Contenu du sommaire : L'image filmique
Revue | Sociétés |
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Numéro | no 96, 2007/2 |
Titre du numéro | L'image filmique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Contributions
- Avant-propos - Amal Bou Hachem, Fabio La Rocca p. 5-8
- De Kracauer à Dark Vador, prises de vue sur le cinéma et les sciences sociales - Emmanuel Ethis p. 9 De véritables propositions programmatiques d'une sociologie du cinéma ont jalonné l'histoire intellectuelle du XXe siècle. La plus remarquable d'entre elles, et sans doute celle qui mérite d'être citée en tant que référence pour éclairer les lignes de forces des approches sociologiques les plus contemporaines du cinéma, demeure celle de Siegfried Kracauer, qui a tenté de répondre avec justesse à la question : « Comment faut-il considérer le film de cinéma lorsqu'on le regarde, chaussé des lunettes du sociologue ? ». C'est à cette approche et à ses prolongements que se consacre principalement cet article, approche et prolongements qui seront illustrés par les multiples angles d'analyses qu'une ?uvre cinématographique comme Star Wars de George Lucas est en mesure de susciter aujourd'hui auprès de ceux qui s'essaient à définir la place du cinéma en tant qu'art populaire dans notre société.
- La nouvelle érotique interactive - Moisés De Lemos Martins p. 21-27 Dans cet essai, je me propose de présenter ma lecture du film eXistenZ de David Cronenberg, soit en tant que jeu, soit en tant qu'art interactif. J'adopte comme vraisemblable la supposition du réalisateur, qui prétend qu'un programmateur de jeux peut être un artiste. À mon sens, les images d'eXistenZ suggèrent la condition ambiguë de ce que j'appelle une nouvelle érotique interactive.
- Les étrangers dans la fiction française : regards sociologiques - Amal Bou Hachem p. 29-39 Cet article tente de retracer les présentations liées à la figure de l'étranger dans le cinéma de fiction français. Quelle est sa place dans ce paysage qu'est la fiction ? Basée sur l'?uvre cinématographique et s'étalant sur la totalité des films de fiction français, cette recherche de terrain s'inspire du travail d'Edgar Morin, qui considère le fait cinématographique comme un fait institutionnel et sociologique.
- Maya Deren et les sciences sociales : quand le cinéma expérimental prend l'avantage sur le documentaire pour affronter la réalité du monde - Monique Peyrière p. 41-50 Si l'on connaît de Maya Deren, cinéaste américaine et porte-parole du cinéma expérimental américain d'après-guerre, ses films de danse et son personnage de légende, on oublie souvent, en France, son ?uvre théorique. En prenant appui sur l'ouvrage d'Alain-Alcide Sudre, Dialogues théoriques avec Maya Deren, l'auteur s'intéresse au moment où Maya Deren confronte sa conception du cinéma en tant qu'art autonome (que tout oppose au cinéma documentaire) à une démarche d'anthropologue. En filmant les danses du Vaudou haïtien, Maya Deren se reconnaît-elle des qualités d'artiste ou bien d'ethnographe ?
- Les Choristes : essai d'interprétation sociologique - Réjane Vallée p. 51-57 Comment analyser sociologiquement une image cinématographique ? Dès que l'on s'intéresse de près à un ou plusieurs films, la question méthodologique se pose. Pour analyser Les Choristes ? grand succès de 2004, révélateur de certaines logiques sociales de la société française cette année-là ?, nous acceptons le postulat d'Alain Malassinet et comparons le film avec son inspirateur direct, La Cage aux rossignols (1945). Les différences entre l'original et son remake nous ont permis de questionner le film sous trois axes : la place de l'enfant dans la société, le rôle des institutions, et le déplacement des inégalités sociales vers des inégalités « naturelles ». Mais jusqu'où ces éléments de base offrent-ils un miroir de la société française de 2004 ?
- La communauté projetée : sociologie du cinéma - Joao Sousa Cardoso p. 59-68 La communauté portugaise en Île-de-France a été l'objet d'une vingtaine de films, dans les quarante dernières années, mais jamais un regard sociologique ne s'est posé sur ce corpus de travail, documentaire et créatif. Une lecture contemporaine de cette filmographie est en train de s'élaborer, à travers des entretiens avec les réalisateurs et des visionnements collectifs suivis d'entretiens avec les groupes protagonistes de chaque film projeté. Elle permettra de réévaluer les rencontres entre la caméra et les acteurs, et de retracer le processus de construction identitaire des Portugais en France, d'y désigner un univers imaginaire commun, y compris une conception du cinéma.
- Image-pensée vs image-télé : Deleuze et la guerre médiatique - Debora Paparella p. 69-76 Dans cet article, je me propose d'abord de montrer le rapport que le cinéma entretient avec la pensée, considérant avec Deleuze que son apport originaire et exclusif se situe là. En tant qu'art en mouvement, constitué de blocs d'espace-temps en devenir (images-mouvement et images-temps), le cinéma a l'impact d'un « noochoc » sur le cerveau du spectateur, forçant la pensée à surgir. J'analyserai ensuite comment l'affirmation de la pensée au cinéma est menacée par le pouvoir des médias, qui essaient de « plier » ses potentialités esthétiques et noétiques et de les mettre au service d'une fonction sociale de contrôle, afin d'accoutumer les consciences et de supprimer tout germe de dissidence. Que reste-t-il donc du cinéma aujourd'hui ? Selon Deleuze, il ne lui reste qu'à suivre son destin et à se faire acte de résistance.
- Techniques visuelles dans une enquête qualitative de terrain - Luciano Spinelli p. 77-89 Cet article aborde la production d'images dans la recherche qualitative comme une écriture en parallèle qui nourrit et enrichit un regard singulier sur la situation d'enquête. La méthode choisie est la photo-ethnographie, qui, avec des images, contextualise l'objet d'étude, les graffitis, dans leur lieu de signification, l'espace urbain. Il est question d'une relation transdisciplinaire entre la sociologie et la communication, qui se rapproche d'une sociologie visuelle à travers l'observation d'une relation symbolique dans une tribu urbaine : les grapheurs.
Marges
- Médias praticables : l'interactivité à l'oeuvre - Samuel Bianchini, Jean-Paul Fourmentraux p. 91 La réalisation de dispositifs artistiques interactifs induit des formes d'exposition impliquant le public dans le procès de l'?uvre. Par la mise en scène de médias praticables, les artistes déploient aujourd'hui des cadres de sociabilités et d'actions renouvelés. L'expérience des médias y est moins strictement distribuée entre une émission et une réception conçues comme deux événements successifs d'un message fixe et immuable. Là où l'?uvre matérialise désormais un « champ de possibles », l'expérimentation reprend le dessus sur la logique traditionnellement rigide de la transmission des contenus informationnels. À l'intersection de la sociologie des usages et des sciences de l'art, les auteurs décrivent ces relations entre dispositifs et pratiques, et mettent en perspective des formes d'attachement encore spécifiques de cet art, mais révélateurs de nouveaux paradigmes médiatiques.
- Au nom de la violence : une étude des représentations du journal O Globo sur les manifestations des étudiants français en 2006 - Ricardo Ferreira Freitas p. 105-114 L'idée centrale de cet article est de discuter les données concernant les différents types de sociabilité suggérés par les représentations sociales que les médias ont contribué à établir sur la violence urbaine. Ainsi, nous analysons des narrations abordant cette thématique, en utilisant les mouvements d'opposition dont les étudiants français ont été les protagonistes en mars et avril 2006 contre le CPE (Contrat Première Embauche). Nous partons de l'hypothèse selon laquelle les médias brésiliens ont abordé ces manifestations plutôt par le prisme de la violence que par celui des questions émergentes du monde du travail, qui étaient au centre des discussions et des revendications des étudiants. Nous avons travaillé à partir le journal O Globo, une publication majeure au Brésil quant à la formation de l'opinion publique.
- Variations sur la grammaire différentielle de Gabriel Tarde - Laurence Saquer p. 115-123 Cet article a pour objectif d'encadrer et d'expliciter la notion fondamentale de répétition universelle chez Gabriel Tarde. L'on attribue à cet auteur la monomanie du concept de l'imitation. C'est sans compter sur la solidarité des deux autres modalités du triptyque tardien ? l'opposition et l'adaptation ? lequel singularise et détermine la propagation des faits sociaux. La mécanique sourde de l'imitation, de l'opposition et de l'adaptation, qui s'enclenche lors de chaque invention sociale, fonde sa rotation sur l'idée de la répétition universelle, laquelle ne consiste pas en la reproduction du même. Toute la difficulté de l'explicitation de cette notion repose sur l'assimilation de cette nuance essentielle.
- Simmel et la morphologie sociale - Pier Luca Marzo p. 125-136 Simmel fut le premier à utiliser l'idée de forme en sociologie, non pas comme un simple instrument abstrait de méthodologie, mais comme une réalité vitale, expression de l'action réciproque du quotidien. L'objectif de cet article est de mettre en évidence comment Simmel parvint à cela en transposant la morphologie élaborée par Goethe dans ses métamorphoses des plantes à l'étude de l'argent.
- Médias praticables : l'interactivité à l'oeuvre - Samuel Bianchini, Jean-Paul Fourmentraux p. 91
Activités sociologiques
- Activités sociologiques - p. 137-148