Contenu du sommaire : Raisons d'État
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales |
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Numéro | no 201-202, mars 2014 |
Titre du numéro | Raisons d'État |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Penser l'État - Sébastien Roux, Gisèle Sapiro, Christophe Charle, Franck Poupeau p. 4-10
Actions d'État
- L'action de l'État, produit et enjeu des rapports entre espaces sociaux - Vincent Dubois p. 11-25 En permettant de dépasser les fausses oppositions et les limites des notions ad hoc souvent mobilisées dans les approches dominantes de l'analyse des politiques publiques, le mode de pensée relationnel de la théorie des champs offre une base utile à la construction des politiques d'État comme un objet à part entière de l'analyse sociologique. Cet article propose dans cette perspective de mobiliser le concept de champ pour analyser l'action publique en tant qu'elle est fondée socialement sur des relations entre espaces sociaux distincts et contribue en retour à les structurer.How the relations between social fields both shape state policy and are shaped by it
To the extent that the relational approach of field theory enables us to overcome the false dichotomies and the shortcomings of the ad hoc concepts usually found in maintream policy analysis, it is a powerful conceptual resource that makes it possible to frame state policy as an object for sociological analysis. In this perspective, the paper proposes to use Bourdieu's concept of field to consider public policy as a process that is socially shaped by the relations between distinct social spaces and shapes them in return. - Régimes génocidaires et compartimentation de la société - Abram De Swaan, Françoise Wirth p. 26-43 À mesure que les États ont émergé et donné naissance à un système interétatique en monopolisant les moyens de la violence légitime sur leurs territoires respectifs, ils ont accumulé les ressources leur permettant de livrer des guerres toujours plus destructrices à l'encontre d'autres États. Ce phénomène ne concernait toutefois que des confrontations entre des parties en présence relativement symétriques, fort différents des épisodes de violence de masse extrêmement asymétriques au cours desquels des hommes organisés et armés s'en prennent à des populations non organisées et désarmées, donnant ainsi lieu à des situations d'extermination de masse. Ces épisodes d'extermination massive sont la résultante d'un processus de compartimentation qui se vérifie à tous les niveaux de la vie sociale : au niveau macro-sociologique des transformations sociales et culturelles ; au niveau méso-sociologique des politiques du régime en place ; au niveau micro-sociologique d'une « dé-identification » et d'un ostracisme croissants et quotidiens à l'encontre du groupe-cible ; et enfin, au niveau « psychologique » de l'internalisation du rejet du groupe-cible. Ce processus de compartimentation ne suit pas la même séquence dans tous les épisodes d'extermination de masse, mais on retrouve dans chaque cas de nombreux éléments, voire la plupart d'entre eux. On peut ainsi distinguer quatre types d'extermination massive. Premièrement, la « furie conquérante » : lorsqu'une armée victorieuse déferle sur une nation vaincue et se livre à des meurtres de masse afin de punir et de terroriser la population. Deuxièmement, un régime en place peut recourir à un « régime de terreur » afin d'intimider sa propre population. Troisièmement, un régime sur le point d'être vaincu par une armée étrangère peut encore recourir à l'extermination de masse contre un groupe-cible dépourvu de défenses, dans une configuration de « triomphe du perdant ». Et enfin, une vague apparemment spontanée de pogroms locaux, déclenchée et synchronisée par un événement majeur, ce qu'on appellera un « mega-pogrom ».Genocidal regimes and the compartimentalization of society
As states emerged in a system of states, monopolizing the means of violence within their respective territories, they accumulated the resources to wage ever more destructive wars against other states. But these were confrontations between relatively symmetric parties. This contrasts with the extremely asymmetric episodes of mass violence by organized and armed men against unorganized and unarmed people that constitute instances of mass annihilation. Leading up to such episodes of mass annihilation is a process of compartimentalization at all levels of social life : at the macrosociological level of societal and cultural transformation ; at the mesosociological level of the ruling regime's policies ; at the microsociological level of increasing everyday “disidentification” and avoidance of the targeted group ; and, finally, at the “psychosociological” level, of internalization of the predominant rejection of the targeted group. This compartmentalizing process does not occur in the same sequence in all episodes of mass annihilation, but many or most elements may be found in every instance. In fact, four kinds of mass annihilation may be distinguished. First, “conquerors' frenzy” : when a victorious army overruns a defeated foreign nation and loses itself in mass killings to punish and terrorize the population. Second, an established regime resorts to a “regime of terror” in order to intimidate its own population. Third, a regime that is about to be defeated by a foreign army nevertheless resorts to mass annihilation of a defenseless target group : a “losers' triumph”. And, finally, a wave of apparently spontaneous local pogroms, unleashed and synchronized by a major event :a “mega-pogrom”. - Le Brésil : un État-nation à construire : Le rôle des symboles nationaux : de l'empire à la république - Joseph Jurt p. 44-57 Lors du processus de constitution des États-nations modernes, l'identité nationale a été construite à travers des symboles tels que le drapeau et l'hymne national. Si dans la monarchie le « corps politique » du roi représentait la permanence de la communauté nationale, le « pouvoir sans corps » de la république avait besoin de symboles collectifs. Au Brésil, les symboles de la république, qui ne s'est constituée qu'en 1889, n'indiquent cependant pas une rupture radicale avec le régime monarchique antérieur comme ce fut le cas en France. Le drapeau impérial, esquissé par Jean-Baptiste Debret de la Mission artistique française, renvoyait aux couleurs dynastiques du couple impérial. Au moment de la constitution de la république, on garda sa structure en y ajoutant la devise « Ordem e Progresso », qui attestait que le groupe politique des positivistes avait su imposer son interprétation de la république. Quant à l'hymne national, la république ne put en imposer une nouvelle version, le peuple ayant su manifester avec succès sa prédilection pour l'hymne impérial que l'on conserva. Pour l'allégorie de la république, il y eut des tentatives de représentation par des figures féminines, trop proches cependant de la Marianne française. La figure historique de Tiradentes rencontra une résonance plus durable, elle permettait d'incarner plusieurs dimensions de la nation : l'abolition de l'esclavage et l'indépendance, le passé et le présent.Brazil : a nation-state in the making
The symbols of the Republic established in Brazil in 1889 do not indicate a radical break with the previous monarchical regime, as was the case in France. The colors of the imperial flag refer to those of the Bragança dynasty. The Republic maintained the flag's structure, but added the motto “Order and Progress,” which attested to the fact that the positivists had managed to impose their interpretations upon the new regime. As for the national anthem, the Republic failed to choose a new one and the people manifested their preference for the old imperial anthem. As for the allegory of the Republic, there were attempts to represent it with female figures which were, however, too similar to the French Marianne. The figure of Tiradentes had a resonance that was more durable because it allowed for the interconnection of two primary dimensions of the nation : the abolition of slavery and independence. - L'érosion discrète de l'État-providence dans la France des années 1960 : Retour sur les temporalités d'un « tournant néo-libéral » - Brigitte Gaïti p. 58-71 L'article tend à montrer la brièveté de l'épisode keynésien dans la vie politique française et la fragilité des conversions de l'élite politico-administrative au keynésianisme. Les transformations des compétitions bureaucratiques dans les années 1960 et le caractère extrêmement dispersé et fluctuant des politiques économiques et sociales de la présidence gaulliste permettent de repérer l'émergence d'orientations, de pratiques, de méthodes, plus sensibles à la question de la réduction de la dépense publique et à la restauration des grands équilibres économiques. Au cours des années 1970, ces réformes discrètes de l'appareil d'État et des politiques publiques sont publicisées et accentuées, formant ce qui devient un tournant néo-libéral.The discreet erosion of the welfare state in the 1960s France
This article describes how short-lived the Keynesian episode has been in the French political life. It also points out the fragility of the political-administrative elite's conversion to Keynesianism. In the 1960s, the evolution of bureaucratic competitions as well as the very scattered and fluctuating social and economic policies of de Gaulle presidency were early signs indicating the emergence of practices and methodologies aimed at reducing public spending and restoring a balanced economy. During the 70s, these initially low profile reforms of the state and of public policy became increasingly publicized and reinforced, eventually becoming a neoliberal turning point. - Pouvoir discrétionnaire et politiques sécuritaires : Le chèque en gris de l'État à la police - Didier Fassin p. 72-86 Les études sur la police tendent à opposer deux thèses, l'une dite de l'insularité, insistant sur le pouvoir discrétionnaire des agents, l'autre dite de l'instrumentalité, les considérant au service de l'autorité publique. L'enquête ethnographique conduite dans la région parisienne sur le travail de patrouille des unités de sécurité publique, et plus particulièrement des brigades anti-criminalité, permet de résoudre cette apparente contradiction entre la vision d'un État dans l'État et la conception du bras armé de l'État. En s'appuyant sur l'observation des pratiques en matière de répression des infractions à la législation sur les stupéfiants et en resituant la fameuse culture du résultat dans le cadre de la réorientation de la politique pénale, il est possible d'établir que, particulièrement dans les quartiers populaires, l'insularisation de l'activité policière constitue le moyen le plus efficace de son instrumentalisation. Ainsi les gardiens de la paix font-t-ils à la fois ce qu'ils veulent et ce que l'on attend d'eux. L'inégale distribution de l'usage de la sanction et de la force au détriment des populations défavorisées principalement d'origine immigrée redouble et légitime l'inégale distribution des ressources sociales. Tout en justifiant son action au nom de la sécurité collective et du bien commun, l'État pénal reproduit ainsi l'ordre social et, paradoxalement, fragilise l'ordre public.Discretionary power and security politics
Studies of the police tend to pit two theses against each other : the first is the thesis of the “insularity” of the police and it emphasizes the discretionary power of police agents ; the second is the “instrumentalist” thesis which considers policemen as agents of public authority. Ethnographic fieldwork conducted in the Paris area on the patrolling work of the public safety units of the police, and more specifically anti-crime brigades, makes it possible to solve this apparent contradiction between the notion of a state-within-the-state and the conception of the police as the armed branch of the state. Building upon the observation of repressive practices seeking to enforce legislation on drugs and resituating the notorious “result-driven management” within the context of the general reorientation of penal policy, the article suggests that the insularization of police activity constitutes the best means of its instrumentalization, especially in poor neighborhoods. It is by doing what they want that policemen also do what is expected of them. The unequal distribution of the use of force and of sanction against underprivileged populations composed mostly of recent immigrants overlaps with and legitimizes the unequal distribution of social resources. By justifying its policy in the name of collective security and the common good, the penal state thus reproduces the social order while, paradoxically, weakening public order.
- L'action de l'État, produit et enjeu des rapports entre espaces sociaux - Vincent Dubois p. 11-25
Actualité de Sur l'État
- Bourdieu, l'État et l'expérience chinoise - Pierre-Étienne Will p. 87-97 L'auteur débute par quelques réflexions sur la forme de l'enseignement de Pierre Bourdieu au Collège de France telle que la révèle Sur l'État et sur l'opposition entre le travail du sociologue et celui de l'historien, sur laquelle Bourdieu s'interroge beaucoup dans ce texte. Il reprend ensuite un certain nombre de considérations sur l'État développées dans l'ouvrage pour les confronter à l'expérience historique chinoise, sur laquelle il se réfère à quelques-unes de ses propres recherches – ainsi, sur l'assimilation de l'État à une divinité ou à une personne, sur l'État en tant que « champ », ou encore sur la genèse de l'État.Bourdieu, the state and the Chinese experience
This article starts with some reflections on the form of Bourdieu's lectures at the Collège de France as they appear in Sur l'État, and on the opposition between the work of the sociologist and that of the historian, as they are discussed at length in the text. It then addresses several considerations about the state developed in these lectures and sets them against the historical experience of the Chinese state ; it questions in particular notions of the state that liken it to a person or a god, the notion of the state as a “field,” and the genesis of the state. - À propos de Pierre Bourdieu et de la genèse de l'État moderne - Jean-Philippe Genet p. 98-105 Pierre Bourdieu s'interroge sur l'État en tant qu'objet social historique. En cela, il s'écarte de sa démarche antérieure, mais aussi de celle des historiens qui se limitent le plus souvent aux aspects matériels de l'État. Sa critique de l'approche des historiens est sévère, mais elle ne le conduit pas à remettre en cause sa confiance en leurs travaux. Pierre Bourdieu donne sa propre définition de l'État : il est ce qui fonde l'intégration logique et morale du monde social : si le consentement et la communauté ainsi créés sont illusoires, cela n'enlève rien à la puissance de cette illusion. La définition webérienne s'en trouve modifiée : il faut parler du monopole de la violence physique et de la violence symbolique, cette dernière l'emportant largement sur l'autre. De fait, la concentration et la maîtrise du pouvoir symbolique par l'État sont au cœur de la recherche de Pierre Bourdieu qui propose, pour analyser la façon dont le pouvoir symbolique génère consentement et légitimité, deux concepts : celui de la génétique structurale, pour comprendre la genèse des objets sociaux historiques tels que l'État, et celui de champ. Un aspect important du cours est la confrontation des vues de Pierre Bourdieu sur la genèse de l'État avec celles des « sociologues généralistes », dont il fait une critique sévère mais nuancée des théories historiques. Mais il est dommage qu'il ne se soit lui-même intéressé ni à l'Antiquité ni au Moyen Âge, ce qui lui interdit de voir à quel point le pouvoir symbolique de l'État s'est développé sur le modèle et dans le sillage de celui de l'Église et de la monarchie pontificale, dont l'essor est précisément contemporain de la genèse de l'État moderne.About Pierre Bourdieu and the genesis of the modern state
Pierre Bourdieu analyzes the state as a social-historical object. In doing so, he parts with his previous approach, but also with the approach of historians who often limit themselves to the consideration of the material aspects of the state. His critique of this historical approach is severe, but it does not lead Bourdieu to doubt the value of the historians' work. He proposes his own definition of the state : the state is what makes possible the logical and moral integration of the social world. If the consent and the community thus created are illusory, this does not take anything away from the power of such an illusion. The Weberian definition of the state is thus modified : one should talk about the monopoly of physical violence and of symbolic violence, the latter prevailing largely on the former. As a matter of fact, the concentration and control of symbolic power by the state are at the center of Bourdieu's work. He proposes to analyze the way in which symbolic power generates consent and legitimacy with two concepts : the concept of “structural genetics,” which explains the genesis of social-historical objects such as the state, and the concept of “field.” An important aspect of the lectures is the comparison of Boudieu's views with those of the “generalist sociologists,” whose historical theories he criticizes strongly yet with nuance. Yet, one regrets that Bourdieu has never expressed a significant interest in the Antiquity or the Middle Ages, since it prevents him from seeing the extent to which the symbolic power of the state has developed after the model and in the wake of the power of the Church and of the papal monarchy, the development of which is contemporary with the birth of the modern state. - Du bon usage des divergences entre histoire et sociologie - Christophe Charle p. 106-111 Sur l'État est fondé à la fois sur une analyse critique des pratiques des historiens sur ce sujet et sur un recours massif à la démarche historique pour fonder la théorie de la monopolisation de la violence symbolique légitime qui sous-tend la perspective de Bourdieu. L'article revient sur les usages de l'histoire et de la comparaison par Bourdieu et pointe un certain nombre de divergences avec les orientations actuelles de l'historiographie contemporaine où la violence physique « légitime » des États a été surtout au centre des recherches. De la même manière alors que Bourdieu établit une perspective de longue durée remontant au Moyen Âge, les historiens même influencés par la sociologie structurale insistent beaucoup plus sur les ruptures et les décalages entre l'émergence et l'affirmation des divers types d'États dans les périodes récentes. Ce cours ouvre bien des voies nouvelles mais n'apporte pas, comme tout cours forcément provisoire et inachevé, la théorie complète et exhaustive qu'une bibliographie foisonnante éloigne toujours plus de l'horizon du pensable global. Aussi le dialogue entre histoire et sociologie est-il plus que jamais nécessaire mais sur des bases renouvelées et non des querelles anciennes dépassées. Le comparatisme si décrié de divers côtés aujourd'hui au nom de paradigmes attrape-tout s'avère d'autant plus indispensable qu'il est particulièrement difficile à pratiquer dans l'état de parcellisation des travaux. Sur l'État en fournit certaines clés.On the appropriate use of the divergences between history and sociology
The first of Bourdieu's Collège de France lectures, Sur l'État, is based upon both a critical analysis of the historians' work on the topic and on a massive reliance on a historical approach in order to establish the theory of the monopolization of legitimate symbolic violence that underlies Bourdieu's perspective. The paper examines Bourdieu's use of history and of comparison, and indicates a number of differences with the main orientations of contemporary historiography, which focuses mostly on “legitimate” physical violence. Similarly, while Bourdieu follows a long-term perspective going back to the Middle Ages, historians, even when they are influenced by structural sociology, emphasize much more the discontinuities and the discrepancies between the emergence and the consolidation of different types of states in recent periods. This lecture does open new perspectives, but, being provisional and unfinished like any lecture, it does not provide a complete and exhaustive theory, which a prolific bibliography constantly expels from the realm of what is thinkable. As a result, the dialogue between history and sociology is more necessary than ever, but it must also take place on a renewed basis, rather than on obsolete quarrels. Comparatism has been criticized so frequently in the name of catch-all paradigms, but it turns out to be indispensable, not least because its practice is made more difficult by the fragmentation of existing work that currently prevails in this field. Sur l'État provides some hints as to how this can be done. - État-mort, État-fort, État-empire - George Steinmetz, Frédéric Junqua p. 112-119 Le cours de Bourdieu sur l'État replace le méta-champ étatique au sein du champ du pouvoir. Mais si Bourdieu semble rejoindre la théorie marxiste selon laquelle l'État tend à servir les intérêts des « dominants », il s'en écarte du fait qu'il ne voit pas nécessairement dans le pouvoir d'État une émanation directe du capitalisme ou un simple dispositif fonctionnel à son service. Cet article montre qu'il est nécessaire de replacer le cours de Bourdieu sur l'État dans l'espace des débats des années 1970 et 1980 sur l'État pour comprendre à la fois l'originalité de l'analyse proposée mais aussi le fait qu'elle se limite aux États démocratiques de l'Europe occidentale, en évacuant la question de l'empire et de l'État colonial.Defunct state, strong state, empire state
This article argues that Bourdieu's lectures help to reframe the study of the state. Of prime importance is Bourdieu's conceptualization of the state as symbolic violence and as a distinct sort of meta-field. Conflicts within and over the state are particularly intense, and the struggle between autonomy and heteronomy takes a specific form. This article also argues that Bourdieu's theory needs to be resituated in the space of debates over the state in the 1970s and 1980s and in more recent discussions of empire and colonial states. The concept of state should not continue to be seen as a modern stage following an archaic period of empires. States and empires are often combined as empire-states. Even in the modern era, states sometimes give way to empires.
- Bourdieu, l'État et l'expérience chinoise - Pierre-Étienne Will p. 87-97