Contenu du sommaire : La prosodie du français en contact
Revue | Langages |
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Numéro | no 202, juin 2016 |
Titre du numéro | La prosodie du français en contact |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La prosodie du français en contact : présentation - Mathieu Avanzi, Guri Bordal Steien p. 5-12
- La prosodie des syntagmes intonatifs en français L2 : une étude perceptive - Fabián Santiago p. 13-34 Cette étude examine la manière dont les apprenants hispanophones évaluent différentes caractéristiques prosodiques associées aux frontières droites des syntagmes intonatifs non terminaux en français L2. Le but principal est de déterminer si les patrons prosodiques observés dans la production orale des apprenants sont identifiés comme les formes prosodiques prototypiques des syntagmes intonatifs en français L2. Les résultats révèlent une asymétrie entre perception et production des traits prosodiques en français L2. Cette étude suggère que les compétences en perception et en production de la prosodie ne sont pas nécessairement développées en parallèle lors de l'apprentissage d'une L2.This paper investigates how Spanish learners of L2 French evaluate various prosodic features associated to non-final Intonational Phrases (IPs) in L2 French. The main goal is to verify whether L2 French prosodic patterns that have been observed in Spanish learners' oral productions are identified as prototypical prosodic forms for realizing non-final IPs in L2 French. The results reveal a discrepancy between perception and production of prosodic features in L2 French. This study suggests that abilities in perception and production of prosodic features are not necessarily developed in parallel when learning an L2.
- Rôle de la prosodie dans la perception de variétés régionale et non-native du français - Mathieu Avanzi p. 35-46 Cet article présente les résultats d'une expérience dans laquelle nous avons présenté à 120 participants Français, Suisses romands et Suisses alémaniques des stimuli de parole filtrée (i.e. dépourvus de leurs propriétés segmentales) et des stimuli de parole naturelle, extraits de productions de locuteurs Parisiens, Neuchâtelois et du « français fédéral » (i.e. de français produit par des locuteurs dont la langue maternelle est un dialecte suisse alémanique). Les résultats révèlent que, si toutes les variétés sont bien identifiées en parole non-filtrée, les résultats sont plus contrastés dans la condition filtrée. Des analyses complémentaires ont ensuite permis de révéler que le rôle des indices prosodiques (relatifs aux dimensions temporelles et accentuelles de la parole) n'étaient pas exploités de la même façon par les auditeurs lors de l'identification des variétés en jeu.The aim of this paper is to test the role of prosody in the perception of regional- and foreign-accented speech in French. 120 native and non-native participants were presented with filtered (devoid of segmental cues) and natural speech material. Three varieties of French known to present different prosodic patterns were taken into account: a standard variety (French spoken in Paris), a regional variety (French spoken in Neuchâtel, a French-speaking Swiss city) and a L2 variety (French spoken in Neuchâtel by Swiss-German speakers who immigrated there in their youth). The results reveal that all the varieties are quite well identified in the non-filtered condition, but they are even better identified in the filtered condition, independently of the participant's origin. Complementary analyses reveal that the role of prosodic cues such as articulation rate and prominence rate in the filtered condition do not have the same importance regarding the origin of the listeners.
- La perception de l'accent lexical néerlandais par les apprenants francophones - Marie-Catherine Michaux p. 47-74 Cette contribution rapporte les résultats de deux études de perception de l'accent lexical néerlandais par les apprenants francophones dans le but de contribuer à la discussion autour du concept de « surdité accentuelle ». La première étude est un test de discrimination AXB basé sur des mots néerlandais et des non-mots, et la seconde une tâche d'identification de la place de l'accent dans ces mêmes (non-)mots. Les résultats montrent que les francophones sont en général moins performants et moins rapides que les néerlandophones quand il s'agit de percevoir et traiter des contrastes prosodiques. Cependant, et de façon assez inattendue, les deux groupes montrent également un comportement similaire dans certaines conditions. Le but de ces études est de mieux différencier l'aspect « phonétique » et « phonologique » de ce qui est appelé la « stress deafness » et d'évaluer la pertinence de l'usage de ce terme.This contribution reports on the results of two stress perception studies. The language under scrutiny is Dutch as it is perceived by Francophone learners. The aim is to contribute to the “stress deafness” discussion. The first study was an AXB discrimination task based on real Dutch words and nonwords while the second was a stress identification task with the same stimuli. The results suggest that Francophones are less good at perceiving variable stress than native speakers of Dutch. However, evidence also suggests that both groups –surprisingly– show some similarities in certain conditions. This contribution aims at disentangling the “phonetic” and “phonological” aspects of what has been called “stress deafness” and at evaluating the accuracy of using this latter term.
- Une étude prosodique comparative des questions en français en contact avec l'occitan et le catalan - Philippe Boula de Mareüil, Albert Rilliard, Fanny Ivent, Varvara Kozhevina p. 75-92 Cet article rapporte une analyse de données collectées en Provence, en Languedoc et en Roussillon, lors d'une enquête de terrain menée auprès de locuteurs parlant, en plus du français, l'occitan (provençal ou languedocien) ou le catalan. Nous avons notamment comparé la prosodie de questions totales terminées par un mot accentué sur l'avant-dernière syllabe (ex. caserna en occitan et en catalan, caserne avec un schwa final prononcé en français méridional). Sur les deux dernières syllabes des questions, il apparaît que le patron mélodique montant-montant est le plus fréquent et, d'après une expérience perceptive utilisant la modification/resynthèse de prosodie, qu'il est préféré aux patrons montant-descendant et descendant-montant par des auditeurs méridionaux. Un patron descendant-montant a également été observé en Roussillon, provenant probablement d'un transfert prosodique du catalan vers le français. Il n'a pas été associé à cette région par des auditeurs méridionaux qui ont pris part à une deuxième expérience perceptive. Cependant, les patrons intonatifs trouvés peuvent avoir d'autres fonctions.This study reports on an analysis of data collected in Provence, Languedoc and Roussillon, during a field survey carried out among speakers of Occitan (Languedocian or Provençal) and Catalan, in addition to French. In particular, we compared the prosody of yes/no questions ending in a word stressed on the penultimate syllable (e.g. caserna “barracks” in Occitan or Catalan, caserne with a pronounced final schwa in southern French). On the last two syllables of questions, it turns out that the rising-rising pitch pattern is the most common and, according to a perception experiment using prosody modification/resynthesis, that it is preferred to a falling-rising pattern by southern French listeners. A falling-rising pattern was also observed in Roussillon, probably resulting from a prosodic transfer from Catalan to French. It was not associated with that region by southern French listeners who took part in a second perceptual experiment. Yet, the intonation patterns found may have other functions.
- L'intonation du français L3 : le cas de locuteurs de norvégien L1 et d'anglais L2 - Guri Bordal Steien, Chantal Lyche p. 93-112 Dans cet article, nous nous intéressons aux contours de finalité d'énoncés déclaratifs produits par des locuteurs norvégiens dont le français est la L3 et l'anglais la L2. Le norvégien a la particularité de présenter un contour intonatif montant dans ce contexte. Nous montrons que les apprenants norvégiens tendent à transférer ce contour en français mais que le fait d'avoir acquis le contour descendant de l'anglais peut, dans certains cas, faciliter son acquisition en français.In this paper, we look at intonation contours of declarative utterances produced by Norwegian speakers for whom French is a L3 and English is a L2. Norwegian has a rising pitch contour in this context, and we show that Norwegian learners tend to transfer the Norwegian contour to French. Our study also indicates that having acquired the falling contour of English might, in certain cases, facilitate the acquisition of the French contour.
- Le phrasé et l'accentuation du français parlé au Burundi : un cas de transfert prosodique positif - Gélase Nimbona, Anne Catherine Simon, Anne Catherine Simon p. 113-136 Cette contribution décrit le phrasé et l'accentuation du français parlé au Burundi (FBI), en cherchant à savoir quels aspects sont redevables à la L1 de ses locuteurs (le kirundi) et quels aspects rapprochent le français parlé au Burundi du français langue-cible. Nous faisons l'hypothèse que les éléments qui existent aussi bien en français qu'en kirundi sont facilement réintégrés par les locuteurs du FBI. Les résultats présentés et discutés dans cet article montrent que les locuteurs du FBI segmentent leur discours en syntagmes accentuels semblables à ceux du français langue-cible. Cette tendance est analysée comme un transfert positif du kirundi, dans lequel le phrasé est régi par certaines contraintes identiques à celles en français langue-cible, notamment la contrainte de contour obligatoire.The aim of this paper is to describe phrasing and accentuation of the variety of French spoken in Burundi (FBI), with focus on the aspects that are either transfers from the speakers' L1, Kirundi, or that are similar to target French. Our hypothesis was that elements that exist both in target French and in Kirundi will be present in FBI. The results presented and discussed in this paper show that speakers of FBI segment their discourse in accentual phrases that are similar to those in target French. This tendency is analyzed as a positive transfer from Kirundi, where the formation of accentual phrases is determined by some of the same constraints as in target French, namely the obligatory contour constraint.