Contenu du sommaire : Aperçus sur le monde juif
Revue | Cahiers du monde russe |
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Numéro | volume 41, no 4, octobre-décembre 2000 |
Titre du numéro | Aperçus sur le monde juif |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Neopalimaja kupina - Benyamin Lukin p. 451-494 Le buisson ardent. Les communautés juives de Podolie, un siècle après l'insurrection de Hmel'nickij. – L'importance de la population juive de l'Ukraine pendant la première moitié du xviie siècle et le taux de mortalité de cette population pendant la guerre entre la Pologne et les cosaques sont au centre d'un débat parmi les chercheurs, débat axé particulièrement sur le nombre relativement élevé de juifs relevé lors du recensement de la population juive en Pologne en 1764. Le présent article examine les changements démographiques survenus dans les provinces de Podolie et Bratslav de l'union polono-lituanienne pendant le siècle qui suit l'insurrection des cosaques de 1648-1649 dans le contexte des événements historiques de la région. Notre étude des grandes variations dans le nombre de juifs comprend : 1) les périodes avant et pendant les guerres entre la Pologne et les cosaques (1648-1672) ; 2) l'occupation ottomane de la région (1672-1699) ; et 3) la reconstruction des villes et colonies de Podolie sous domination polonaise. À cette fin, nous avons fait appel à des sources imprimées ainsi qu'à des archives telles que les chroniques et martyrologes juifs, les répons rabbiniques, les archives relatives aux impôts, la documentation concernant la propriété royale et privée et les récits de voyageurs. L'étude des inventaires économiques des possessions des magnats polonais et des registres des capitations imposées aux communautés juives permet également d'éclairer la dynamique qui sous-tend la renaissance de la vie juive en Podolie pendant la première moitié du xviiie siècle.The burning bush. Jewish communities of Podolia, a century after Khmel'nitskii's insurrection. – The size of the Jewish population of Ukraine in the first half of the seventeenth century and the death rate among Jewish communities during the Polish-Cossack wars remain the subject of scholarly dispute, particularly in view of the relatively high Jewish population recorded in the Polish census of Jews in 1764. The present article examines demographic changes in the Podolia and Bratslav provinces of the Polish-Lithuanian Commonwealth during the century after the Cossack revolt of 1648-1649 in the context of the historical events in the region. Our study of the sharply changing size of the Jewish population encompasses 1) the eve and the duration of the Polish-Cossack wars (1648-1672), 2) the Ottoman occupation of the area (1672-1699), and 3) the subsequent rebuilding of Podolian towns and settlements under Polish rule. For this purpose, for the first time, extensive use has been made of both published and archival sources such as: Jewish chronicles and martyrologies, rabbinic responsa, tax records, documentation relating to royal and private estates, and travelers accounts. The use of economic inventories of the holdings of Polish magnates and records of the poll taxes Jewish communities were required to pay also helps clarify the dynamics of the revival of Jewish life in Podolia in the first half of the eighteenth century.
- The shtetl - Ben-Cion Pinchuk p. 495-504 Le shtetl, centre urbain ethnique au cœur de l'Empire russe. – L'Empire russe était un État multi-ethnique. Les minorités nationales et religieuses y préservaient généralement leurs héritages culturels distinctifs tout en cohabitant avec la nationalité russe majoritaire. En général, les autorités ne tentaient pas de modifier les centres urbains situés dans les territoires nouvellement annexés. Les trois partages de la Pologne provoquèrent l'apport massif d'une nouvelle population, la population juive, au nombre déjà élevé des minorités nationales et religieuses. Cette population vivait en grande partie dans des petites villes, des shtetls en yiddish, qui constituaient les principaux centres urbains des provinces occidentales de l'empire. Jusqu'aux dernières décennies du XIXe siècle, les Juifs constituèrent la majorité absolue de la population dans les myriades de petites villes situées sur le territoire essentiellement agricole qui s'étendait de la mer Baltique à la mer Noire et connu sous le nom de « zone de résidence » juive. Leur supériorité démographique conférait à ces petites villes un coloris national, si bien qu'étrangers de passage et voisins considéraient celles-ci comme des « villes juives ». L'aspect des villes et de leurs habitants, les intonations du yiddish et le rythme de la vie quotidienne constituaient autant d'indicateurs de la spécificité ethnique de ces villes marquées par la rencontre de la civilisation juive avec ce monde agricole à dominante slave. Les shtetls formaient donc au cœur de l'Empire russe des centres urbains qui se distinguaient par leur spécificité ethnique.The Russian empire was a multi-ethnic state. National and religious minorities, by and large, preserved their distinct cultural heritage, living side by side with the dominant Russian nationality. Generally no attempt was made by the Russian authorities to change the urban character of newly annexed territories. The three partitions of Poland added for the first time to the many existing ethnic and religious minorities a sizable Jewish population. A significant part of the Jewish community in the area lived in small towns, the so called shtetls, in Yiddish. Up to the last decades of the nineteenth century they were the main urban element in the western provinces of the empire. In hundreds of small towns, in the mainly agricultural territories that stretched between the Baltic and Black seas, the so called Pale of Jewish Settlement, the Jews constituted an absolute majority of the urban population. The Jewish demographic preponderance imparted a distinct ethnic character on the numerous small towns. The shtetls of the Pale were recognized as “Jewish towns” by outsiders and local people alike. The prominent sights, the external appearance of the people, the sounds of the spoken language and the rhythm of daily life all testified to the special ethnic character of the towns. They carried the imprint of the encounter of the Jewish civilization with this mostly Slavic agrarian environment. The shtetls thus constituted distinct ethnic towns in the Russian empire.
- Migration et stéréotype - François Guesnet p. 505-518 La fin de l'insurrection polonaise de 1863 marque le début d'une immigration spécifique de juifs russes dans les territoires du royaume de Pologne. Ce mouvement migratoire, qui concerna un nombre très important de juifs russophones et non hassidiques (les estimations atteignent 250 000 personnes), ne prit fin que peu de temps avant la Première Guerre mondiale. Cet article analyse les différentes causes de ce mouvement de migration qu'il propose de diviser en trois étapes : dans une première phase (1863-1881), l'immigration concerna surtout les pionniers de la distribution de produits industriels en provenance de Pologne qui s'installèrent essentiellement à Varsovie et à Lodz. La très nette détérioration de la situation politique après 1881 ajouta à ces motivations d'ordre économique une dimension politique. Les expulsions, au début des années 1890, de juifs de Moscou et d'autres grandes villes russes marquent le début de la troisième phase d'immigration et l'établissement d'une élite économique de juifs russes au royaume de Pologne. Tout en suivant le mouvement migratoire, l'auteur analyse la genèse des stéréotypes liées à cet afflux des juifs russes dans les différents milieux, juifs et non juifs, du royaume de Pologne, stéréotypes qui se sont avérés particulièrement tenaces.Migration and stereotype. The case of Russian Jews in the Polish kingdom at the end of the nineteenth century. – The end of the 1863 Polish uprising marks the beginning of a specific migration movement of Russian Jews into the territories of the Polish kingdom. This movement, which involved a very large number of Russian-speaking, non-Hassidic Jews (estimations reach 250,000 people), ended very shortly before World War I. This article analyzes the various causes of this migratory movement which one can subdivide into three stages: during the first stage (1863-1881), immigration for the most part involved pioneers in distribution of Polish industrial goods who settled essentially in Warsaw and Lodz. The definite deterioration of the political situation after 1881 added a new, political motivation to the economic ones. The third stage started in the early 1890s when Jews were expelled from Moscow and other Russian large cities. Their departure brought an economic élite to Poland. The author also analyzes how stereotypes related to this influx came about in the various Jewish and non-Jewish social milieus of the kingdom, and how they became firmly established.
- Penser l'histoire juive au début du xxe siècle - Sylvie Anne Goldberg p. 519-534 Entre le XIXe et le XXe siècle, l'histoire pénètre le domaine politique. Pour les juifs, comme pour la plupart des peuples revendiquant alors l'autonomie, l'écriture d'une histoire nationale est perçue comme une manière d'émancipation. La singulière disparité existant entre les juifs de l'Europe de l'Ouest et ceux de l'Est – ces derniers constituant la majeure partie du peuple juif – conduira des approches distinctes : l'une se focalisant sur la réécriture du passé, l'autre se concentrant sur la construction de l'avenir. L'objet de cet article est de montrer sur quels principes se sont fondées ces disparités. Alors que l'enjeu des juifs allemands était de convaincre aussi bien non-juifs que juifs que ces derniers pouvaient s'insérer dans un monde social soumis aux règles d'un État souverain et développait, en conséquence, une approche universaliste, celui des Russes s'inscrivait dans un projet politique et historique plus radical, et développait une approche nationaliste. La sélection de quelques idées élaborées par des intellectuels et militants de la « cause » juive, tels Heinrich Graetz, Leopold Zunz, Péretz Smolenskin, Simon Dubnow ou Ahad Ha-Am, présentée ici, permet de suivre l'élaboration de ces divergences.Rethinking the Jewish history in the context of the twentieth century. – In the nineteenth and twentieth centuries, history was used for political purposes. For Jews and most of the ethnic groups demanding autonomy, writing a history of their nation was perceived as a form of emancipation. The uncommon disparity existing between West and East European Jews – the latter constituting the major part of the Jewish people – resulted in two distinct approaches : one focused on re-writing the past and the other, on building the future. This article aims to show the principles lying at the basis of this divergence. At stake for German Jews was to convince Jews and non-Jews alike that the former could become integrated in a social world abiding by the rules of a sovereign state: this corresponded to a universalist approach. The Russians, however, bet on a more radical political and historical program, thus developing a nationalistic approach. Our selection of a number of ideas worked out by intellectuals and militants of the “Jewish cause” such as Heinrich Graetz, Leopold Zunz, Peretz Smolenskin, Simon Dubnow and Ahad Ha-Am, allows us to see these divergences in the make-up of a Jewish history.
- L'antisémitisme dans les œuvres de l'écrivain russe-juif S. Jushkevich - Boris Czerny p. 535-560 Peu connue aujourd'hui, même des spécialistes, l'œuvre de Jushkevich, composée de nombreuses nouvelles et pièces de théâtre parues entre 1897 et 1927, rencontra à son époque un très grand succès. Ses premiers récits sont bien accueillis par les intellectuels progressistes russes qui voient en lui le peintre fidèle des bas-fonds juifs d'Odessa. Cependant, très vite, certains milieux juifs lui reprochent d'aborder des sujets tels la prostitution juive ou la désagrégation de la famille juive, qui peuvent nuire à la communauté, soucieuse de son image face aux regards globalement hostiles de l'opinion publique russe. La critique extrêmement négative et sans nuance des capitalistes et de la bourgeoisie juives dans certaines de ses pièces de théâtre entraîne Jushkevich dans une dérive antisémite qui provoque une vague d'indignation dans la communauté juive comme chez certains intellectuels russes. Dans cet article, nous tentons d'analyser la valeur des éléments antisémites présents dans certaines œuvres de Jushkevich. Nous abordons également le problème du statut de l'écrivain juif-russe et de sa dépendance à la littérature russe à travers l'adoption des stéréotypes antijuifs qu'elle véhicule de manière traditionnelle au XIXe et au XXe siècle. La restitution des œuvres de Jushkevich dans le contexte de la Russie d'avant 1917 permet à la fois d'étudier l'évolution de certaines représentations antisémites et d'en définir les invariants qui constituent, à travers les époques, la base de l'antisémitisme.Anti-semitism in the works of a Russian-Jewish writer, S. Iushkevich. – Iushkevich's works, which comprise numerous short stories and plays released between 1897 and 1927, while relatively unknown today even of specialists, were very popular in their time. Iushkevich's first stories were received favorably by Russian liberal intellectuals who saw in him a faithful painter of Odessa's Jewish lower classes. However, in some Jewish milieus he was very soon blamed for dealing with such themes as Jewish prostitution or the disintegration of the Jewish family which could be harmful to an image-conscious community having to cope with a generally hostile perception in Russian public opinion. Iushkevich's extremely negative and unsubtle criticism of Jewish capitalists and bourgeoisie in certain of his plays deviated towards anti-semitism, raising a wave of indignation both in the Jewish community and among certain Russian intellectuals. In this article we try to determine to what extent certain of Iushkevich's works are anti-semitic. We also address the question of the Russian-Jewish writer's status and how his dependence on Russian literature could lead him to adopt the anti-Jewish stereotypes that it traditionally conveyed throughout the nineteenth and twentieth centuries. Placing Iushkevich's works back into the context of pre-1917 Russia allows us to study the evolution of certain anti-semitic representations and to define their invariants which have through time constituted the basis of anti-semitism.
- 1953 : la déportation des juifs soviétiques était-elle programmée ? - Samson Madievski p. 561-568 Depuis plusieurs décennies, la thèse de la préparation d'une déportation « volontairement coercitive » des juifs de la partie européenne de l'URSS vers des régions éloignées de Sibérie et d'Extrême-Orient, conformément à un décret émanant de Stalin, fait l'objet d'un débat dans la littérature générale et spécialisée. L'article passe en revue les éléments essentiels de cette version, les sources sur lesquelles elle se base. L'auteur accorde une attention particulière à un échange autour de ce problème lors d'un colloque international intitulé « La dernière période du stalinisme et la question juive », tenu en 1998 à l'Université catholique de Eichstätt en Allemagne. Il analyse les arguments des partisans et des opposants de cette thèse exposés par les participants au colloque venus de Russie : V. P. Naumov et G. D. Kostyrcenko. Il en vient à la conclusion que la question posée dans le titre de son article reste ouverte. Les faits ajoutés en post-scriptum ne font que confirmer cette conclusion.Was deportation of Soviet Jews planned in 1953? – The theory by which preparation for a “voluntarily coercive” deportation of Jews inhabiting the Western part of the Soviet Union towards distant regions of Siberia and the far East following a decree made by Stalin, has been debated for several decades in general and specialized literature. The present article examines the essential points of this theory as well as its sources. The author pays particular attention to an exchange of ideas on this subject that took place during an international colloquium dealing with “The last stage of Stalinism and the Jewish question” held in 1998 at the Catholic University of Eichstätt in Germany. He analyzes the arguments in favor and against that theory as presented by the participants coming from Russia, V. P. Naumov and G. D. Kostyrchenko. He ultimately comes to the conclusion that the question posed in the title of his article remains open. The facts appended to the article cannot but confirm this conclusion.
- Les corps d'ingénieurs comme forme d'organisation professionnelle en Russie - Dmitri Gouzevitch, Irina Gouzévitch p. 569-614 Les corps techniques comme forme d'organisation professionnelle des ingénieurs dans l'Empire russe sont nés dans le premier quart du XVIIIe siècle du besoin de l'État de rationaliser son appareil de gestion afin de mieux l'adapter aux urgences de la modernisation. Leur création a été fortement influencée par la Table des rangs, document statutaire unique en son genre destiné à réglementer l'ensemble de la fonction publique dans l'empire, en la hiérarchisant selon un principe méritocratique unique. Dans le courant du xviiie siècle, plusieurs modes de mise en place des corps techniques ont été expérimentés, on en trouvera des exemples concrets dans l'article. Ce principe d'organisation a, à son tour, influencé le fonctionnement de la recherche fondamentale au sein de l'Académie des sciences. La forme militaire ou militarisée qu'ont revêtue les corps techniques répondait parfaitement aux exigences du pouvoir centralisé qui tenait à mettre sous son contrôle l'activité productive et intellectuelle à l'échelle du pays. En assurant à leurs fonctionnaires un statut social élevé et la garantie d'un revenu stable, les corps ont favorisé à la fois le développement des pratiques et des sciences de l'ingénieur tout en ouvrant ce domaine aux innovations européennes les plus performantes. Cependant, comme toute structure rigide et réglementée, les corps militarisés avaient leur revers. Les limites de leur capacité d'évolution et le frein qu'ils mirent au développement de la libre entreprise devinrent évidents au milieu du xixe siècle, au moment où la Russie s'engagea sur la voie de l'industrialisation. Les besoins du capitalisme naissant et la libéralisation générale de la vie du pays furent autant de raisons qui conduisirent en 1866-1867 au rejet de la forme militarisée des organisations professionnelles des ingénieurs au profit de celle, plus souple et plus dynamique, des corps civils.The Russian corps of engineers as a form of professional organization. Their creation, evolution, and specificity (eighteenth, nineteenth centuries). – The creation of technical corps as a form of professional organization in the Russian Empire in the first quarter of the eighteenth century stemmed from the state's need to rationalize its administration so as to adapt it to the requirements of modernization. Their creation was strongly influenced by the Table of Ranks, a unique statutory document whose purpose was to regulate the Empire's civil service by establishing a unique ladder of promotion based on merit. During the eighteenth century, several types of implementations were tested – several illustrations of this can be found in the present article. This organizational principle in turn had an impact on how basic research at the Academy of Science was conducted. The military – or militarized – structure of technical corps met the requirements of a centralized State which was keen on controlling intellectual and productive forces nation-wide. While guaranteeing state functionaries a high social status and a stable income, the corps also furthered the development of engineering science and practice and opened the field to high-performance European innovations. However, as with all rigid and strictly regulated structures, there were drawbacks to military-style corps. It became evident in the mid-nineteenth century, when Russia embarked on industrialization, that their potential for evolution was limited and that they slowed down the development of free enterprise. The needs created by emerging capitalism and the overall liberalization of the country led to the abandonment of the military form of corps of engineers for a more flexible and dynamic civil one.
- La colonie française et l'église catholique de Moscou à la fin du XVIIIe siècle - Vladislav Rjéoutski p. 615-628 Nombre de raisons ont conduit à l'apparition à Moscou d'une communauté francophone organisée et structurée. La formation de cette communauté s'est symbolisée par la fondation d'une paroisse française, paroisse que les prêtres français et les principales familles de la colonie voulaient réserver exclusivement aux ressortissants de France. L'article décrit la lutte acharnée entre les prêtres et les syndics des deux paroisses catholiques de Moscou, la paroisse française Saint-Louis-des-Français et l'ancienne paroisse des Apôtres-Saint-Pierre-et-Paul. Mais cette lutte ne devient compréhensible que lorsque sont explicités les processus sociaux et démographiques ainsi que les stratégies d'assimilation que connaissait la communauté à la fin du XVIIIe siècle. C'est à l'éclaircissement de ces processus que nous nous attachons dans cet article, à travers l'analyse de données démographiques, l'étude de la correspondance des prêtres des deux églises, et l'histoire de la plus grande famille de la communauté à l'époque, la famille Delesalle.The French community and the Moscow catholic church at the end of the eighteenth century. – Numerous reasons led to the creation in Moscow of a well-organized and structured French-speaking community. The creation of this community was symbolized by the foundation of a French parish which the French priests and the community's influential families wanted to reserve exclusively for French nationals. This article describes the fierce battle that went on between the priests and managers of Moscow's two catholic parishes – the French Saint-Louis-des-Français and the older Saints-Pierre-et-Paul. However, this battle can only be understood in the light of the social and demographic processes going on at the time and the assimilation strategies that the French community was subjected to at the end of the eighteenth century. Our aim in the present article is to bring these processes to light by looking at analyses of demographic data, at the exchange of correspondence between the priests of both churches and at the history of the Delesalle, the most prominent family of the community at the time.
Comptes rendus
- P. Gatrell. A whole empire walking. Refugees in Russia during World War I - Olga Pichon-Bobrinskoy p. 629-634
- B. A. Uspenskij. Tsar' i patriarh. Harisma vlasti v Rossii. Vizantijskaja model' i ee russkoe pereosmyslenie - Ivan Biliarsky p. 634-636