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Tour à tour lecteur et scripteur, l'homme d'aujourd'hui lit et écrit "comme il respire", c'est-à-dire sans conscience des mécanismes de son comportement. Ces mécanismes, parfois, tombent en panne. Contre la bronchite, nous avons la médecine, la pharmacie, la Sécurité sociale. Mais, contre les "cybernoses", les textes illisibles, les livres inintelligibles, les langages qui communiquent mal ? ... François Richaudeau, dans un ouvrage à paraître sur "la Lisibilité", examine ces problèmes en profondeur et propose des solutions à la fois scientifiques et pratiques à nos difficultés quotidiennes de communication par l'écriture-lecture. Dans l'extrait présenté ici, l'auteur, à partir d'une analyse quantitative de la phrase optimale, débouche sur des conseils pratiques.

La théorie de l'information, née d'une nécessité économique, date d'une vingtaine d'années. Théorie mathématique s'il en fut, son nom est fort répandu. Néanmoins, et dans la mesure où l'on en parle justement beaucoup, il nous a paru bon d'en rappeler les notions les plus simples, celles qu'il faut toujours avoir à l'esprit lorsqu'on en fait état. Il nous a semblé utile également de signaler quelques-uns des domaines où la théorie de l'information apporte un élargissement et des perspectives originales, sinon déjà fécondes: en linguistique sûrement, en psychologie probablement, peut-être aussi dans le domaine artistique. Savoir comment le domaine de la quantité peut, suivant des lois dont il reste à analyser toutes les conséquences, s'introduire dans le domaine de la qualité n'est pas un des moindres aspects de la science contemporaine.

Un problème aigu de prix de revient, en exigeant une solution technique, a en définitive créé des possibilités nouvelles dans l'utilisation des ordinateurs. L'établissement de bandes ou de cartes perforées fournissant l'information aux ordinateurs coûte et coûterait en effet de plus en plus cher. L'invention de la lecture optique, "moyen de reconnaître, d'interpréter et d'introduire automatiquement en ordinateur des formes lisibles pour l'homme", permet de substantielles économies. Mais la lecture optique, au-delà de cet avantage immédiat, laisse entrevoir de nombreuses utilisations dans des domaines aussi éloignés l'un de l'autre que le sont, par exemple, la mise en pages de journaux ou la vérification des billets d'avion à l'embarquement des passagers. A partir de ce réel immédiat, l'imagination peut jouer...

A portée de notre main, dans le téléviseur, la caméra, le magnétophone, l'image est là, captée, le son apprivoisé, l'univers sensible restitué à l'homme d'aujourd'hui, à travers la pellicule et la bande magnétique. La civilisation de l'image, devenue civilisation de l'audiovisuel, débute à peine, avec encore bien d'autres possibilités, bien d'autres utilisations que celle du spectacle à domicile. De l'école à l'atelier, de la vie professionnelle à la vie politique et jusqu'à l'urbanisme, l'audiovisuel va bientôt animer, colorer, imprégner toutes les dimensions d'un humanisme nouveau qui se cherche encore.

De nos jours encore, le seul outil mathématique du typographe ou du maquettiste est le "typomètre", règle métallique graduée sur une arête en unités typographiques (les points), et sur l'autre arête en millimètres. Typographes et maquettistes devront-ils à l'avenir se "recycler" pour manier les tables de logarithmes et les formules intégrales ? Mais tout d'abord des formules mathématiques et en particulier des formules de la "théorie de l'information" peuvent-elles jouer un rôle utile en typographie ? C'est à ces questions que Gui Bonsiepe fournit des amorces de réponses dans un article que nous reproduisons grâce à la courtoisie de notre confrère américain "The Journal of Typographie Research".

L'auteur de cette étude est vice-président de la fameuse société Gallup et Robinson Inc., dont le siège est situé à Princeton N.J. Il y est entré en 1950, et y est responsable de la recherche. Né à Boston (Massachusetts), le 20 janvier 1928, gradué de l'Université de New Hampshire en 1948, il a présenté un post-graduat en psychologie. Son travail inclut la recherche générale sur les deux types de publicités imprimée et télévisée, ainsi que d'autres analyses communicationnelles. Il est donc partiellement responsable de l'étude résumée dans cet article qu'il a également présenté dans la revue américaine Media Scope. A Princeton, la firme Gallup et Robinson, formée de la rencontre, en 1948, de deux pionniers des recherches d'opinion publique, Dr George Gallup et Dr Claude Robinson, emploie maintenant 71 personnes dans ses 4 centres d'interviews comprenant le fameux Mirror of America à Hopewell. La production est d'une enquête par jour ouvrable pour une clientèle de 63 grandes sociétés américaines. Le travail est réparti sur 800 enquêteurs expérimentés et 23 chefs interviewers. La grande bibliothèque de Princeton contient le classement de 30 000 annonces de magazines, de 1 000 annonces de quotidiens et de 9 0Q0 émissions de T.V. commerciale des 12 dernières années, avec l'histoire complète de leur pénétration dans la nation américaine.

La relation "dirigeant-dirigé", "enseignant- enseigné" tend à disparaître. La "participation" paraît gagner du terrain. Il est un domaine où, déjà, elle n'est plus une idéologie mais un fait quotidien, c'est le domaine des ondes. De plus en plus, au moyen d'appels téléphoniques, le public intervient au cours d'émissions de radio et de télévision où une personnalité ou même tout un aréopage de gens compétents se mettent à sa dispositon pour lui répondre. Ses questions ou ses problèmes constituent la trame même de l'émission. Comment interpréter cette tendance nouvelle du public à quitter son rôle d'auditeur passif pour se donner lui-même en spectacle et aller parfois jusqu'à la confession publique ? Jean Cazeneuve nous explique ce phénomène qui est en train de transformer les anciennes conceptions des organes de diffusion — radio et télévision — en faisant d'eux non seulement des émetteurs, mais des plaques tournantes de la communication.

Communiquer avec autrui, c'est échanger des informations, donner des ordres, chercher à convaincre, exprimer des sentiments ou même converser sans but... C'est un acte quotidien. Chaque jour, donc, nous parlons, nous écoutons, nous entretenons un dialogue. Comment cela se passe-t-il ? Certaines théories modernes, théorie des communications ou cybernétique, permettent de mieux comprendre les lois qui régissent tout dialogue et d'en tirer des conclusions qui ne peuvent manquer d'être pratiques, immédiatement utilisables par chacun.

Du message ou du canal par lequel passe le message, quel est le plus important ? Le message n'a peut-être en soi de valeur que par la nature et la quantité des informations qu'il contient, alors que le moyen par lequel le message se diffuse et, plus encore, le milieu dans lequel il diffuse semblent représenter une nouvelle dimension de l'homme que l'on ne soupçonnait même pas naguère. Enfin McLuhan vint... C'est ce qu'expose ici Louis Darms, spécialiste des problèmes de la communication, qui dispense de nombreux cours en Belgique, en France, au Portugal.

La question abordée ici présente des aspects multiples et plus généraux encore que les exemples choisis, pour frappants qu'ils soient. La publicité peut-elle faire appel à n'importe quel type d'argument pour inciter à l'achat ? Et si ces arguments sont, de manière patente, reconnus nuisibles (la vitesse comme motif d'achat d'une voiture...), peut-on légitimement demander qu'ils ne soient pas utilisés ? Et comment ? Il existe certes le B.V.P., mais remplit-il son rôle ? Et à la limite, ne serait-ce pas limiter le droit à l'information, puisque, enfin, une publicité est aussi, d'abord, une information ? L'auteur de cet article, Claude Vielfaure, a limité son propos à certaines publicités de marques d'automobiles. Il a remarqué que dans nombre de journaux on trouvait simultanément de telles publicités, qui par leur forme pourraient être qualifiées de véritables appels au meurtre, et des articles qui s'élevaient contre les motivations qui inspiraient les mêmes publicités. Mais on voit bien que ce n'est qu'un cas particulier. On trouverait dans d'autres domaines des exemples aussi significatifs.