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Revue | Le Moyen Age |
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Numéro | tome 110, no 1, 2004 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Du bon usage actuel de travaux anciens consacrés à l'épopée française. - François Pirot p. 9-53 La chanson de Gormont et Isembart compte parmi les plus anciens textes épiques français. Elle se signale par ses caractéristiques formelles et par son ancrage historique et géographique, uniques dans le corpus des épopées. L'article dresse d'abord un état de la question des travaux sur Gormont et Isembart en resituant ceux-ci dans l'histoire des études romanes. Il démontre combien les analyses de l'œuvre ont été conditionnées par les positions théoriques que leurs auteurs défendaient dans le vaste débat qui a animé la critique quant aux origines des chansons de geste, pour conclure à la nécessité d'un nouvel examen littéraire du texte. F. P. propose alors une relecture de l'ensemble en rouvrant le dossier des «épaves archaïques» à la lumière des acquis récents de la critique historique et littéraire. Il reconsidère les motifs du rapt des chevaux, des vœux du paon, de l'apostasie d'Isembart et de l'armement, en s'efforçant d'isoler les traits qui se rattachent à la civilisation scandinave et de déterminer leur part effective d'antiquité.The chanson de Gormont et Isembart is one of the oldest known French epic texts. Its formal features and its specific location in place and time make it a unique work among the epic corpus of the time. The present article presents a state of the art assessment of research on Gormont et Isembart and locates each scolarly contribution in the history of Romance studies. Next it shows how deeply approaches to this epic were conditioned by the theoretical positions their respective authors held in the critical debate as to the origins of ‘chansons de geste', and concludes that a new literary analysis of the text as such is now required. Pirot then rereads the whole text with particular attention to the formulaic « archaic flotsam » examined in the light of recent findings in literary and historical criticism. He considers motives such as the stolen horses, vows on a peacock, Isembart's apostasy, and weapons used, and attempts to identify features which belong to the Scandinavian culture and to assess the time to which they can be traced back.
- Genèse et manipulations d'un polyptyque carolingien : Montier-en-Der, IXe-XIe siècles - Étienne Renard p. 55-77 Les relevés de biens rassemblés sous la dénomination commune de « polyptyque de l'abbaye de Montier-en-Der » et transmis par un cartulaire des années 1124-1130 forment un ensemble hétérogène dont les sections les plus anciennes remontent à l'époque carolingienne. Dans sa première partie, la présente étude s'efforce de distinguer les différentes strates du document et, pour les deux principaux relevés carolingiens (biens tenus in dominico, biens cédés in precaria), d'en préciser la chronologie et de déterminer les objectifs des rédacteurs par le biais d'une analyse minutieuse des données textuelles. La seconde partie de l'article étudie la manière dont les moines du Der ont, à une époque postérieure, usé et abusé de ces relevés carolingiens afin de restaurer leur patrimoine – occasion pour l'auteur de réexaminer un dossier d'actes falsifiés dans la seconde moitié du Xe ou au tout début du XIe siècle, de proposer une nouvelle datation du faux diplôme de Charles de Chauve du 24 janvier 858 (TESSIER, n° 475) et de mettre en évidence une interpolation du chapitre 48 (Saint-Dizier) du polyptyque."The estate surveys known as "the Polyptych of Montier-en-Der " and found in a cartulary dating from the years 1124–?1130, are a heterogeneous collection, the earliest sections of which go back to Carolingian times. The first part of the present study attempts to distinguish the various strata in the document and to establish a chronology, as well as the authors' aims, by meticulously analyzing the textual data in the two main Carolingian records (record of estates held in dominico and record of estates granted in precaria). The second part considers how the monks of Der Abbey later used (and abused) those Carolingian records in order to restore their patrimony; it reopens the file on various falsified deeds from the second half of the tenth or the very beginning of the eleventh century, suggesting a new date for Charles the Bald's forged diploma of January 24, 858 (TESSIER, no 475), and reveals an interpolation in chapter 48 (Saint-Dizier) of the polyptych. " polyptych.
- Hugues de Lannoy , auteur de l'Enseignement de vraie noblesse, de l'Instruction d'un jeune prince et des Enseignements paternels - Bernhard Sterchi p. 79-117 The paper argues that Hugues de Lannoy is the author of Enseignement de vraie noblesse. It also questions the authorship of Instruction d'un jeune prince and of Enseignements paternels hitherto attributed by Charles Potvin to Hugues' brother Guillebert. Since neither Potvin nor the present paper can produce more than circumstantial evidence, the argumentation is comparative. However, if Potvin's arguments are valid, they must according to their own logic include Enseignement de vraie noblesse in the corpus of texts written by the same author. Once this is established, arguments in favour of Hugues clearly outnumber those in favour of Guillebert.
- Troublantes similitudes entre le Jeu de saint Nicolas (Jehan Bodel) et le Mystère de saint Martin (Andrieu de la Vigne) - Pascale Dumont p. 119-134 Près de trois siècles séparent le Jeu de saint Nicolas de Jehan Bodel (Arras, début XIIIe) du Mystère de saint Martin d'Andrieu de la Vigne (Bourgogne, 1496). A première vue, rien ne rapproche le premier du second, la dramatisation d'un miracle posthume du thaumaturge de Myre paraissant bien éloignée de la transposition scénique de la vie de l'évêque de Tours. Cependant, les deux oeuvres présentent des convergences dignes d'intérêt, du moins si l'on compare le Jeu de saint Nicolas à la partie du Mystère consacrée à la jeunesse militaire de saint Martin. Les deux textes présentent en effet une double temporalité, l'une à l'échelle humaine et l'autre à l'échelle surnaturelle, ainsi qu'une véritable bipartition spatiale, opposant un ici familier à un ailleurs fabuleux. Ces convergences posent à leur tour la question de savoir si Andrieu de la Vigne a pu connaître et exploiter l'œuvre de Bodel.Nearly three centuries separate the Jeu de saint Nicolas written by Jehan Bodel (Arras, beginning of the thirteenth century) and the Mystere de saint Martin by Andrieu de la Vigne (Burgundy, 1496). At first sight, nothing seems to link these two plays, the first showing a posthumous miracle by St Nicholas of Myra, the latter staging the life of the Bishop of Tours. Nevertheless, interesting similarities can be found by comparing the Jeu de saint Nicolas and that part of the Myst?re which focuses on St Martin's military youth. Both authors use in their plays a dual temporality, one at human level, the other at a supernatural one. Spatially, the texts are also split into two opposite worlds, a familiar here opposed to a fabulous other. Such similarities raise the question of whether Andrieu de la Vigne could have known and maybe used the famous play written by Jehan Bodel.
- Froissart et les marches de la Chrétienté À propos d'un ouvrage récent - Jean Dufournet p. 135-139
- Le dessous des cartes... médiévales - André Joris p. 141-144
- Comptes rendus - p. 145-221