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Revue | Revue management & avenir |
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Numéro | no 2, octobre 2004 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - Luc Boyer p. 3-4
- Hypermodernité, hypofirme et singularité - Michel Marchesnay p. 7-26 Les sociétés et les économies occidentales, qualifiées de "postmodernes", évoluent rapidement vers l'" hypermodernité". Dans un sens, l'hyper modernité est une exacerbation de la post modernité, appelée “ultra modernité" ; en sens opposé, elle est conçue comme un dépassement vers un autre type de Société, appelée "alter modernité". Cette dernière vision correspond à l'émergence de toutes petites entreprises prospères, qualifiées d'"hypofirmes", car leur compétitivité repose sur la recherche d'une taille minimale, alors que les hyper firmes "ultra modernistes" recherchent la croissance maximale. Leur performance repose sur la mise en œuvre de stratégies prônant la recherche d'une singularité aussi peu contestable que possible, fondée sur des ressources et des compétences idiosyncrasiques.Western societies and economies, qualified as "post modern" ones, are rapidly evolving toward "hyper modernity". In some sense, hyper modernity is a reinforcement of post modernity, called "ultra modernity". In an opposite sense, it is conceived as a "go beyond", toward another society called "alter modernity". This last vision fits well with the emergence of very small prosperous enterprises, called "hypo firms", because their competitivness is based on the search for a minimal size, when "ultra modernist" "hyper firms" maximize growth. Their performance is based on the implementation of strategies promoting the research of "singularity", as no contestable as possible, made of idiosyncratic resources and competences.
- Hypermodernité et distribution : le cas du West Edmonton Mall - Françoise Andrieu, Olivier Badot, Sandrine Macé p. 27-50 A partir d'une enquête ethnographique et mythologique, cette recherche analyse le plus grand centre commercial du monde, le West Edmonton Mall (WEM) en Alberta au Canada (centre en outre fondé sur le principe du fun shopping), à l'aune des paradigmes de la modernité et de l'hypermodernité. Au-delà de l'instabilité théorique des corpus mobilisés, il en ressort in concreto, d'une part, une difficulté à rendre compte du WEM par l'un ou l'autre de ces modèles, au profit d'une hybridité théorique d'ailleurs élargie à la postmodernité et, d'autre part, l'esquisse d'un cadre d'analyse proche de celui de "modernité populaire" suggéré par Carroll (2000), l'hypomodernité ou modernité réinitialisée et redimensionnée à l'échelle micro-sociale.With 5.3 million feet square and 22 million visitors yearly, the West Edmonton Mall (WEM), Alberta, Canada, combines the largest indoor retail and entertainment facilities in the world (fun shopping). Based on a semio-ethnographic approach (about 60 hours of participant observation, a lot of data collected since 1999: fieldnote diary, notebook, sketches, more than 500 pictures, advertisements and promotional material, experts interviews, etc.), this research aims to examine whether the concepts of modernity and hypermodernity frames a relevant theoretical model to analyze the WEM. Our findings suggest that the WEM appears to be a more hybrid object, mixing modernity, hypermodernity and postmodernity and a concrete example of the theory sketched by Carroll (2000) of "popular modernity"; the expression at a micro social level of the principles of modernity.
- La fonction symbolisante du marketing - François Attali p. 51-64 De même que l'être humain ne peut être réduit à n'être qu'un corps au risque sinon d'un écrasement mortifère de son désir, nul objet, nul produit ne peut être réduit à n'être que lui-même au risque sinon de n'être plus qu'un déchet. Ainsi les produits ne valent-ils que pour l'enjeu dont ils sont le symbole, et l'investissement affectif dont ils sont l'objet.Cet enjeu, c'est à la fonction marketing de l'exprimer, de le faire vivre : c'est sa fonction symbolisante. Une fonction qui opère sur trois plans : un plan économique, un plan psychologique et un plan social et politique. Sur le plan économique, le marketing organise les marchés et crée de la valeur. Sur le plan psychologique, il contribue à ordonner notre représentation du monde et facilite en permanence la sublimation de nos pulsions. Sur le plan social et politique il fabrique du lien. Si chaque objet marchand est promu au rang de symbole, il devient en effet le support grâce auquel s'échange un contrat social implicite. L'ensemble des objets marchands qui circulent, forment ainsi le tissu à partir duquel s'ordonne le système de valeurs de notre société et régule nos affects. C'est dire la responsabilité "politique" de ceux qui œuvrent à ce tissage permanent. Par leurs choix quotidiens, ils participent à orienter les capacités de notre société et de chacun de ses membres à s'humaniser.As human being can not be reduced to a body no object, no product can be reduced to be itself only at the risk of being only rubbish. Also, products have a value only based on the stake they are the symbol and the affective investment they are the object. This stake has to be expressed by the marketing function : it is its symbolic role. This function is economic, psychologic, social and political. This article aims at explaining these three points. Concerning economic plan, marketing organize markets and create value. On the psychological plan, it contributes to clarify our world representation and facilitate our impulse sublimation. On the social and political plan, it creates link. This influences our value system and brings a degree of order in our affects.
- Le sacré comme nouvelle approche du consommateur postmoderne - Saïd Khalla p. 65-81 Résumé1Dans une perspective postmoderne, certains consommateurs cherchent de plus en plus à vivre des tranches de vie gratifiantes et intenses en émotions. Pour répondre à ce type d'attentes en vue de fidéliser l'acheteur, le marketing peut agir sur le désir de chercher à éprouver le sentiment de transcendance de soi. Dans le prolongement des travaux d'Hirschman et Holbrook et (1982) de Belk et alii (1989) ou plus récemment de Filser (2002), cet article s'intéresse à la manière dont certains consommateurs peuvent assimiler le processus de consommer à un chemin initiatique pour vivre du suprême et de l'absolu. Ce sont des attentes plutôt hédonistes, elles ne se réfèrent ni au Divin, ni au dogme de l'église (Durkheim, 1912 ;Isambert, 1982). Cependant, elles se traduisent par le culte de quelque chose ou de quelqu'un en vue du plaisir émotionnel immédiat. Pour répondre à ce genre d'attentes, le paradigme positiviste (Hunt, 1977) est inadapté puisque les motifs du comportement sont essentiellement irrationnels et transcendantaux. Seule une approche compréhensive semble appropriée pour caractériser le type de sacré recherché et vécu par le consommateur. Pour ce faire, il faut observer le processus de consommer ; c'est à dire l'expé-rientiel du sacré pour déduire les valeurs de la marque sacrée. L'objet de cette recherche est de poser, en recourant aux sciences sociales, le cadre théorique du sacré en marketing. Pour ce faire, nous allons tout d'abord définir le concept de sacré puis nous explorerons l'intérêt de ce concept en marketing, et enfin, nous illustrerons notre réflexion par une première application aux marques de sport.From a post-modernist view-point, consumers show comportments in which they express deep and immutable built – up attitudes in their connection with objects. These connections come about through emotional links or/and various experiences. Analysing expressed of the sacred (Hirschman et Holbrook (1982) from Belk et alii (988) or recently the excellent article from Filser (2002) not divine or spiritual seems to be relevant (Durkheim, 1912 ; Isambert, 1982), at some deep level, even in our present secular lay societies. However a post-modern approach seems to contradict a so-called positivist theory (Hunt, 1984). The only method of understanding consumer behaviour and his relationship to the sacred is qualitative or experiential. In this article, we try to build,from social sciences, a theory of sacred in marketing.We select cases in magazines who demonstrate that some brands have recourse to sacred as a strategic way to develop brand loyalty. This article precisely aims at setting a synthetic schemes elements as ground a new approach of consumer by the sacred.
- La prospective : pour un retour aux fondamentaux - Louis Gimbert p. 83-95 En dépit de débuts brillants et prometteurs, ainsi que de travaux souvent remarquables, la prospective n'occupe toujours pas la place ni le rang qu'elle mériterait. Les raisons en sont multiples et de nature diverses : échecs qu'on lui a imputés à tort ou à raison, qualité discutable de certaines de ses prestations, orientations libérales de l'économie mondiale, approches méthodologiques parfois déroutantes... mais aussi, et peut être avant tout, des fondements conceptuels souvent boiteux et qui constituent autant d'obstacles épistémologiques, au sens que l'épistémologue Gaston Bachelard leur a donné.C'est ainsi, par exemple, que le déterminisme plus ou moins rigide qui inspire encore la plupart des réflexions prospectivistes n'est, et depuis longtemps déjà, plus en ligne avec la pensée de notre temps (modernité critique), pensée qui remet en question, en l'approfondissant et en la nuançant, le statut de la rationalité.L'incompréhension dont pâtit trop souvent la prospective doit beaucoup à ce "déphasage" dans les modes d'intelligibilité du social et contribue à projeter un sérieux doute sur la solidité épistémologique de cette discipline. Un retour aux fondamentaux, une relecture des concepts et hypothèses implicites à la lumière des pensées (et des bons auteurs) de cette modernité critique, qui est celle de notre temps, permettraient de libérer notre esprit de ces obstacles dont parlait Bachelard. La prospective aurait tout à y gagner.In spite of brilliant and promising starts, and owing to various grounds, prospective research is not always as favourably considered as it should be. The reasons could be the following ones : failures rightly or wrongly attributed to this science, some existing works of dubious reliability, free-market orientation in world economy disconcerting methodological approaches... But the main causes are probably what Gaston Bachelard used to call epistemological obstacles. Strict determinism, which is still underlying the most part of our prospective works, is no longer in line whith the ways of thinking of our time, which call into question the concept of rationality. This cultural discrepancy leads to lacks of understanding, confusions, misinterpretations which seriously affect the epistemological soundness of prospective. A return to basics and fundamentals and a reread-ing of the implicit concepts by the light of the recent philosophical and social theories is imperative.
- Faire face à la profusion des projets dans les organisations ! - Pascal Aurégan, Patrick Joffre p. 97-117 Certains sociologues et philosophes font le constat d'une société "sans projet". Mais, à un niveau moins global - celui de l'organisation - le chercheur en management fait une observation inverse : le projet se décline aujourd'hui à tous les niveaux de l'organisation. Coopérations, lancement d'un nouveau produit, réorganisation de service... sont bien souvent pilotés par le projet. Mais, s'en ternir là serait réducteur. Il apparaît en effet que cette prolifération du projet s'est également accompagnée d'une mutation de celui-ci : hier, expression de la croyance en le progrès et la science, il est aujourd'hui devenu l'instrument privilégié du changement et de la transformation continue. La première partie de cet article s'attachera à montrer comment le projet s'est peu à peu imposé comme l'un des paradigmes dominants du management. La deuxième partie de ce texte cherchera à mettre en évidence les dangers auxquels s'expose l'organisation face à cette profusion des projets. Enfin, dans la dernière partie, quelques pistes de réflexion seront proposées afin d'éviter les écueils évoqués précédemment.Facing the profusion of projects in organizations !
Some sociologists and philosophers report a society without project. But concerning organisations, research workers in management make an opposite observation : today the project is declined at all the levels of the organisation. Co-operations, launching of new products, reorganization of service... are very often managed by project. But sticking to this would be reducing. Indeed it appears that this proliferation of the project also goes together with its transformation. Yesterday an expression of the belief in progress and science, it is today the privileged tool of change and continuous transformation. The first part of this article aims at showing how the project gradually emerged as one the prevailing paradigms of management. The second part tries and put forward the dangers to which the organisation exposes itself in front of this profusion of projects. Finally in the last part, we make some proposals in order to prevent the pitfalls above mentioned. - La conduite du processus d'internationalisation par les compétences de l'équipe dirigeante le cas d'une moyenne entreprise française - François Pantin p. 119-139 Mobilisant l'approche basée sur les ressources et les compétences dans une perspective d'enrichissement des travaux traitant du processus d'internationalisation, cet article a pour but de comprendre comment les compétences de l'équipe dirigeante influencent le processus d'expansion géographique de l'entreprise. Cette réflexion est approfondie par l'analyse longitudinale du cas d'une moyenne entreprise qui vient confirmer que la conduite de ce processus dépend largement des compétences de l'équipe dirigeante en place.This article aims at understanding how the top management team competences influence the process of geographic growth of the firm. We use the Competence-based view in order to complete the research about the internationalization process. This research is illustrated by a longitudinal analysis of a medium-sized firm case. It confirms that the internationalization process depends on the top management team competences in action.
- La prise en compte du biais statistique : l'effet des sicav actions disparues sur la performance globale - Laurent Bergeruc p. 141-156 L'examen du biais statistique imputable à la non prise en compte des sicav actions disparues lors de l'évaluation de la performance globale constitue l'objet de notre recherche. Cette recherche porte sur un échantillon de 82 sicav actions françaises ( 17 disparues et 65 sicav survivantes). La base de données a été fournie par la commission des opérations de bourse. La période d'évaluation s'étend du 1er janvier 1984 au 31 août 2000.We explore Survivorship bias and mutual fund performance using different benchmark and measures.
This research presents an empircial ex-amination of a sample of a French mutual funds ( 82 sicav ). Our database constructed with the help of the "commission des opérations de bourse" includes all known equity funds (that invest essentially in French stocks) existing in France between January 1, 1984 and August 31, 2000.. - The influence of organisational structure on the development of absorptive capacity : A study of two technologically intensive industries - Vicenç Fernández Alarcón, Joan Mundet Hiern, José María Sallán, Albert Suñé Torrents p. 157-168 La recherche prétend contribuer à approfondir la connaissance des circonstances dans lesquelles les organisations développent l'aptitude à acquérir ou exploiter la connaissance de sources externes, appelée capacité d'absorption. Plus précisément, la recherche a porté sur l'influence des dimensions de la structure organisationnelle sur la capacité d'absorption.The aim of this research is to contribute to the extension of knowledge of the circumstances in which organisations develop the ability to acquire or exploit knowledge from external sources, which is called absorptive capacity. More specifically, the influence of the dimensions of organisational structure on absorptive capacity has been researched.