Contenu du sommaire : Cameroun
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | no 259, juillet-septembre 2012 |
Titre du numéro | Cameroun |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le Cameroun : une « Afrique en miniature » ? - Paul Tchawa p. 319-338 Le Cameroun est-il vraiment l'« Afrique en miniature » tel que le montre une certaine littérature ? Ce qualificatif a été repris si souvent qu'on est droit de rechercher puis d'analyser les facteurs qui peuvent, seuls ou associés, expliquer une telle affirmation. Tel est le principal objectif de cette contribution. Plus qu'un exercice de collecte et de traitement de données de première main, cet article se veut plutôt une réflexion développée à partir de productions de différentes natures. On arrive après analyse à la conclusion selon laquelle, en dépit du fait qu'il est illusoire de considérer qu'un pays peut, à lui seul, être le résumé de tous les autres, de nombreux éléments, tant physiques que sociolinguistiques et historiques, semblent curieusement conforter la prise de position des adeptes du slogan : « Le Cameroun, une Afrique en miniature ». Parmi ces facteurs figurent en bonne place : une situation idéale au centre du continent, entre l'Afrique des plaines et des plateaux, l'Afrique des forêts et des savanes, l'Afrique des chrétiens et des musulmans, l'Afrique anglophone et francophone. Il reste que du point de vue scientifique, ce slogan, bien que fondé, paraît tout de même être excessif.Is Cameroon really “Africa in miniature” as supported by a category of authors? This idea has been so frequently defended that there is need to search and analyze factors which can justify the use of this famous slogan. This is the main objective of this contribution which stands as an in depth analysis based on secondary materials available rather than a field survey with collection of primary data and treatment. The conclusion of this exercise is that, even though a country cannot by itself be considered a miniature of all others, many physical, sociolinguistic and historic factors seem curiously favorable for those defending the idea of Cameroon an “Africa in miniature”. Among those factors there is an ideal localization of Cameroon at the center of the continent, between plain and plateau areas, the forest and savanna Africa, Christian and Muslim Africa, anglophone and francophone Africa. Nevertheless, on a strict scientific point of view, this slogan, despite some justifying elements, seem exaggerated.
- Le régime de la zone franche industrielle au Cameroun (ZFIC) : résultats mitigés d'une stratégie d'industrialisation - Aurore Sara Ngo balepa p. 339-369 Les stratégies d'industrialisation expérimentées avec succès dans de nombreux pays du Sud montrent leurs limites dans certains autres. C'est le cas du régime de la zone franche industrielle dont les principaux objectifs au Cameroun sont la promotion de nouveaux investissements productifs, l'augmentation des exportations, et la création d'emplois. Une vingtaine d'années après son intégration dans la politique d'industrialisation du Cameroun, ce régime se singularise encore par des résultats très mitigés, eu égards aux espoirs d'industrialisation et de développement socio-économique qu'il porte. Cet article se propose d'analyser les résultats du régime de la zone franche du Cameroun par une démarche méthodologique qui privilégie l'exploitation des textes législatifs et règlementaires, des données statistiques obtenues dans les ministères, dans les organismes spécialisés et principalement à l'Office National des Zones Franches Industrielles (ONZFI), à l'Institut National de la Statistique du Cameroun (INS), et leur traitement numérique. Il révèle que les premiers agréments au régime de la zone franche industrielle du Cameroun (ZFIC) remontent à 1992 ; en 2010, ses données sont d'une quarantaine de points francs industriels (PFI), dont 22 seulement sont opérationnels, de 3 645 emplois permanents et saisonniers peu qualifiants, d'investissements s'élevant à 25 millions de Fcfa ainsi qu'à des échanges avec l'économie nationale de l'ordre de 31 millions de Fcfa, et à une participation de 15 % aux exportations industrielles du pays alors que le déficit de la balance commerciale est de 876 millions de Fcfa et persiste. Ce sont des effets induits socio-économiques mitigés. Cette étude tend à confirmer les limites des approches de l'industrialisation conventionnelles dans les États du Tiers- monde.Cameroon's Industrial Free Zone regime (CFIZ) : mitigate results of a hope bringing industrialization strategy Industrialization strategies are successfully tested in many countries of the South but reveal their limits in others. This is the case of the Cameroon's Industrial Free Zone regime (CFIZ) whose main objectives are to promote the creation of new firms, increase exports and create employment. Twenty years after its integration into the industrialization policy of Cameroon, this regime still singles itself out rather with mitigating results, especially from the stand point of the hopes in industrialization and socio economic development that come along with such a project. This article aims at analysing the results of this Cameroon's Industrial Free Zone regime, giving preference to the exploitation of administrative and legislative tests in place, the numeric treatment of statistical data from ministries, specialized organizations such as the National Office for Free Industrial Zone (NOFIZ) and the National Institute of Statistics of Cameroon (NIS). It reveals that the first approvals accorded by this Cameroon's Industrial Free Zone agreements date as far back as 1992 ; by 2010, statistics reveal that there are only forty of such approvals, out of which only 22 are functional. Furthermore, other emerging characteristics of this Free Zone reveal that there are 3 645 permanent and seasonal jobs that are being created, but these are of low managerial quality. Investments of 25 million Fcfa, its financial contributions of 31 million Fcfa into the national economy and a 15 % contribution to the national exports are still at very low ebb. All this buttresses the trade balance deficit of 876 million Fcfa which still persists. The afore-mentioned socio-economic results are then qualified as mitigated. This study therefore attempts to confirm the limitations in the conventional approaches of the industrialization of Third World states.
- À propos de l'opération d'embellissement de Yaoundé, capitale d'Afrique centrale - René Joly Assako assako p. 371-393 La Communauté urbaine de Yaoundé est dirigée depuis juin 2005 par un délégué du Gouvernement qui a pour cheval de bataille une opération d'embellissement de la capitale camerounaise, qui suscite de nombreuses réactions. Grâce entre autres, aux crédits issus de différents programmes de remise de dette dont le Contrat Désendettement Développement (C2D), l'Initiative de l'Allègement de la Dette Multilatérale (IADM), ce super maire nommé par Décret présidentiel procède aux déguerpissements des quartiers populaires anarchiques, à la construction d'infrastructures de transport et à la réalisation d'espaces verts. Ces aménagements transforment considérablement la physionomie de la capitale camerounaise. Mais, il s'agit d'une opération controversée, mal perçue par les autres maires y compris ceux des Communes urbaines d'arrondissement du parti au pouvoir. La fréquence et la prégnance des conflits qui résultent de cette situation sont largement et régulièrement relayés par les médias nationaux et internationaux qui s'attardent sur le sort des déguerpis abandonnés à eux-mêmes. Cette contribution analyse cette opération controversée en trois articulations, à savoir : l'appréciation de la gouvernance municipale dans le cadre de laquelle se déroule cette opération, l'examen des actes d'aménagement urbain posés en vue de l'embellissement de la ville de Yaoundé et les propositions de perspectives de l'action municipale.Politics of embellishment of the Cameroon capital, Yaoundé. The Yaoundé Urban Council is since June 2005 headed by a Government Delegate whose main task is the embellishment of the Cameroon capital that creates several reactions. Thanks among others, to credit from different debt relieve programmes with the non-indebtedness and development agreement (C2D), the German Initiative of Multilateral debt (IADM), this super mayor appointed by presidential decree proceeds by clearing off anarchical spontaneous quarters, construction of transport infrastructure and the creation of green spaces. These adjustments considerably transform the physiognomy of the capital of Cameroon. But this is a controversial operation, considered badly by other mayors including those of the sub-divisional urban councils of the party in power. The frequency and the intensity of conflicts resulting from this situation are largely and regularly retransmitted by national and international media who hang on the fate of the displaced abandoned to themselves. This contribution analyses this operation in three articulations, namely : the appreciation of municipal governance in the framework within which this operation is taking place, examination of the act of urban development carried out in order to embellish the town of Yaoundé and the proposal of perspectives for council action.
- Infrastructures de transport et destin des territoires frontaliers du Sud-Ouest camerounais : cas de Mamfé et sa région - Aristide Yemmafouo, Ako Yvonne Oneke, Laurien Uwizeyimana p. 395-416 Les problèmes de développement économique en Afrique sont avant tout liés à la question des transports, c'est-à-dire à la manière dont les différents territoires sont interconnectés et échangent leurs services. Au Cameroun, malgré les efforts d'aménagement du territoire, nombre de régions sont encore enclavées. Les régions frontalières souffrent plus particulièrement d'un réel isolement avec le reste du pays. C'est par exemple le cas de la région du Sud-Ouest où l'enclavement handicape sérieusement la mobilité non seulement à l'intérieur du territoire, mais aussi vers les centres économique (Douala) et politique (Yaoundé) du pays. Du coup, la région se tourne vers le Nigéria qui offre des opportunités d'échanges plus avantageuses. Au niveau de Mamfé, la Cross river sert de voie d'échange naturelle dont l'exploitation permet d'ouvrir la région sur l'espace économique du Nigéria. Au-delà de la question de l'enclavement lui-même, se pose celle des conséquences des dynamiques économiques dans les territoires frontaliers en Afrique centrale en terme d'intégration nationale. Cette question, même si elle paraît politiquement sensible mérite d'être posée. Dans ce cas précis, quel sens faut-il encore accorder à la notion de frontière ? Se souvenant des récents litiges sur la partie maritime de cette frontière Cameroun ? Nigéria, on peut craindre que les dynamiques actuelles basées essentiellement sur le jeu enclavement ? ouverture économique ne conduisent à une réorganisation socio-économique, voire politique de la région de Mamfé.Transport infrastructures and the fate of border territories of South?
West Cameroon : The case of Mamfe and its region. The problems of economic development in Africa are first of all due to transport constraint. This is seen in the different ways by which territories interconnect and exchange their services. In Cameroon, despite the efforts of the territorial development, most regions remain enclaved. Border regions particularly suffer of poor integration to the rest of the country. It is the case of the South West region, where enclavement did not only hinder mobility within the region but also towards economic (Douala) and political (Yaoundé) centers of the country. The region now turns towards Nigeria which offers better exchange opportunities. At Mamfe, the Cross river serves as a natural means of exchange whose exploitation makes it possible to integrate the economic territory of Nigeria. Beyond the problem of enclavement, are the consequences of economic changes in the border territories of central Africa. This problem even if it seems politically sensitive must be posed. In this case, can the notion of frontier still considered ? Recalling the recent dispute over the coastal part of Cameroon – Nigeria border, its worth thinking that the actual changes based essentially on the problem of enclavement and economic opportunities leads to a socio-economic and even political re-organization of the Mamfe region. - La géographie camerounaise face au défi de la transversalité - Jean-Louis Dongmo p. 417-436 Sortie à l'origine du moule de la géographie française, la géographie camerounaise a rapidement trouvé sa voie grâce notamment aux influences de la géographie anglo-saxonne dont le développement a été rendu possible par un bilinguisme d'État affirmé. Cette géographie a continué de s'ouvrir et de se moderniser comme en témoignent le contenu des thèses, des programmes d'enseignement, et l'orientation des publications au fil du temps. Ce dynamisme est traduit aussi par le passage des méthodes empiriques à la démarche hypothético-déductive mais encore plus par une transversalité incontestable qui prédispose la géographie camerounaise à l'action. Élargissement du champ et maniement des principaux concepts et théories des sciences sociales ne peuvent être déniés à cette géographie dont le dynamisme semble avoir été accéléré par les réformes universitaires successives parmi lesquelles celle ayant abouti à la création de nouvelles universités d'État dans le pays. Cette réflexion repose sur les documents d'archives (programmes, publications, mémoires et thèses, compte rendus de réunions) dont l'analyse apporte les preuves de la transversalité qui est aujourd'hui reconnue comme étant l'une des manifestations de la vitalité des disciplines.Cameroonian geography and transversality approach
Originally shaped by the French geographic school of thought, Cameroonian Geography has recently found its way thanks partly to the Anglo Saxon geographic influences which presence is linked to the country official bilingualism. Cameroonian Geography has continued to diversify and modernize itself as viewed in thesis, teaching programs and scientific publications over time. This vitality is shown also by the changing from empirical to hypothetico-deductive approach and by an irrefutable transversality which prepare Cameroonian Geography to action. Research scope widening and introduction of the use of Social sciences concepts and theories cannot be contested to this Geography whose dynamism seem to have been accelerated by successive university reforms and particularly that which resulted in the creation of many state universities in the country. This paper is written from archives (University curricula, scientific publications, Thesis) which bring evidences of transversality know today as one of the key indicator of science vitality. - Défis et perspectives du développement de l'activité touristique à Foumban, ville historique de l'Ouest Cameroun - Moïse Moupou, Alfred Homère Ngandam mfondoum, Christian Njilou p. 437-455 La simple évocation du nom de Foumban rappelle aux touristes nationaux et internationaux les grandes richesses culturelle et artisanale du peuple Bamoun. En effet, qu'il s'agisse du Palais royal édifié au début du XXe siècle, de son musée riche d'attributs royaux et d'objets anciens, ou encore de la diversité des pratiques ancestrales lors des manifestations du Ngouon, le chef-lieu du département du Noun attire en moyenne 4 500 à 5 000 visiteurs chaque année. Ces visites sont tournées essentiellement vers le Palais et son musée. Les principaux acteurs intervenant dans l'activité touristique sont : le Sultan, Roi des Bamoun, qui supervise et coordonne le bon déroulement du tourisme afin d'en sauvegarder principalement l'aspect culturel ; des opérateurs touristiques, qui partent des grandes métropoles avec leurs « clients » vers Foumban ; les guides locaux, qui selon le degré de confiance qui leur est accordé, ont accès au musée royal. En dépit du fait que chacun de ces acteurs joue un rôle essentiel pour le développement du tourisme dans la ville, quelques lacunes peuvent être décelées. Ainsi, on peut remarquer entre autres : la concentration de l'activité au centre ville et donc la non visite de certains autres sites potentiels ; l'inexistence d'un circuit préétabli connu à l'avance, d'où la monotonie de celui actuel ; le nombre limité d'acteurs ; l'entretien non assuré et la durabilité mise à mal de certains sites et dans le milieu naturel en général. Cette contribution part de l'hypothèse selon laquelle la gestion concertée du tourisme entre des acteurs diversifiés est une solution pour une meilleure définition du rôle des acteurs, une utilisation optimale et durable des sites touristiques de la ville, et par conséquent une multiplication des flux. Son objectif est alors d'aboutir à la proposition d'un schéma local de gestion touristique, avec reprécisions des rôles des acteurs, en fonction de la hiérarchisation sociale et des exigences administratives et institutionnelles. Les résultats obtenus sont la mise en place d'un schéma stratégique local de gestion concertée du tourisme, dont la configuration favorise la durabilité.The simple evocation of Fumban reminds national and international tourists of the great cultural and artistic treasures of the Bamun people. Be it the royal palace constructed at the dawn of the 20th century, her museum enriched with treasures and royal attires, and/or the diversities of ancestral practices during the Nguon celebrations ; the headquarters of the Noun division is a treasure which attracts between 4 500 and 5 000 visitors each year. Visits are mainly directed to the palace and its museum. The principal actors involved in the practice of touristic activities are : his Royal Highness the Sultan, King of the Bamun who supervises and coordinates the good functioning of the cultural aspects ; the touristic operators, who come from metropolis with their client to Fumban ; local guides who, according to the degree of confidence put on them, have access to the royal museum. if it seems that each actor plays an essential role for the development of tourism in the town, some lacunas can be observed ; outstandingly there is : a concentration of touristic activities in the central town ; the non existence of a predefined circuit, therefore monotony in the actual circuit ; a limited number of actors ; a lack of maintenance of some sites in the natural environment. This article relies on the hypothesis that concerted management of tourism between actors is a solution for a better definition of their role for an optimal and sustainable utilization of touristic sites in the town, and consequently, a multiplication of incoming flow. The objective is to propose a local scheme of touristic management, with precisions on the role of actors according to the social organization of institutional and administrative requirements. The main result is that the implementation of a strategic local scheme of concerted management of tourism with configuration favors sustainability.