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Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 70, 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
I. Travaux
- Entre et parmi : deux perspectives sur la pluralité - Philippe Gréa p. 7-38 Les prépositions entre et parmi introduisent des pluralités qui peuvent prendre des formes différentes (noms au pluriel ou conjonctions). Cependant, elles profilent cette pluralité selon des modalités différentes qui se traduisent par des collocations différentes. En effet, les pluralités de parties ou de sous-ensembles sont fortement attirées par entre, tandis que les pluralités d'individus autonomes sont fortement attirées par parmi. Pour rendre compte de ces distributions, nous posons l'hypothèse que entre impose une articulation interne sur son landmark, tandis que ce n'est pas le cas de parmi. Par la suite, nous montrons que cette différence de profilage a plusieurs conséquences sur le type de localisation induit, les classes de noms admises par les deux prépositions (pluralia tantum, noms collectifs), et l'interprétation des conjonctions (de superlatifs, de comparatifs ou de noms).The French prepositions entre ‘between' and parmi ‘among' introduce pluralities which can take on a variety of forms (plural nouns or conjunctions). However, they profile this plurality according to different modalities which translate into different collocations. Indeed, the pluralities of parts or subsets are strongly drawn to entre, whereas the pluralities of autonomous individuals are strongly drawn to parmi. To account for these distributions, we will make the assumption that entre imposes an internal articulation on its landmark, whereas it is not the case of parmi. We will then show that this difference in profiling has several consequences on the type of localisation induced, on the noun classes accepted by both prepositions (pluralia tantum, collective nouns), and on the interpretation of conjunctions (of superlatives, comparatives or nouns).
- Les anaphores à nom général humain dans les chaînes de référence renvoyant à des personnes : contraintes d'emploi et rendements - Catherine Schnedecker p. 39-72 Dans cet article, nous étudions les moyens par lesquels certains noms généraux d'humains (personne, individu, gens, homme/femme), sont utilisés dans les chaînes de référence, entendues comme la suite des expressions coréférentielles d'un même texte. Nous mettons en évidence quatre niveaux de contraintes susceptibles de régir l'utilisation de ces noms généraux dans les procédés de reprise anaphorique : celles qui opèrent au niveau très général des familles de langue, celles qui, au sein d'une langue particulière, concernent le genre discursif, celles qui opèrent au niveau discursif et enfin, au niveau de la structuration lexicale. Revenant sur la notion de reprise hyperonymique nous examinons dans quelle mesure les noms généraux d'humains concernés peuvent être, ou non, considérés comme tels. Notre propos s'appuie sur un double corpus : d'une part, un corpus fermé constitué de portraits journalistiques et de faits divers déjà exploité dans des études antérieures, et, d'autre part, un corpus ouvert comprenant des extraits romanesques collectés au fil de la lecture.In this paper, we study the means by which certain general nouns referring to human beings (personne,individu, gens, homme/femme) are used in referential chains, that is the coreferential expressions appearing in the same text. We highlight four levels of constraints likely to govern the use of these general names in the process of anaphoric uptake : those that operate on the very general level of language families, those that, within a particular language, relate to the discourse genre, those operating at the discursive level and finally, on the level of lexical structuring. Reconsidering the concept of hyperonymy we examine to which extent the general nouns referring to humans can be considered hyperonyms. The study is based on a double corpus : on the one hand, a closed corpus made up by journalistic portraits and short news items already exploited in former studies, and, on the other hand, an open corpus including literary fragments gathered on the fly through various readings.
- Sur les adverbiaux de phrase Un jour / Une fois - Anne Theissen p. 73-90 Cet article s'intéresse aux adverbiaux de phrase un jour / une fois en position frontale (Un jour/une fois, je suis allée voir la mer). Plus précisément, il s'agira d'examiner le rapprochement communément fait, mais toutefois peu argumenté — aussi bien dans les grammaires que dans la littérature rare sur la question — entre un jour et une fois dans cet emploi. Nous nous attacherons à décrire les propriétés communes de ces formes aussi bien du point de vue syntaxique, sémantique que discursif. Chemin faisant, on le verra, un jour / une fois se caractériseront par des propriétés sémantiques et discursives tout à fait remarquables qui passent généralement inaperçues et qui conduisent à délaisser la dimension phrastique pour aborder leur rôle au-delà de l'empan de la phrase.This papers deals with the sentential adverbials un jour / une fois ‘once' in sentence-initial position. More specifically, the aim of the paper is to examine the common association made between un jour and une fois. We focus on the commonalities of these forms, from a syntactic, semantic and discourse point of view. It will be argued that both expressions share some remarkable semantic and discourse properties which have most often been left unnoticed and which lead to a discourse function that goes beyond the limits of the sentence.
- Le placement des pronoms clitiques dans les complexes verbaux en français au XVIIe siècle : une approche idiolectale - Olivier Iglesias p. 91-120 Cet article a pour objectif de montrer l'intérêt d'une approche idiolectale pour comprendre l'évolution du placement des clitiques dans les complexes verbaux en français. Nous n'essaierons pas d'expliquer pourquoi nous sommes passés d'un système à deux variantes (Je le peux faire et je peux le faire étaient possibles en français classique) à un système à une seule variante (contrairement aux autres langues romanes) mais comment nous en sommes arrivés là.Pour cela nous avons analysé de manière exhaustive trois idiolectes écrits du XVIIe siècle, ce qui permet de constater que dans les contextes les plus simples, le placement est encore libre au XVIIe siècle. À l'inverse, dans des contextes plus complexes, on repère des régularités en faveur de la variante avec clitique à droite, ce qui tendrait à montrer que l'ancienne variante (avec clitique à gauche) a progressivement cessé d'être utilisée dans les contextes les plus complexes jusqu'à devenir une variante marquée et finalement disparaître.The aim of this paper is to show the interest of the idiolectal approach to understand the evolution of clitic placement in verbal complexes in French. In this work I do not try to explain why a system with two possible variants (both Je le peux faire and Je peux le faire were acceptable in classical French) developed into a system with a single variant – as opposed to what happened in other Romance languages –, but how it happened.In order to do so, I analyze exhaustively three idiolects from the 17th century. Such an analysis suggests that clitic placement is still unrestricted in the simpler contexts in this century. Nevertheless, some regularities in favour of the clitic-to-the-right variant can be observed in the most complex contexts, suggesting that the oldest variant was gradually abandoned in more complex contexts until becoming a marked variant and finally disappearing.
- Prédicat argumentatif et concept ad hoc - Kohei Kida p. 121-137 La Théorie des Blocs Sémantiques (Carel, 2011a), issue de la théorie de l'argumentation dans la langue (Anscombre et Ducrot, 1983), repose sur un certain nombre de notions nouvelles, l'une des plus importantes d'entre elles étant celle de « prédicat argumentatif », qui désigne l'unique prédicat exprimé par un « enchaînement argumentatif ». Le présent article vise à clarifier la notion de prédicat argumentatif à travers sa confrontation avec celle de « concept ad hoc » développée dans le cadre de la théorie de la pertinence (Sperber et Wilson, 1986b/95, 1989 ; Carston, 2002a), à laquelle elle semble pouvoir être assimilée à première vue.The Theory of Semantic Blocks (Carel, 2011a), derived from the Theory of Argumentation Within Language (Anscombre and Ducrot, 1983), is based on some novel notions. One of the most important of these notions is that of ‘argumentative predicate', which refers to the single predicate expressed by an ‘argumentative sequence.' This article aims to clarify the notion of argumentative predicate through a comparison with that of ‘ad hoc concept' developed within the Relevance Theory framework (Sperber and Wilson, 1986b/85, 1989 ; Carston, 2002a), to which it seems that the notion of argumentative predicate can be assimilated at first glance.
- Entre et parmi : deux perspectives sur la pluralité - Philippe Gréa p. 7-38
II. Chronique