Contenu du sommaire : Les années cinquante
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 129, janvier-mars 2007 |
Titre du numéro | Les années cinquante |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les années cinquante
- Introduction - Georges-Henri Soutou p. 3
- Le facteur allemand dans la politique soviétique à l'égard de la construction européenne (1947-1957) - Emilia Robin Hivert p. 9 Le facteur allemand dans la politique soviétique à l'égard de la construction européenne (1947-1957)C'est pour des raisons politiques que l'URSS condamne les premières organisations européennes (OECE, CECA, Conseil de l'Europe) : dans le contexte de guerre froide, tout ce qui renforce la cohésion occidentale est en réalité au service des intérêts américains. L'Allemagne occupe une place particulière dans cette analyse, car elle est l'enjeu principal de la guerre froide en Europe. Le thème du danger allemand est utilisé pour lutter contre l'intégration européenne : épouvantail du nazisme pour discréditer les États-Unis, appel aux sentiments nationalistes pour contrer la CECA et la CED, dénonciation du « revanchisme allemand » pour dénoncer la participation de la RFA à l'OTAN. Dénoncer la construction européenne reflète surtout la volonté soviétique de refonder le système européen.Le facteur allemand dans la politique soviétique à l'égard de la construction européenne (1947-1957)In a context of growing tension between East and West, Moscow considered any form of economic or political cooperation between Western countries as a step towards a solid Western block. According to communist propaganda, the Marshall plan aimed to legitimate the American intervention in domestic affairs of European countries. The Atlantic alliance used covers such as the Council of Europe or the Coal and Steel Community to hide its aggressive purposes. But one should not forget that the European projects were designed to create solid bonds between the Federal Republic and the Western camp. The Soviet fight against European integration was mostly directed at American influence and German « revanchism », in order to rebuild the European security system.
- Une représentation de la guerre froide : le camp de la paix et le camp de la guerre en Tchécoslovaquie (1948-1960) - Roman Krakovsky p. 21 Une représentation de la guerre froide : le camp de la paix et le camp de la guerre en Tchécoslovaquie (1948-1960)Pendant la guerre froide, l'Est et l'Ouest ont élaboré chacun leur propre représentation de soi et de l'autre. Le but de la communication est d'analyser la représentation socialiste de « soi » et de l'« autre » et leurs dynamiques en Tchécoslovaquie, pendant la période fondatrice des années 1950. L'argumentation repose sur l'analyse iconographique et discursive des allégories de l'Est et de l'Ouest exposées dans le défilé du 1er Mai. L'auteur s'interroge d'abord sur les origines du mouvement pour la paix et ses protagonistes. Ensuite, il analyse comment le camp de la paix et le camp de la guerre sont représentés, suivant certains principes (profonde dichotomie, inversion, comparaison). Enfin, il évoque certains points sur ce que la représentation de l'autre, de l'Ouest, peut apprendre sur soi, sur le régime communiste en Tchécoslovaquie.Une représentation de la guerre froide : le camp de la paix et le camp de la guerre en Tchécoslovaquie (1948-1960)During the Cold War, East and West each developed its own representation of itself and the other. The purpose of this paper is to analyse the socialist representation of « oneself » and the « other » and their dynamics in Czechoslovakia, during the founding period of the 1950s. It relies on the iconographic and discursive analysis of the allegories of East and West performed during the May Day celebrations. First, the author questions the origins of Peace Movement and its protagonists. Then, he analyses how the Peace and War Camps were represented, according to a number of fundamental principles (essential dichotomy, inversion and comparison). In the end, he emphasises some points about what the representation of the « other », in the West, can show about « oneself » and the nature of the communist regime in Czechoslovakia.
- Lorsque l'Otan s'est installée en France - Jenny Raflik p. 37 Lorsque l'OTAN s'est installée en France...En 1950, le Conseil atlantique prend la décision de doter l'OTAN d'une force armée intégrée, sous commandement unique. Cette décision marque le début de l'installation sur le territoire des pays membres, et en particulier de la France, de bases militaires et de quartiers généraux interalliés. La France accueille également, à partir de 1952, les instances civiles de l'organisation. Cette présence physique des fonctionnaires et militaires de l'Alliance atlantique, dans la France des années 1950, confronte la société française, au quotidien, aux réalités de la guerre froide, et la place au contact direct de l'American Way of Life qui accompagne les GI's et leurs familles en Europe. Il importe donc d'étudier cette présence afin d'en déterminer les conséquences sur la société française et sur la politique atlantique du gouvernement.Lorsque l'OTAN s'est installée en France...
In 1950, the Atlantic council decided to equip NATO with an integrated armed force, under a single command. This decision marks the beginning of the installation on the territory of the Member States, and in particular in France, of military bases and interallied headquarters. France has also accommodated, since 1952, the civil authorities of the organization. With this physical presence of the Atlantic Alliance civil servants and soldiers in France during the fifties, French society was faced with Cold War realities on a daily basis. The French were directly in contact with the American Way of Life represented by GIs and their families in Europe. It is thus important to study this presence in order to determine its consequences on French society and on the Atlantic policy of the government. - La CED était-elle déjà morte en 1953 ? Le poids du facteur italien dans son échec (janvier-mars 1953) - Valentina Vardabasso p. 51 La CED était-elle déjà morte en 1953 ? La multiplicité des sources diversifie la vision de l'Europe et la perception de l'avenir. La demande de délai de Bidault à De Gasperi pour ralentir la ratification du Parlement italien du traité de la CED précède seulement de quelques jours celui où l'Assemblée de Strasbourg a approuvé le statut européen. La diversité des positions ne doit cependant pas étonner. L'unification de l'Europe a toujours été marquée par des décalages entre les engagements pour une Europe unie et la réalité de la construction européenne, qui ne se sont d'ailleurs pas forcément déroulés de manière synchronique. Les raisons du militant ne sont pas les priorités du décideur. L'impératif de sauver l'Empire conduisit Bidault à différer ses objectifs sur la CED. En ce qui concerne les intérêts nationaux, il en fut de même pour De Gasperi : l'engagement du militant pour l'Europe unie ne détourna pas l'attention du décideur pour Trieste.La CED était-elle déjà morte en 1953 ? The multiple range of sources diversifies the vision of Europe and the perception of its future. Bidault having asked De Gasperi for a delay in order to slow down the ratification of the CED treaty by the Italian Parliament, preceeded only a few days the approval by the Assembly of Strasbourg of the European status of this treaty. The diversity of the two positions is not, however, surprising. The unification of Europe has always been accompanied by the differences between the agreements for one united Europe and the reality of the construction of this union, and thus have not always coincided.The struggle of the militant is not the priority of the decision-maker. The absolute will of Bidault to save the Empire made him present different objectives concerning the CED. Relating to these same national interests, De Gasperi was also thinking in the same way. The will of the militant for a united Europe did not alter the attention of the person who made the decision for Trieste.
- De nouvelles relations ? L'ouverture de l'ambassade de France à Bonn en 1955 - Matthieu Osmont p. 67 De nouvelles relations ? L'entrée en vigueur des accords de Paris, le 5 mai 1955, marque la normalisation des relations entre la France et la République fédérale d'Allemagne, qui acquiert sa souveraineté. Ce changement est visible à Bonn à travers la transformation du Haut-Commissariat français en ambassade. La disparition du Haut-Commissariat était programmée depuis longtemps, mais toute l'année 1955 sera nécessaire pour que la mission diplomatique française s'adapte au nouveau contexte international. L'ambassade devient alors un outil de la réconciliation franco-allemande, participant à la résolution des derniers litiges entre les deux pays, en particulier l'affaire sarroise, et jetant les bases d'une coopération dans tous les domaines, qui ne cessera de se développer jusqu'à aujourd'hui.De nouvelles relations ? The coming into force of the agreements of Paris, on May 5, 1955, marked the normalization of relations between France and the Federal Republic of Germany, which acquired its sovereignty. This change was noticeable in Bonn through the transformation of the French High Commissioner ship into an embassy. The disappearance of the High Commissioner ship was planned a long time ago, and yet all of 1955 will be necessary for the French diplomatic mission to adapt itself to the new international context. The embassy became then a tool of Franco-German reconciliation and took part in the resolution of the last contentious issues between the two countries, in particular the problem of the Saar. It also provided the foundations of a cooperation, which continues its development to this day.
- Inquiétudes parlementaires. La perception du problème allemand à travers les débats de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, 1949-1955 - Christian Wenkel p. 85 Inquiétudes parlementaires. La perception du problème allemand à travers les débats de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, 1949-1955L'article analyse le débat de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale qui tourne, dans la première moitié des années 1950, essentiellement autour du problème allemand. À travers les débats sur le plan Schuman, la CECA, la CED ou bien les accords de Paris, il montre comment le problème allemand détermine la perception de la guerre froide des parlementaires français. Au cours de l'analyse, un accent est mis sur les allusions historiques, pour montrer que les évolutions au début des années 1950 sont le plus souvent comprises sur la toile de fond que constitue l'expérience d'un autre après-guerre, celui de 1918. Le poids de cette mémoire nous paraît être une clé pour expliquer pourquoi les parlementaires éprouvaient tant de mal à faire face aux réalités de la guerre froide.Inquiétudes parlementaires. La perception du problème allemand à travers les débats de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, 1949-1955The article analyses the debate within the French National Assembly's Commission on Foreign Affairs during the first half of the 1950s of the German problem. Through discussions over the Schuman Plan, the ECSC, the EDC or the Paris Agreements, this study shows how the perception of the German problem by French parliamentarians determined their perception of the Cold War. In order to explain why these French parliamentarians had such difficulty in apprehending the realities of a global Cold War, the analysis focuses especially on the weight of historic allusions, as it seems that the memory of another post-war experience, that following 1918, largely influenced their behaviour, as for example in the rejection of the EDC in August 1954.
- Suez : une entreprise dans la décolonisation - Caroline Piquet p. 103 Suez : une entreprise dans la décolonisation. La concession de la Compagnie du canal de Suez, chargée d'assurer l'exploitation de la voie maritime pour une période de 99 ans, est sévèrement remise en cause après 1945. Les années 1950 représentent une période critique en raison de plusieurs facteurs : en premier lieu, l'évacuation des Britanniques du pays fragilise la position des étrangers ; ensuite, le passage de l'Égypte parlementaire au régime des Officiers libres annonce un renforcement des revendications nationalistes. La Compagnie est confrontée à la question de sa reconversion, cherchant à se dégager d'un héritage colonial de près d'un siècle pour s'adapter aux nouvelles configurations mondiales.Suez : une entreprise dans la décolonisation
The concession of the Suez Canal Company, obtained in order to manage the Suez Canal for 99 years, was severely criticized after the Second World War. The 1950s represented for the firm a difficult period because of several factors : firstly, the withdrawal of British troops weakened foreign interests ; secondly, the transition from Parliamentary Egypt to the Free Officer Regime announced a stepping up of nationalist claims. The Suez Canal Company was confronted with the issue of its modernisation : it had to give up its colonial attitude to adapt to the new political and economic realities. - La réaction diplomatique d'un petit pays européen face à l'insurrection hongroise de 1956 : la Belgique - Gergely Fejèrdy p. 117 La réaction diplomatique d'un petit pays européen face à l'insurrection hongroise de 1956 : la Belgique. Après la mort de Staline, la Belgique, petit État particulièrement intéressé par la paix et l'équilibre des forces sur le continent européen, s'est engagée dans la détente, tout en restant méfiante. Lors de l'insurrection hongroise en automne 1956, une délégation gouvernementale se trouvait à Moscou, mais elle n'a été informée qu'à son retour sur les événements. L'intervention soviétique en Hongrie a indigné Bruxelles et a confirmé ses craintes selon lesquelles la politique de Moscou n'avait pas évolué depuis 1945. Tel a été le sens des interventions belges devant les organisations internationales. Le chef de la légation belge à Budapest, qui a suivi sur place les événements, a tenté, parfois en désaccord avec Bruxelles, de promouvoir l'idée d'une politique belge neutre. La Belgique, soucieuse de sa sécurité et membre de l'OTAN, a toutefois suivi la voie de la coopération avec ses alliés. L'insurrection hongroise n'a pas seulement dévoilé aux yeux de Bruxelles la réalité de la politique soviétique, mais a également gelé pour quelques années les relations belgo-hongroises.La réaction diplomatique d'un petit pays européen face à l'insurrection hongroise de 1956 : la Belgique. After Stalin's death, Belgium, a small country which was particularly interested in creating peace and a sound balance of power on the European continent, was committed to détente, although Belgium remained suspicious. During the Hungarian uprising in autumn 1956 a governmental delegation was in Moscow but was informed about the events only when they got back. The Soviet intervention in Hungary made Brussels indignant and confirmed what Belgium had already feared : Moscow's policy had not evolved since 1945. It was in keeping with the idea that Belgium intervened before the international organizations. Sometimes at odds with Brussels, the Belgian legation's leader in Budapest who followed the events there, tried to promote the idea of a neutral Belgian policy. Belgium, concerned with its security and a member of NATO, however, followed the channels of cooperation with its Allies. Not only did the Hungarian uprising reveal the Soviet policy's true face in the eyes of Brussels but it also froze the relations between Belgium and Hungary for a few years.
Notes de lecture