Contenu du sommaire : Florence (1200-1530) : la réinvention de la politique

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro vol. 64, no 6, 2014
Titre du numéro Florence (1200-1530) : la réinvention de la politique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Florence (1200-1530) : La réinvention de la politique

    • La République de Florence (12e-16e siécle) : Enjeux historiques et politiques - Jean Boutier, Yves Sintomer p. 1055-1081 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les communes médiévales et renaissantes ont réinventé le politique, entendu au sens d'un débat public sur les choses de la cité appuyé sur des procédures électives et délibératives permettant aux citoyens une participation politique institutionnalisée. La Commune de Florence occupe une place centrale dans cette évolution, mais ce moment important de l'histoire occidentale reste largement méconnu chez les auteurs francophones, et tout particulièrement chez les politistes. Cet article introduit le numéro de la Revue française de science politique sur l'histoire politique de Florence, centré sur les procédures institutionnelles permettant de prendre des décisions et de choisir les magistrats. Il en souligne certains des principaux enjeux pour les recherches sur le politique, bien au-delà des spécialistes de l'histoire florentine.
      In the Middle-Age and the Renaissance, European communes have reinvented the political, namely a public debate on the polity with electoral and deliberative procedures that enable citizens to participate in the institutional politics. The Commune of Florence had a central position in this evolution, but this important period of the Occidental history tends to be neglected by French-speaking researchers, and especially by political scientists. This article introduces the issue of the Revue française de science politique on the political history of Florence, an issue that focuses on the electoral and decision-making procedures. The article underlines some of the most important dimensions of this history for the research on the political, much beyond the scholars who are specialized on Florentine history.
    • Formes électorales et conception de la communauté dans les communes italiennes (12e-14e siècle) - Hagen Keller, Didier Renault, Yves Sintomer p. 1083-1107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'article livre une synthèse de l'évolution des formes électorales et de la conception de la communauté dans les communes italiennes du 12e au 14e siècle. Celles-ci firent preuve d'une étonnante inventivité politique. Elles multiplièrent les « votes de compromis » à plusieurs échelons, furent avec l'Église l'un des foyers de l'introduction du vote majoritaire et, à partir du 13e siècle, eurent massivement recours au tirage au sort. Dans cette dynamique s'entrecroisaient des conflits sociaux, des débats procéduraux et une conception normative qui pensait les modes de scrutin en fonction de l'objectif de désignation des candidats les plus impartiaux, les plus justes et les plus utiles pour l'harmonie communale – une logique fort différente des élections dans les démocraties modernes.
      The article offers a synthesis of the evolution of the electoral techniques and of the conception of the community in the Italian communes between the 12th and the 14th century. The Italian communes were a place of an astonishing political imagination. They developed the “vote by compromise” with several steps, were together with the Church one of the sources of the majority vote and, from the 13th century onwards, developed massively the use of sortition. Several dimensions were important in these developments : social conflicts, procedural debates, and a normative conception that saw the voting systems as a tool for designating the most impartial, just and useful persons in the perspective of communal harmony – a conception quite different from the one that underlies elections in modern democracies.
    • Les pratiques institutionnelles de la République Florentine : Du regime del Popolo de 1282 à la réforme électorale de 1328 - Piero Gualtieri, Yves Sintomer p. 1109-1121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La réforme de 1328, qui modifia les modalités d'élection aux offices qui composaient le sommet de l'exécutif citadin, représenta un moment majeur de l'histoire politico-institutionnelle florentine. Après avoir décrit de façon synthétique le fonctionnement institutionnel de la cité, l'article parcourt l'évolution des pratiques électorales à partir de l'introduction de la magistrature du priorat des Arts (1282) qui, en un temps relativement bref, s'imposa comme le pivot du gouvernement. L'analyse d'une telle évolution permet de comprendre comment la réforme, qui ouvrit pourtant un nouveau cours de la pratique politique florentine, fut de fait l'assemblage sous une forme inédite d'éléments déjà présents dans la tradition institutionnelle locale, et vint ainsi parachever un long processus d'expérimentation politique, enchaînement de moments clairement identifiés.
      The reform of 1328 that modified the modalities of election to the highest functions of the city's executive, represents a significant moment in Florentine political-institutional history. The article first gives an overview of the institutional functioning of the city-state and then goes on to discuss the evolution of electoral practices based on the introduction of the magistracies of the Priory of Arts (1282). In a relatively short period, this established itself as the hub of the city's government. An analysis of such an evolution helps understand how the reform, though opening a new chapter in Florentine politics, was in fact an original assemblage of already existing elements in the local institutional tradition. It thus completed a long process of political experimentation in a series of clearly identified moments.
    • La classe dirigeante de Florence au tournant du 14e et 15e siècle - Laura De Angelis, Jean Boutier p. 1123-1137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'article s'attache aux dynamiques du pouvoir politique à l'intérieur de la Florence de la première Renaissance lorsque, à l'intérieur d'un cadre institutionnel pourtant presque inchangé par rapport aux grandes réformes des premières décennies du 14e siècle, la conduite de la cité et de l'État fut assurée avec force par une classe dirigeante toujours plus unie autour des familles d'ancienne tradition citadine. Cette classe dirigeante, définie dans son extension numérique et dans ses caractéristiques de représentation sociale, promut une figure nouvelle de « professionnel » de la politique, qui concernait peut-être près d'un dixième de la population mâle adulte de la cité au début du 15e siècle.
      The article studies the dynamics of political power within Florence during the early Renaissance. Within a practically unchanged institutional framework as far as the big reforms of the first decades of the 14th century were concerned, the running of the City and the State was forcefully ensured by a ruling class still constituted by old urban families. This ruling class, by its numbers and by its social representation, promoted a new figure of the “professional” politicians that may be touched nearly a tenth of the male adult population of the city at the start of the 15th century.
    • Le régime de Côme de Médicis au moment de son arrivée au pouvoir (1434) - Riccardo Fubini, Marc Saint-Upéry p. 1139-1156 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En 1434, Côme de Médicis rentra à Florence après un an d'exil à Venise. Ce retour marqua le début d'un processus majeur de changement politico-institutionnel, qui aboutit à terme à l'instauration d'un principat (1530-1532). Ce « moment 1434 » ne fait pas pour autant l'objet d'un consensus historiographique. Le pouvoir médicéen reposait toujours sur le même groupe de citoyens privilégiés, base du pouvoir politique depuis les années 1380 ; il n'opéra dans un premier temps aucun changement constitutionnel, mais instaura un recours régulier à l'extraordinaire, qui transforma de fait la réalité des pratiques politiques. À partir d'une relecture critique de la vie politique florentine des années 1380 aux années 1450, l'article pose la question essentielle des fondements du constitutionalisme florentin.
      In 1434, Cosimo de' Medici returned to Florence after a year's exile in Venice. His reappearance marked the beginning of important political and institutional changes, which in the long term culminated in the installment of a principality (1530-1532). Nonetheless, the “moment of 1434” has not been the object of a historiographical consensus. The Medici's power still rested on the same group of privileged citizens, who formed the basis of political power since the 1380s. It did not bring about any immediate constitutional change, but instituted a regular recourse to extraordinary practices that transformed the reality of political practices. The paper raises the fundamental question of the bedrock of Florentine constitutionalism through a critical re-reading of Florentine political life from the 1380s to the 1450s.
    • Les premières années du Grand Conseil de Florence (1494-1499) - Nicolai Rubinstein, Marc Saint-Upéry p. 1157-1186 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article retrace l'évolution complexe des procédures constitutionnelles et électives et les débats dont elles furent l'objet durant les premières années du Grand Conseil de Florence, après le rétablissement du régime républicain qui suivit la chute des Médicis et dans une période marquée par l'action de Jérôme Savonarole. Dans ces débats s'intriquaient étroitement des considérations principielles relatives au poids des différentes couches sociales présentes dans le Grand Conseil ou aux caractéristiques attendues de l'élection et du tirage au sort, des manœuvres tactiques visant à favoriser procéduralement tel ou tel camp politique et des soucis pratiques relatifs à l'organisation concrètes des débats (besoin de disposer d'une salle adéquate, problèmes de quorums, etc.). Ce n'est qu'après plusieurs années que le tirage au sort des charges devint une revendication du courant « populaire » et finit par s'imposer.
      This article analyses the complex evolution of the constitutional and electoral procedures and the debates about them during the first years of the Florentine Great Council, when the republican regime was reestablished after the fall of the Medici, at a time when Jerome Savonarola was very influential. Several dimensions were interlinked : fundamental reflections about the weight of the different social groups that were part of the Great Council or the supposed characteristics of election and sortition, tactical manœuvres that were intended to procedurally promote such or such political camp, and practical concerns about the concrete organization of the debates (need to have an adequate room, need of reaching a quorum, etc.). It is only after some years that the sortition of the magistrates became a claim of the “popular” current and was eventually adopted.
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