Contenu du sommaire : Les mutations de l'industrie financière
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 118, juin 2015 |
Titre du numéro | Les mutations de l'industrie financière |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- In Memoriam - p. 9
- Une nouvelle rubrique : recension de la recherche en finance - p. 11
Les mutations de l'industrie financière
- Introduction - Jean-Paul Betbèze, Carlos Pardo p. 15-26
- Les nouveaux acteurs de la finance - Hubert de Vauplane p. 27-35 Comme de nombreux autres métiers, la finance se trouve confrontée à l'apparition de nouveaux acteurs, de nouveaux modes de distribution, de nouveaux comportements de la part des clients et de nouveaux business models. Si toutes ses activités sont affectées, ce sont les activités bancaires traditionnelles, celles de prêts, de dépôts et de paiement, qui sont toutefois les plus impactées par ce phénomène en raison de la mise en place des nouvelles régulations et de l'émergence des FinTech. Les banques disposent d'atouts importants pour faire face à ces évolutions, elles devront toutefois repenser en profondeur leurs modèles opérationnels. Classification JEL : G20, G21, G28, O33.Along with many others industries finance is facing the entrance of new comers, new retail channels, new consumers behaviours and new business models. If every actor in finance is concerned, banking in its most traditional activities such as loans, deposits, and payment is the most hit because of the setting of new regulations and the arrival of FinTechs companies. Banks still have numerous advantages to face this new environment but have nonetheless to rethink completely their operating models. Classification JEL: G20, G21, G28, O33.
- Comment construire un plan stratégique à moyen terme dans le nouvel environnement bancaire ? - Julien Fontaine p. 37-51 Comme de nombreux autres métiers, la finance se trouve confrontée à l'apparition de nouveaux acteurs, de nouveaux modes de distribution, de nouveaux comportements de la part des clients et de nouveaux business models. Si toutes ses activités sont affectées, ce sont les activités bancaires traditionnelles, celles de prêts, de dépôts et de paiement, qui sont toutefois les plus impactées par ce phénomène en raison de la mise en place des nouvelles régulations et de l'émergence des FinTech. Les banques disposent d'atouts importants pour faire face à ces évolutions, elles devront toutefois repenser en profondeur leurs modèles opérationnels. Classification JEL : G20, G21, G28, O33.Since 2007, European banks have had to cope with a very unique environment. After the crisis management phase (2007-2012), they had to learn how to navigate in a dramatically new and unstable context, whether on the economic, monetary or regulatory front. They were forced to follow defensive medium term strategies. Priorities were management of regulatory ratios, control of liquidity, reduction of costs, and rebuilding of the most impacted business models. In this new cycle, planning technology has become more sophisticated. But it is unlikely that this will lead to more dynamic and diverse strategies without a more normalized environment. This is not creating an optimal situation for the working of the banking sector and more broadly for the financing of the economies. Classification JEL: G21, L16, L22, O33.
- La révolution technologique des systèmes financiers : l'exemple de la banque de financement et d'investissement - Jean-Christophe Mieszala p. 53-66 La pénétration croissante des technologies numériques dans la banque de financement et d'investissement (BFI) constitue une triple révolution pour cette activité. D'abord, une révolution industrielle : de nouvelles opportunités de croissance et de réduction des coûts découlent de l'automatisation croissante de fonctions essentielles du métier bancaire – la communication, tant avec les clients qu'entre collaborateurs, l'innovation, la production des services bancaires, la prise de décisions. Ensuite, une révolution d'ordre concurrentiel : de nouveaux acteurs spécialisés peuvent attaquer certains maillons spécifiques de chaînes de valeur auparavant intégrées. Par ailleurs, les banques pionnières en matière d'investissements dans le numérique peuvent réinventer leurs marchés et bousculer des positions établies de longue date. Enfin, une révolution managériale : la disruption numérique implique en effet de faire évoluer les compétences et la culture de larges cohortes de collaborateurs. Classification JEL : G24, L11, L25, O33.The increasing penetration of digital technologies in Corporate and Investment Banking (CIB) implies a triple revolution. First, an industrial revolution: new opportunities for growth and cost reduction emerge with the growing automation of core banking functions – connection, both with clients and between employees, innovation, processing of operations, decision making. Then, a market revolution: specialized new entrants are able to disintegrate value chains. Besides, digital pioneers can reinvent their business models and fundamentally transform their markets' structure and dynamics. Finally, a managerial revolution, as digital disruption involves developing whole new skills and mindsets among employees. Classification JEL: G24, L11, L25, O33.
- Régulation ou supervision : quels nouveaux risques ? - Guillaume Plantin p. 67-75 Les règles comptables et prudentielles régissant l'intermédiation financière se sont considérablement sophistiquées lors des vingt dernières années en se rapprochant des meilleures pratiques internes des institutions financières. Cette évolution a engendré une plus grande procyclicité et ouvert des options d'arbitrage réglementaire qui ont grandement contribué à la crise de 2008. Les réponses réglementaires qui se dessinent présentent deux risques. D'une part, les évolutions asymétriques de la réglementation bancaire et de celle du shadow banking risquent de conduire à une migration massive du financement de l'économie vers le shadow banking, encore très instable par nature. D'autre part, un retour en arrière vers des règles prudentielles simplifiées à l'excès telles que le ratio de levier peut créer des distorsions importantes dans le financement de l'économie. Un investissement important dans le capital humain de la supervision et une plus grande discrétion des superviseurs dans l'interprétation des règles paraissent mieux à même de pallier les insuffisances mises à jour par la crise. Classification JEL : G01, G21, G28.The accounting and prudential norms that regulate financial intermediation have significantly evolved over the last twenty years. They have become aligned with the industry's best practices, thereby gaining in sophistication and complexity. This generated procyclicality and created room for massive regulatory arbitrage. This in turn contributed to a large extent to the 2008 crisis. One can foreshadow two issues with current attempts at fixing this regulatory environment. First, the asymmetric tightening of banking and shadow-banking regulations may induce a massive migration of lending towards the more unstable shadow-banking system. Second, moving back to overly simplified prudential rules, such as the leverage ratio, may create important distortions in the allocation of capital. The most appropriate response to the crisis pertains to supervision rather than regulation in my view. An important investment in the human capital of supervisory authorities and a shift from « box-ticking » regulation towards more supervisory discretion are in order. Classification JEL: G01, G21, G28.
- Union bancaire et évolution du modèle des banques universelles - Jean-Baptiste Bellon, Georges Pauget p. 79-91 Le modèle de banque le plus répandu en Europe, celui de la banque universelle, est mis à l'épreuve par les choix des régulateurs pour sortir de la crise et construire un environnement financier et bancaire plus résilient. Dans un premier temps, les banques ont adapté leurs dispositifs pour compenser l'impact du durcissement des ratios de fonds propres et de l'introduction des ratios de levier et de liquidité. Les banques ont réduit ou contenu leurs coûts et arbitré les activités pour diminuer le poids des métiers les plus consommateurs de capital et de coussins réglementaires. Hors litiges et exceptions, les RoE des principales banques sont revenus en 2014 à des niveaux proches du coût du capital (8 %). Cependant, les banques doivent envisager des évolutions et des ruptures plus radicales pour s'insérer dans un environnement de croissance molle en Europe. Elles doivent à la fois rechercher dans les marchés européens une plus grande efficience qui est en partie permise par la taille et limiter l'empreinte too big to fail des établissements. Cette recherche nécessite des arbitrages complexes sur les métiers de marchés et de financement d'entreprise, alors même que la contribution de la banque de détail s'amenuise dans un environnement de taux bas. Demain, dans une Europe de l'Union bancaire, les banques universelles ne suivront plus le modèle des banques à tout faire, mais des modèles diversifiés où elles se concentreront sur les activités qu'elles auront choisies. Classification JEL : G21, G28, L21, L25, O33.The universal banking model, well spread in Europe, is facing a lot of challenges from regulator's new toolbox in their way to reach a stronger and more sustainable banking system. Banks have first changed to offset the costs linked to the sharp increase of capital ratio in investment banking areas and to the introduction of liquidity and leverage ratio. Banks all around Europe have curb costs and exited or downsized the most capital intensive businesses. Core profitability, excluding litigations and legacy issues, is now back to level in line with cost of equity (8 %). However the slow growth environment should force European bank to continue to restructure. Banks could gain in efficiency through an increase in size in their relevant European markets segment but they have to deal with the systemic charge of size (avoid the ‘too big to fail' subsidy). Then banks have to make complex arbitrage within market activities and corporate lending, relying on less profitable retail activities due to low interest rate environment. In the tomorrow Banking Union landscape, universal banks should be more integrated and more selective. Classification JEL: G21, G28, L21, L25, O33.
- Le big data et la banque - Pierre Metge p. 93-101 Sous l'effet de l'abondance des données (big data) alimentée par l'essor du digital et la démultiplication des capacités d'analyse et de prédiction (advanced analytics), la richesse d'informations sur les comportements des individus n'a jamais été aussi importante et accessible. Maîtriser ces données devient un avantage concurrentiel clé porteur d'opportunités : l'optimisation de modèles économiques existants, la rupture de chaînes de valeurs établies ou la mise en place de nouveaux modèles économiques. Même si le big data peut générer des menaces pouvant peser sur le modèle économique de la banque (contournement des barrières à l'entrée, réduction de l'asymétrie d'information…), cette dernière dispose d'actifs propres de valeur (richesse de données fiables et protégées, tiers de confiance). L'enjeu est de savoir construire une exploitation performante, responsable et éthique des données personnelles pour faire à ses clients, notamment via les conseillers, des propositions plus pertinentes et personnalisées et ce, de façon proactive. Classification JEL : G21, L25, O33.Information on individuals behavior has never been so important and available thanks to the numerous data (big data) provided by the web and the power of computing and analysis (advanced analytics). Mastering data and analytics is now a competitive advantage giving rise to opportunities: optimizating existing operating models, breaking present value chains and building new business models. Even if big data is potentially a threat for banking business models by lowering entry barriers and reducing information asymmetries, banks can nonetheless rely on strong assets such as numerous, secured and reliable data. What is at stake is building a performing, responsible and ethical use of personal data so as to supply customers with relevant and customized offers in a proactive way through the retail channel. Classification JEL: G21, L25, O33.
- Les défis posés par le crowdfunding - Nicolas Lesur p. 103-112 La croissance spectaculaire du crowdfunding et surtout son potentiel de développement posent des questions fondamentales d'ordres technique, économique et prudentiel, en particulier en matière de prêts : pour les régulateurs qui peinent à intégrer ce nouveau référentiel, pour les établissements de crédit traditionnels qui se sentent menacés mais dont les plus agiles tirent déjà parti de cette nouvelle forme de désintermédiation et pour les plateformes elles-mêmes dont l'objectif est de construire un marché suffisamment profond et liquide. Le crowdlending propose en effet une approche nouvelle de l'allocation emplois-ressources fondée sur l'utilisation des données et de la technologie qui conduit légitimement les acteurs de la finance traditionnelle à s'interroger sur son évolution. En effet, en fluidifiant le financement direct des entreprises de manière très transparente, il apporte des réponses appropriées à bien des enjeux de l'industrie financière et du financement de l'économie. Classification JEL : G21, G23, O33.With its spectacular growth and yet unleashed potential, crowdfunding raises technical, economical and regulatory issues, specifically when it comes to marketplace lending: regulators hardly figure out how to deal with this new model, incumbents as traditional banks may fear it but some of the most agile of them already take it as a profitable opportunity, and platforms strive to build efficient and liquid marketplaces. Crowdlending envisions a new approach of the asset and liability allocation based on data and technology that naturally leads traditional players to worry about its developments. By making direct financing for small businesses easier, crowdlending brings concrete solutions to secular issues of the financial industry and its ability to finance the economy. Classification JEL: G21, G23, O33.
- L'avenir de la banque de détail aux États-Unis : entre pluralité et hybridation des modèles industriels - Vincent Jamet, Alexandre-Philippe Vinel p. 113-133 L'activité de banque de détail aux États-Unis se révèle être en profonde mutation sous l'influence croisée de la réforme du cadre de régulation commencée dans le contexte post-crise et des évolutions rapides observées sur le plan technologique et démographique. Les bouleversements se traduisent par une dichotomie de plus en plus marquée, selon que les établissements sont ou non de nature systémique, et du fait de l'essor de prestataires alternatifs, encouragés par les possibilités d'arbitrages réglementaires et les perspectives qu'offrent les nouvelles technologies. L'impact de cette recomposition demeure cependant difficile à apprécier. Ouvrant la possibilité d'un accès plus large aux services bancaires pour un moindre coût, à travers une concurrence renouvelée, le mouvement laisse craindre dans le même temps la perspective d'une segmentation accentuée de la clientèle selon l'âge, le niveau de revenu ou encore la localisation géographique. Plus encore, il interpelle au regard des enjeux de stabilité financière et de prévention du risque systémique en posant in fine la question de l'adéquation et de la pertinence des frontières du cadre de supervision institutionnel. Classification JEL : G21, G28, L11, O32.Influenced by reforms of the regulatory framework that originated in the post-crisis context, and the quick technological and demographic transformations, retail banking activity in the United States proves to be in a state of profound transformation. Such changes are characterized by a stronger dichotomy between systemic and non-systemic institutions but also by the expansion of alternative providers. They are stimulated as well by the possibilities of regulatory arbitrages and the perspectives that new technologies offer. Nevertheless, assessment of such shift remains difficult. The perspective of a wider access to banking services at a lower cost through a more competitive sector, on one hand, seems to be balanced by the perspective of a greater segmentation between customers, based on age, incomes or geographical localization, on the other hand. Moreover, this shift could draw the attention to concerns about financial stability and systemic risk prevention, raising ultimately the question of the adequacy and relevance of the institutional supervisory framework. Classification JEL: G21, G28, L11, O32.
- La banque de détail au Royaume-Uni : plus de changements à venir dans les 10 prochaines années qu'au cours des 200 dernières - Patrick Foley p. 135-144 Trois forces transforment les caractéristiques de la banque de détail. La première, un héritage de la crise, est une modification importante de la structure du secteur, alors que les banques se redressent, que la réglementation s'adapte et que les clients voient les banques sous un jour nouveau. La deuxième force est un changement dans les besoins financiers d'une population vieillissante, qui imposera aux banques de surveiller davantage la partie engagements de leurs bilans. La troisième force est la révolution numérique qui va transformer ce que les clients attendent de leur banque et ouvrir les marchés de la banque de détail à de nouvelles formes de concurrence. Cette troisième force est probablement la plus importante à cause de son influence sur la pratique des clients, la concurrence et les modèles d'entreprises bancaires. Cependant, cette influence n'aurait pas été aussi grande s'il n'y avait pas eu la crise qui a diminué la confiance de la clientèle dans les acteurs installés et accablé ceux-ci de nouvelles exigences en termes de régulation. Prévoir le monde de la banque de détail dans dix ans n'est pas du tout facile mais les changements seront profonds et la rentabilité plus faible. Classification JEL : G21, G28, O33.Three forces are transforming retail banking. The first force, a legacy of the crisis, is a change in the structure of the industry as banks de-lever, as regulation responds and as customers see banks in a new light. The second force is a shift in the financial needs of an ageing population. The third force, and probably the most important, is the digital revolution, which will transform what customers expect of their bank and open up retail banking markets to new forms of competition. Of these forces, new technology is probably the most important because of the impact it can have on what customers' experience, on competition and on bank business models. However, its impact might not have been so large had it not been for the crisis, which has weakened customer trust in existing players at the same time as burdening those players with new regulatory demands and legacy costs. It is not at all clear what the retail banking world will look like in ten years' time. But the change will be profound and profitability lower. Classification JEL: G21, G28, O33.
- Rôle des sociétés de gestion dans le financement de l'économie de la zone euro : changement de paradigme ? - Carlos Pardo, Thomas Valli p. 147-158 Afin de cerner les apports des sociétés de gestion, acteurs somme toute relativement nouveaux dans le paysage institutionnel européen, la première section de cet article donne une description sommaire de leurs principales fonctions et de leur utilité économique. Dans une approche comparative, mettant face à face des pays de la zone euro, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis, la deuxième section analyse le niveau d'implication des investisseurs résidents (toutes catégories confondues) sur leurs marchés des capitaux, ainsi que certaines particularités de leur comportement liées au mode de financement de leurs besoins. Enfin, la troisième section explicite l'apport des sociétés de gestion aux capitaux propres des entreprises et celui lié au financement via l'émission de titres de dette (obligations d'État et d'entreprise, titres du marché monétaire…). Cet article vise à montrer in fine la contribution des sociétés de gestion au financement de l'économie de la zone euro. Pour cela, il a recours à au moins deux types de mesures : le taux d'emprise des sociétés de gestion par rapport aux stocks de titres émis par les résidents et une estimation des biais domestiques existant dans les portefeuilles de titres de cette industrie. Classification JEL : F30, G20, G23, G32.To identify the contribution of asset management companies, relatively new players in the European institutional landscape, the first section of this paper gives a brief description of its main functions and its economic utility. In a comparative approach, taking into account the countries of the euro area, Sweden, the United Kingdom and the United States, the second section analyses the level of involvement of resident investors on their capital markets, and some features of their behaviour regarding their financing needs. The third section explains the contribution of asset management companies through their investment in equity and debt securities. This paper aims to show in fine money management involvement in the financing of the euro area economy. For this, it uses at least two types of measures: the holdings rate of management companies compared to the stock of securities issued by residents, and an estimate of existing home bias in the portfolios of asset managers. Classification JEL: F30, G20, G23, G32.
- L'innovation, parent pauvre du déferlement de liquidités mondial - Christophe Bavière p. 159-170 Cet article met en évidence un paradoxe. Alors que les liquidités n'ont jamais été aussi abondantes dans l'économie mondiale, elles se dirigent peu vers l'innovation, notamment en Europe. Si un certain nombre de mesures ont été prises, en France en particulier, pour orienter l'épargne vers les entreprises innovantes, les flux restent modestes et insuffisants. Or l'investissement dans l'innovation est le meilleur garant de la compétitivité d'une économie et l'Europe doit maintenant agir pour ne pas se laisser distancer par les États-Unis. Classification JEL : G24, O31.As liquidities have never been so abundant worldwide, very few of them are invested in financing innovation. This is especially true in Europe. If governments have tried to direct these capital flows towards innovative firms and projects, flows remain scarce and modest. This is really a matter of concern because innovation is at the root of tomorrow's growth and Europe now has to act quickly if it does not want to lie far behind the United States in the future. Classification JEL: G24, O31.
- L'impact d'un environnement de taux bas et de politiques monétaires non conventionnelles sur l'industrie de la gestion d'actifs - Philippe Weber p. 171-182 Les politiques exceptionnelles des banques centrales (expansion quantitative par achat de titres et guidage prospectif) ont eu pour effet de tirer vers le bas l'ensemble des rendements obligataires, au point que certains taux sont même désormais négatifs. Compression des marges, risque de décollecte, risque sans taux plutôt que taux sans risque, l'absence de rendement et le risque en capital compliquent de ce fait la gestion obligataire ou monétaire et obligent l'investisseur à prendre plus de risques : titres plus longs, émetteurs moins bien notés, titres étrangers, ou diversification vers les actions ou les actifs réels. Cela répond au demeurant aux souhaits des banques centrales et cet état de fait prendra fin avec la réussite (qu'il faut souhaiter) de ces politiques monétaires exceptionnelles : la reprise économique devrait permettre de conjuguer remontée des taux et poursuite de la hausse des actions. Classification JEL : E52, E58, G23.The central banks' unconventional policies (quantitative easing through asset purchases and forward guidance) drew all bond yields downwards, even below zero for a number of them. Low margins, negative flows, yield-free risk instead of risk-free yield, fixed-income asset management is all the more complicated and the investor has to take in more risks: longer-termed bonds, riskier issuers, foreign assets, or diversification towards stocks or real assets. This is by the way what the central banks wished for, and this will end with the very success of these policies: economic recovery should bring higher yields without compromising the strength of the stock market. Classification JEL: E52, E58, G23.
- Réinventer le rôle de l'assurance : combattre la pauvreté et la vulnérabilité des citoyens - François-Xavier Albouy p. 185-196
- Dans quel sens la révolution numérique affecte-t-elle l'assurabilité des risques ? - Christian Gollier p. 197-204 L'économie de l'assurance a montré combien l'information est au cœur de l'assurabilité des risques et, plus généralement, de l'allocation des risques dans l'économie. Cet article montre que l'amélioration de la qualité de l'information peut avoir un effet ambigu sur l'efficacité du partage des risques. Mais on peut espérer que la révolution numérique va renforcer l'assurance par de multiples canaux vertueux : réduction des coûts de marketing et de gestion de sinistres, des problèmes d'antisélection et de risque moral, de la difficulté à établir les probabilités. Par contre, le surplus d'information risque d'éroder la capacité de mutualisation, en transformant le risque en inégalités. Classification JEL : D86, G22.The economics of insurance has demonstrated that information is at the core of the insurability problem, and more generally of the allocation of risks in the economy. In this article, I show that improving the quality of information generally has an ambiguous effect on the efficiency of risk sharing. But one can expect that the digital revolution will reinforce insurance through various positive channels: reduction of the costs of marketing and indemnification, weakening of adverse selection and moral hazard problems, reduction of the ambiguity of the loss distribution. On the contrary, information erodes the ability to mutualize risks, by transforming risk into inequalities. Classification JEL: D86, G22.
- Un changement de paradigme pour l'assurance - Michel Dacorogna p. 205-230 Dans cet article, nous passons en revue les changements induits dans l'industrie de l'assurance par l'avènement des nouvelles réglementations basées sur le risque comme Solvency 2 et le SST. Le passage d'une gestion des flux à une gestion intégrée des risques est décrit et discuté à travers la gestion du capital, la valorisation économique et le développement de modèle interne. Nous discutons les limites et difficultés de cette approche, ainsi que les adaptations que ce changement implique pour l'organisation des compagnies et pour le rôle des actuaires dans l'assurance. La mise en relation du rendement et des risques encourus devient un élément central de la gestion des compagnies et prend le pas sur la vision traditionnelle. Classification JEL : G22, G28, L21.In this paper, we review the changes in the insurance industry involved by the implementation of the new risk based regulation like Solvency 2 and SST. The move from managing the companies through their cash-flows to managing them through their risks is described and discussed through capital management, economic valuation and the internal model. The Enterprise Risk Management (ERM) is explained along with its implication for the company organization and the role of actuaries in insurances. We point out the limitations and difficulties of this approach. The risk/return relation is becoming a central element of the company management and is taking over the traditional P&L vision. Classification JEL: G22, G28, L21.
- L'économie bancaire depuis la crise : quelques avancées - Olivier Pastré, Jean-Paul Pollin p. 231-242
- La volatilité du Dow Jones : les leçons de l'histoire à travers l'étude des chocs (1928-2013) - Amélie Charles, Olivier Darné p. 243-247
Articles divers
- Les remboursements d'emprunts dans l'épargne des ménages - André Babeau p. 251-282 Depuis plus de deux cents ans, les remboursements d'emprunts ont été la composante oubliée de l'épargne des ménages. Récemment cependant, à l'occasion de la « Grande Récession », des interrogations sont apparues quant à l'influence de l'endettement des ménages sur la consommation. Un si long « oubli » est largement dû à l'absence d'informations sur les montants en cause. Les remboursements d'emprunts ne figurent pas en effet dans les Comptes nationaux. Pour un pays comme la France, une nouvelle estimation de ces remboursements au cours des dernières années nous amène à penser que les « vrais » remboursements – ceux qui ne sont pas financés par un nouveau crédit – pourraient se situer aux alentours des deux cinquièmes du flux annuel d'épargne des ménages. La démonstration de cette conjecture demandera de rassembler de nombreuses informations encore manquantes. Tout de même, quand les banques centrales auront publié des séries de nouveaux crédits et de remboursements suffisamment longues et permettant l'indispensable distinction entre les « vrais » et les « faux » remboursements, des travaux économétriques originaux pourront être réalisés, améliorant de façon significative notre connaissance des comportements économiques et financiers des ménages. Classification JEL : G21, R21.For more than 200 years loans repayments have been the forgotten component of households savings. However the effects of debt on households consumption have become an important issue in the aftermath of the Great Recession. Such a long omission is mainly due to the lack of data. Loans repayments are not included in national accounts. As for France, a new estimate indicates that “reals” repayments – those not financed by new loans – amount to around 40 % of the households' annual savings flow. Gathering numerous and still lacking information is needed to confirm this estimate. Only when central banks publish long temporal series of “real” and “false” repayments, will original econometric works improve significantly the knowledge of economic and financial households' behaviour. Classification JEL: G21, R21.
- Financement des collectivités locales par les émissions socialement responsables : quelles perspectives ? Cas des régions françaises - Corinne Gourmel-Rouger p. 283-296 Cette étude s'intéresse à la mise en place d'un financement innovant, les émissions socialement responsables ou green bonds des collectivités locales. À l'aide du cadre conceptuel issu des théories de l'intermédiation financière, cette recherche a pour objectif de comprendre les fondements de ce type de financement et d'identifier les mécanismes de contrôle qui lui sont liés. Elle s'appuie sur une recherche empirique de type qualitatif effectuée au sein des régions françaises. Classification JEL : G32, H74.This paper investigates green bonds, an innovative financing scheme implemented by local authorities. Based on the conceptual framework of financial intermediation theories, the objective of this research is to understand the foundations of this financing method and to identify the related control mechanisms. It is grounded on empirical qualitative research work conducted within the French Regions. Classification JEL: G32, H74.
- Les remboursements d'emprunts dans l'épargne des ménages - André Babeau p. 251-282