Contenu du sommaire : Les marchés du logement et leur financement
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 115, septembre 2014 |
Titre du numéro | Les marchés du logement et leur financement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - André Babeau, Claude Taffin p. 9-24
Le logement dans l'économie
- Le logement dans les grands agrégats économiques - Sabine Baïetto-Beysson p. 25-40 Le logement est le premier poste de dépenses des ménages et sa part a progressé de manière quasiment continue depuis 20 ans, en lien avec l'amélioration du confort. De son côté, l'investissement en logement représente 28,9 % de l'investissement national. La construction neuve focalise l'attention et elle est le poste le plus sensible à la conjoncture, mais elle ne représente que la moitié de ce pourcentage. Le logement, financé en majorité par le crédit banalisé, constitue également un levier essentiel d'accumulation du patrimoine des Français, dont il représente près des deux tiers, avec de fortes inégalités. Enfin, les aides au logement, dans un contexte de tension des finances publiques, ont fortement crû durant la dernière décennie pour atteindre en 2011 un pic de 44,9 Md€, soit 2,3 % du PIB, une décrue ayant été amorcée en 2012 et 2013. L'État apporte un peu plus de la moitié des aides : les aides à la personne sont les plus élevées mais relativement contenues, les aides à la pierre sont très minoritaires, et ce sont les multiples aides fiscales qui ont été les plus dynamiques lors de la dernière décennie, avec une forte inertie des aides à l'investissement locatif. Espérons que ces chiffres permettront d'éclairer les débats – trop souvent teintés d'idéologie et de vécu personnel – sur l'efficacité des politiques du logement. Classification JEL : R20, R30, R28, R38.
Housing is the consumption first largest expense of households and has been increasing for almost 20 years, along with an improvement in comfort. Housing also represents 28.9% of the total national investment. New constructions which are the most business cycle dependent represent half of the total investment. Housing, basically financed by regular credits, is an essential part in the accumulation of French households wealth, of which it represents almost 2/3 – with substantial inequalities. Finally housing aid increased significantly in the last decade to reach a peak of EUR 44.9bn in 2011, i.e. 2.3% of GDP. However, a drop was recorded in 2012 and 2013. More than half of these aids is provided by the state, in different ways, the highest being personal aid. Bricks and mortar aid is a small minority whereas multiple fiscal aids are the most dynamic with a significant inertia of aids in rental investment.
Let's hope that these figures will clarify the debates concerning the efficiency of housing policies.
Classification JEL: R20, R30, R28, R38. - Immobilier et cycle économique : ce que nous apprend la Grande Récession - Xavier Timbeau p. 41-68 L'immobilier joue un rôle majeur dans les cycles économiques par plusieurs canaux : le premier est celui de l'investissement résidentiel, le deuxième est celui d'un accélérateur financier, dans lequel la hausse des prix de l'immobilier accroît l'endettement des ménages dont il est le collatéral. Enfin le troisième canal est celui de l'effet richesse. À partir de données exploitant les comptes nationaux, les comptes de patrimoine et les données détaillées sur la consommation, nous explorons ces trois canaux pour les pays de l'OCDE. Nous mettons en évidence que le premier canal est très différencié selon les pays tandis que les effets de la hausse des prix les affectent tous. L'effet richesse est quant à lui bien présent dans les phases de bulles rationnelles. Classification JEL : E32, G21, R21.
Real estate plays a major role in business cycles through three main channels. The first one is housing investment, the second one is a financial accelerator by which the increase of real estate prices leads to an increase in households debt for which its serves as a collateral. Finally, the third channel is a wealth effect. This articles explores these three channels in the main OECD countries relying on national accounts, wealth accounts and detailed consumption data. We show that the first channel differs among the various countries, the accelerator is found in all. The wealth effect is real in periods of rational bubbles.
Classification JEL: E32, G21, R21.
- Le logement dans les grands agrégats économiques - Sabine Baïetto-Beysson p. 25-40
L'évolution des statuts d'occupation
- Vers un monde de propriétaires ? Politique du logement et statuts d'occupation en France et à l'étranger - Bernard Vorms p. 69-86 Depuis les années 1970, la plupart des pays ont fait le choix de favoriser la propriété occupante. La crise financière mondiale conduit à s'interroger sur la pertinence de ces politiques publiques qui se sont traduites par une réduction de la place du locatif privé et par un recentrage progressif de la vocation du parc social vers les seuls exclus du marché du logement. Les pays où les ménages accédant à la propriété ont été les plus déstabilisés sont ceux qui associaient une forte proportion de propriétaires occupants, un niveau élevé et en croissance rapide de la dette hypothécaire, une organisation de l'offre de crédit qui protège l'établissement prêteur des conséquences des défaillances de ses emprunteurs et enfin un cadre légal peu protecteur des droits de l'emprunteur. C'est de la filière de crédit et des excès de la financiarisation qu'est née la crise et non de la propriété occupante. Il reste que les politiques trop exclusivement fondées sur l'encouragement à la propriété accélèrent la hausse des prix, creusent les inégalités de patrimoine et ne peuvent répondre aux caractéristiques des marchés les plus chers, particulièrement ceux des grandes villes, ni aux besoins de certaines catégories de population, les pauvres, les jeunes et les mobiles. Classification JEL : R21, R31, R38.Since the seventies, most countries have implemented policies fostering homeownership. The global financial crisis addresses the relevance of such policies. Indeed, they reduce the size of the private rental sector and, in progressively refocusing the social housing sector, limit the latter towards those who cannot afford a dwelling in the market. Households particularly suffered from the crisis in countries combining the following factors: a high rate of home owners, a high and fast increasing level of mortgages, a credit supply process that shelters lenders vis-à-vis the risk of credit defaults, and a weak consumer's and borrower's protection. The crisis is a result of the excesses of finance, rather than a matter of tenure. However, policies too exclusively based on home ownership speed up the rise of housing prices, deepen wealth inequalities and cannot fit the needs in high-cost markets, namely those of metropolitan areas, and in certain populations especially the poor, the young and the people relocating frequently.
Classification JEL: R21, R31, R38. - L'évolution en Europe du profil des ménages propriétaires pendant la crise - Sabine Le Bayon, Pierre Madec p. 87-108 La volonté de posséder son « chez soi » et de se constituer un patrimoine est largement généralisée en Europe. La baisse des taux d'intérêt au cours des années 2000 et la concurrence accrue entre établissements bancaires ont favorisé la distribution du crédit avant que la crise financière de 2007 ne remette en question ces évolutions. Malgré des mesures publiques de soutien au secteur immobilier, la chute du crédit (dans un contexte d'assainissement du bilan des banques et de ralentissement de la croissance du revenu des ménages) s'est accompagnée, après une décennie de boom immobilier, d'une baisse des prix immobiliers dans de nombreux pays européens. L'exception notable étant l'Allemagne où après dix ans de baisse, les prix se sont stabilisés au milieu des années 2000 et remontent même depuis 2010. Face à ces évolutions, nous observons ici dans quelle mesure d'une part la mobilité des ménages a évolué et d'autre part le contexte macro-économique a modifié le profil des ménages qui achètent. Nos régressions logit confirment que les premières victimes du resserrement des conditions de crédit ont été les ménages les plus jeunes et/ou les plus modestes. Dans l'ensemble des pays étudiés (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni), les ménages modestes ont vu leur probabilité d'achat fortement réduite et ce même en Allemagne où la probabilité d'achat des autres ménages a eu tendance à stagner voire à croître. La probabilité d'achat des ménages de moins de 30 ans a particulièrement baissé en Espagne. Seule exception, la France, où le maintien de conditions de crédit assez favorables, la réforme du prêt à taux zéro et l'augmentation des donations ont permis aux jeunes de continuer à acheter dans les mêmes proportions. Classification JEL : D14, E21, R21, R31, R38.
The desire to own one's home and to accumulate housing wealth is largely widespread in Europe. The fall in interest rates during the 2000s and the increased competition between banks have promoted the distribution of credit before the financial crisis. Despite public measures to support the housing sector, house prices and credit have collapsed in many European countries, after a decade of real estate boom. These evolutions result from the strengthening of bank balance sheets and from the slowdown in household income growth. Germany is an exception. After ten years of decline, prices have stabilized in the mid-2000s and even increased since 2010. In this context, we will first focus on the trend in household mobility and then analyse how the macroeconomic environment has impacted the profile of households who have recently purchased their home. Our logit regressions show that younger and/or lower income households have been the first victims of tighter credit conditions. Indeed, in all the countries studied (Germany, Spain, France, Italy and the United Kingdom), low-income households have seen their probability of purchase greatly reduced. This is the case even in Germany, where the probability of purchase for other households has tended to stagnate or to grow. The purchase likelihood of households under 30 years has strongly decreased in Spain. On the contrary, the probability of young households to buy their home in France has remained constant, due to quite favourable credit conditions, the “zero interest loan” reform and increased donations.
Classification JEL: D14, E21, R21, R31, R38.
- Vers un monde de propriétaires ? Politique du logement et statuts d'occupation en France et à l'étranger - Bernard Vorms p. 69-86
Les marchés et la politique du logement
- La construction et les marchés des logements neufs en France - Bernard Coloos p. 109-130 Personne ne remet en cause qu'il faille construire plus de logements. Le consensus sur les besoins se situe aujourd'hui à plus de 400 000 unités par an. La quantité n'est pas tout. La question de la localisation s'avère cruciale. Certes, aucune partie du territoire, compte tenu des besoins de renouvellement, ne peut être négligée, mais l'accent doit être clairement porté sur les zones les plus tendues, là même où le recul des réalisations est le plus marqué depuis 2000. Si la pénurie de foncier est dénoncée comme la cause majeure de ce déficit structurel de logements et de ses conséquences en termes de prix du bien, il faut souligner a contrario qu'elle n'apparaît pas comme un obstacle à la construction de bâtiments hors logement. En clair, les élus privilégient la construction non résidentielle au détriment du logement pour des raisons purement politiques. C'est sur ce point qu'il est nécessaire de faire changer les mentalités pour s'atteler véritablement à un début de résolution de la crise du logement, restée trop longtemps cantonnée dans le domaine du discours. Classification JEL : R30, R31, R32, R38.
Nobody is arguing against the fact that more housing should be built. Consensus on housing needs stands at over 400,000 units per year. However, it is not only a quantity matter. The location is crucial too. Indeed, no part of the territory should be ignored due to the renewal needs, but the emphasis should be put on the most strained areas, where achievements have clearly declined since 2000. If the land shortage is denounced as the major cause of this structural housing deficit and, thereby, has a consequence on property price, it must be underlined that it does not constitute an obstacle to the construction of non-residential buildings. Obviously, elected officers prefer non-residential construction at the cost of housing for purely political reasons. This is where attitudes have to change in order to really tackle the housing crisis, which has only been an act of speech until now.
Classification JEL: R30, R31, R32, R38. - Le marché du logement ancien - Claude Taffin p. 131-148 Si le marché de l'ancien constitue désormais la majorité du marché du logement, son développement est relativement récent : il a accompagné, avec décalage, la montée de l'accession à la propriété. Longtemps négligé par les pouvoirs publics et les économistes, il doit au notariat d'avoir mis en place les bases de données qui permettent de calculer les indices de prix Notaires-INSEE et d'informer sur la consistance des biens échangés et les parties prenantes à la transaction. La source notariale permet une description détaillée du cycle commencé en 1998. À l'inverse du précédent, celui-ci se caractérise par une flambée des prix présente sinon uniforme sur tout le territoire, du moins jusqu'en 2008. Ce n'est qu'après la crise qu'apparaît une forte différenciation entre les métropoles, Paris en tête, et le reste du territoire. Le crédit facile et bon marché explique une bonne part de la hausse des prix. La croissance de la part des détentions de courte durée sur la période 2005-2007 laisse cependant soupçonner l'existence de comportements spéculatifs. Le rôle des acquéreurs étrangers dans la hausse des prix doit par ailleurs être ramené à sa juste proportion : parmi les acquéreurs personnes physiques, moins d'une sur quarante en moyenne est un étranger non résident. Classification JEL : C81, R21, R30, R31, R32.
The second-hand market is now the major part of the housing market. It developed only recently, in the wake of home ownership. It was long neglected by governments and economists, until the Notaries established the databases that allow to calculate the “Notaires-INSEE” house price indexes and to provide information on the nature of traded dwellings and on stakeholders in the transactions.
The cycle that started in 1998 can be described in detail using the Notaries databases. Unlike the previous one, it is characterised by soaring prices throughout the country, albeit not uniformly, at least until 2008. Only after the crisis a strong differentiation emerged between large metropolitan areas, starting with the Paris region, and the rest of the territory. A large share of the price increase can be explained by easy and cheap credit. The proportion of quick resales grew during 2005-07, leaving suspicion of speculative behaviours. The role of foreign buyers should not be overestimated : among natural person buyers, fewer than one in forty on average is a non-resident alien.
Classification JEL: C81, R21, R30, R31, R32. - Le secteur locatif privé en Europe : des trajectoires différentes, des tensions similaires ? - Christine M. E. Whitehead p. 149-164 Cet article étudie l'effet de la réglementation du secteur locatif sur le rôle de la location privée dans différents pays européens et sur l'évolution actuelle des dispositifs réglementaires. Il développe les trois types de réglementations qui ont été mises en pratique depuis la Seconde Guerre mondiale et leurs effets sur les motivations des propriétaires et des locataires. Il montre que les formes traditionnelles de réglementation qui maintenaient les loyers en dessous des prix du marché aboutissent à long terme au dysfonctionnement du secteur locatif. Cependant, des systèmes de contrôle des loyers de « troisième génération », dans lesquels les loyers initiaux sont fixés par le marché mais avec des baux longs et des taux d'augmentation déterminés, peuvent aider à réduire les défaillances du marché. Il est aussi montré que la portée de la réglementation n'induit pas nécessairement des changements de taille du secteur, principalement du fait de l'influence d'autres facteurs. Cet article étudie les systèmes en vigueur dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Il s'intéresse en particulier à la façon dont, dans de nombreux pays, les gouvernements répondent aux pressions du marché en augmentant le contrôle et aux conséquences potentielles de ces contrôles. Classification JEL : R28, R30, R38.
This paper examines how rent regulation has affected the role of private renting across a range of European countries and how regulatory frameworks are currently developing. It clarifies the three types of regulation that have been experienced since the war and their different impact on landlord and tenant incentives. It shows that traditional forms of regulation that hold rents below market levels into the longer term lead to dysfunctional rental sectors. However, ‘third generation' rent control systems, where initial rents are set by the market but with long term tenancies and predictable rent increases, can help reduce market failures. It also shows that the extent of regulation is not closely related to changes in the size of the sector, mainly because of the impact of other policies.
The paper examines the systems that operate in a number of European countries – notably Germany, the Netherlands and France. It also discusses how, in many countries, governments are responding to current market pressures by introducing stronger controls and the possible impacts of such controls.
Classification JEL: R28, R30, R38. - La connaissance du patrimoine : un préalable indispensable à la compréhension des enjeux du logement social - Bérénice Bouculat p. 165-188 L'activité et la stratégie des organismes de logement social sont étroitement liées à l'âge, la qualité et la localisation de leur parc de logements. Une connaissance fine du patrimoine est donc un préalable indispensable à la compréhension des enjeux du secteur. Une photographie du parc social aujourd'hui met en lumière un âge moyen élevé, conséquence d'une production très dynamique pendant les Trente Glorieuses. Mais cette vision nationale doit être complétée par une analyse à une échelle géographique plus fine. Il apparaît alors que la répartition spatiale et les caractéristiques du patrimoine social ne sont pas uniformes sur le territoire : la construction du parc s'est faite par vagues, qui se sont concentrées sur des régions différentes, suivant les évolutions démographiques et économiques. Le patrimoine d'aujourd'hui est ainsi le reflet des localisations et des caractéristiques du bâti dominantes de chaque période. Les dynamiques de construction de logement social et de réhabilitation du parc social à l'œuvre aujourd'hui et nécessaires pour demain découlent ainsi en partie de l'état du patrimoine dans chaque territoire et de son adéquation aux mutations de la société. Classification JEL : R31, R 38.Social housing organisations' activity and strategy are tightly linked to their stock of dwellings. A proper knowledge of these assets is therefore a necessary prerequisite to understand the sector's challenges.
As a consequence of a strong construction pace in the thirty-year post-war boom period, today's average age of social dwellings is high, at 36 years. But beyond the average figures, social housing stock is not evenly distributed throughout the French territory, and its characteristics (such as age, type of dwelling, etc.) vary according to its location. Indeed, the construction of social dwellings has occurred in successive waves, each of which has concentrated in certain regions, following the demographic and economic evolutions in French society. Today's social housing stock therefore reflects the location and the main characteristics of each period's buildings.
The current and future dynamics of social housing, both in terms of construction and rehabilitation works, are thus partly determined by the state of the housing stock in each territory, and its adequacy to societal changes.
Classification JEL: R31, R38. - Enjeux et débats des politiques du logement en France - Jean-Claude Driant p. 189-208 Souvent accusées d'avoir échoué à répondre à tous les besoins, les politiques du logement en France sont d'une grande complexité, sous l'effet conjugué de la diversité de leurs objectifs (économiques, sociaux et urbains) et de la multiplicité des acteurs en charge de leur conception et de leur mise en œuvre. Cet empilement de légitimités nationales et locales génère à la fois de multiples contradictions et une faible lisibilité des résultats obtenus. Il est toutefois possible d'identifier au moins quatre thèmes de débats nationaux sur les politiques du logement que l'on peut éclairer par quelques regards sur les situations et les politiques des pays de l'Union européenne. Peut-on, par exemple, discuter la pertinence de l'objectif maintes fois rappelé de construire 500 000 logements neufs par an en France ? Qu'attend-on d'une France de propriétaires et s'agit-il vraiment, dans notre pays, d'une priorité absolue ? Pourquoi et comment réguler les marchés du secteur locatif privé ? Le logement social devrait-il être réservé aux plus pauvres ? Classification JEL : R28, R38.Often accused of having failed to meet all the needs of the sector, housing policies in France are highly complex, under the combined effect of the diversity of the objectives they pursue (economic, social and urban) and of the large number of players responsible for their design and implementation. This accumulation of national and local legitimacies creates both numerous inconsistencies and a poor legibility of the results obtained.
Nevertheless, it is possible to identify at least four topics of national debates on housing policies, that we can highlight by some perspectives on the situations and policies of EU countries. Can we, for instance, discuss the relevance of the repeatedly stated objective of building 500,000 new dwellings each year in France? What is expected of a France of homeowners and is it really an absolute priority in our country? Why and how to regulate private rented markets? Should social housing be reserved for the poorest?
Classification JEL: R28, R38.
- La construction et les marchés des logements neufs en France - Bernard Coloos p. 109-130
Le financement de l'habitat et sa surveillance macroprudentielle
- Le financement de l'habitat en France et la crise financière - Jérôme Coffinet, Jérémi Montornès p. 209-228 Cet article analyse les principales évolutions du financement de l'habitat en France au cours de la période 2003-2013. S'appuyant essentiellement sur des données produites à la Banque de France, il rappelle les principales caractéristiques du financement de l'habitat en France : production de crédit dynamique, taux d'intérêt historiquement bas, hétérogénéité géographique et diversité des ressources bancaires. Ensuite, l'article étudie la synchronisation du cycle du crédit à l'habitat et le cycle économique : les résultats obtenus suggèrent qu'à long terme, le crédit à l'habitat précède les évolutions de la croissance économique, mais que ce lien s'est légèrement distendu sur la fin de période. Enfin, l'analyse des évolutions récentes à partir des indicateurs du profil des emprunteurs ne fait pas apparaître de risques pour la stabilité financière en France. Classification JEL : E32, E44, G01, G21, R21.This paper analyzes the main changes in the housing financing in France during the period 2003-2013. Relying mostly on the data made available at the Banque de France, it recalls the main features of housing financing in France: dynamic credit flows, historically low interest rates, geographic heterogeneity and diversity of banking resources. Thereafter, the paper examines the synchronization between the cycle of housing loans and the business cycle: the results suggest that in the long term, home loans precede the changes in economic growth, but that this link is slightly distended during the recent period. Finally, the analysis of recent developments based on indicators of borrowers' profile does not indicate a risk to financial stability in France.
Classification JEL: E32, E44, G01, G21, R21. - Le financement du logement social : forces et éléments de fragilité du modèle économique français - Dominique Hoorens p. 229-247 Face à la crise désespérément durable du logement, les objectifs que la France vient de s'assigner sont à la fois ambitieux et légitimes : produire 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux, accélérer la rénovation thermique du parc et poursuivre la rénovation urbaine. Leur concrétisation est rendue difficile par le contexte de crise des finances publiques, par la complexité du marché du logement où la rationalisation à moyen terme se heurte aux effets à court terme et par le choix malheureux fait de longue date par notre pays de favoriser la « rente foncière ». Les organismes de logement social sont des acteurs majeurs du secteur locatif et se mobilisent actuellement pour assurer toute leur part de l'objectif national. Le modèle économique du logement social en France repose sur un système à la fois classique (utilisation de l'effet de levier de la dette, mobilisation de subventions) et spécifique (utilisation d'un circuit d'épargne quasiment dédié, coordination d'aides à la pierre et d'aides à la personne). Il a permis la constitution d'un parc de plus de quatre millions de logements dans de bonnes conditions d'exploitation pour les locataires et de sécurité financière pour les prêteurs et les pouvoirs publics. Classification JEL : R31, R38.Facing a long lasting housing crisis, France has set itself ambitious goals : build 500,000 new dwellings per year, including 150,000 social housing ; speed up energetic renovation of housing stock and extend urban renewal program. The difficult record of national public finances, the complexity of housing market where mid-term rationalization collide with short term effects, and the unfortunate choice that has been made in our country for “land rent” make their realization difficult.
HLM providers are major operators of the rental market and take their due part in the national goals. The economic model of social housing in France is based on a system that is both classic (debt leverage, subsidies) and specific (tax free savings scheme, housing allowances). This system has produced a housing stock of more than 4 million dwellings giving both safety to renters and financial security to moneylenders and public authorities. Classification JEL: R31, R38. - Marchés du logement et politiques macroprudentielles : la situation européenne - Olivier de Bandt, Dominique Durant p. 247-268 Depuis quelques années, les politiques macroprudentielles ont trouvé un domaine d'application privilégié sur le marché immobilier et notamment le marché du logement. Après une analyse des expériences au niveau international, l'article étudie leur intérêt, mais souligne aussi, malgré le faible recul, certaines limites importantes. Il montre ensuite comment le dispositif européen formé par la directive et le règlement de 2013 sur les exigences de fonds propres, et les nouveaux pouvoirs confiés à la Banque centrale européenne ainsi qu'en France, au Haut Conseil de stabilité financière pourraient offrir une réponse partielle à ces questions. Classification JEL : G21, G22, G28.Recently, real estate and notably housing markets have been found as the preferred area for testing the potentials of macroprudential policies. After an analysis of international experiences, the article assesses their benefits, but also highlights, with very limited hindsight, various limitations. The new European regime with the 2013 capital requirement directive and regulation, and the new powers granted to the European Central Bank as well as to the French High Committee for Financial Stability, could offer some responses to these questions.
Classification JEL: G21, G22, G28. - Logement, crédit et surveillance macroprudentielle - Sanvi Avouyi-Dovi, Claire Labonne, Rémy Lecat p. 269-288 La surveillance macro-prudentielle bénéficie désormais d'un cadre institutionnel dans les pays avancés. Cet article présente les outils disponibles pour le diagnostic du marché immobilier résidentiel et du marché du crédit à l'habitat, marchés qui sont intrinsèquement liés. Des indicateurs clés font l'objet d'un suivi régulier, mais ils peuvent être tardifs compte tenu de l'inertie du marché immobilier. Les méthodes complémentaires de capitalisation risquent également de produire des indicateurs tardifs car elles ignorent la réaction de l'offre à terme. Les outils de détection avancée des risques n'ont pas de présupposés théoriques mais ils peuvent ignorer des ajustements inattendus des fondamentaux. La modélisation des comportements offre l'alternative théoriquement la plus satisfaisante, mais présente d'importants défis de mise en œuvre. Enfin, une modélisation du marché immobilier et du marché du crédit dans le cas français est présentée. Classification JEL : G21, G28, R31, R51.
Advanced countries now benefit from a macro-prudential institutional framework. This article presents available monitoring tools for the analysis of the housing market as well as the housing loans market, clearly intertwined. Key indicators are regularly controlled but can be late due to inertia inherent to the housing markets. Complementary capitalization methods are also late indicators since ignoring the short-term supply reaction. Early warning systems are agnostic, but may ignore unexpected adjustment of the fundamentals. Modeling behaviors is theoretically more satisfactory but challenging from an operational perspective. We finally propose a simplified model of the housing and housing loans market for France.
Classification JEL: G21, G28, R31, R51.
- Le financement de l'habitat en France et la crise financière - Jérôme Coffinet, Jérémi Montornès p. 209-228
Aricles divers
- L'exclusion financière en France : une lecture en filigrane des modèles économiques bancaires - Jean-Marc Figuet, Fabienne Pinos p. 289-304 Selon la Banque mondiale, l'exclusion bancaire affecte 2,5 milliards d'habitants. La littérature économique sur le sujet traite essentiellement des caractéristiques des exclus (âge, sexe, éducation, etc.) mais détaille peu les spécificités du système bancaire qui pourraient être source d'exclusion. Dans cet article, nous nous proposons d'étudier l'exclusion bancaire en France, trente ans après l'instauration du droit au compte, en analysant les modèles économiques des principales banques. Nous montrons que ces modèles restent sélectifs et induisent l'exclusion des agents faiblement autonomes et/ou budgétairement limités, soit près de 10 % des ménages français. Classification JEL : G21, G28.According to the World Bank, bank exclusion affects 2.5 billion inhabitants. Economic literature on the subject deals essentially with the characteristics of those excluded from banking services (age, gender, education…) but gives few details about the specifics of the banking system that might be the source of exclusion. In this article, we propose to study bank exclusion in France, 30 years after the introduction of the entitlement to basic banking services, by analysing the business models of the main banks. We show that these models are still selective and conducive to the exclusion of persons who have little self-sufficiency and/or limited financial resources, i.e. almost 10% of French households.
Classification JEL: G21, G28. - « Juste valeur » et « prix de modèle » : une comparaison internationale de la structure des portefeuilles de trading et du ratio « rentabilité » - Laurent Clerc, Didier Marteau p. 305-322 Mise en cause dès le déclenchement de la crise financière en 2007, en raison de sa dimension procyclique, la « juste valeur » reste, sept ans plus tard, le mode unique de valorisation comptable du portefeuille de négociation (trading) des banques. Cette situation soulève une question importante pour le régulateur dans la perspective de la prévention du risque systémique. Elle part de l'observation que l'évaluation comptable des portefeuilles de trading au « prix de marché » est en fait très marginale par rapport à l'évaluation au « prix de modèle ». Dans cet article, nous mesurons tout d'abord la répartition de la valorisation des portefeuilles de trading, entre le mark to market et le mark to model. Nous calculons ensuite une mesure du return on equity (ROE) des activités de trading, en rapportant le résultat brut au montant des fonds propres réglementaires assis sur la value at risk (VaR), et constatons que ce ROE est non seulement anormalement élevé mais également qu'il est resté stable depuis le déclenchement de la crise. En outre, nous établissons que la rentabilité des activités de trading des banques est positivement et significativement corrélée au poids du mark to model dans le total du portefeuille, et en particulier au poids des actifs de « niveau 3 ». Classification JEL : G15, G21, G28, M48.At the onset of the financial crisis in 2007, “fair value” accounting came under fire for its pro-cyclical effects. Seven years on, fair value remains the sole method of accounting valuation of banks' trading books. One concern, which is relevant to regulations aimed at preventing systemic risk, is based on the observation that accounting valuation of trading portfolios at “market price” is in fact minimal compared to “model price” valuation. In this paper, we assess the distribution of the valuation of trading portfolios, between “mark-to-market” and “mark-to-model”, at the international level. Then, we calculate a measure of return on equity (ROE) on trading activities by comparing the gross income to the amount of regulatory capital based on “value at risk” (VaR) and find that this ROE is not only abnormally high, but has also generally remained stable since the onset of the crisis. In addition, we establish that returns on banks' trading activities are positively and significantly correlated to the share of assets subject to mark-to-model in the total portfolio, and particularly the share of “Level 3” assets.
Classification JEL: G15, G21, G28, M48.
- L'exclusion financière en France : une lecture en filigrane des modèles économiques bancaires - Jean-Marc Figuet, Fabienne Pinos p. 289-304