Contenu du sommaire : Historiographies étrangères de la Première Guerre mondiale
Revue | Histoire@Politique |
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Numéro | no 22, janvier 2014 |
Titre du numéro | Historiographies étrangères de la Première Guerre mondiale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Introduction - Robert Boyce, Sabine Jansen, Pierre Purseigle, Marie Scot p. 1-15
- Austria-Hungary and the First World War - Alan Sked p. 16-49 Depuis quelques décennies, l'historiographie sur l'Autriche-Hongrie dans la Première Guerre mondiale s'est enrichie. Les raisons du déclenchement de la guerre par la monarchie des Habsbourg continuent de faire débat, mais avec quelques révisions : ce n'est pas tant la crise des nationalités qui a conduit les responsables politiques à choisir la guerre que leur agenda propre, soutenant les buts de guerre allemands et poursuivant eux-mêmes des buts de guerre propres, tout en sous-estimant les risques de conflit. D'importantes contributions se sont penchées sur les relations austro-hongroises et austro-allemandes, sur la conduite de l'État en temps de guerre, sur le commandement et sur les performances des armées impériales terrestres (plutôt désastreuses) et navales (étonnement bonnes), sur les politiques d'occupation des territoires envahis par l'armée, sur l'expérience des prisonniers de guerre austro-hongrois détenus par l'ennemi. Les travaux sur les aspects économiques, politiques, sociaux et culturels de la guerre et sur ses conséquences se multiplient. Bien que le cas austro-hongrois soit plutôt négligé par l'historiographie occidentale, la littérature la plus récente sur l'Empire est de premier ordre et apporte énormément à notre compréhension du conflit en général.The historiography of Austria-Hungary's involvement in the First World War, has grown rapidly in recent decades. The debate on the Habsburg monarchy's decision to enter the war, while continuing, lends steadily more support to the view that there was no crisis of nationalities driving its statesmen into war, and that its leaders must share responsibility for the war for backing German war aims as well as pursuing inflated war aims of their own and miscalculating the risks of conflict. Important contributions have also appeared on Austro-Hungarian and Austro-German relations, wartime statesmanship, the command and performance of the imperial armies (generally poor) and navy (surprisingly good), the army's occupation policies, and the experience of Austro-Hungarian prisoners in enemy hands. Equally notable is the increase in contributions to the economic, political, social and cultural aspects of the war and its aftermath. Although Austria-Hungary tends to be overlooked in western accounts, much of the recent literature on the empire is first-rate and adds enormously to our understanding of the war as a whole.
- La Grande Guerre : un angle mort de l'histoire allemande ? - Nicolas Patin p. 50-68 En Allemagne, la mémoire du Second conflit mondial et de la « Solution finale » a rejeté la Grande Guerre au second plan. Il existe pourtant une historiographie riche sur la question, qui a pour spécificité sur le long terme de valoriser l'histoire politique et diplomatique, dans le sillage du long débat sur les causes de la guerre, la responsabilité spécifique de l'Allemagne dans le déclenchement du conflit et la polémique autour des œuvres de Fritz Fischer. Depuis les années 1970, et surtout à partir des années 1990, s'est développée une nouvelle historiographie, fondée sur l'histoire sociale et culturelle de la guerre, autour de thématiques comme celles de l'expérience de guerre des simples soldats (Kriegserfahrung), de la survivance des formes de violence dans l'après-guerre et de la mémoire clivée du conflit dans la société weimarienne. Ces objets ont été favorables à des comparaisons transnationales et à l'écriture d'une histoire européenne du conflit. Mais le succès des livres traitant de la question des causes de la guerre rappelle qu'en Allemagne les questions d'histoire politique et diplomatique restent prépondérantes, celles soulevées par l'histoire sociale et culturelle ne s'adossant pas, comme en France ou en Angleterre, à une forte demande mémorielle.In Germany, the memory of the Second World War and the « Final Solution » has covered the memory of the Great War. However, there is a rich historiography on this issue: his specificity, on the long-term, is its focus on the political and diplomatic history, along with the debate on the causes of the war, the specific responsibility of Germany in triggering the conflict and the controversy surrounding the works of Fritz Fischer. Since the 1970s and especially the 1990s, a new historiography has developed, based on social and cultural history of the war, around topics such as the experience of simple soldiers (Kriegserfahrung), the survival of forms of violence in post-war and the divided memories of the conflict in the Weimar society. These objects are favorable to transnational comparisons and the writing of a European history of the war and its aftermaths. But the success, in Germany, of books dealing with the question of the causes of the Great War, recalls us that the issues of political and diplomatic history remain predominant; the one raised by social and cultural history are not backed by a strong memorial request, as in France or England.
- L'historiographie italienne face à la Grande Guerre : saisons et ruptures - Marco Mondini, Jean-Pierre Floquet p. 69-84 Après 1945, la traditionnelle perspective nationaliste sur la Grande Guerre tombe en disgrâce, ce qui ne signifie pas que l'historiographie soit marquée tout de suite par une rupture. Le débat scientifique sur 1915-1918 dans l'Italie républicaine est caractérisé par ses liens avec les saisons de la vie politique : les années de « la contestation » (après 1968) coïncident avec un renouvellement générationnel et thématique du champ des historiens. Le cadre des nouvelles recherches s'organise au début des années 1990 grâce à un nouveau paradigme qu'on appelle l'« historiographie de la dissidence » (ou historiographie de gauche). Au cours des années 2000, l'avènement d'une nouvelle génération d'historiens et les changements du contexte social et politique italien ont atténué le poids militant des études sur la Grande Guerre. En revanche, l'importance de celle-ci dans le débat scientifique et public est marginale.“The Italian Historiography and the Great War : Waves and Breaks” The traditional nationalist perspective on the First World War fell in disgrace in Italy after 1945. However, this does not entail a historiographical revolution. In Republican Italy, the scientific debate about the 1915-1918 years was characterized by a close relationship with political changes: the “protest years” (after 1968) brought about a generational and thematic renewal of the historiographical field. At the beginning of the 1990s, new research approaches to the First World War give birth to a new historiographical pattern, the so-called “historiography of dissensus” (or leftist historiography). In the 2000s, the rise of a new generation of historians, as well as the social and political changes taking place in Italy, reduced the ideological impact on historical studies on World War I. At the same time, the Great War has lost importance in the public and scientific debate in Italy.
- Écrire l'histoire du Déluge. Histoire et expérience britanniques de la Grande Guerre - Pierre Purseigle p. 85-104 La Première Guerre mondiale demeure, cent ans après le déclenchement du conflit, au cœur du récit national britannique et continue de provoquer des débats virulents. Dans ce contexte, l'historiographie de l'expérience britannique du conflit se distingue par un dynamisme et une ouverture disciplinaire renforcés par l'internationalisation de ce champ d'étude. La recherche se concentre désormais sur l'adaptation de la société et de l'armée britanniques aux conditions nouvelles de la guerre industrielle. Trois questions majeures traversent donc la production scientifique : celle de la transformation de l'appareil militaire britannique ; la mobilisation de la société et de l'économie de la Grande-Bretagne ; l'impact et les legs de la Grande Guerre outre-Manche.100 years after the outbreak of the First World War, the conflict retains a central position within the British national narrative and continues to generate heated public controversies. In this context, the historiography of the British experience of the war stands out for its dynamism, interdisciplinarity and degree of internationalization. Scholars now primarily focus on the adaptation of the British army and society to industrial warfare and concentrate on three major issues: the transformation of the British armed forces and operational capacity; the social and economic mobilization of Great Britain; the impact and legacy of the conflict across the Channel.
- Canada and the British Commonwealth in the Great War: an Historiographical Review - Robert Bothwell, Susan Colbourn p. 105-119
- What Did It All Mean? The United States and World War I - Jennifer Keene p. 120-136 « Les États-Unis et la Première Guerre mondiale : signification et interprétations »Si la mémoire de la Première Guerre mondiale s'est effacée aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, les historiens ont néanmoins continué à explorer tous les aspects de l'expérience américaine de la Grande Guerre. La personnalité et l'action de Woodrow Wilson en faveur de l'entrée en guerre des États-Unis puis de l'établissement de la paix tiennent une place importante dans l'historiographie américaine de la Grande Guerre. Les historiens ont également étudié la contribution des États-Unis à l'effort de guerre mais aussi l'efficacité et l'impact de la mobilisation américaine dans la guerre totale. La manière dont la guerre a transformé la société américaine et les relations internationales est un thème qui parcourt l'ensemble des études historiques cherchant à définir ce qu'a représenté la Grande Guerre pour les États-Unis.Les États-Unis et la Première Guerre mondiale : signification et interprétations
Americans' memory of World War I faded after World War II, but historians have continually debated nearly every aspect of America's experience in World War I. Woodrow Wilson looms large in the scholarship examining the reasons America entered the war and the rocky peace settlement. Historians have weighed both America's contribution to the overall war and how effectively America mobilized for total war. Assessing how the war transformed American society and international relations provides a unifying theme for these historical studies which all seek to define why the war mattered for the United States. - La Première Guerre mondiale en Pologne : simple prodrome à l'indépendance nationale ? - Stephan Lehnstaedt, Nicolas Patin p. 137-151 L'article propose un panorama de la recherche sur l'histoire polonaise durant la Première Guerre mondiale et s'intéresse, en particulier, à la question des nationalités ainsi qu'à celle de l'occupation par l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. La littérature générale sur le sujet est plutôt clairsemée et dans une large mesure le front Est durant la Grande Guerre est une terra incognita. Depuis la chute du rideau de fer, l'historiographie polonaise s'est surtout focalisée sur l'indépendance et la construction nationale, à travers une histoire politique et diplomatique. Dans ce contexte, les conflits du direct après-guerre étaient certes analysés, mais sans que cela ne remette en cause l'idée selon laquelle la Pologne n'avait même pas participé à la Grande Guerre, puisqu'il n'y avait pas d'État polonais, et ceci malgré le fait que presque 2,5 millions de Polonais servirent dans les armées des trois Empires orientaux. Une littérature détaillée est disponible sur les plans allemands concernant la Pologne, mais ce n'est pas le cas pour l'occupation austro-hongroise. Il existe de même des manques importants, en ce qui concerne l'histoire culturelle, l'histoire des Empires ou encore l'histoire du quotidien, des mentalités et des perceptions. Une des questions les plus intéressantes qu'il reste à poser est celle de l'inscription des années 1914-1918 dans un contexte plus large, depuis la politique de colonisation jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, du point de vue des occupants comme de celui des occupés.This article presents an overview of the historiography of Poland in the First World War, which focuses particularly on questions of nationality and the German and Austro-Hungarian occupations. Overall, the literature is sparse, with the whole Eastern Front remaining a virtual terra incognita. Since the fall of the Iron Curtain, Polish historiography has dealt mainly with independence and nation building, approached from the stand oint of political and diplomatic history. Post-First World War conflicts have been examined, but in general the notion prevails that the country did not participate in the war, as no Polish state existed at the time – despite some 2.5 million Poles serving in the armies of the three Eastern empires. Detailed accounts have been written on German plans for occupied Poland, but not on the Austro-Hungarian occupation. Other important gaps exist in cultural and imperial history as well as in the history of everyday life, public attitudes and perceptions. An especially important gap yet to be filled is the integration of the war years into a wider context of colonial politics up to the Second World War, from the standpoint of the occupiers as well as the occupied.
- L'historiographie russe (et soviétique) de la Grande Guerre - Alexandre Sumpf p. 152-174 L'historiographie russo-soviétique de la Grande Guerre s'est surtout traduite dans des mémoires et des publications de documents – et beaucoup reste encore à écrire : les archives russes conservent un massif documentaire impressionnant, encore sous-utilisé et mal connu par les historiens russes qui bénéficient pourtant d'un accès privilégié aux sources. Depuis que ce conflit s'est embrasé, sa lecture a suivi une oie propre, mais a aussi coïncidé à certaines époques avec les tendances observables à l'échelle européenne, comme le pic de la vague pacifiste à la fin des années 1920. La prépondérance de l'histoire militaire, de l'appréciation des humeurs populaires et de la bienfaisance brossent un tableau assez figé de l'évènement et des phénomènes sociaux et économiques qui lui sont associés. Même en comptant avec les études occidentales sur le sujet, on ne peut que constater l'insuffisant apport des connaissances sur ce front singulier à la compréhension d'ensemble de la Première Guerre mondiale, et la faiblesse de l'innovation méthodologique. Cela tient sans doute à la rareté des travaux russes aujourd'hui, soviétiques hier, sur l'histoire générale du conflit, exception faite des enjeux liés aux relations diplomatiques. Les historiens de cette nation ont redécouvert le front russe, pas le sens de cette guerre pour le XXe siècle au-delà de la question cruciale de la révolution.The Russo-Soviet historiography about First World War mainly consists in published souvenirs and raw documents: therefore a lot still has to be discovered and written about this conflict. The Russian archives hold an impressive bulk of primary sources that are underused and poorly known even by Russian historians with a privileged access to them. Since the war started, its Russian interpretation went a peculiar way, but also at times coincided with pan-European trends such as the pacifist climax at the end of the 1920s. The preponderance of military history and the insistence on studying public moods or elite philanthropy draw a rather immobile picture of the related socioeconomic phenomena. Even if we take in account the Western historiography, we have to admit that our knowledge about this particular front insufficiently contributed to our comprehension of the Great War as a whole. The scarcity of Soviet and Russian general history of this war (except for diplomatic relations) no doubt plays a role. The Russian historians rediscovered the Russian front, not the meaning of this war for the XXth century beyond the (crucial) question of the revolution.
- L'impact de la Première Guerre mondiale en Asie centrale : des révoltes de 1916 aux enjeux politiques et scientifiques de leur historiographie - Cloé Drieu p. 175-193 S'appuyant sur les sources scientifiques, idéologiques et artistiques, cet article traite des historiographies soviétiques et post-soviétiques des révoltes de 1916 en Asie centrale et occidentale. Les soulèvements de 1916 représentent un moment crucial de l'histoire de l'Asie centrale moderne. Ils trouvent leurs origines dans la Grande Guerre et ont donné lieu à des interprétations déformées et à des mythes en raison de l'instrumentalisation idéologique soviétique et marxiste, puis des agendas politiques propres aux nations nées de la désagrégation de l'Union soviétique. Il faut donc à présent dé-idéologiser l'événement et le réintégrer au champ de recherche élargi de la mondialisation de la Première Guerre mondiale, en étudiant en quoi la nature du conflit change en fonction du lieu et de la géographie.This article examines scientific, ideological and artistic sources in its survey of Soviet and post-Soviet historiography of the upheavals that began in 1916 in Central Asia before the revolutionary events in the West. These upheavals, which occurred within the context of First World War, were a critical moment in the history of modern Central Asia and gave rise to political myths, initially shaped by Soviet-Marxist ideology and later by the post-Soviet nationalist agenda. The article demonstrates the importance of treating them independently of ideology and integrating them within the broader field of research on the globalisation of the First World War and changes in the conflict as its expanded geographically.
- Historiographie turque de la Première Guerre mondiale sur les fronts ottomans : problèmes, enjeux et tendances - Alexandre Toumarkine p. 194-214 La Grande Guerre dans l'Empire ottoman pose des cadrages chronologique, géographique et thématique originaux et heuristiques : une guerre de dix ans (1912-1922), une multiplicité de fronts et une centralité de la violence contre les populations civiles. Mais l'historiographie turque de la Première Guerre mondiale présente des caractéristiques structurelles qui contribuent à expliquer son isolement et son développement contrarié. Elle a longtemps été cantonnée à une histoire militaire et diplomatique classique, quasi-monopole des historiens militaires et focalisée sur la victoire des Dardanelles et le rôle qu'y joua Mustafa Kemal. Son prisme strictement national, et nationaliste, a mal rendu compte de ses dimensions impériales. Ce repli sur soi a été accentué par le négationnisme turc du génocide arménien. Pourtant, une prise en compte récente des spécificités du théâtre ottoman, associée au timide développement d'une approche socio-économique de la guerre et à une critique inédite du militarisme, ont permis une réelle ouverture et un approfondissement. Ceux-ci ont été facilités par un contexte de libéralisation et dopés par la formation de nombreux étudiants turcs à l'étranger. Cette mutation n'est pourtant pas suffisante pour contrer les crispations mémorielles et l'instrumentalisation de l'histoire de la Grande Guerre à des fins de mobilisation idéologique.The Great War in the Ottoman Empire poses challenges of chronology, geography and choice of themes, given that it was a war lasting ten years (1912-1922) on multiple fronts and involved substantial violence against civil populations. The Turkish historiography of the war displays structural characteristics which help explain its isolation and limited development. It has long been restricted to military and classical diplomatic history, and broadly monopolised by military historians who havefocussed upon the Dardanelles victory and the role played by Mustafa Kemal. Its strictly national and nationalist prism has failed to address broader imperial dimensions. This inwardness has been accentuated by Turkish negationism of the Armenian Genocide. However, recent recognition of the distinctive features of the Ottoman theatre of operations, together with the cautious development of a social-economic approach and an original critique of militarism have led to a broadening and deepening of the historiography. This has been facilitated by greater liberalisation in Turkey and increasing numbers of Turks studying abroad. Nonetheless, this has not overcome the constraining effects of commemorative works and the exploitation of the historiography for ideological purposes.
Vari@rticles
- 1914-1918, le gouvernement de guerre - Anne-Laure Anizan p. 215-232 L'article s'intéresse aux modifications du fonctionnement gouvernemental, en France, pendant la Première Guerre mondiale. Il interroge la capacité des acteurs politiques à réagir à un contexte de guerre bientôt totale non seulement par de nouvelles pratiques du pouvoir mais encore par des modifications institutionnelles. Il souligne une réelle plasticité du régime apte à inaugurer de nouveaux modes de gouvernance (relations au sein de l'exécutif, entre l'exécutif et le législatif, avec le haut-commandement), à créer des structures inédites et à recruter « des fonctionnaires temporaires » issus de nouveaux horizons professionnels. Certaines nouveautés introduites dans l'exercice du pouvoir exécutif entre 1914 et 1918 se trouvent pérennisées dans l'après-guerre.The subject of this article is France's wartime government and administration and their transformations during the First World War. It examines the efforts of politicians to adapt to total war by introducing not only institutional changes but also a new model of government and new governing procedures. It highlights the flexibility of the French system which proved capable of adapting to new ways and tools of governance including relations within the executive, between executive and parliament, and with the high-command, the creation of new structures or agencies, and the recruitment of temporary senior civil servants from unconventional professional backgrounds. Some of the wartime innovations were perpetuated after war.
- Le Parti démocrate-chrétien, l'Église et le pouvoir au Chili - Élodie Giraudier p. 233-250 Cet article s'attachera à analyser les liens complexes entre le Parti démocrate-chrétien (PDC), l'Église et le pouvoir au Chili à partir de trois dates ruptures. Ainsi, de la fin des années 1940 à 1973, la démocratie chrétienne et l'Église connaissent des évolutions parallèles au point d'opérer un rapprochement politique. De 1973 à 1989, alors que la vie partisane est inexistante ou très limitée, l'Église devient un acteur politique de premier plan, la voix face à la dictature. Avec le retour à la démocratie, le PDC redevient le représentant politique de l'Église, mais il est concurrencé par la droite et doit évoluer dans un contexte différent : la société chilienne post-Pinochet est dépolitisée, sécularisée et pleinement entrée dans l'économie de marché et l'ère de la consommation.“The Christian Democratic Party, the Church and the political Power in Chile”Using three milestones, this article explores the complex relationships between the Chilean Christian Democratic Party, the Church and the political power. From the end of the 1940s to 1973, the Church and the Christian Democracy had parallel evolutions leading to a joint expression of their respective political views. From 1973 to 1989, while the partisan life was non-existent or highly restricted, the Church became a forefront political actor, the voice against the dictatorship. Following the return of democracy, the Christian Democratic Party became again the Church political arm, but it is competed by the right and has to evolve in a different context: the Chilean society post-Pinochet is depoliticized, deconsecrated and completely entered the market economy and the era of the consumption.
- 1914-1918, le gouvernement de guerre - Anne-Laure Anizan p. 215-232
Pistes & débats
- Faire l'histoire des sciences sociales : le cas de la sociologie française - François Chaubet p. 251-268 À l'image de la nouvelle sociologie des sciences des années 1970 qui voulut historiciser la connaissance scientifique, l'histoire des sciences sociales entend à son tour proposer une approche externe et globale des savoirs. Faire l'histoire de la sociologie française amène le chercheur à déplier les œuvres finies en examinant comment l'enquête du sociologue a été construite. Il s'agit aussi d'inscrire la démarche de connaissance du sociologue dans les cadres qui la rendent possible, les politiques globales de recherche, les relations avec les commanditaires, la dynamique propre des laboratoires et de leurs équipes et l'internationalisation des réseaux scientifiques. Au sein de ces configurations relationnelles à la fois savantes et politiques, le sociologue se retrouve au cœur des mécanismes de savoir-pouvoir et joue souvent un rôle d'expert selon des modalités plurielles.Now, the history of social sciences build as did the history of sciences in the seventies, proposing an outer and holistic approach of the knowledge. Making the history of french sociology consists unfolding the big intellectual works and relating how the surveys were made. That history tends also to mape the frame of the surveys, the relations with those who pay the surveys, the history of the collective life of the laboratories, the problem of globalization of the knowledge and the bonds with the United States. In these connexions, most of the times, the sociologist is in the center of power-knowledge machineries, but in different and pluralistic ways.
- Faire l'histoire des sciences sociales : le cas de la sociologie française - François Chaubet p. 251-268
Sources
- Du CDJC au Centre de documentation du Mémorial de la Shoah, 1943-2013 : documenter le génocide des Juifs d'Europe - Simon Perego p. 269-282 Le Centre de documentation juive contemporaine, créé sous l'Occupation à Grenoble en 1943, demeure aujourd'hui, sous l'appellation « Centre de documentation du Mémorial de la Shoah », un lieu incontournable pour les chercheurs étudiant les persécutions antisémites conduites en France par l'Allemagne nazie et le régime de Vichy et pour les personnes qui plus généralement s'intéressent au génocide des Juifs perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale. Les fonds qu'il conserve ont fait depuis sept décennies l'objet d'usages variés, entre écriture de l'histoire, aide apportée aux autorités judiciaires et souci de diffuser le savoir sur le génocide auprès d'un large public. Ses archives permettent par ailleurs aux historiens d'étudier tant l'action des perpetrators que les réactions des victimes, ainsi plus généralement que l'histoire des Juifs de France au XXe siècle.The Centre de documentation juive contemporaine (« Center for contemporary Jewish documentation ») was created under the German occupation in Grenoble in 1943 and is now named Centre de documentation du Mémorial de la Shoah(« Documentation Center of the Shoah Memorial »). This Center is an essential place for researchers specialized in German and French anti-Semitic persecutions in France between 1940 and 1944 as well as for any person interested in the study of the Holocaust. Its documentation has been used in many ways in the course of the last seven decades, to write the history of the genocide, to help judicial authorities and to inform a large audience about the Jewish fate during World War Two. Moreover, this archive is useful for historians willing to explore the perpetrators' policies, the ictims' reactions, as well as more broadly contemporary Jewish history in France.
- Du CDJC au Centre de documentation du Mémorial de la Shoah, 1943-2013 : documenter le génocide des Juifs d'Europe - Simon Perego p. 269-282
Portraits & témoignages
- Entretien avec Antonio Varsori - Antonio Varsori, Anne Dulphy, Christine Manigand p. 283-298