Contenu du sommaire : Dossier : Villes et urbanités au Maghreb
Revue | L'année du Maghreb |
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Numéro | no 12, 2015 |
Titre du numéro | Dossier : Villes et urbanités au Maghreb |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial : Villes, urbanités... et citoyenneté
- Éditorial : Villes, urbanités... et citoyenneté - Frédéric Abécassis, Katia Boissevain p. 3-7
Dossier : Villes et urbanités au Maghreb
- Villes et urbanités au Maghreb - Saïd Belguidoum, Raffaele Cattedra, Aziz Iraki p. 11-32
- Cities and Urbanity in the Maghreb - Saïd Belguidoum, Raffaele Cattedra, Aziz Iraki p. 11-32
Pratiques urbaines et lien social
- Rôle des habitants dans l'invention de nouvelles formes d'urbanité dans la périphérie de Constantine (Algérie). Le cas de la ville nouvelle Ali Mendjeli - Ahcène Lakehal p. 35-53 L'article analyse le rôle que jouent les citadins ordinaires dans les processus de territorialisation qui affectent la Ville Nouvelle Ali Mendjeli depuis plus de quinze ans. Plus précisément, il tente – tout en apportant des données factuelles sur une Ville Nouvelle qui est mal connue et qui constitue aujourd'hui, sans nul doute, l'un des principaux théâtres des dynamiques territoriales des périphérie algériennes – de comprendre comment les habitants/usagers, par les compétences qu'ils mobilisent dans leurs pratiques et par le jeu de leurs représentations, prennent le relais des pouvoirs publics pour «refaire» la Ville Nouvelle en territorialisant ses espaces, en façonnant son paysage et en donnant corps et consistance à son urbanité. En filigrane de l'analyse du rôle des initiatives habitantes dans la fabrication de la Ville Nouvelle, ce travail essaye également de mettre en avant les changements qui affectent les modes de vie des habitants et leurs manières de vivre, d'être en ville et de se représenter la Ville.This article explores the role of ordinary citizens in the regionalization processes that have been affecting the New Town of Ali Mendjeli for over 15 years. More specifically, we have attempted - while providing factual information on a little known New Town which, today, is undoubtedly one of the main stages for territorial dynamics in Algerian peripheries - to understand how people / users, through the skills they mobilize in their practices and through the play of their representations, take over from the government the “reshaping” of the New Town in territorializing its spaces, shaping the landscape and giving substance to its body and urbanity. As a background to the analysis of the role of the inhabitants' initiatives in the creation of the New Town, this study also tries to highlight the changes that affect the lifestyles of people and their ways of living, their presence in town and their perception of the City.
- « Villes nouvelles » et urbanités émergentes dans les périphéries de Constantine et Marrakech - Jean-Marie Ballout p. 55-74 Depuis les années 2000, les périphéries des grandes villes maghrébines sont devenues les théâtres de nombreux aménagements urbains menés selon une logique de projet. Ces grands projets ont fait l'objet de recherches minutieuses notamment sur leurs dimensions politiques et institutionnelles. Toutefois, leurs effets socio-spatiaux concrets n'ont été encore que peu dévoilés. L'objectif de ce texte est d'apporter une contribution à ce champ de recherche : la « réception sociale » de l'urbanisme de projet, ici, de type « ville nouvelle ». À travers l'analyse et la mise en perspective de l'espace vécu des habitants des « villes nouvelles » d'Ali Mendjeli et de Tamansourt, respectivement situées dans les périphéries de Constantine (Algérie) et Marrakech (Maroc), il s'agit de vérifier les formes d'urbanités qui se dessinent, ou pas, dans les espaces re-territorialisés par l'intermédiaire de ces projets. Autrement dit, pour leurs habitants, ces espaces de « villes nouvelles » font-ils ville ?Since 2000, the outskirts of major North African cities have become the stage of many urban developments, undertaken with a project approach. These major projects were subjected to exhaustive research particularly regarding their political and institutional dimensions. However, their actual socio-spatial effects have not yet been fully disclosed.The purpose of this article is to contribute to this field of research, and more specifically on the subject of the “social reception” of urban planning projects, in this case: “new towns”. Based on the situation analysis and appraisal of the inhabited space of the “new towns” of Ali Mendjeli and Tamansourt, respectively located in the outskirts of Constantine (Algeria) and Marrakech (Morocco), we endeavored to verify whether or not forms of urbanity were emerging in the re-territorialized areas as a result of these projects. In other words, do the inhabitants of “new towns” perceive their space as a city?
- L'arrivée des centres commerciaux dans les marges urbaines de Rabat : Des lieux inédits de sociabilité et de déambulation urbaine - Tarik Harroud p. 75-89 La contribution porte sur l'analyse des recompositions spatiales et socioculturelles induites par la multiplication des centres commerciaux dans la périphérie de Rabat. Apparus au cours de la décennie 90, ces espaces marchands se sont fortement multipliés au cours de ces dernières années au point de constituer l'un des pôles les plus attractifs à l'échelle de la capitale. Il suffit d'observer l'importance des flux qui y convergent à la fin de la semaine pour attester de l'importance qu'ils occupent désormais dans les pratiques spatiales et sociales d'une frange considérable des Rbatis. Avec une offre commerciale diversifiée et bien mise en scène, ces lieux sont de plus en plus plébiscités par un public hétérogène, pour une pluralité d'usages non marchands rappelant les pratiques déambulatoires des rues publiques (rencontre, déambulation, lèche-vitrine, etc.). Sur la base d'une série d'investigations conduites dans ces lieux (quatre malls de Rabat) mêlant observation dense des modalités de leur usage social et analyse des représentations qui leur sont associées par un échantillon d'usagers, la contribution montre l'émergence en leur sein de nouvelles formes de sociabilité révélatrices d'un rapport inédit à la ville et ses fondements caractéristiques (espace public, centralité urbaine, identité urbaine, etc.). Incarnant des valeurs et des images renvoyant à l'Occident et la culture de consommation, ces lieux sont surtout investis par les jeunes Rbatis qui en font des espaces privilégiés de rencontre, de côtoiement mixte et d'affichage social où le paraitre et les biens de consommation (accessoires et objets signés) occupent une place prépondérante.This article focuses on the analysis of the spatial and socio-cultural reshaping induced by the proliferation of shopping centers on the outskirts of Rabat. Commercial spaces that originated during the 90s have significantly multiplied in recent years and now constitute one of the most attractive hubs in the capital city. A look at the flows of people converging to these spaces on week-ends will attest to the importance they now hold in the social and spatial practices of a large segment of the Rabat population. With a diversified, well-staged commercial offer, these places are increasingly favored by a heterogeneous crowd, for multiple non-commercial uses reminiscent of the ambulatory habits in public streets (gathering, strolling, window-shopping, etc.) Based on a series of investigations conducted in these places (four malls in Rabat) combining solid observation of the ways and means of their social use with the analysis of representations associated with them by a sample of users, this study shows the emergence of new forms of sociability revealing a unique relationship with the city and its specific foundations (public space, urban center, urban identity, etc.). These places embody the values and images of the West and consumer culture, and are a favorite spot for the young people of Rabat as ideal spaces for meeting, socializing with the opposite sex and showing off – particularly in displaying consumer goods (designer items and accessories).
- Rôle des habitants dans l'invention de nouvelles formes d'urbanité dans la périphérie de Constantine (Algérie). Le cas de la ville nouvelle Ali Mendjeli - Ahcène Lakehal p. 35-53
Mobilisation et action collective
- La mobilisation des acteurs locaux en réaction aux projets d'aménagement des fronts d'eau de Rabat : Émergence de nouveaux acteurs et évolution des répertoires de l'action collective - Hicham Mouloudi p. 93-113 Sur le modèle de multiples villes à travers le monde, l'agglomération de Rabat-Salé sert de cadre à une politique volontariste de waterfront development. Le projet d'aménagement de la vallée du Bou Regreg constitue un exemple emblématique de cette nouvelle ambition urbaine. Par souci d'efficacité, un système d'acteurs sur mesure a été mis en place pour la concrétisation de ce projet. Toutefois, l'État demeure bien l'acteur majeur de l'aménagement et de la gestion de la ville, au détriment des élus, associations et citoyens ordinaires. La conséquence de ce rapport de forces inégal est l'émergence de plusieurs conflits d'aménagement. Ces conflits ont conduit tous ceux qui étaient affectés par l'aménagement de la vallée du Bou Regreg à se mobiliser pour faire pression sur les décideurs et à faire évoluer le répertoire de leur action collective. Ceci a contraint le maître d'ouvrage à accepter plusieurs solutions de compromis.On the model of multiple cities around the world, the agglomeration of Rabat-Salé is the setting for a proactive policy of waterfront development. The development project of the Bou Regreg valley is a prime example of this new urban ambition. For efficiency, a custom players system was set up for the realization of this project. However, the State remains much the leading player in the development and management of the city, at the expense of elected representatives, associations and ordinary citizens. The consequence of this unequal power relationship is the emergence of several development conflicts. These conflicts have led all who were affected by the development of the Bou Regreg valley to mobilize and put pressure on decision makers and to develop the range of their collective action. This forced the project manager to accept many compromised solutions.
- Évolution des registres de l'action, de la ruse à la mobilisation de la notion « droit » par les habitants des bidonvilles au Maroc - Habiba Essahel p. 115-135 À partir d'un travail empirique, l'article propose d'identifier les modes de contestation et les répertoires d'action mobilisés par les habitants des bidonvilles pour intégrer leur quartier à la ville ou contester une transformation urbaine. Deux bidonvilles de Rabat serviront de support à notre démonstration : les douars El Kora et Dlim à Rabat (Maroc) concernés par une opération de relogement. Le premier ne subit qu'un léger déplacement d'une partie de ses habitants, par une opération de relogement in-situ alors que le second voit sa population relogée en lointaine périphérie de la ville. Contrairement à la passivité qui leur a été longtemps attribuée, les bidonvillois démontrent une capacité d'organisation et une capacité à se mettre en scène à des temporalités bien précises pour engager des mobilisations. Ainsi, leurs répertoires d'action se sont diversifiés et intensifiés. En effet, les émeutes urbaines qui qualifiaient les années 1980 puis 1990, comme moment de contestation sociales et moment de déclenchement de nouveaux postulats dans les politiques urbaines laissent place à des revendications vers le registre du droit ; le droit qui « émerge » comme répertoire majeur depuis la fin des années 1990 jusqu'à nos jours dans un contexte particulier, celui des Printemps arabes. Cet angle d'approche représente une manière innovante d'aborder le terrain des bidonvilles marocains, au demeurant largement documenté par les sciences sociales et la recherche urbaine.Based on empirical research, this article proposes to identify the modes of protest and ranges of action used by slum dwellers to integrate their neighborhood into the city or to protest against urban transformation. Our study focuses on two slums: douar El Kora and douar Dlim in Rabat (Morocco), both affected by a relocation operation. The former is undergoing an in-situ relocating operation resulting in a minor transfer of some of its inhabitants, while the latter's population is being relocated in distant outskirts of the city. In contrast with the passivity that has long been their attribute, slum dwellers have shown organizational skills and an ability to take the stage at very specific times to engage in demonstrations. Thus, the range of their actions has diversified and intensified. Indeed, the urban riots that characterized the 1980s and 1990s, as a time of social protest and beginning of new premises in urban policies, gave way to claims made along more legal lines; the idea of rights has been “emerging” as a major reference from the late 1990s until present days in the particular context of the Arab Springs. This angle represents an innovative approach to the subject of Moroccan slums, which is, incidentally, widely documented by social scientists and urban researchers.
- Les mobilisations sociales dans les territoires périphériques de Casablanca pendant les années 1990 - Wafae Belarbi p. 137-153 Cette contribution s'interroge sur les formes, les visées et les modes organisationnels des mobilisations des habitants dans la périphérie sud de Casablanca pendant les années 1990. Ensemble de territoires d'habitat non réglementaire fragmentés, de formation urbaine récente, cette périphérie sud concentre une population reléguée socialement, privée d'influence et de relais avec les centres de pouvoirs métropolitains, qui a développé ses propres compétences d'intégration urbaine. Les mobilisations sociales se décomposent en deux catégories évolutives, qui s'intègrent dans le même registre conflictuel, et qui s'adaptent en fonction du degré d'ouverture et de fermeture du système politique local et central, mais aussi en fonction des enjeux mobilisateurs. Ce cas de figure démontre que les espaces sociaux qui relèvent de dérégulation et de violence, souvent considérés comme des microcosmes impuissants pour faire ressurgir de nouveaux ordres socio-politiques, rodent des stratégies d'intégration urbaine et se dotent de pouvoirs de changement et donc de reconfiguration de la ville métropole.This article is a study of the forms, aims and organizational modes of mobilization of people living in the peripheral area of southern Casablanca in the 1990s. A fragmented site of substandard housing territories that recently formed in the city, this peripheral area is home to a dense socially relegated population, deprived of influence or means of communication with the centers of metropolitan authorities, who developed their own urban integration skills. The social mobilizations are split into two evolutionary categories, which are part of the same conflict register, and adapt according to the degree of openness or restraint of local and central policies, but also depending on mobilizing issues. This scenario shows that social spaces subject to deregulation and violence, usually perceived as microcosms unable to bring back new socio-political orders, develop urban integration strategies and acquire powers to change, therefore reconfigure the metropolitan area.
- La mobilisation des acteurs locaux en réaction aux projets d'aménagement des fronts d'eau de Rabat : Émergence de nouveaux acteurs et évolution des répertoires de l'action collective - Hicham Mouloudi p. 93-113
Cultures urbaines
- L'espace urbain algérois à l'épreuve de ses graffiti - Karim Ouaras p. 157-179 La pratique du graffiti à Alger renseigne sur les dynamiques de la ville vécue, elle met en mots et en signes les modes d'appropriation de l'espace urbain et les processus d'identification et de nomination dans Alger. Les graffiti algérois traduisent l'existence de discours porteurs de sens pour la ville d'Alger, ses espaces et sa composante humaine. Cette pratique langagière, qui s'impose comme une inscription ethno-sociolinguistique, sémiologique et artistique dans l'espace urbain algérois, représente l'une des manifestations du désir de dire, de braver l'interdit et de signifier sa présence dans la ville en tant qu'acteur social. Ce texte se propose d'abord d'examiner et d'analyser le processus d'énonciation et de communication mis en place dans Alger à travers cette pratique langagière effective et de comprendre ensuite les rapports complexes qu'entretiennent les auteurs des graffiti aux normes politiques, socio-spatiales et socioculturelles. Il se propose enfin d'interroger les discours et les représentations que la pratique du graffiti mobilise dans l'espace urbain algérois.The practice of graffiti in Algiers reveals the dynamics of the lived city and the different processes of identification, nomination, and appropriation of urban space. This practice gives meaning to the city, its spaces, and its human composition. Graffiti practice imposes itself as an ethno-sociolinguistic, semiotic, and artistic marking. It reveals multiple strategies to manifest desire to say, to break taboo, and to give meaning to its presence in the city as a social actor. The purpose of this article aims to observe and analyze urban graffiti as a form of enunciation and communication. By unpacking the complex relationship between graffiti artists and political, socio-spatial, and socio-cultural norms in Algiers, this article shows that graffiti is more than just the vandalism of public space, rather it is one of many road maps to understanding the complex socio-cultural and political meaning of everyday life in Algiers. The analysis gives meaning to the types of discourses and representations mobilized by graffiti in Algiers urban space
- Cinéma et urbanité à Tunis sous le protectorat français - Morgan Corriou p. 181-195 L'introduction du cinématographe à Tunis ne paraît pas, à première vue, révolutionner la géographie des loisirs dans la cité. Les salles se concentrent dans le centre, favorisant les quartiers les plus animés des nuits tunisoises. Pour autant, s'il évite les zones excentrées, le cinéma quadrille plus finement la ville : il s'immisce dans les quartiers et investit une médina en voie de marginalisation. Ainsi, les formes anciennes d'urbanisation ne semblent en rien incompatibles avec les nouveaux modes de vie citadins. La fréquentation des salles s'inscrit, d'abord, dans une géographie du proche. L'importance sociale de la salle de quartier et les barrières multiples qui restreignent les déplacements des habitants sont loin, toutefois, de circonscrire les pratiques des spectateurs. L'expansion du loisir cinématographique donne lieu à des circulations toujours plus vastes qui participent d'une appropriation de la ville et d'une rupture de l'entre soi. Les cinémas du centre-ville s'imposent dans l'après-guerre comme le lieu de sociabilité d'une jeune génération éduquée qui en fait la clé de son identité citadine.The development of cinema in Tunis did not seem, at first, to disrupt the geography of leisure in the city. Movie theaters were mostly located in the city center, favoring the most vibrant streets of the Tunisian capital. Exhibitors admittedly neglected the outskirts of the city. Yet movie theaters were scattered across the new town and started penetrating a medina doomed to marginalization, proving that the ancient forms of urbanization were not irreconcilable with the new urban lifestyle. Movie consumption was first and foremost a local activity. But neither the social influence of the local cinema nor the symbolic frontiers dividing the city could confine movie lovers. The expansion of the cinema generated new flows of moviegoers throughout the city and helped Tunisians to reclaim the public space. In the post-war years, the movie theaters of the “European” center became a place of conviviality for an educated youth whose urban identity would be rooted there.
- Les territoires de l'alcool à Tunis et à Casablanca sous la période des Protectorats (1912-1956) : Des destins parallèles ? - Nessim Znaien p. 197-210 Par le biais de sources administratives, judiciaires, policières, nous cherchons à étudier les territoires de la commercialisation et de la consommation d'alcool à Tunis et à Casablanca sous la période du Protectorat français en Tunisie (1881-1956) et au Maroc (1912-1956). L'objet de notre propos est de montrer que les deux villes connaissent sous le Protectorat une mutation des pratiques de consommation d'alcool, qui se traduit par une plus forte augmentation de la consommation d'alcool et l'apparition d'un nouveau débat public, illustré notamment par des lois prohibitionnistes. Tunis et Casablanca concentrent dans leurs pays respectifs le plus grand nombre de débits de boisson, avec une spectaculaire augmentation de l'offre en alcool dans l'entre-deux-guerres. Les codes sociaux qui entourent la boisson (le lieu, le moment et la sociabilité de la consommation) gardent des logiques propres par rapport à la métropole, sans doute en partie dû au facteur religieux. A une échelle plus locale, les sources administratives permettent d'indiquer que les réseaux de ventes d'alcool (cafés, bars, caves viticoles) semblent obéir dans les deux villes à une stricte discontinuité théorique entre ville coloniale et médina, à largement nuancer dans la pratique. Enfin, le rythme des mesures concernant la réglementation de l'alcool est sensiblement le même entre la Tunisie et le Maroc. Les années 1913-1914 et les années 1936-1937 semblent être ici des moments clés. Cette chronologie, propre aux colonies d'Afrique du Nord, reflète ici des politiques plus globales en matière de gestion de l'Empire, mises en place par les Français à ces moments-là.Based on administrative, judicial and police sources we attempted to explore the territories of alcohol marketing and consumption in Tunis and Casablanca during the period of the French Protectorates in Tunisia (1881-1956) and Morocco (1912 -1956). The purpose of this article is to show that both cities experienced, during the period of the Protectorate, a change in alcohol consumption practices, resulting in a larger increase in alcohol consumption and the emergence of a new public debate, exemplified by prohibitionist laws. During the interwar period, Tunis and Casablanca were, within their respective countries, the largest centers of drinking establishments, with a dramatic increase in alcohol supply. Social codes with regard to drinking (place, time and consumption sociability) retained their own logic in relation to mainland France, partly due to religious factors. At a more local level, administrative sources indicate that alcohol sales networks (cafes, bars, wine cellars) seemed to conform in both cities to strict discontinuity between the colonial city and the Medina - in theory, though not so much in practice. Finally, the frequency of measures taken on alcohol regulation was about the same in Tunisia and Morocco. The years 1913-1914 and 1936-1937 seemed to be key moments. This chronology, specific to North African colonies, reflects more the Empire's comprehensive management policies set forth by the French at that time.
- L'espace urbain algérois à l'épreuve de ses graffiti - Karim Ouaras p. 157-179