Contenu du sommaire : Café et politiques
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
---|---|
Numéro | no 243, juillet-septembre 2008 |
Titre du numéro | Café et politiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- De l'ordre du café? - p. 235-242
- Le café, un marqueur identitaire en Amérique latine tropicale - Jean-christian Tulet? p. 243-262
- Le café et les pouvoirs au Burundi - Alexandre Hatungimana? p. 263-284 Le contact entre le café et le Burundi s'est effectué au début des années 1920, mais son extension a été effective en 1950. Cette nouvelle culture d'exportation allait mobiliser tout le pays, en commençant par la population « indigène ». Elle a pris une grande ampleur économique et politique qui explique la multiplication des acteurs. Les pouvoirs colonial (missionnaires et agents coloniaux) et postcolonial ont vite manifesté leur intérêt face à une production appelée à « révolutionner » le monde rural amené désormais à produire, en plus de la nourriture, de l'argent. Ainsi, le paysan « encadré » allait être capable de financer l'administration coloniale et jouir des bienfaits de la civilisation incarnés par l'acquisition des biens imposés par la modernité comme les cotonnades, les ustensiles de cuisine, les outils agricoles, etc. Indépendamment des époques, le café a été au Burundi au cœur des débats politiques, dans une ambiance où l'économie et les fantasmes ethniques se mêlent finalement. C'est par le biais de cette culture de rente que les différents pouvoirs qui ont été à la tête du pays, depuis la colonisation à nos jours, ont exercé, d'une manière décisive, tout leur poids sur l'économie et la société burundaise. Cette emprise reste intacte, en dépit des débats qui s'ouvrent aujourd'hui sur l'intégration dans le circuit commercial des associations de planteurs. Il est clair que le développement du paysan par le café, tant chanté par les différents régimes, a été entre autres piégé par le « trop d'État » dans le secteur caféier.Coffee and powers in Burundi The contact between coffee and Burundi was established at the beginning of the 1920s, but its extension was effective in 1950. This new culture of export was going to mobilize the whole country, to start with «indigenous». It took a great economic width and policy which explains the multiplication of actors. The colonial (missionaries and colonial agents) and post colonial powers quickly felt interest in this production likely “to revolutionize” the rural area that had to produce for money in addition to food since then. Thus, the supervised peasant was enabled to finance the colonial administration and to enjoy the benefits of civilization through the acquisition of goods imposed by modernity namely the cotton fabrics, the kitchen utensils, the agricultural tools etc. Regardless of the periods, coffee was in Burundi the key issue of political debates, in an environment where the ethnic and economic phantasms finally mix. It is by means of this culture of revenue that the various powers that ruled the country to date back to the colonization period up to now, exerted in a decisive way, all their influence on the economy and the Burundian society. This influence remains intact even today, in spite of the debates aimed at integrating the growers in the network of its commercialization. It is clear that the development of the peasant by means of coffee, so much praised by the various regimes was handicapped by “too much State” in the coffee sector.
- Café, caféiculteurs et vie politique dans les hautes terres de l'Ouest-Cameroun - Martin Kuété? p. 285-302 La manière dont l'activité caféicole a été gérée était porteuse de revendications voire de conflits. Elle a porté les problèmes agricoles des champs vers les rues et a façonné une classe d'hommes politiques de plus en plus actifs dans la gestion des affaires de la cité et du pays. L'implication des acteurs de la filière café dans la gestion politique du pays ou l'onction que certains hommes politiques viennent demander dans cette filière pour consolider leur assise ou pour se refaire des forces font partie des aspects que l'administration coloniale n'avait pas prévus en assignant les missions au café. Tout au plus, dans son esprit, le café devait procurer aux paysans l'argent pour répondre aux charges quotidiennes et surtout pour payer l'impôt ; renforcer le pouvoir des chefs locaux (à qui l'activité est prioritairement réservée) sur leurs sujets, en ajoutant à l'ascendance que leur confère la tradition, une dimension économique. Pourtant, pendant plus de 70 ans, c'est l'activité caféicole qui va façonner une civilisation en conditionnant et en animant les vies politique et sociale. Elle a ainsi participé pour une bonne part, à la construction du Territoire et des territoires, catalysé les crises socio-politiques qui accompagnent l'Indépendance (rébellion armée de la fin de la décennie 1950) et les suivantes (échauffourées marquant le passage de l'État unitaire à un Cameroun davantage démocratique). La disparition du caféier arabica de l'Ouest-Cameroun marque la fin d'une époque, d'une civilisation. Une autre aux contours encore très flous a commencé.Coffee, coffee culture and political life within the Western Highlands of Cameroon The way in which the activity of coffee was managed was a booster to protest and conflicts. It carried the problems of agriculture from the farms towards the streets and fashioned a class of politicians increasingly active in the management of city and country affairs. The implication of actors of the coffee network in the countries politics or the unction that some politicians demands of this network to consolidate their basis or to regain forces are some of the aspects that the colonial administration did not foresee when assigning missions to coffee. Moreover, within its spirit, coffee would have provided money to peasants for their daily charges and especially to pay for taxes; reinforce the power of local chiefs (to whom the activity is primarily reserved) on their subjects, by adding an economic dimension to the power conferred on them by tradition. Nevertheless, for more than 70 years, these coffee activities will shape a civilisation by conditioning and sustaining political and social life. As such, it participated greatly to the construction of the territory and territories; catalysed the socio-political crisis that accompanied independence (armed rebellion at the end of the 1950s) including the clashes that marked the transition from a unitary state to a more democratic Cameroon. The disappearance of the arabica coffee from western-Cameroon marked an end of an era, a civilisation and the start of a very blurred one.
- Farmers in socio-economic diversification in Nyeri Division? - Patrick Mbataru Nyambari p. 303-322 Diversification agricole post-caféière dans la région de Nyeri, Kenya La diversification est l'un des choix dans les activités commerciales. Face aux difficultés financières, on tente de diversifier. Dans les filières agro-alimentaires, la diversification se différencie selon le niveau de la filière : proche des consommateurs, les stratégies des acteurs sont plus spécifiques et rapides que celles des producteurs. Ces deniers réagissent lentement parce qu'ils manquent des ressources financières pour s'ajuster aux besoins du marché et ils diminuent les risques de production par la diversification vers d'autres produits.In the face of commercial challenges, diversification in any business is a natural reaction. Rapid mutation of a market chain calls for rapid responses by stakeholders. In an agro-chain, diversification depends with the level of the chain. The end nearer to the consumers tend to be more specific, stressing on value addition accompanied by attendant marketing activities differentiation, positioning, labelling, branding etc. This is vertical diversification. Established enterprises are able to respond quickly in to safeguard their market after a crisis in the chain. At the production level, producers may not have the wherewithal to adapt quickly to the market needs and will lower the risks by diversifying horizontally: introducing other ‘economic' crops within the cash crop. It takes much more time to re-establish the chain.
- Crise cacaoyère et stratégies de survie des producteurs : le cas des Bakwé dans le Sud-Ouest ivoirien - Maxime Tano p. 323-338 La crise cacaoyère de la fin de la décennie 1970 a profondément bouleversé les stratégies de survie des producteurs. Elle s'est manifestée par la rareté des facteurs de production (la terre et le travail), la diminution de la production et du revenu, la transformation du milieu écologique et la baisse de la pluviométrie. Pour faire face à l'ensemble de ces contraintes, les producteurs ont adopté diverses stratégies dont l'objectif est soit de diversifier les sources de revenu, soit de réduire les charges familiales.Cocoa crisis and producers' surviving strategies : the Bakwe in the South Western Côte-d'Ivoire At the end of the 70s, the cacao crisis has dramatically transformed the producers' surviving strategies. The crisis is reflected in the scarcity of means of production (land and labor), the diminution of production and revenues, the transformation of the environment and the decrease in rainfall. To face these constraints, the producers adopted new strategies, the aim of which is either to diversify the sources of revenue or to reduce the domestic charges.
- Cultures du café et dynamiques des rapports de genre en pays Bamiléké au Cameroun : effet de similitude avec la situation kikuyu au Kenya - Hélène Guetat-Bernard p. 339-354 Les contextes historiques contemporains, tant politiques qu'économiques, la similarité des milieux géographiques et les réponses à la crise des cultures de rente permettent la comparaison des « sociétés post-café » bamiléké du Cameroun et kikuyu du Kenya. Le café arabica, culture d'homme, n'assure plus l'apport monétaire suffisant à la survie des familles. Au contraire, les paysannes s'inscrivent dans des activités diversifiées qui renouvellent leurs rapports au marché tout en remobilisant aussi des savoir-faire anciens. Ces revenus monétaires nouveaux brouillent les identités de genre et modifient les rôles et devoirs de chacun et chacune notamment au sein de l'espace familial.Coffee society and diversifical gender activities between bamileke and Kikuyu men and women in Cameroon and Kenya The historical contemporary contexts, either politicaly than economicaly, the similarity of the geographical environment and the answers of the rent farming crises permit the comparaison of the “post-coffee” societies bamiléké of Cameroun and Kikuyu of Kenya. The arabica coffee, as a plant of man, give no more suffisant monetary support for the families's survival. However, the peasant women put down diversifical activities that renew their links to the market and remobilise also old know-how. These new monetaries incomes confuse the gender identities and modifie the roles and duties of every one particularly among the familial space.
- De la provenance à l'origine, de l'État au terroir : « nouveaux » discours pour l'affirmation qualitative des cafés d'Afrique de l'Est. : Réflexions d'un géographe - Jean Pilleboue p. 355-380 Depuis une dizaine d'années, on observe la diffusion du modèle sud-européen de construction de la qualité des produits agro-alimentaires hors de son aire historique. C'est en particulier le cas du vin dont l'organisation ancienne des liens avec le terroir est de plus en plus souvent projetée sur les cafés « de qualité » dont les caractéristiques seraient censées être inséparables de leur origine. L'analyse de documents vantant les qualités des cafés est-africains montre que, sauf exceptions étroitement localisées, cette transposition est très inégalement avancée et que, même en Éthiopie, on est encore loin de la conception du café comme étant le produit d'un individu caféiculteur œuvrant dans un terroir délimité. Pour l'essentiel, la mise en exergue des qualités des cafés est-africains fait toujours référence aux caractéristiques identifiées depuis des dizaines d'années.For the last decade, we have observed the dissemination of the South European model of agro-products quality out of its historical area of origin. It is particularly the case for wine of which the specific relationships with the “terroir” are an example for the process of qualification of coffee, as its characteristics should be linked to the geographical origin. The analysis of leaflets promoting East African coffees' quality shows that the adaptation of this quality process is unequal: even in Ethiopia there is still a long way from the idea of a coffee produced by a specialized farmer within a delimited and qualified area. Generally, the bringing out of the east African coffee qualities still refers to the characteristics which have been identified for long.
- Can good coffee prices increase smallholder revenue? - Anand aithal et fabrice Pinard p. 381-402
Compte-rendu
- « La mémoire des sols » de Simon Pomel - Michel Mietton p. 403-406