Contenu du sommaire : Varia
Revue |
20 & 21. Revue d'histoire Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire |
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Numéro | no 125, janvier-mars 2015 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Les cinq étapes de Témoignage chrétien - Étienne Fouilloux p. 3-15 Héritier du Courrier français du Témoignage chrétien, né dans la clandestinité en 1943, l'hebdomadaire Témoignage chrétien se radicalise au tournant des années 1950 et 1960 : opposition à la guerre d'Algérie et engagement, dès 1962, pour un concile Vatican III qui serait celui des laïcs. Il connaît une seconde phase de radicalisation à partir de 1967-1968 : adoption de la cause palestinienne, adhésion à l'Union de la gauche et participation à la contestation intra-ecclésiale. Cette nouvelle radicalisation, le vieillissement et le non-renouvellement de son lectorat diminuent son audience et menacent son existence dès avant le « coup d'État » de 1996 contre Georges Montaron, avec lequel le journal s'identifiait depuis 1955.The Five Eras of Témoignage chrétien Heir to the legacy of the Courrier français du Témoignage chrétien, born in secrecy in 1943, the weekly newspaper Témoignage chrétien became more radical at the turn of the 1950s and 1960s. First, the paper opposed the Algerian War, then as early as 1962, it endorsed The Second Vatican Council and the cause of laity. A second radical turn occurred during 1967-1968, when the paper adopted the Palestinian cause, joined the Union de la gauche (Union of the Left) and participated in intra-ecclesial debates. Combined with the ageing and lack of renewal of its readership, this new form of radicalisation ultimately diminished the paper's audience and threatened its existence, even before the 1996 “coup d'État” against Georges Montaron, who had headed the paper since 1955.
- La République briseuse de grèves et l'amnistie (1905-1914) : Une tentative de régulation politique du conflit social en France - Stéphane Gacon p. 17-31 Confrontés à la violence des conflits sociaux de la fin du siècle, les radicaux mènent une politique associant répression, clémence et réformes qui débouche sur un usage systématique de l'amnistie. Appuyée sur une longue tradition républicaine de clémence, celle-ci vise à consolider les cadres de la « civilisation républicaine » en fixant les limites entre le licite et l'illicite. Répondant volontiers aux logiques électorales, l'amnistie est pensée comme un moyen pédagogique de maintenir le monde du travail à distance de la tentation socialiste. Cependant, les débats qui l'entourent témoignent de la persistance d'une hantise du peuple qui se reconfigure parmi les élites au moment où le monde ouvrier prend de l'ampleur et s'organise.The French Republic, Strikes and Amnesty (1905-1914): A Political Attempt to Regulate Social Conflicts in France. Confronted with violent social conflicts at the end of 19th century, French radicals implemented a policy that combined repression, clemency and reforms and which led to the systematic use of amnesty. Based on the long republican tradition of clemency, amnesty measures aimed to solidify the structure of “republican civilisation” by establishing the limits of what was permissible and what was not. Often acting in response to electoral issues, amnesty can be understood as a pedagogical means that strove to save the world of labour from the temptation of Socialism. Nevertheless, the debates which accompanied the use of amnesty revealed the elite's persistent fear of the people at a time when the working class was becoming more influential and more organised.
- De l'usine au Conseil d'État : L'élection de Joséphine Pencalet à Douarnenez (1925) - Fanny Bugnon p. 32-44 L'élection de Joséphine Pencalet au conseil municipal de Douarnenez en 1925 permet d'interroger l'un des paradoxes des institutions et des partis politiques français à l'égard des femmes. Suivant une consigne de Moscou, le Parti communiste présente en effet plusieurs candidates aux scrutins municipaux de 1925, adoptant une posture de défiance envers les institutions, partis politiques et organisations féministes. Alors que les femmes sont dépourvues de droits politiques, les électeurs de ce port breton marqué par une forte conflictualité socio-politique désignent une ouvrière de trente-huit ans pour les représenter. Cette élection et son annulation reflètent les tensions et usages stratégiques des femmes dans le jeu politique, à la fois sur le plan local et national.From the Factory to the French Council of State: The Election of Josephine Pencalet in Douarnenez (1925). The election of Josephine Pencalet to the Douarnenez city council in 1925 allows us to investigate one of the paradoxes of French political parties and institutions with regard to women. Following instructions from Moscow, the Communist Party had several female candidates run for municipal office in 1925, thus adopting a posture of defiance towards existing institutions, political parties and feminist organisations. While women still lacked political rights, the voters of this Breton port city, marked by strong socio-political conflict, elected a 38 year-old female worker to represent them. This election and its subsequent cancellation reflect inherent tensions behind the strategic uses of women in politics, both at the local and national level.
- Résistance ou collaboration de l'industrie automobile française pendant la Seconde Guerre mondiale : Le cas de Ford SAF - Talbot C. Imlay, Alexandra Harvey p. 45-60 À la suite de la Libération de la France en 1944, François Lehideux s'est trouvé accusé de collaboration avec l'occupant. Sous sa direction, l'industrie automobile française pendant l'Occupation a travaillé presque exclusivement pour l'Allemagne. Pour sa défense, Lehideux a affirmé que l'industrie avait saboté l'effort de guerre allemand en sous-produisant délibérément. Bien que des historiens ont fait écho aux affirmations de Lehideux, le phénomène de sous-production n'a pas été examiné d'une façon critique. En étudiant les activités de la compagnie Ford SAF pendant la guerre, cet article montre qu'il est plausible que Ford SAF ait moins produit pour l'Allemagne qu'elle n'aurait pu le faire, particulièrement pendant les années 1943-1944. Dans le même temps, cette sous-production ne constituait pas une forme de résistance, car Ford SAF n'était pas motivée par le désir de nuire à l'effort de guerre de l'Allemagne.Resistance or Collaboration? The French Automobile Industry during the Second World War: The Case of Ford SAF. Following the Liberation of France in 1944, François Lehideux was accused having collaborated with the Germans. Under Lehideux's leadership, during the occupation the French automobile industry had worked almost exclusively for Germany. In his defence, Lehideux claimed that the industry had sabotaged the German war effort by deliberately under-producing. Although some historians have corroborated Lehideux's claim, the phenomenon of under-production has received little critical scrutiny so far. Examining the wartime activities of the Ford SAF automobile company, this article argues that it is plausible that the company produced less than it could have for the Germans, particularly during 1943-1944. Just as importantly, however, it argues that this under-production did not constitute a form of resistance, as Ford SAF was not motivated by a desire to undermine Germany's war effort.
- Lettres de correspondants français à la BBC (1940-1943) : Une pénombre de la Résistance - Robert Gildea p. 61-76 Cet article exploite un fonds de lettres adressées à la BBC par des correspondants français entre 1940 et 1943 et vise à contribuer au débat sur l'étendue de la résistance en France. Il défend la thèse de l'existence d'une « pénombre », soit d'une mouvance entre l'opinion publique et la résistance organisée des ombres qui chercha à reconstruire symboliquement la communauté nationale et à entamer un dialogue avec Londres sur le comportement des Alliés, la fidélité au maréchal Pétain ou au général de Gaulle et la persécution des juifs. Ces correspondants furent rarement des hommes en âge d'être militarisés, qui pensaient à résister militairement, et davantage des anciens combattants, des femmes et des jeunes.Letters from French Correspondents to the BBC (1940-1943): A Penumbra of Resistance? This article examines a collection of letters addressed to the BBC by correspondents in France in the hopes of contributing to the debate about the extent and scope of the French Resistance. It argues that there was a “grey area” between public opinion and the organised underground Resistance which sought to symbolically rebuild the national community and to engage in dialogue with London regarding the behaviour of the Allies, loyalty to Pétain or de Gaulle, and the persecution of Jews. These correspondents were rarely young men of military age, who might have been thinking of resisting militarily, but rather tended to be veterans, women and young people.
- Le retrait des tirailleurs sénégalais de la Première Armée française en 1944 : Hérésie stratégique, bricolage politique ou conservatisme colonial ? - Claire Miot p. 77-89 À l'automne 1944, plus de quinze mille tirailleurs sénégalais sont progressivement et parfois chaotiquement retirés du front de la Première Armée française dans la région de Belfort, puis transférés dans le Sud de la France. Ni véritable relève, ni tout à fait hivernage, cette opération de « blanchiment », ou « blanchissement » pour reprendre les termes connotés de l'époque, soulève de nombreuses interrogations. Elle apparaît comme le résultat d'un processus de décision complexe qui articule considérations militaires influencées par la « théorie des races martiales », nécessité politique de l'intégration des combattants venus de la Résistance intérieure à l'armée régulière.The Retreat of the Senegalese Tirailleurs of the First French Army in 1944: Strategic Mistake, Political Compromise or Colonial Conservatism? In the fall of 1944, more than fifteen thousand colonial troops from the Senegalese Tirailleurs were withdrawn from the front lines of the First French Army fighting in the region of Belfort, and then transferred to Southern France. This operation, seen by many at the time as an attempt to “blanchir” (whiten) the French Army, was in fact neither a simple act of replacement nor an overwintering operation. It would appear that this troop rotation was above all the result of a complex decision-making process which combined military considerations influenced by martial races theory with the political need to integrate fighters coming from the French Resistance into the regular army.
- La politique hongroise de la France entre 1967 et 1973 - Pierre Bouillon p. 91-103 Entre 1967 et 1973, la politique extérieure française mit à profit plusieurs satellites soviétiques pour appuyer la détente en Europe. De ce point de vue, la Pologne et la Roumanie furent des interlocuteurs privilégiés. La Hongrie, cependant, parvint à intéresser la France à son sort, en dépit d'un passé difficile entre les deux pays. Les réformes intérieures mises en place par les dirigeants communistes, de même que leur attitude modérée lors de la crise du Printemps de Prague, distinguèrent Budapest de la majorité des autres démocraties populaires. Toutefois, la Hongrie ne pouvant s'affirmer comme la Roumanie sur la scène internationale, les relations franco-hongroises échouèrent à changer d'envergure, avant l'ouverture de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE).France's Hungarian Policy Between 1967 and 1973 Between 1967 and 1973, French foreign policy employed several Soviet satellites to promote détente in Europe. In this context, Poland and Romania were particularly useful contacts. Hungary, however, also managed to attract French attention, in spite of a tense past between the two countries. In fact, the domestic reforms implemented by Hungary's Communist leadership and their moderate stance towards the Prague Spring set Hungary apart from most of the other “popular democracies”. Nevertheless, as Hungary was unable to assert itself on the international stage like Romania, Franco-Hungarian relations did not radically change until the advent of the Conference on Security and Cooperation in Europe (CSCE).
- « Nous les Latino-Américains, nous qui n'avons ni canons, ni cuirassés » : Les élites du Mexique révolutionnaire face à la Grande Guerre - Adriana Ortega Orozco, Romain Robinet p. 105-120 Cet article étudie les liens entre deux événements longtemps analysés de manière séparée par l'historiographie : la Première Guerre mondiale et la Révolution mexicaine. Les deux processus entrèrent pourtant en interaction. Le Mexique révolutionnaire fut confronté au spectre de l'entrée en guerre en avril 1917, peu après la promulgation de sa nouvelle Constitution. À l'instar d'autres pays latino-américains, le pays fut le théâtre d'une véritable « guerre des esprits », opposant neutralistes, défenseurs de l'Entente ou des empires centraux. De la présidence de la République au mouvement étudiant, en passant par le Congrès constituant, la presse et les intellectuels, cet article analyse les positions contradictoires des élites révolutionnaires face à la Grande Guerre.We, the Latin-American People, Who Have Neither Canons nor Battleships”: Revolutionary Mexican Elites Facing the Great War. This article explores the important links between two closely interconnected events that have traditionally been analysed separately by historians: the First World War and the Mexican Revolution. In April 1917, revolutionary Mexico faced the possibility of going to war, shortly after the proclamation of its new Constitution. Like other Latin American nations, the country saw a “war of the minds” play out between neutralists and defenders of the Entente Powers or the Central Powers. This article analyses the contradictory positions held by various revolutionary elites during the Great War, including the President of the Republic, members of the Constituent Congress, the press, public intellectuals and student movements.
- Résister ou négocier face au Japon : La genèse du gouvernement de collaboration de Nankin (janvier 1938-avril 1939) - David Serfass p. 121-132 Le gouvernement de collaboration, fondé en 1940 par Wang Jingwei à Nankin au cœur de la zone occupée par l'armée japonaise, est l'aboutissement de longues négociations menées secrètement dès le début de la guerre. Une historiographie chinoise prompte à dénoncer la traîtrise des collaborateurs et l'hypocrisie des Japonais a longtemps fait une analyse téléologique de ce processus. Pourtant, l'étude de la période, allant du début des tractations en faveur de la paix en janvier 1938 jusqu'au départ pour la zone occupée de Wang en avril 1939, révèle que la mise en place de ce gouvernement est moins la réalisation d'un plan cohérent du début à la fin que le résultat de choix successifs pris dans le contexte incertain des premières années de la guerre.Resistance Against or Negotiation with Japan: The Origins of the Nanjing Nationalist Government (January 1938-April 1939). The Nanjing puppet government founded in 1940 by Wang Jingwei at the centre of the Japanese-occupied territory was the result of a long process of negotiations secretly carried out since the beginning of the war. Quick to denounce the treachery of the collaborators and the hypocrisy of the Japanese, Chinese historians have long studied this process through a teleological lens. However, if one examines the period from the beginning of the negotiations for peace in January 1938 up until Wang Jingwei departed for the occupied zone in April 1939, it becomes apparent that the establishment of this government was less the conclusion of a coherent plan than the result of a series of choices made in the uncertain context of the war's early years.
- Les cinq étapes de Témoignage chrétien - Étienne Fouilloux p. 3-15
Rubriques
- Archives - p. 133-140
- Avis de recherches - p. 141-146
- Images, lettres et sons - p. 147-165
- Vingtième Siècle signale - p. 167-174
- Librairie - p. 175-217