Contenu du sommaire : Devenir des universités

Revue L'Homme et la société Mir@bel
Numéro no 178, 4e trimestre 2010
Titre du numéro Devenir des universités
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Michel Kail p. 5-9 accès libre
  • L'université et les organismes publics de recherche à présent - Marie Cuillerai, Sophie Wahnich p. 11-15 accès libre
  • Le classement de Shanghai. Histoire, analyse et critique - Fabien Éloire p. 17-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le développement des classements internationaux est lié à la construction « d'une économie fondée sur la connaissance et sur l'ouverture à la concurrence internationale » qui soumet les systèmes nationaux à comparaisons et évaluations. Depuis 2003, année de son lancement, le classement dit « de Shanghai » s'est imposé comme l'un des rouages essentiels et structurants du dispositif idéologique néolibéral qui sous-tend les politiques nationales et européennes de « réforme » dans le domaine de l'enseignement supérieur et la recherche. Établi par l'université Jiao Tong, ce classement des cinq cents « meilleures » universités mondiales, a connu un succès immédiat et fulgurant, notamment en France. Chaque année, ce palmarès est très attendu, non seulement par le milieu médiatique, qui s'en fait volontiers l'écho ; mais aussi par les milieux politique et académique qui s'y réfèrent pour fonder des décisions stratégiques visant à y améliorer la position de leur pays et/ou de leurs universités. En France, le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche est organisé à la façon d'un service public, ce qui le démarque du modèle anglo-saxon. La thèse défendue dans cet article est celle du caractère performatif du classement de Shanghai : en objectivant une hiérarchie, auparavant informelle ou inexistante, il contribue à créer artificiellement les conditions d'un « marché » des universités.
    International rankings development is related to the construction of « an economy based on knowledge and openness to international compétition » which requires that national systems are to be compared and assessed. Since the « Shanghai ranking » has been introduced in 2003, it has become an essential and structuring mechanism of the neoliberal ideology, which underlines the national and European « reform » policies in the field of Higher Education and Research. Established by Jiao Tong University, this ranking of the top five hundred « best » universities in the world has experienced immediate and spectacular success, particularly in France. Each year, this ranking is highly expected, not only by the media, which are quick to publish and comment its results ; but also by political and academic makers, which use it to make strategic decisions in order to improve their country and/or their universities position. In France, the Higher Education and Research's public sector is organized differently than in Anglo-Saxon countries. This paper defends the thesis that Shanghai ranking is performative : it produces an objective hierarchy, which was before informal or non-existent, and it artificially creates the conditions for a universities « market ».
  • Science de l'évaluation : évaluation scientifique dans l'ancienne RDA après 1990 - Margaret Manale p. 39-49 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le traité d'unification signé par les représentants des deux États allemands édictera l'abandon de tout l'héritage de l'État « socialiste » et la transposition du modèle social ouest-allemand sur les territoires à l'Est. La privatisation des entreprises d'État de la RDA, en élargissant le champ des services publics ouvert au secteur privé, affectera aussi le secteur tertiaire, dont les activités d'enseignement, de recherche et de développement font partie intégrante. L'élite des enseignants universitaires et chercheurs de la RDA n'a pas opposé une grande résistance à la rationalité qui a entraîné le démantèlement des structures institutionnelles de leur pays. Et surtout, ils ont eux-mêmes propagé certains raisonnements qui ont facilité l'introduction à l'Est de dispositions favorables aux intérêts ouest-allemands. C'est ainsi que les experts ouest-allemands, s'érigeant en défenseurs de « la démocratie contre la dictature » et des « principes de scientificité », sont parvenus à déjouer cette concurrence des intellectuels de l'Est et à faire de la place à une offre adaptée au marché et aux perspectives de rentabilité dans un monde désormais globalisé.
    The German Unification Treaty signed between representatives of the two states disclaimed all heritage from the « socialist » state and imposed the West-German model of society on the territories in the East. The measures taken to privatise East-German state enterprises expanded the scope of public services open to private investment, affecting the tertiary sector and with it the activities of education, research and development. The East-German elite of academy researchers and university faculty members opposed in fact little resistance to the rationality which led to the destruction of the institutional structures of the former GDR. In particular, they themselves served as vectors for a certain number of arguments that served in setting up in the East the particular conditions favourable to West-German interests. In this way, West-German experts, presented as the defenders of « democracy against dictatorship » and of « the principles of scientificity », were able to impede competition from East-German intellectuals and to clear the field for a market offer consistent with the perspectives of profitability in a globalised world.
  • Frais d'inscription et prêts étudiants en Angleterre : discours, origines et effets - Aurélien Casta p. 51-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article a pour objet le développement concomitant depuis deux décennies, des frais d'inscription et des prêts étudiants en Angleterre. En resituant ce développement dans le contexte plus général des politiques publiques d'enseignement supérieur, il s'efforce de répondre à deux grandes questions. Comment expliquer le développement des frais d'inscription et des prêts étudiants depuis deux décennies en Angleterre ? Que sait-on d'ores et déjà des effets de cette politique sur la condition socio-économique des étudiants ? L'article montre que cette politique a pour origine la reprise en main de l'enseignement supérieur par les décideurs gouvernementaux, la mise au premier plan par les élites dirigeantes du rendement économique des études universitaires, et la revendication par les établissements les plus prestigieux d'une hausse continue des frais d'inscription. L'article détaille enfin les résultats de plusieurs recherches montrant que ces politiques encouragent les étudiants issus des milieux populaires à s'endetter davantage et à occuper des emplois plus prenants.
    This article deals with the continuous growth of tuition fees and student loans in England since the end of the 1980's. The article suggests that the background of that growth is the public policies of higher education made since 1945, and seeks to answer the following questions. How can the growth of tuition fees and student loans be explained ? What are the consequences of that policy on the socio-economic features of students ? The article shows that that policy comes from the fact that the decision-making process is more and more controlled by the department of State, the economic aims of higher studies are more and more important for political elites and the most famous universities keep demanding the increase in tuition fees. The article eventually introduces the results of several research which show that that policy lead the students from the lowest socio-economic groups to get into debt more and more and to have a more and more absorbing employment.
  • 30 % de boursiers dans les grandes écoles - Michel Kail p. 75-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article scientifique et politique s'interroge sur le sens de ce qui se présente comme une « mesure sociale », dans le cadre d'une politique libérale fondée sur un présupposé « économiste », en prenant l'exemple de la mesure proposée par Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, selon laquelle 30 % de boursiers devraient intégrer les grandes écoles au terme de trois ans.
    This scientific and political paper does its best to define the meaning of what it is named « social measure » within the context of a conservative politics based on the « economicist » presupposition, by analysing the example of the measure that Valérie Pécresse, minister of university education and research, has taken : 30 % of the granted students should be integrated into the « grandes écoles ».
  • Transmettre, le rire et l'utopie - Michel Kail p. 85 accès libre
  • Logique intellectuelle, logique empirique, logique scientifique - Louis Moreau de Bellaing p. 121-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Trois types de logique sont repérables dans la recherche en sciences humaines : logique intellectuelle, logique empirique et logique scientifique. La logique intellectuelle se combine avec la logique empirique dans l'empirisme interactionniste (peu scientifique), dans l'empirisme clinique qui va jusqu'à la conceptualisation et peut ouvrir sur l'inconscient. La logique intellectuelle avec peu de logique empirique est un travail sur les concepts, leurs articulations, leurs rapports de cause à effet et surtout leurs rapports dialectiques. Enfin, la logique scientifique combinée avec la logique intellectuelle et celle empirique peut se décomposer en plusieurs phases : l'approche du terrain documentaire ou concret, la rupture épistémologique, la conceptualisation, la problématique (ou problématisation), les hypothèses, la compréhension et l'explication explicites et implicites.
    Three kinds of reasoning organize the area of the social sciences : an intellectual one, an empirical one and a scientific one. The intellectual kind combines with the empirical one in the interactionist empirism (just a little scientific), in the clinical empirism which could conceptualize and be concerned by the unconscious. The intellectual reasoning works on the concepts, their linkings, their relationships of cause and effect and above all their dialectical relationships. The combination of the three reasonings could be split up into the concrete approach, the conceptualization, the problem, the hypothesis, the comprehension and the explanation.
  • Sciences humaines et humanité - Pierre Lantz p. 139-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pendant un siècle, de Durkheim à Bourdieu, la sociologie française universitaire a tenté de mieux répondre que la philosophie aux problèmes des sociétés en se définissant comme une science. La segmentation de l'Université en disciplines autonomes a permis cette affirmation de la sociologie. Garantie par une méthode circonscrite, elle se voulait une science comme les autres. Mais cette indépendance de la sociologie était limitée puisque ses questions et leur traitement lui étaient suggérées par ses commanditaires ou par l'État. Plus elle se voulait libre de tout préjugé, plus elle oubliait sa dépendance de fait et sa limitation aux faits. Ne faudrait-il pas revenir au conseil de Husserl qui demandait aux « fonctionnaires de l'Humanité » de ne pas réduire leurs ambitions aux conditions de fait mais de se référer à nouveau à l'horizon de l'Humanité ?
    Throughout a century, from Durkheim to Bourdieu, french sociology claimed to be a science and thus tried to better solve social problems whereas philosophy was considered as only able to put forward them. The self assertion of sociology was made easier as the University was more and more divided in autonomous fields. Granted by a defined methodology, sociology was supposed to be an ordinary science. But it was a restricted independence seeing that sponsors and the State proposed issues and acted upon the way to treat them. More sociologists boasted to be free, more they were oblivious of being in fact subordinate and limited by facts. Should we not return to the suggestion of Husserl who advised to « the civil servants of Humanity » to be enough ambitions to go beyond the actual facts and to anew refer to Humanity as their horizon ?
  • Harry Braverman face à la sociologie du travail - Stephen Bouquin p. 159-179 accès libre
  • Revue des revues - Thierry Pouch p. 182-192 accès libre
  • Comptes rendus - Christophe Maufras p. 193-213 accès libre