Contenu du sommaire : Détermination et prédication
Revue | Langue française |
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Numéro | no 171, septembre 2011 |
Titre du numéro | Détermination et prédication |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation : Détermination et prédication. Hommage à Naoyo Furukawa - Claude Muller, Henning Nølke p. 3-11
- Le défini et l'indéfini dans une langue sans article - Hidetake Imoto p. 13-26 Cette étude a pour but de clarifier le rôle cognitif de la définitude dans l'interprétation d'une phrase, en comparant des syntagmes nominaux (NP) français et leurs équivalents japonais. Le NP comporte tout un ensemble de traits dichotomiques explicites ou implicites suivant lesquels le NP s'interprète comme information posée (IP) ou comme information à ajouter (IA) dans un énoncé. En considérant les traits d'un NP qui sont inextricablement liés à la définitude et en faisant une comparaison avec l'équivalent japonais, on arrive à montrer que la définitude est l'un des traits d'IP qui sont marqués explicitement en français, mais qui ne sont exprimés qu'implicitement par d'autres traits d'IP en japonais. Considérer tous les traits d'un NP ouvre ainsi la possibilité de fournir un critère de comparaison des NP à travers différentes langues.Definite and Indefinite in a language without articles. This study aims to clarify the cognitive role of definiteness in the interpretation of a sentence by comparing French and Japanese noun phrases (NP). The NP consists of a series of dichotomous traits under which the NP is interpreted as first information (FI) or as adding information (AI) in a statement. Considering the features of an NP which are inextricably linked to definiteness and making a comparison with the Japanese equivalent, we come to show that definiteness is one of the FI features, explicitly labeled in French, but implicitly expressed by other FI features in Japanese. To consider all the features of an NP opens the possibility of providing a basis for comparison of NPs across different languages.
- Au carrefour de la prédication et de la détermination - Marc Wilmet p. 27-41 Où passe exactement la frontière de la détermination et de la prédication ? Pour répondre à cette question, la première partie de l'article remonte des classes de mots, définies à la lumière de l'extension immédiate ou médiate (nom, adjectif, verbe, connectif), aux fonctions, définies à la lumière de l'incidence interne ou externe (déterminative, complétive, prédicative, opérative). La seconde partie, après avoir rappelé plusieurs cas d'empiétements illicites de la complémentation ou de la prédication sur la détermination (le « complément déterminatif » et les « fausses appositions » le roi Louis XIV ou la ville de Paris), examine à quelles conditions peut ou pourrait s'effectuer le transfert d'une apposition, extérieure au syntagme nominal apposé, vers une qualification, intérieure au syntagme. La conclusion appelle à une reconnaissance supérieure de la prédication seconde, dont toutes les potentialités n'ont sans doute pas été explorées par la grammaire française.At the parting of predication and determination. Where exactly should we draw the line between determination and predication ? In order to answer that question, the first part of this paper starts from word categories, defined thanks to the notions of immediate and mediate extension (noun, adjective, verb, connective), and proceeds to functions defined thanks to the notions of internal and external incidence (determinative, completive, predicative, operative). After listing several cases of illicit encroachment of complementation or predication on determination (the postmodifiers and the ‘false' appositions le roi Louis XIV or la ville de Paris), the second part is devoted to the conditions under which the transfer of an apposition –outside the affixed noun phrase– to a qualification within the phrase can or could happen. The conclusion asks for a greater recognition of second predication, that has probably not been exhausted by French grammar.
- Identification d'une « construction » : Cela/ça fait un moment (que) - Danielle Leeman, Céline Vaguer p. 43-53 Nous montrons, par un ensemble de propriétés syntaxiques et distributionnelles, que la structure est un cadre sous-déterminé au sein duquel on peut localiser une « construction » de la forme Cela/Ça fait un moment.The French "construction" : Cela/ça fait un moment (que). In this contribution we show, by a set of syntactical and distributional properties, that the French structure is a sub-determined frame within which we can identify a ‘construction' like Cela/Ça fait un moment.
- Des définis para-intensionnels : être à l'hôpital, aller à l'école - Francis Corblin p. 55-75 Partant de la notion de défini intensionnel due à N. Furukawa, l'article reconsidère la nature du défini dans les usages de « routine sociale » (Vandeloise 1987) et montre que ces définis, contrairement à ce qui est le plus souvent admis, ont toutes les propriétés discursives des définis spécifiques. On propose une analyse de ces définis comme un type spécial d'usage « associatif » (Hawkins 1978), reposant sur l'activation des qualia téliques (Pustejovsky 1995) des items lexicaux formant le noyau du défini, en expliquant pourquoi cet usage est limité à certaines prépositions (particulièrement à en français).On para-generic definites : ‘aller à l'hôpital, à l'école'. Starting from the notion of défini intensionnel due to N. Furukawa, the paper revisits the nature of the definite NPs in the “social routine” (Vandeloise 1987) readings of definite NPs. In contrast to what is commonly assumed, it is established that these definites have all the dynamic discursive properties of specific definites. An analysis of these definites as a special case of “associative” use (Hawkins 1978), grounded on the activation of the telic qualia (Pustejovsky 1995) of the lexical head of the definite NP is proposed, which tries to explain why this “social routine” reading emerges only for some localisation preposition (à in French) but not for the others.
- Principes de fonctionnement de la préposition en et absence d'article dans son régime - Yukiyo Homma p. 77-88 Le présent article consiste à démontrer que les emplois variés de la préposition en reposent sur les mêmes principes de fonctionnement, principes que nous considérons comme l'identité de cette préposition. Une préposition étant un relateur entre deux éléments X et Y dans la configuration X prép Y, l'identité de en est constituée par les principes spécifiques de relation entre X et Y mis en place par ladite préposition.Functioning principles of the French preposition ‘en' and absence of article in its object. This paper aims at showing that the distinct uses of the French preposition en rely on the same functioning principles, principles which constitute the identity of that preposition. A preposition being a locatum operator that establishes a relation between two elements X and Y, X prep Y corresponds to the specific principles established between X and Y by the French preposition en.
- La relative attributive comme cas d'hypotaxe complexe - Michael Herslund p. 89-99 La relative attributive – Je la vois qui arrive – est une construction de subordination assez particulière. Bien que cette structure ait fait couler beaucoup d'encre, on est loin de l'unanimité en ce qui concerne son analyse et sa place dans le système de subordination du français. La plupart des travaux sur cette relative ont dégagé un nombre important de traits qui la distinguent d'autres relatives, mais ne lui ont que rarement assigné une place définitive parmi les propositions subordonnées du français. Le système des propositions subordonnées proposé ici prévoit une distinction entre (i) propositions explicatives (complétives et interrogatives) : Je vois qu'elle arrive, Je me demande qui arrive ; (ii) propositions implicatives (relatives) : Je vois la fille qui arrive ; (iii) propositions à opérateur (circonstancielles) : Lorsque la fille arrive... Dans ce système, on le voit, il y a une distinction entre propositions explicatives et implicatives d'une part, et, de l'autre, des propositions qui ne sont ni l'un ni l'autre. Or, logiquement, il y a une quatrième possibilité : des propositions qui sont à la fois explicatives et implicatives. Et c'est dans cette quatrième case qu'entre justement notre relative attributive : elle est à la fois explicative (= complétive) et implicative (= relative). Cette analyse s'accorde, d'une part, parfaitement bien avec les traits idiosyncrasiques de la construction, de l'autre, avec la distribution de l'infinitif et du participe présent dans des constructions apparentées.The predicative relative clause as a case of complex hypotaxis. The so-called predicative relative clause – Je la vois qui arrive – is a rather peculiar subordination construction. Although the structure has caused much ink to flow there seems to be no general consensus about its analysis or place in the system of French subordinate clauses. Most studies on the subject have identified an important number of features that distinguish this relative from other relative clauses, but have never assigned it a definite place among French subordinate clauses. The system of subordinate clauses proposed in the present contribution operates a distinction between : (i) explicative clauses (completive and interrogative) : Je vois qu'elle arrive, Je me demande qui arrive ; (ii) implicative clauses (relative) : Je vois la fille qui arrive ; (iii) operator clauses (circumstantial) : Lorsque la fille arrive... This system contains a distinction between explicative and implicative clauses on the one hand, and clauses that are neither on the other. Logically, however, there is a fourth possibility : clauses that are both explicative and implicative. Such an analysis accommodates on the one hand perfectly well the idiosyncratic features of the construction, and on the other the distribution of the infinitive and the present participle in related constructions on the other.
- Les interprétations sémantiques de la prédication seconde intégrée : les relatives prédicatives - Claude Muller p. 101-116 On examine les relatives prédicatives selon leurs propriétés distributionnelles. À côté des relatives liées à des verbes de perception sensorielle, on constate qu'il existe une construction proche qui est rendue possible par l'interprétation du verbe principal comme une mise en contact de son sujet avec le sujet sémantique de la relative. Dans les deux constructions, la relative a des propriétés aspectuelles verbales signifiant une action en cours. Au-delà, la relative prédicative peut encore apparaître avec un statut différent, celui de « propriété », basé sur les affinités des relatives avec les adjectifs attributs de prédication seconde. Il en existe deux catégories, d'une part des propriétés transitoires, d'autre part des propriétés liées à une classe d'objets.Semantic interpretations and distribution of French predicative relatives. We examine the distribution of a very idiomatic construction : The French predicative relative, analysed as a verbal tensed predicate lacking a predicational subject. We show that its integration in the sentence is made possible by the interaction with the completed verb, either as an associated event, or as a permanent or variable property. With perception verbs, and their extension to verbs describing a contact between the agent of the main clause and the one of the relative clause, the relative has verbal properties and describes an event. With some other verbs, the relative may occur, but as a property rather than an event, this being possible due to the adjectival properties of the relative clause.
- Gérondif et manière - Georges Kleiber p. 117-134 Nous nous proposons dans cet article d'examiner les problèmes que pose l'interprétation de « manière » du gérondif. Après avoir, dans une première partie, rappelé notre analyse du gérondif comme étant une sorte d'« avec » du verbe, nous aborderons, dans les deuxième et troisième parties, la question de la détermination, délimitation et explication des gérondifs de « manière ». Nous serons amené plus spécialement à expliquer comment des prédications qui ne peuvent a priori passer pour des « manières » du verbe de la principale peuvent accéder à ce statut si on les met au gérondif. Nous distinguerons à cet effet entre manière « intrinsèque » et manière « extrinsèque » et essaierons, après avoir justifié par des critères formels leur réunion, de décrire explicitement quelles sont les conditions de leur émergence.Gerund and manner. In this article, we intend to consider the problems raised by the interpretation of “manner” for the gerund. After exposing our analysis of the gerund as some kind of “with” of the verb, we will tackle in the second and third parts the issues of determining, delimiting and explaining the “manner” gerunds. We will more specifically explain how predications that cannot a priori be taken as “manners” of the main clause verb can access that status if put in the gerund. For that reason, we will distinguish between intrinsic and extrinsic manners and we will attempt, after justifying by formal criteria their reunion, an explicit description of the conditions for their emergence.
- La structure attributive avec devenir comme construction marquée dans l'ensemble sous-déterminé des phrases de forme N Vétat Adj - Wajih Guehria p. 135-146 Notre contribution esquisse la démonstration de l'hypothèse que devenir n'est pas un « verbe d'état » comme les autres (être, paraître, sembler, etc.). Du fait des contraintes qui atteignent l'attribut qui le suit, on peut l'assimiler à un verbe prédicatif plutôt qu'à une « copule » ou à un « verbe support ». Devenir présente un caractère aspectuel original, qui explique ses compatibilités et incompatibilités distributionnelles, et constitue le lieu de contraintes que ne connaissent pas ses supposés homologues.The attributive structure with ‘devenir' as marked construction in the underdetermined cluster of sentences of the Noun-Verb of State- Adjective pattern. This paper is an attempt to bear out the hypothesis that devenir is not to be likened to such “stative verbs” as (être, paraître, sembler, etc.). On account of the constraints to which the attribute following this verb is subjected, it can be classed as a predicative verb rather than a “copula” or a “light verb”. Devenir's distinctive trait is an aspectual character accounting for its distributional compatibilities and incompatibilities, and is the site of constraints not met by its supposed counterparts.