'une des valeurs américaines de base. Durant la période 1911-1936, les débats au sein du Parlement suédois se concentraient sur le thème de la production : l'organisation privée de la concurrence, sous la forme de cartels, était considérée comme une voie permettant de diminuer les coûts et, par là, de réduire les prix. Au cours des années 1937-1953, la résistance face à l'intervention étatique s'effaça. Le processus d'urbanisation avait fait entrer la Suède dans la société de consommation de masse et le thème du marché devenait désormais plus au centre des préoccupations de chacun. Les pratiques des cartels relatives à la consommation, de même que le système des prix de gros, étaient désormais plus difficiles à défendre que les cartels de production. JEL Codes: N4, P1, K2, L4

Un avantage potentiellement décisif : les cartels d'exportation comme source de pouvoir pour les nations faibles. Cet article défend l'idée que les cartels peuvent être une source de pouvoir pour ces nations petites et faibles. Cet aspect a été souvent esquissé dans les débats publics courants au sujet des cartels, qui tendent à se focaliser sur leurs effets négatifs. En particulier, nous examinerons ici les cartels d'exportation, qui, dans la plupart des pays, se trouvent exclus du champ d'investigation des lois sur la concurrence, mais qui ont reçu, depuis la fin des années 1980, une masse croissante de critiques. Toutefois, ainsi qu'un certain nombre d'auteurs l'ont noté, les résultats empiriques disponibles ou les effets et les activités actuelles des cartels d'exportation sont vraiment limités. Cet article élargit nos connaissances en étudiant un pays, la Finlande, où ces institutions ont joué un rôle exceptionnellement important. Les associations finnoises d'exportation aidèrent les petits (voire insignifiants) producteurs du pays à devenir des acteurs effectifs sur les marchés mondiaux, et assurèrent la promotion du développement économique et technique dans leur propre pays. Néanmoins, les cartels finnois contribuèrent aussi à promouvoir la cartellisation du commerce international. JEL Codes: F52, L13, L41, L73, N44.

Concurrence et coordination : vers une reconsidération des formes de coopération économique dans le monde entrepreneurial néerlandais (1900-2000). Cet article prend en compte trois formes de coopération entre les entreprises : les associations entre intérêts économiques, les cartels et les fusions-acquisitions. Il ressort de manière claire que ces différentes pratiques coopératives sont souvent mutuellement connectées et même apparaissent selon une certaine séquence. Cet article suggère une trame historique de la coordination dans l'univers des entreprises. Cette évolution est causée par des éléments à la fois économiques et institutionnels, mais semble aussi tenir à des facteurs organiques. Les associations d'intérêts économiques se développèrent souvent dans le cadre d'une plate-forme d'accord de cartel. Cela a pu favoriser et même engendrer une coordination ultérieure à travers des fusions-acquisitions. Cet article constitue, par ailleurs, un volet d'un plus large projet de recherche portant sur l'évolution du système des affaires aux Pays-Bas au cours du XXe siècle. www.bintproject.nl et bwww.bintproject.nl, JEL Codes: D21, D22, D81, L13, L22, L41, L43.

Pas seulement des cartels. Dans cet article, le phénomène des cartels se trouve replacé dans une perspective plus large que d'habitude. Le but est de brosser un état de la question en vue de parvenir à une étude des cartels et de la concurrence en Suède avant 1950. Sont considérées ici les multiples formes par lesquelles les firmes interagissent entre elles, dont les cartels ne sont qu'une forme parmi d'autres. Ainsi le comportement de réseau au sein d'un oligopole était important durant la première moitié du XXe siècle. Est étudié ici l'impact des politiques et des pratiques des autres acteurs que les firmes, politiques et pratiques elles-mêmes en interaction. Le gouvernement, les organisations industrielles et les syndicats constituaient aussi des acteurs importants. Leurs activités poussèrent à la mise en place de restrictions de marché au-delà de ce qui avait été prévu. Les activités industrielles des coopératives de consommateurs dans les industries cartellisées ont été perçues dans le discours suédois comme une garantie en faveur d'un marché concurrentiel, mais il est loin d'être clair qu'elles aient pu avoir le moindre impact significatif sur le niveau des prix. Les firmes coopératives furent donc tout à fait profitables et leurs profits financèrent l'expansion d'un groupe industriel qui devint l'un des plus puissants de Suède. JEL Codes: D 2, D 4, D 72, L 1, L 4, L 78.

Des brevets à la constitution de stocks stratégiques. L'évolution historique des cartels internationaux de l'aluminium (1886-1945). L'industrie internationale de l'aluminium a été profondément et durablement caractérisée par la formation de cartels. Dès la fin du XIXe siècle, quand cette industrie est née, à la Seconde Guerre mondiale, une série continue d'ententes a été mise en place. Même si les interprétations les plus courantes considèrent la cartellisation seulement du point de vue de la compétition, cet article veut analyser les cartels sous la perspective de l'organisation industrielle, en étudiant leurs structures internes et l'impact qu'ils ont eu dans l'évolution des entreprises. Si la régulation industrielle était au cœur de l'activité des cartels pendant presque cinquante ans, sa légitimité a été progressivement mise en cause dans les années 1930 par l'intervention étatique. D'un plan de régulation internationale, donnée par les cartels, cette industrie a basculé vers une régulation nationale, pourvue par les politiques stratégiques.JEL Codes: F23, N42, N50, N60, N80, N10.