Contenu du sommaire : Lire Le capital de Thomas Piketty - Recherche historique et enseignement secondaire
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
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Numéro | vol 70, no 1, janvier 2015 |
Titre du numéro | Lire Le capital de Thomas Piketty - Recherche historique et enseignement secondaire |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier - Lire Le capital de Thomas Piketty
- Lire Le capital de Thomas Piketty - p. 5-6
- Dynamique du capitalisme et inégalités - Jean-Yves Grenier p. 7-20 Le livre de Thomas Piketty Le capital au XXIe siècle met en évidence la nature fortement instable du capitalisme, dont la première caractéristique, en « régime normal », est de produire des inégalités de richesse et de revenus toujours croissantes. Cet article explicite d'abord cet aspect central en montrant la force et les limites de la notion de « régime normal ». Il s'interroge en particulier sur la place de la longue période du New Deal (1930- 1980), marquée par la Seconde Guerre mondiale et des tentatives de politique économique pour limiter les écarts sociaux. Il s'intéresse ensuite aux raisons de ces inégalités à partir des mécanismes expliquant la répartition des revenus.Dynamics of Capitalism and Inequality Thomas Piketty's Capital in the Twenty-First Century shows that capitalism is a fundamentally unstable economic system. Without external parameters, like wars, it produces constantly increasing inequalities in wealth and income. The first part of this article explains this central feature. In particular, it considers the historical significance of the long period of the New Deal (1930-1980), marked by the Second World War and economic policies attempting to limit social disparities. In its second section, the article focuses on the economic reasons for these inequalities and the mechanisms of income distribution.
- Faire fructifier Le capital au XXIe siècle - Peter H. Lindert, Antoine Heudre p. 21-34 L'ouvrage monumental de Thomas Piketty Le capital au XXIe siècle nous a permis de mieux comprendre les évolutions historiques des inégalités. Cet article dresse une liste des domaines, du plus au moins prometteur, vers lesquels la recherche peut utilement se porter en partant du travail mené par l'auteur. Le domaine le plus important est l'histoire de l'inégalité des revenus du travail, qu'ont si bien amorcée T. Piketty et son équipe en s'appuyant sur l'histoire des crises du XXe siècle et des réponses politiques qu'ils ont suscitées. En revanche, cibler le patrimoine, le capital et le taux de rendement – comme le fait l'ouvrage – semble moins prometteur en termes de pistes de recherche. Pour parvenir à de meilleures projections des inégalités, il convient de fusionner les travaux de T. Piketty et de son équipe sur les évolutions historiques de la part du décile des très hauts revenus dans le revenu national avec les travaux consacrés aux mouvements historiques de l'inégalité au sein des 90 % restants de la hiérarchie des revenus. Il convient également d'intégrer d'autres travaux de recherche ayant démontré que le genre de système démocratique que T. Piketty appelle de ses vœux favoriserait la croissance.Making the Most of Capital in the Twenty-First Century Thomas Piketty's monumental Capital in the Twenty-First Century has transported us to a higher understanding of the historical evolution of inequality. This essay attempts to inventory the different avenues of research, more or less promising, that scholars might usefully pursue when building on his work. The most important path to follow is the history of inequalities in income that Piketty and his team have flagged up so well, supported by the book's history of the great crises of the twentieth century and the political responses that they elicited. Less promising is the book's emphasis on wealth, capital, and the rate of return. The best predictions of future inequalities can be achieved by merging Piketty and his team's history of those who hold the top 10 percent of income with works dedicated to the history of inequality within the lower 90 percent. It is also necessary to integrate other scholarship that has demonstrated that the sort of democratic system Piketty calls for would have positive effects on growth.
- Monnaie et capital : Contributions du Capital au XXIe siècle à l'histoire et à la théorie monétaires - Eric Monnet p. 35-46 Comme beaucoup d'économistes et d'historiens avant lui, Thomas Piketty inclut la monnaie dans sa définition du capital (patrimoine). Cela l'oblige à effectuer une distinction importante entre actifs réels et actifs nominaux, notamment pour comprendre le rôle distributif de l'inflation sur le capital. Le présent article compare d'abord l'approche de l'ouvrage à celles d'autres théories économiques qui distinguent monnaie et capital, et montre ensuite que le rôle et la part de la monnaie au sein du capital ne peuvent être négligés historiquement. Il est essentiel d'étudier les potentiels effets de substitution entre actifs monétaires et actifs non monétaires pour comprendre la dynamique historique du capital et les effets de la taxation de celui-ci.Money and Capital: Contributions of Capital in the Twenty-First Century to Monetary History and Theory Like many other historians and economists before him, Thomas Piketty includes money in his definition of capital (wealth). For this reason, he makes a distinction between real and nominal assets, notably in order to understand the distributional effect of inflation on capital. This article draws comparisons between this approach and other theories of the difference between money and capital, before going on to show, from an historical point of view, why the role and the share of money within total capital cannot be neglected. Potential substitution effects between monetary and non-monetary assets must be taken into account in order to understand the historical dynamic of capital and the effects of its taxation.
- Vers une histoire politique du capital ? - Nicolas Delalande p. 47-59 La question des liens entre l'analyse économique et l'action politique est un élément central du Capital au XXIe siècle et de toute approche se revendiquant de l'économie politique. Pour autant, la nature de ces liens ne paraît pas toujours clairement explicitée dans l'ouvrage de Thomas Piketty. Cette lecture critique entend donc ouvrir trois points de discussion, à la lumière de l'histoire et de la science politique. Les politiques fiscales de réduction des inégalités apparues au XXe siècle sont-elles de simples accidents de l'histoire et, si oui, comment penser leur avenir ? Au nom de quels principes la tendance inégalitaire du capitalisme pourrait-elle être corrigée en l'absence de tout système de substitution ? Enfin, la délibération démocratique que T. Piketty appelle de ses vœux n'est-elle pas déjà profondément altérée par les logiques économiques que son livre met au jour ? Une histoire politique du capital paraît plus que jamais nécessaire.Towards a Political History of Capital? The interaction between economic analysis and political action is one of the major issues raised by Capital in the Twenty-First Century and by any work of political economy. However, the way in which this interaction works and changes over time is not always clear in Thomas Piketty's book. This critical review, informed by history and political science, aims to open up three fields of discussion. Are redistributive tax policies a mere accident, produced by the chaotic history of the twentieth century, and, if so, what might their future be? On what grounds could capitalism's tendency to create inegalities be regulated in the absence of any alternative system? Finally, can deliberative democracy offer any solution, or is it already profoundly weakened by the very economic processes that Piketty brings to the fore in his book? A political history of capital seems to be needed more than ever.
- Capital, reproduction sociale et fabrique des inégalités - Alexis Spire p. 61-68 L'ouvrage de Thomas Piketty Le capital au XXIe siècle a le grand mérite de proposer une analyse globale des inégalités qui compare les pays et les périodes. La définition des classes sociales qu'il propose néglige néanmoins l'importance du capital culturel. De plus, le rôle des mouvements sociaux reste relativement marginal dans sa démonstration. Il privilégie l'outil fiscal sur toute autre forme de régulation. Ce livre très novateur ouvre toutefois d'importantes perspectives de recherches pour la sociologie politique.Capital, Social Reproduction, and the Rise of Inequality Thomas Piketty's Capital in the Twenty-First Century has the great merit of implementing a global analysis of inequality, which compares countries and periods. However, he adopts a definition of social class that overlooks the importance of cultural capital. Furthermore, the role of social movements is relatively marginalized in his account, which also focuses on fiscal tools to the detriment of other forms of regulation. Nonetheless, this innovative book opens up new avenues of research in the field of political sociology.
- Vous avez dit « capital » ? : Extension de la notion et mise en question d'inégalités et de pouvoirs de domination - Laurent Thevenot p. 69-80 Le capital au XXIe siècle repose sur des choix dans la définition du capital, des inégalités de sa distribution et des politiques d'un État social à privilégier pour y remédier. Répondant à la proposition émise par l'auteur de favoriser un dialogue entre l'économie et les autres sciences sociales, l'article éclaire les implications de ces choix. Il retrace la généalogie politique du capital « humain » et « intellectuel » et le développement ultérieur d'autres variables-capital utilisées pour mesurer des types différents d'inégalités et évaluer les politiques devant y faire face. Différenciant les modes d'investissement et de mise en valeur – non uniquement marchands – de ces divers capitaux, il précise les pouvoirs associés à chacun d'eux, leurs prétentions à la légitimité en dépit des inégalités qu'ils causent, ainsi que les dominations qu'ils exercent. Vient en retour une interrogation sur la délimitation qu'a retenue Thomas Piketty d'un ensemble de biens-capitaux d'usages très divers, et sur leur compréhension et leur évaluation sous la seule valorisation marchande.You Said “Capital”? Reflections on the Notion of Capital and an Interrogation of Inequalities and Dominant Powers Capital in the Twenty-first Century is based on its author's choices concerning the definition of capital, the inequalities of its distribution, and the social state policies that he recommends to address them. In line with Thomas Piketty's proposal to encourage a dialogue between economics and other social sciences, this article throws light on the implications of those choices. It traces the political genealogy of “human” and “intellectual” capital, and the subsequent development of other capital-variables used to measure different types of inequality and to evaluate the policies designed to cope with them. Differentiating the modes—which are not exclusively market-orientated—of investing in and valorizing these various types of capital, it clarifies the kind of power associated with each, its claim to legitimacy despite the inequalities it causes, and the domination it exercises. This leads to a questioning of the delimitation that Piketty has chosen for a basic set of capital-goods which are used quite differently, and his understanding and evaluation of them according to market valuation alone.
- Servitude et travail à la fin du Moyen Âge : La dévalorisation des salariés et les pauvres « peu méritants » - Giacomo Todeschini p. 81-89 Par l'analyse qu'il fait de la fausse méritocratie comme argument utilisé par les économistes néolibéraux pour justifier les inégalités économiques croissantes, Thomas Piketty sollicite, dans Le capital au XXIe siècle, une réflexion des historiens à propos de la représentation des salariés aussi bien dans la pensée économique que dans les politiques administratives des époques préindustrielles en Occident. Ce regard porté sur ceux que la tradition textuelle théologique, économique et gouvernementale appelait les mercenarii, c'est-à-dire les salariés, révèle que, à partir du XIIIe siècle, l'Europe chrétienne des élites alphabétisées a interprété le travail manuel comme le signe d'une compétence utile et en même temps dévalorisante d'un point de vue social et politique. L'ancienne idée romaine du salaire comme auctoramentum servitutis, preuve d'une servitude, réapparaît sous une forme réélaborée à la fin du Moyen Âge en se transformant en un discours complexe organisé par les juristes, les théologiens et les pouvoirs locaux sur l'incompétence intellectuelle et la nécessaire marginalité politique des salariés en tant que travailleurs manuels. L'idée selon laquelle le travail salarié signale une condition de servitude et de manque d'intelligence caractérise au début de l'époque moderne autant les œuvres littéraires que la rationalité économique dominante représentée par les premiers économistes « scientifiques ».Servitude and Work at the Dawn of the Early Modern Era : The Devaluation of Salaried Workers and the “Undeserving Poor” Thomas Piketty's analysis of the way that neoliberal economists use false meritocracy to justify growing economic inequalities, as set out in his Capital in the Twenty-First Century, invites historians to reconsider the representation of workers in the economic thought and administrative politics of preindustrial Western Europe. This renewed focus on those who were termed mercenarii in theological, economic, and legal texts, namely salaried workers, shows that from the thirteenth century the literate elites of Christian Europe interpreted manual labor as the sign of a competence that was useful but also socially and politically devalorizing. The ancient Roman conception of salary as auctoramentum servitutis, that is as evidence of servitude, reemerges at the end of Middle Ages in the guise of a complex theological, legal, and governmental discourse about the intellectual incompetence and necessary political marginality of salaried workers as manual laborers. At the dawn of the modern age, the representation of salaried labor as a social condition corresponding to a state of servitude and lack of intellect characterizes both literary works and the economic rationality embodied by the first “scientific” economists.
- Du présent au passé : les dynamiques historiques de la richesse à l'époque moderne - Katia Béguin p. 91-102 Pour rendre compte des dynamiques d'accumulation patrimoniale et de concentration extrême des richesses dans les sociétés d'Ancien Régime, les historiens privilégient des facteurs tels que les systèmes d'héritage, les stratégies matrimoniales, la distribution politique et les transferts marchands des biens. Dans Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty met en avant un facteur plus déterminant, celui des rendements supérieurs de ce capital hérité. Cet article explore les voies par lesquelles les analyses d'histoire moderne pourraient s'ouvrir à une telle hypothèse.From the Present to the Past : Historical Processes of Wealth Accumulation in Early Modern Europe Historians generally account for the dynamics of asset accumulation and the concentration of wealth in ancien régime societies by invoking inheritance systems, matrimonial strategies, political distribution, and market transfers of property. In his Capital in the Twenty-First Century, Thomas Piketty emphasizes a more significant factor: higher returns on inherited capital. This article considers the ways in which early modern history might make use of such a hypothesis.
- Les échelles des inégalités : nation, région, empire - Alessandro Stanziani p. 103-114 Cet article discute de la spécificité des économies occidentales et, dans ce cadre, des inégalités telles qu'elles sont analysées par Thomas Piketty dans Le capital au XXIe siècle. À cette fin, la pertinence des échelles nationales, régionales, transrégionales et surtout impériales sera discutée par rapport à l'économie historique du développement (la grande divergence), de la fiscalité et de l'action publique.Scales of Inequalities: Nation, Region, Empire This paper discusses the specificity of Western economies and, within this framework, of inequalities as envisaged by Thomas Piketty in Capital in the Twenty-First Century. To this end, it considers the relevance of national, regional, trans-regional, and above all imperial scales of analysis, particularly in regard to the historical dynamics of development (the Great Divergence), the fiscal state, and welfare.
- Thomas Piketty en Amérique - Nicolas Barreyre p. 115-124 Cet essai propose une lecture du Capital au XXIe siècle, avec une perspective ancrée dans les États-Unis au XIXe siècle. Il explore certaines des pistes que le livre de Thomas Piketty et sa réception américaine suggèrent pour repenser l'histoire de la jeune république, et en tire en retour des éléments pour prolonger et infléchir ses conclusions, notamment sur le rôle du politique dans les processus au cœur de l'analyse de l'accroissement des inégalités dans le capitalisme moderne.Thomas Piketty in America This essay proposes a reading of Capital in the Twenty-First Century from a perspective rooted in the nineteenth-century United States. It explores some of the ways that Thomas Piketty's book and its American reception could lead to a reconceptualization of US history. In a feedback loop, such an exploration suggests elements that extend and qualify some of Piketty's conclusions, especially on the role of politics in the central processes responsible for the growing inequalities in modern capitalism.
- Vers une économie politique et historique : Réflexions sur le capital au XXIe siècle - Thomas Piketty p. 125-138 Cet article tente de clarifier certains points soulevés dans mon livre Le capital au XXIe siècle. En particulier, j'essaie dans cet ouvrage de poser des jalons en vue d'une histoire multidimensionnelle du capital et des relations de pouvoir entre classes sociales. J'étudie la façon dont les différentes formes de possession engendrent des structures inégalitaires et des compromis sociaux et institutionnels spécifiques.Towards a Political and Historical Economy : Reflections on Capital in the Twenty-First Century This article attempts to clarify certain points raised in my book Capital in the Twenty-First Century. In particular, I try in this work to develop a multidimensional history of capital and power relations between social classes. I study the way different forms of ownership lead to specific structures of inequality and social and institutional compromises.
Dossier - Recherche historique et enseignement secondaire
- L'histoire, entre enseignement et recherche - Etienne Anheim, Bénédicte Girault p. 141-149 Cet article s'attache à mettre en rapport la didactique de l'histoire-géographie et les enjeux de la recherche dans ces deux disciplines. Il invite à réfléchir au lien entre le savoir que le professeur transmet à ses élèves et la mise en œuvre de la recherche comme savoir-faire, voire comme savoir-être. Après un éclairage sur la formation actuelle des enseignants, l'auteure, professeure de collège, explique à travers quelques situations d'enseignement concrètes la nécessité de rendre l'élève acteur de son apprentissage et de le former à une méthode de recherche.History and Geography in the Classroom : Building Knowledge through Learning Research Skills This article will attempt to link the teaching of history and geography to issues affecting research in the two disciplines. It invites the reader to reflect on the relationship between the knowledge that a teacher passes on to his or her pupils and the acquisition of a research method as a skill, or even as a way of being. After offering an insight into current teacher training, the author, a secondary school teacher, uses concrete teaching situations to explain the necessity of making pupils active participants in their own learning process and helping them develop sound research methods.
- L'histoire-géographie en classe : La construction d'un savoir par l'apprentissage d'un savoir-faire - Virginie Barbier p. 151-159
- Apprentissages historiques et métier d'historien : Un parcours de compétences - Alexandre Berthon-Dumurgier p. 161-170 L'approche par les compétences amène à penser les apprentissages comme des parcours, entre les formes les plus simples et les plus élaborées de compétences pouvant être développées tout au long de la vie. Cette approche fut développée dans un collège de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) à partir de situations professionnelles significatives du métier d'historien, comme l'étude de documents ou le récit historique. Le lien qui se tisse alors entre « histoire savante » et « histoire enseignée » se fait au bénéfice des apprentissages historiques des élèves.Learning History and the Historian's Craft : A Skills-Based Approach A skills-based approach encourages us to see learning as a journey between the simplest and the most elaborate level of competence, which can be developed over a whole lifetime. Teachers in a secondary school in Vitry-sur-Seine (a suburb to the south of Paris) have developed a skills-based approach to history focusing on the key techniques of professional historians, including developing hypotheses by analyzing sets of documents and writing historical narratives. The link between “scientific history” and “school history” strengthens students' learning.
- La recherche en histoire dans la formation continue des enseignants - Hayat El Kaaouachi p. 171-178 La part de la recherche en histoire détermine considérablement la qualité scientifique et méthodique de l'enseignement de cette discipline au collège et au lycée. Pourtant, les passerelles entre l'enseignement supérieur et l'enseignement secondaire ne semblent pas toujours répondre à une telle ambition. Dans quelle mesure la formation continue des enseignants peut-elle être un vecteur majeur d'une histoire enseignée au plus près des résultats de la recherche et des débats historiographiques ?The Role of Historical Research in Teachers' Continuing Professional Development Academic research has a tremendous impact on the scientific and methodological quality of history teaching in secondary school. Yet the bridges between higher education and secondary education are not always sufficient to meet this challenge. To what extent can teachers' continuing professional development make history teaching more consistent with the findings of historiographical research and debates?
- L'histoire scolaire, une matière indisciplinée - Laurence De Cock p. 179-189 Cet article montre qu'une discipline scolaire n'est pas le simple calque des savoirs scientifiques. Il interroge l'articulation entre les savoirs savants et scolaires depuis que la fin du XIXe siècle a assigné à l'enseignement de l'histoire la tâche de participer à l'édification d'une culture commune nationale. C'est en mobilisant des outils de sciences sociales que l'on peut mesurer la complexité de l'histoire scolaire. Ainsi, les procès qui sont régulièrement faits à l'enseignement de l'histoire à l'école relèvent d'une compréhension galvaudée de sa nature et de ses finalités.History in Schools: An Indisciplined Discipline This paper argues that a discipline taught in school is more than a mere reproduction of scientific knowledge. It investigates the relationship between scholarly and pedagogic knowledge from the end of the nineteenth century, when the teaching of history was tasked with participating in the construction of a shared national culture. In fact, it is only by mobilizing tools from the social sciences that the complexity of history teaching can be understood. The repeated accusations directed at the teaching of history in schools thus reflect a poor and overused understanding of its nature and mission.
- Un tournant pédagogique dans la formation des enseignants : Le cas du Capes d'histoire-géographie - Christian Delacroix p. 191-203 Les questions soulevées par les rapports entre recherche et enseignement de l'histoire, entre le « scientifique » et le « pédagogique », sont de nouveau d'actualité avec la réforme en cours de la formation des enseignants. Menée dans le cadre du projet de « Refondation de l'école » lancé par Vincent Peillon en 2012, elle entend mettre la démarche pédagogique et la professionnalisation au cœur de la réforme. L'article se propose d'analyser quelques-uns des enjeux de ce « tournant pédagogique » de la formation des enseignants d'histoire-géographie en France au regard notamment des interrogations renouvelées sur la fonction sociale de l'histoire ainsi que des difficultés récurrentes et des réticences, dans la discipline, à articuler « scientifique » et « pédagogique ».A “Pedagogical Turning Point” in Teacher Training: The Case of Teaching Qualifications in History and Geography (Capes) in France The “scientific” and “educational” questions raised by the relationship between research and the teaching of history have been put back on the agenda with the current reform of teacher training in France. Undertaken as part of the “Refounding Schools” project initiated in 2012 by Vincent Peillon, then minister of Education, this reform accords a central place to pedagogical approaches and “professionalization.” This article analyzes some of the issues at stake in this “pedagogical turning-point” for the training of history and geography teachers, particularly with regard to renewed questions about the social function of history, as well as the recurrent challenges and reservations on the part of academic historians about binding the notions of “scientific” and “pedagogical” together.
- De la didactique à l'épistémologie de l'histoire : une réflexivité partagée - Bénédicte Girault p. 205-214 Derrière la difficile articulation de la professionnalisation de la formation des enseignants et des espaces de production des savoirs scientifiques et disciplinaires se pose la question de la nature de la recherche historique en jeu. L'article propose de faire des pratiques réflexives du métier d'historien et de l'enseignant praticien le point de rencontre des problématiques scientifiques, didactiques et pédagogiques dans le secondaire et à l'université. En termes de formation, cela suppose de penser conjointement maîtrise des connaissances et expérience personnelle de la recherche et de l'écriture de l'histoire dès le début de l'apprentissage historique universitaire.From History Teaching to Historical Epistemology: A Shared Reflexivity Behind the complex issue of the relationship between the professionalization of teacher training and the spaces where scientific and disciplinary knowledge is produced lie questions about the very nature of historical research. This paper suggests that the reflexive practices of professional historians and of history teachers can be a meeting ground for scientific, didactic, and pedagogical questions that concern secondary schools and universities alike. In terms of the training of future history teachers, this implies combining the acquisition of historical knowledge and a personal, hands-on experience of researching and writing history from the very beginning of the learning process.
- L'histoire, entre enseignement et recherche - Etienne Anheim, Bénédicte Girault p. 141-149
Comptes rendus
- Comptes rendus. Économie et société - p. 217-276