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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 31, no 2, juin 2013 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Prévenir le risque cardiovasculaire : le travail éducatif au cœur du dépistage - Julien Cazal, Jean-Paul Génolini p. 5-30 Le dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire en prévention primaire est singulièrement fondé sur une approche « globale » du risque, mêlant à la fois aspects cliniques et éducatifs dans la relation thérapeutique. Dans un contexte plus ou moins empreint d'incertitude, nous montrons, suivant une approche interactionniste, que les points d'appui de la formation du patient à l'autonomie résident certes dans le travail d'objectivation et d'individualisation du risque mais aussi, plus largement, dans le travail d'accord autour de l'acceptabilité de ce dernier. En ce sens, l'éducation du patient s'inscrit dans un jeu d'attentes et d'engagements réciproques entre professionnel et patient visant, in fine, à renforcer la confiance dans la relation de soins.Preventing cardiovascular risk: educational work in the heart of screening
The screening of cardiovascular risk factors in primary care is based on a global approach of risk, combining, within the therapeutical relationship, clinical and educational aspects. Drawing on an interactionist approach we show that, in a context of uncertainty, training the patient to become autonomous does not only imply the objectification and individualization of risk. It also includes, at a broader level, the negotiation of an agreement on what constitutes an acceptable risk. Patient education appears thus to be inscribed in a set of expectations and mutual commitments involving professionals and patients, whose aim, ultimately, is to strengthen trust within the therapeutical relationship. - L'effet Framingham en éducation thérapeutique : de l'enquête épidémiologique à l'enquête sur soi : Commentaire - Catherine Tourette-Turgis p. 31-38
- La tentation du contrôle managérial dans les cliniques françaises - Sébastien Mainhagu p. 39-63 Les établissements de santé français ont modifié récemment leur organisation et leurs pratiques de gestion des ressources humaines (GRH). Pour conduire ces changements, la Haute autorité de santé préconise une démarche participative. Or, dans les cliniques que nous avons étudiées, les managers semblent réticents à l'idée de perdre le contrôle du projet de changement. Nous expliquerons ce positionnement ambivalent par le contexte des organisations, le pouvoir des soignants et le schéma interprétatif des porteurs de projet de changement du secteur de la santé. Ces variables sont appréhendées à travers le cadre d'analyse contextualiste récemment enrichi.Managerial control in French private clinics
Hospitals have recently changed their organization and their HRM practices. The French Healthcare Quality Authority advocates a participatory approach to drive these changes. But, in the private hospitals we studied, the managers seem reluctant to lose control of change projects. We will explain this ambivalent positioning by the context, the power of the caregivers and the interpretative scheme of the managers. These variables are apprehended through the contextualist analytical framework, recently enriched. - Les défis de la gestion du changement dans les organisations de santé : Commentaire - Christophe Baret p. 65-69
- Significations du renoncement aux soins : une analyse anthropologique - Caroline Desprès p. 71-96 Le renoncement aux soins, concept récemment introduit dans les enquêtes de l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES), constitue aujourd'hui un indicateur d'évaluation des politiques publiques, notamment en termes d'équité d'accès aux soins. Non définie par les décideurs et les enquêteurs, cette notion fait l'objet de diverses définitions de la part des experts. Cet article vise à les clarifier, puis à analyser les significations attribuées par les non-experts, sujets potentiels des enquêtes, et désignées comme significations profanes. Nous nous sommes appuyés sur des entretiens approfondis en mobilisant les concepts et les méthodes anthropologiques. Les résultats montrent d'abord l'absence du « renoncement aux soins » dans le langage ordinaire. Une fois introduit, il fait l'objet de représentations variées. Nous distinguons deux catégories, le renoncement-refus et le renoncement-barrière, renvoyant à des significations différentes mais articulées entre elles. Ces différentes significations sont mobilisées de manière variable en fonction, notamment, des expériences vécues dans les parcours de soins, des modalités de questionnement, du contexte d'énonciation.Meanings of the healthcare renunciation: an anthropological analysis
The concept of “renoncement aux soins” (healthcare renunciation) was recently introduced into national IRDES surveys. It functions as an indicator of equity in health care access. For lack of an agreed-upon definition, this term is subject to various interpretations by decision-makers and survey researchers (the experts). This article aims at clarifying the definitions put forward by the experts and at analyzing those of non-experts. It is based on in-depth interviews mobilizing anthropological concepts and methods. The results show that, initially, “care renunciation” is absent from lay conceptions, but that when introduced, the concept is subject to varied representations. These were grouped into two distinct categories, the “healthcare renunciation-barrier” (caused by existing or perceived difficulties in the health care system) and the “healthcare refusal”. These carry different meanings but nevertheless interact with one another in complex ways. The various meanings are differently mobilized according to patients' trajectories in the health care system, according to the manner in which questions are formulated in the research process and of the context in which the term is formulated. - À propos des façonnements sociaux du renoncement aux soins : Commentaire - Sandrine Musso p. 97-102