Contenu du sommaire : Varia
Revue | Raisons Politiques |
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Numéro | no 40, novembre 2010 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Varia
- Multiculturalisme et construction nationale : le cas de la Bosnie-Herzégovine - Magali Bessone p. 5-19 L'article explore, à partir du cas de la Bosnie-Herzégovine, certaines difficultés que peut poser l'exportation du modèle multiculturaliste en-dehors du cadre libéral, notamment dans les situations de reconstruction nationale après un conflit « ethnique ». Il montre que la Constitution de la Bosnie-Herzégovine, pensée comme un modèle de mise en place de politiques multiculturelles, a en réalité consisté à enkyster les identités ethno-nationales au niveau le plus fondamental. Il suggère que le kom:siluk, éthique du bon voisinage, pourrait servir de soubassement à un autre modèle de multiculturalisme, favorisant une approche spatiale, contextualisée et fluide, des groupes en jeu et non une approche en termes d'identités ethno-nationales. Il argue enfin qu'un État minimal, chargé de la redistribution équitable des biens sociaux premiers, est une condition nécessaire et sans doute suffisante pour que le fait du multiculturalisme soit préservé.
- Histoires d'institutions. : Réflexions sur l'historicité des faits institutionnels - François Buton p. 21-41 L'article examine les modalités par lesquelles la dimension historique des institutions se manifeste aux acteurs sociaux, en dehors du cas particulier des récits qui la visent explicitement. Prenant appui sur le cas de la catégorie de classement « aveugles et sourds » étudiée dans de précédents travaux, l'article propose de dépasser l'opposition entre l'historicité évidente des institutions à l'état objectivé et l'historicité cachée des institutions à l'état incorporé. Il se penche sur les conditions permettant aux acteurs de percevoir l'historicité des institutions (situation de crise d'une institution, de concurrence entre institutions ou d'altérité d'une institution) ainsi que sur les modalités de la production incidente de l'historicité dans le cours même de l'activité de ceux qui produisent les institutions.
- Le nouvel idéal politique : Enquête sur la teneur et la cohérence de la théorie républicaine contemporaine - Edwige Kacenelenbogen p. 43-73 À partir d'une enquête sur la proximité entre les fondements épistémologiques du républicanisme moderne et ceux de l'idée néolibérale, cet article interroge la cohérence de la doctrine républicaine contemporaine en tant que projet d'organisation politique et social. Sans occulter les zones de profonde divergence entre ces deux compréhensions spécifiques du politique, j'éclaire l'existence d'une proximité entre les républicanismes de Philip Pettit, David Miller et Jean-Marc Ferry, d'une part, et le paradigme néolibéral élaboré par Friedrich Hayek de l'autre. Outre la prégnance, dans les deux courants de pensée, de l'empire du droit et de la menace de l'imperium étatique, j'identifie en leur sein une même révérence pour l'autorité d'une raison collective issue d'un nexus d'individus interconnectés. Je m'attache ainsi à prouver l'existence, dans les deux courants, d'un idéal essentiellement intersubjectif et fondé en majeure partie sur le rôle des opinions. Mon enquête vise à éclairer les raisons ainsi que les enjeux de cette étrange proximité entre ces deux visions a priori très différentes du politique.
- Le souci de l'élite politique chez les libéraux - Olivia Leboyer p. 75-95 Le phénomène de l'élite politique est une réalité et, dans le même temps, il ne cesse de susciter des jugements de valeurs, comme s'il constituait une sorte de pierre d'achoppement de la modernité. Analyser la place de l'autorité et des hiérarchies permet d'interroger les limites du libéralisme et du système représentatif. De fait, les libéraux ne manifestent pas tous le même attachement à la démocratie, ni aux principes du libéralisme. Il y a visiblement une difficulté à penser l'élite, ou la dimension élitiste du pouvoir. Est-ce une difficulté propre à la pensée libérale ? Nous étudions la conception de l'élite de trois libéraux, représentant chacun un certain type de libéralisme : Guizot un libéralisme fermement antidémocratique ; Hayek un libéralisme qui opère une distinction soigneuse entre libéralisme et démocratie, pour poser la primauté des principes libéraux ; Rawls un libéralisme qui considère que libéralisme et démocratie se conditionnent mutuellement, leurs principes se fondant harmonieusement dans la démocratie libérale.Il s'agit de mettre en lumière trois conceptions singulières des principes de liberté et d'égalité, trois modes de compréhension de la démocratie. Si le libéralisme, dans tous ses courants, témoigne d'un souci de l'élite, peut-on parler d'un élitisme libéral ? Quels principes cette appellation recouvrirait-elle ? Ces questions doivent nous aider à éclairer l'énigme de la démocratie libérale.
- Ce que la science-fiction pourrait apporter à la pensée politique - Yannick Rumpala p. 97-113 La littérature de science-fiction n'a pas qu'une dimension narrative. Par ses montages spéculatifs, elle peut être un support et un vecteur de réflexivité collective. Cet article part ainsi de l'hypothèse que la science-fiction représente une façon de ressaisir le vaste enjeu du changement social, et derrière lui celui de ses conséquences et de leur éventuelle maîtrise. La science-fiction offre, certes plus ou moins facilement, des terrains et des procédés pour s'exprimer sur des mutations plus ou moins profondes, plus précisément sur les trajectoires qu'elles semblent pouvoir prendre. En considérant cette forme d'expression artistique comme un travail de problématisation, l'article propose donc d'examiner comment l'appréhension du changement social est travaillée par cette médiation littéraire et surtout de montrer comment cette appréhension pourrait nourrir des réflexions relevant d'une forme de pensée politique. Ce lien entre l'expression artistique et ses potentiels prolongements politiques est mis à l'épreuve à partir de l'exploration de courants généralement considérés comme porteurs de positions engagées (cyberpunk et postcyberpunk, biopunk, fiction spéculative, anticipation sociale, etc.).
- Règle d'or et logique d'équivalence - Johann Michel p. 115-133 Issue originellement du testament judéo-chrétien, la Règle d'or (« Ne pas faire à autrui ce que l'on ne voudrait pas que l'on nous fasse ») s'est sécularisée dans la culture morale occidentale au point de tenir lieu fréquemment de maxime de nos interactions quotidiennes. L'objectif de cet article consiste à se demander si cette règle peut fonder des principes de morale et de justice. Si l'on se place dans le cadre déontologique d'une philosophie procédurale, la règle d'or est considérée comme un stade inférieure de normativité dans la mesure où il s'agit d'une maxime tirée d'une éthique narrative particulière impropre à s'élever au rang de principes. Si l'on suit au contraire l'herméneutique critique que propose Paul Ricœur, la Règle d'or s'élève au rang de maxime suprême de la normativité présupposée par toute entreprise de fondation procédurale des principes de morale et de justice. La thèse défendue par Johann Michel cherche à montrer que c'est moins la Règle d'or que la logique d'équivalence qui est à même de jouer cette fonction principielle, la première n'étant qu'une expression particulière de la prétention à l'universalité de la seconde.
- Jane Mansbridge - Muriel Rouyer, Jane Mansbridge p. 135-155
- Multiculturalisme et construction nationale : le cas de la Bosnie-Herzégovine - Magali Bessone p. 5-19
Lectures critiques
- Lectures critiques - p. 157-163