Contenu du sommaire : Types de noms et critères définitoires
Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 69, 2014 |
Titre du numéro | Types de noms et critères définitoires |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Types de noms et critères définitoires - Marco Fasciolo, Marie Lammert p. 7-10
- Lorsque l'opposition massif / comptable rencontre les noms superordonnés - Georges Kleiber p. 11-34 L'opposition massif / comptable est généralement traitée au niveau des noms de base et des noms subordonnés. Nous nous proposons de l'aborder à un niveau supérieur, celui des noms dits superordonnés. Nous étudierons successivement les noms superordonnés qui subsument des noms de base intrinsèquement comptables et ceux qui dominent des noms de base intrinsèquement massifs. Notre étude permettra d'éclairer certains aspects de la problématique de l'opposition massif / comptable restés jusqu'ici équivoques et confirmera l'importance de la notion d'occurrence pour saisir le fonctionnement de cette opposition. Elle apportera aussi des éléments nouveaux à la fois sur la sémantique des noms qui ont une vocation à occuper le sommet des hiérarchies nominales et sur l'opposition massif / comptable elle-même.The mass / count opposition is usually studied at the level of “basic” or “subordinate” nouns. We propose to deal with it at a higher level, viz. the level of “superordinate” nouns. We successively examine superordinate nouns that subsume intrinsically count basic nouns and superordinate nouns that dominate intrinsically mass basic nouns. Our analysis sheds light on some aspects of the mass / count opposition that so far have remained ambiguous, and it confirms the importance of the notion of occurrence to understand how that opposition works. Moreover, our analysis brings new elements to the fore both with respect to the semantics of the nouns at the top of nominal hierarchies and to the mass / count distinction itself.
- La question de la définition sémantique du nom atypique chose - Céline Benninger p. 35-55 La définition sémantique des noms dits atypiques ou non standard, tels quantité, fois, espace, odeur, couleur, action, etc., est loin d'aller de soi. En tant que noms dits généraux ou sommitaux, ils se caractérisent par un sens (très) abstrait, une sous-spécification et / ou sous-détermination sémantique indéniable, si bien que leur description sémantique pose de nombreux problèmes. L'objectif sera malgré tout d'approcher le statut sémantique d'un de ces noms atypiques, le nom chose. En partant de sa catégorie référentielle, nous mettrons au jour certaines de ses caractéristiques stables, parmi celles qui sont à l'œuvre dans les entreprises typologiques (cf. les couples massif / comptable, forme intrinsèque / forme contingente, concret / abstrait, intensif / extensif, animé / non animé, etc.).So-called atypical or non-standard nouns such as quantité, fois, espace, odeur, couleur, action, etc. cannot be easily defined. As general nouns, they are endowed with a rather broad and abstract meaning. They are sometimes dealt with in terms of under-specification and / or under-determination. This paper tackles nonetheless the semantic structure of one of these atypical nouns, viz. chose. In describing its referential category, some of its stable properties appear, so that we can propose, in the final section of this paper, an overview of some of its semantic characteristics, like [+/- count], [+/- concrete] and having a [form].
- Lectures taxinomique et floue appliquées aux noms : quelques réflexions... - Francine Gerhard-Krait, Hélène Vassiliadou p. 57-75 La possibilité pour un nom d'offrir une lecture taxinomique (X est un Y / une sous-classe de Y) et une lecture floue (X ressemble à Y sans être un sous-type de Y) peut-il constituer un paramètre typologique discriminant ? Tel est le fil conducteur de notre enquête. Chemin faisant, il s'agira de tester différents types de N, des plus standards aux plus atypiques, et de comprendre les mécanismes sémantico-référentiels et catégoriels qui autorisent ou bloquent ces deux lectures. Dans un premier temps, lequel constitue le propos de cet article, l'examen porte sur trois types de N (les N de matière comptables, les N de matière massifs et les N de couleurs) et permet de dégager quelques critères clairement différenciateurs entre catégories approximables et non approximables.The aim of this paper is to identify and characterize the possibility for a noun to receive both a taxonomic meaning such as in X is a Y / X is a subtype of Y and an approximate one like X looks like a Y, without being a subtype of Y in order to find new parameters that could help us understand nominal classifications on the basis of fuzzy vs. well-established categories. Within this perspective, the present article deals with three types of nouns : concrete count, concrete mass and color nouns.
- Remarques sur la distribution morphologique des termes basiques de couleur en français - Louis de Saussure p. 77-90 Cet article questionne l'un des critères donnés par Berlin et Kay (1969) pour identifier ce qu'ils appellent les Termes de couleur basiques. Selon eux, ces termes, qui ont la propriété de conceptualiser un champ chromatique de manière abstraite, présentent une distribution morphologique identique. Ils prennent l'exemple du contraste, en anglais, entre les termes permettant la dérivation d'approximation (red-reddish) et ceux qui l'interdisent (chartreuse-*chartreuseish). Appliquant ce critère au français à la suite de Bloemen et Tasmowski (1983), et en observant également la dérivation verbale, nous tentons d'en observer la pertinence et les limites, et envisageons des termes hybrides, comme orange qui accepte mal ?orangeâtre et roux ou olive qui acceptent bien roussâtre et olivâtre. Notre approche est essentiellement pragmatique, suggérant un ancrage de ces faits non dans le seul arbitraire de la langue mais en cognition.This article addresses one of the criteria provided by Berlin & Kay (1969) when they distinguish between what they call basic and non basic colour terms. They suggest that these terms – which bear the property of denoting abstractly a chromatic span – present an identical morphological distribution. They take the example, in English, of the contrast between the terms allowing for a derivation of approximation, as grey – greyish, and those who block it, as chartreuse – *chartreuseish. Applying this criterion to French, following Bloemen et Tasmowski (1983), together with observing verbal derivation, we discuss its relevance and limits. We offer tentative conclusions about the notion of basic colour terms itself, suggesting hybrid terms which may share properties of both basic and non-basic colour terms, such as orange which does not easily allow for ?orangeâtre and roux and olive which on the contrary allow roussâtre and olivâtre. Our approach is a pragmatic one, suggesting that these facts are not essentially grounded in the arbitrariness of language but rather in cognition.
- Connaissance directe et typologie nominale : comment les noms de couleurs et de bruits sont-ils définis ? - Marco Fasciolo, Marie Lammert p. 91-109 Dans cette contribution, nous nous focalisons sur les définitions des noms de bruits et de couleurs. Un nom standard tel que marguerite a une définition « descriptive ». Un nom de bruit ou de couleur, en revanche, a une définition « circulaire » : elle ne décrit pas la couleur ou le bruit, mais bien les repères extralinguistiques pour en faire l'expérience. Ainsi, le mode de connaissance des premiers se fait « par description », alors que le mode de connaissance des seconds se fait « par accointance » ou connaissance directe. La circularité de la définition des noms de bruits et de couleurs peut être confrontée avec celle de la définition des expressions déictiques. La différence est que la première présuppose le partage d'une forme de vie, alors que la seconde présuppose le partage d'une situation communicative contingente.In this paper, we focus on the definitions of nouns of noises and colors. On the one hand, a standard noun like marguerite (daisy) has a “descriptive” definition. Colors and noises, on the other hand, have a “circular” definition : that is, their definitions do not describe the color or the noise at stake, but rather the conditions in which they can be experienced. So, the knowledge of the former is attained “by description”, while the knowledge of the latter is attained by “acquaintance”. The circularity of the definition of nouns of colors and noises can be contrasted with the circularity of the definition of deictic expressions. The difference is that the former presuppose the sharing of a whole form of life, while the latter presuppose the sharing of a contingent speech situation.
- Les noms d'idéalités dénotant des œuvres d'art plastique - Nelly Flaux p. 111-128 Dans cet article sont d'abord rappelées les caractéristiques ontologiques des objets que Husserl qualifiait d'« idéaux », c'est-à-dire porteurs d'un « contenu spirituel », par opposition aux objets physiques et aux abstractions (événements au sens large, propriétés, états, affects...) ; et signalée la distinction – husserlienne encore – entre idéalités « libres » et idéalités « liées ». Puis sont présentées celles des idéalités relevant des arts plastiques (un tableau, une statue, une aquarelle) par opposition aux idéalités littéraires (un roman, une épopée) et musicales (une sonate, une chanson). La troisième partie, la plus développée, est consacrée à l'exposé des propriétés linguistiques qui permettent d'isoler, parmi les noms d'idéalités en général et plus particulièrement parmi les Noms d'idéalités esthétiques, ceux qui servent à dénoter les objets résultant de l'activité des hommes qui s'adonnent à la sculpture, à la peinture, ou à l'architecture.This article first recalls the ontological characteristics of entities termed “ideal” by Husserl, i.e. bearing “spiritual content” as opposed to physical entities and abstractions (events in a broad sense, properties, states, emotions ...). It also comments on a distinction also made by Husserl between “free” and “bound” idealities. It then presents the characteristics of idealities related to visual arts (a painting, a statue, a watercolor) as opposed to literary idealities (a novel, an epic) and musical idealities (a sonata, a song). The third part, the more developed one, is devoted to the analysis of the linguistic properties that single out, among the ideality nouns (Noms d'idéalités) in general and more specifically the Noms d'idéalités, esthetic ideality nouns, those denoting objects created by sculptors, painters or architects.
- Classifications linguistiques vs classifications ontologiques ? - Marco Fasciolo, Gaston Gross p. 129-144