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Revue | Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise — RIMHE |
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Numéro | no 15, janvier-février 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Diversité et pluralité en management - Martine Brasseur, Sybille Persson, Baptiste Rappin p. 2
- Rites d'interaction et management en Chine : Le cas de la province du Guangxi - Laurent Meriade, Li Yiqiang p. 3-22 Dans la culture chinoise, les valeurs religieuses se sont construites à partir de croyances plus anciennes souvent afin de réduire l'influence du polythéisme et des cultes païens. Ces croyances populaires se fédèrent autour de l'enseignement et de la mise en pratique de valeurs morales et spirituelles présentées sous la forme de rites d'interaction par la littérature classique chinoise puis par les principales religions (Confucianisme et Taoïsme notamment). Nous proposons à travers l'étude de cas d'un groupe d'État chinois adossée à une analyse des valeurs culturelles et religieuses retranscrites dans des rites individuels et collectifs, de mettre en évidence la complexité et l'interdépendance des valeurs et croyances qui guident les attitudes et comportements managériaux. Pour cela, nous présentons l'analyse quantitative et qualitative d'une enquête réalisée auprès des managers de ce groupe d'État afin de mesurer sa capacité à dépasser certains biais mis en avant dans la littérature (Adler et al., 2009). Sur le plan théorique, nous cherchons à déterminer de quelles manières des rites culturels d'interaction sociale peuvent participer à la construction de rituels managériaux dans les organisations. Ceci participe aux débats initiés en Occident sur l'éventuel développement d'une théorie du management chinois (Barney et Zhang, 2009) en essayant d'identifier le rôle des rites d'interaction issus de la culture traditionnelle chinoise dans l'application en Chine d'outils développés ailleurs. Pour mieux appréhender les liens entre les rites culturels d'interaction sociale et les pratiques managériales en Chine, nous mobilisons l'approche des rites d'interaction proposée par Goffman (1974) et reprise par Collins (2004) qui précise le contenu et les conséquences de ces rites sur le comportement des membres d'un groupe ou d'une communauté. Nos premiers résultats semblent indiquer que les managers chinois interrogés font une description de valeurs et principes d'action assez proches de ceux contenus dans les rites d'interaction sociale définis par les principaux écrits religieux ou culturels. Nous mettons en évidence quatre rites culturels (le respect du guanxi, le respect des ancêtres, l'harmonie collective et le respect de la « face ») qui expliquent près de 70% des comportements des managers que nous avons questionnés. Nous discutons ensuite de l'origine culturelle de ces rites afin d'ouvrir des perspectives d'étude plus approfondies sur la place des rites d'interaction culturels et religieux dans une possible ritualisation du management en Chine.In Chinese culture, religious values are built from older beliefs often to reduce the influence of polytheism and pagan cults. These popular beliefs unite around the teaching and practice of moral and spiritual values presented in the form of interaction rituals by classical Chinese literature and by the major religions (Confucianism and Taoism in particular). We propose, through the case study of a Chinese state group backed by analysis of cultural and religious values transcribed in individual and collective rites, highlighting the complexity and interdependence of values and beliefs that guide managerial attitudes and behaviors. For this, we present quantitative and qualitative analysis of a survey of managers of this state group to measure its ability to overcome some biases highlighted in the literature (Adler et al., 2009). On the theoretical side, we try to determine in what ways the cultural rituals of social interaction may participate in the construction of managerial rituals in organizations. This is part of a willingness to contribute to debates initiated in the West about the possible development of a theory of Chinese management (Barney and Zhang, 2009) trying to identify the role of interaction ritual from traditional culture Chinese in China in the application of tools developed elsewhere. To better understand the links between cultural rituals of social interaction and managerial practices in China, we mobilize the ritual approach proposed by Goffman (1974) and adopted by Collins (2004) which specifies the content and consequences of rituals on the behavior of members of a group or a community. Our initial results suggest that Chinese managers interviewed are a description of the values and principles quite similar to those contained in the rites of social interaction defined by the major religious and cultural writings of action. We highlight four cultural rites (guanxi respect, respect for ancestors, communal harmony and respect for the "face") which account for nearly 70% of the behaviors of managers we interviewed. Then, we discuss the cultural origin of these rites to open perspectives for further study on the role of cultural and religious rituals of interaction in a possible ritualization of management in China.
- Handicap et emploi : Une comparaison France - Etats-Unis - Sarah Richard, Isabelle Barth p. 23-42 La question du handicap relève d'un enjeu sociétal majeur, marquée par une évolution des conceptions du handicap (Marissal, 2009) et une multiplication des lois antidiscriminatoires à l'échelle internationale (Wuhl, 2008 ; Woodhams et Corby, 2007 ; Lee, 2003). De façon globale, il est avéré que les conceptions du handicap ont un impact sur les définitions légales de celui-ci (Woodhams et Danieli, 2000) et sur les dispositifs juridiques en découlant (Degener, 2006). Cet article s'intéresse ainsi à l'articulation entre les approches du handicap, les dispositifs légaux et la recherche académique, dans l'objectif d'aboutir à une compréhension contextuelle des pratiques sociales autour du handicap et, plus particulièrement, la gestion du handicap dans les milieux professionnels. La France et les Etats-Unis étant associés à deux approches différenciées du handicap, il sera dressé un état de la littérature comparatif traitant du handicap au travail en lien avec les textes légiférant dans ce domaine.Disability in the workplace has important implications for the workforce management and for the broader society. This resulted in an evolution of approaches to disability (Marissal, 2009) and an increase of disability legislations in an effort to promote equal rights and to counter discrimination of individuals with disabilities (Wuhl, 2008; Woodhams and Corby, 2007; Lee, 2003). Furthermore, despite a broad recognition of approaches to disability, little research has looked at the differences in legal frameworks and the potential effects of using various models of disability, across national and cultural boundaries (Degener, 2006). While legal framework and its implications constitutes a broadly investigated topic, this paper examines the links between the various approaches to disability, legislation, and academic research on disability, with a view to providing a better understanding of the social practices around disability and, more specifically, the management of disability in work settings. Using a comparative approach between France and the United States, this study provides an integrated literature review on disability at work, comparing and contrasting the specifics of French and American legislation on disability.
- Diversité et performance en Amérique du Nord - Christelle Martin–Lacroux, Alain Lacroux, Sami Ben Larbi p. 43-65 Cet article a pour ambition d'évaluer les différentes formes d'engagement des entreprises nord-américaines en matière de diversité. Plus précisément, il s'agit de mettre en exergue les traits distinctifs caractérisant les entreprises identifiées comme performantes en matière de diversité en vue d'alimenter les débats sur les relations circulaires entre diversité et performance. L'absence de consensus dans la littérature académique sur les interactions entre politiques de diversité et performance des entreprises nous a conduits à adopter une démarche inductive. En nous appuyant sur les données de la base MSCI-ESG pour l'année 2011, nous avons procédé à une analyse typologique basée sur les performances et contre-performances en matière de diversité, sur un échantillon de 2848 sociétés cotées. Grâce à une méthode de classification exploratoire adaptée aux bases de données volumineuses (two-step cluster analysis), nous avons pu identifier 3 classes d'inégale importance mais clairement différenciées (les entreprises non engagées, les attentistes et les engagées). Afin de cerner les caractéristiques de chaque classe identifiée, une analyse comparative fondée sur des critères sociétaux, démographiques et financiers a été menée et a permis de dresser le profil des entreprises de chacune des classes. Il apparaît ainsi que les entreprises les plus performantes en matière de diversité (les « champions de la diversité ») sont celles qui présentent les scores les plus élevés dans les autres domaines de la performance sociale (gestion des ressources humaines, prise en compte des parties prenantes externes). Ces entreprises se distinguent également par leurs performances dans les domaines financier et environnemental. Sans préjuger des liens de causalités existant entre les différentes composantes de la performance, nous pouvons constater une réelle imbrication de ces composantes chez les « champions de la diversité », ce qui apporte un argument supplémentaire en faveur du concept de performance élargie de l'organisation (Sagrhoun et Eglem, 2008).The goal of this paper is to contribute to the study of the diversity criterion in the measurement of corporate social performance (CSP). Our research is aiming to at evaluating the different patterns of commitment in diversity policies of North American companies. More specifically, we seek to highlight distinctive features among companies identified as successful in terms of diversity, in order to stimulate the debate on the relationship between diversity and performance. The lack of consensus in the academic literature on the interactions between diversity policies and corporate performance has led us to adopt an inductive approach, based on a cluster analysis. Relying on a 2,848 listed US companies sample drawn from MSCI-ESG 2011 database, we ran a two-step cluster analysis based on strengths and weaknesses on the topic of diversity. Our analysis led us to identify three clusters of unequal importance (“uncommitted”, “committed” and “cautious”). Intercluster comparisons based on social, demographic and financial criteria led us to draw the profile of committed and efficient companies in terms of diversity. We noticed that the most successful companies on the diversity topic (the "diversity champions") show high a level of performance in other areas of social performance (human resources management, external stakeholder's management) and can also be distinguished by their performance in financial and environmental fields.
- Construire la diversité des acteurs pour innover. Le cas d'un réseau de santé - Corinne Grenier p. 66-84 Etudiant la conception et sa mise en place d'un réseau de santé, nous questionnons l'innovation au prisme de la diversité des acteurs, en mobilisant le cadre général des logiques d'action. Notre travail nous permet d'enrichir la relation innovation – diversité de deux manières, nous situant dans une perspective épistémologique socioconstructiviste, qui nous amène à analyser pourquoi les acteurs « font » (ou construisent) cette diversité pour mener une action collective. Tout d'abord, notre analyse nous permet d'identifier ce qui fait « diversité » pour les acteurs, autour de deux dimensions (institution et connaissance). C'est donc en termes d'appartenance institutionnelle (i.e. les différentes institutions du champ de la santé) et de connaissances qu'ils mobilisent (sur le patient) pour concevoir le réseau, que les acteurs se différencient et se positionnent durant l'innovation. Ces deux dimensions révèlent ce qui est critique pour les acteurs dans le contexte étudié pour comprendre leurs logiques d'action. Notre second enrichissement concerne la relation entre innovation et diversité. Nous montrons comment cette diversité est convoquée selon des rapports de prescription plus ou moins ouverts (i.e. selon la variété des institutions ou des connaissances qui sont mobilisées). Nous mettons en évidence deux logiques de construction de la diversité pour innover : une logique de construction pour soi, une logique de construction pour un collectif. Notre première contribution est de considérer la diversité construite comme un outil de conception que des acteurs instrumentalisent pour innover. Notre seconde contribution est de discuter cette construction de la diversité comme un processus politique et un processus particulier de sense-giving et de traduction.Investigating the design and implementation of a healthcare network, we question innovation through the prism of the diversity of its actors and the logic of their actions. We enrich the relationship between innovation and diversity by adopting a socio-constructivist research perspective to analyze why actors “do” (i.e. enact) diversity to take collective action. First, we identify that what makes up diversity is enacted on two dimensions: knowledge and institution. Actors differentiate themselves from others and act in terms of institutional positioning (i.e. the various institutions in the healthcare field) and in terms of knowledge (of patients) in order to innovate. These two dimensions reveal what is critical to the actors in the case studied to explain the logic of their actions. Our second contribution deals with the innovation-diversity relationship. We provide evidence as to how diversity is mobilized according to more or less open prescription relationships (i.e. a variety of institutions or of knowledge mobilized). We propose two rationales for using diversity to promote innovation; the rationale of creating diversity for “self” and the rationale of creating diversity for the collective good. Our first contribution is to consider diversity as a design tool used by actors to innovate and our second contribution is to consider implementing diversity as a political process and particularly as a process of sense-giving and translation.
- De Zorro à Polichinelle. Le coach mis à l'épreuve dans son rôle de tiers - Pauline Fatien-Diochon, Dima Louis p. 85-103 Dans des contextes organisationnels dominés par la complexité et le changement, le coach apparaît comme un tiers légitime pour accompagner les acteurs dans leur développement. Lui sont alors attribuées des vertus de facilitation, de bienveillance, de faible directivité, au service du coaché et/ou de l'organisation. Cette vision positive, voire « positiviste », de ce rôle de tiers est questionnée par des approches dialectiques qui mettent l'accent sur des phénomènes de pouvoir inhérents aux organisations qui vont bousculer le coach dans cette posture idéale. Le coach n'est pas à l'abri de phénomènes d'instrumentalisation, de sous-traitance, de dérives affectives. Quel rôle de tiers le coach a-t-il vraiment dans les organisations ? Cette étude tente de répondre à cette question en analysant les écarts entre posture idéale et posture effective. Dans une démarche compréhensive, au travers de la méthode de l'incident critique, nous avons réalisé 20 entretiens de coachs en se focalisant sur des expériences et événements qui les écartent de leur position idéale de tiers ; ils ont chacun abordé une situation mettant en jeu des agendas cachés ou plus largement un défi éthique. Nous avons alors analysé à l'aide d'une analyse thématique de contenu leurs représentations de leur posture idéale de coach et les dérives associées. Nos résultats conduisent à souligner le défi que représente pour le coach la gestion de la bonne distance à l'organisation, en tension entre le don du sauveur (« Zorro ») et l'instrumentalisation (« Polichinelle »). Notre recherche donne donc des fondements empiriques aux perspectives critiques et dialectiques du coaching qui soulignent les dérives instrumentales dans la pratique. Au-delà, elle invite notamment coachs, recruteurs et formateurs à prendre en compte la dimension du politique de toute action de coaching.In today's organizations where complexity and change dominate, coaches appear as legitimate third parties to help clients navigate these demanding contexts. Coaches are thus credited with virtues such as facilitation, benevolence, low directivity, at the benefit of the client and/or the organization. This positive – if not “positivistic”, view of the role of coaches is questioned by dialectical approaches that highlight inherent power dynamics in organizations that will eventually prevent the coach from being a third party. He or she may not be able to escape the threats of instrumentalization, externalization, emotional excesses. What role do coaches as third parties really play in organizations? This study tries to answer this question by analyzing the gap between coaches' ideal and effective postures. In a comprehensive approach with the critical incident method, researchers have conducted 20 interviews focusing on situations that challenged them as third parties; their intervention either confronted them to hidden agendas or more generally ethical conflicts. We then have used a thematic content analysis to analyze the underlying representations of their ideal posture as a third party and the threats to it. Our results highlight the high challenge for the coach to maintain a proper distance within and to the organization, being in tension between giving too much (“Savior”, like Zorro) and being instrumentalized (“Muppet”, like Pulchinella). Our study thus provides empirical grounds to critical and dialectical perspectives of coaching that underline the dangers of an instrumental approach to coaching. And beyond, this study invites coaches, their clients, and their educators to embrace the political dimension of any coaching intervention.
- Les dissidences du coaching et leur éclairage pour la GRH - Sybille Persson, Baptiste Rappin p. 104-114
- Note de lecture : Le Manager et le Philosophe, Barth I. et Martin Y.-H. (2014), Paris, Le Passeur - Alain Anquetil p. 115-119