Contenu du sommaire : Les populations du Pacifique - Populations of the Pacific

La population des 22 pays et territoires insulaires communément appelés pays océaniens se situe actuellement à 6,5 millions d'habitants environ, ce qui dénote une progression annuelle de 2,3 % au cours des années 1980. L'évolution démographique est cependant loin d'être homogène, ce qui ne devrait pas surprendre compte tenu de la grande diversité des structures socioculturelles de ces pays et de leurs caractéristiques physiques très contrastées, allant des petits atolls densément peuplés de Micronésie aux vastes espaces occupés par de hautes chaînes de montagnes et presque inhabités de Mélanésie. Les variations les plus importantes entre les régions ou à l'intérieur de celles-ci concernent l'accroissement total de la population, l'évolution de la fécondité et le taux de migration internationale ; par ailleurs, tous les pays insulaires océaniens ont été marqués dans les années 1980 par une réduction notable des taux de mortalité et un accroissement de la population plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones rurales.

Premiers résultats du recensement de 1991 en Australie. En 1991, la population australienne comptait 17 millions d'habitants et sa croissance actuelle est de 1,5 % par an. Cette croissance rapide est due à une politique très libérale en matière d'immigration qui s'est accompagnée d'une diversification des pays d'origine, des langues et des religions. En dépit de son accroissement rapide, la population australienne vieillit. Elle offre un modèle de concentration régionale et urbaine et sa croissance est particulièrement rapide dans certains secteurs de la côte du Queensland. L'Australie est un pays riche et développé du Pacifique, mais il comprend une minorité d'aborigènes dont les conditions de vie sont extrêmement défavorisées.

En ce qui concerne le mouvement naturel, l'évolution démographique récente de la Polynésie française est un bon exemple de la situation que connaissent sans doute tous les autres Etats et Territoires insulaires du Pacifique Sud. Les caractères essentiels de cette situation démographique, que l'on peut considérer comme « avancée » dans le contexte régional, peuvent se résumer ainsi : lente occidentalisation de la fécondité, maintien de comportements traditionnels dans le domaine de la nuptialité, poursuite de la baisse de la mortalité. Dès lors la croissance démographique constitue pour longtemps encore un défi économique, social et politique.

Les Océaniens en Nouvelle-Zélande. Cet article fait suite à un autre précédemment paru en français (l'Espace Géographique, 1986/3). Il analyse les développements récents de l'immigration océanienne des îles en Nouvelle-Zélande. Les changements survenus au cours de la période 1986-1994 tant dans les îles de départ (coup d'Etat militaire à Fiji en 1987) qu'en Nouvelle-Zélande (restructuration économique, contrôle plus sévère qu'auparavant de l'immigration) ont modifié les flux en quantité et en direction. Plus nombreux sont désormais les Polynésiens qui se dirigent vers l'Australie et les Etats-Unis, y compris ceux qui s'étaient installés en Nouvelle-Zélande.

Tendances récentes des migrations dans le Pacifique Sud. Les migrations internationales dans le Pacifique Sud se sont principalement, mais non exclusivement, développées selon les liens aux anciennes puissances coloniales. Depuis 1980, les réseaux se sont complexifies en raison des crises économiques et des changements des politiques migratoires. Les Océaniens migrent plus fréquemment vers l'Australie, directement ou via la Nouvelle- Zélande, et vers des destinations de substitution comme Samoa américaine. Les populations polynésiennes de plusieurs pays comptent plus de ressortissants à l'extérieur que dans les îles, mais la migration mélanésienne reste peu importante. La migration a créé un système économique particulier, reposant sur les envois d'argent des émigrés et l'aide internationale, avec pour seul output la bureaucratie. La vie chère dans les îles gêne la production agricole et le développement d'un secteur secondaire, sans empêcher la fuite des cerveaux.

Dans le contexte océanien, les migrations internationales répondent à la fois à une logique macroéconomique (contraintes juridiques, différentiel de salaire entre le pays émetteur et le pays receveur), et à une logique socio-culturelle et microéconomique : le comportement rationnel des familles océaniennes étendues. Celles-ci, telles des compagnies « transnationales », maximisent une fonction d'utilité familiale dont les arguments sont non seulement le bien-être matériel, mais aussi une forme de confort socio-culturel qu'on peut appeler « qualité de la vie », laquelle requiert des loisirs et un environnement socio-culturel océanien traditionnel, ou bien occidental en cas d'émigration. L'article propose un modèle formalisé de ce comportement rationnel, dans un contexte culturel non occidental, celui de l'« homo economicus oceanis », privilégiant les solidarités familiales et les aspects socio-culturels du bien-être.

Circulation, urbanisation et « boom des jeunes » dans le Sud Pacifique. Selon les derniers recensements, les taux de fécondité baissent dans les Etats mélanésiens à très forte natalité comme les Vanuatu ou les Iles Salomon. Toutefois la population continuera à croître encore quelque temps, surtout la population jeune. Ce « boom des jeunes » pose des problèmes considérables en cette époque de très forte pression sur l'enseignement et les autres services, où les cohortes de demandeurs d'emploi dépassent largement le nombre d'emplois disponibles. Les jeunes, surtout les jeunes hommes, représentent une part importante des migrants et cela risque d'aggraver, dans les années à venir, les problèmes de concentration urbaine de la population. Cet article étudie les relations entre croissance de la population et mobilité dans les îles mélané-siennes: Iles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie.

Fécondité et planning familial à Fiji. En vue de réduire le taux de natalité de la population, le gouvernement de Fiji a mis en place depuis vingt ans des programmes de maîtrise de la fécondité. En dépit de ces efforts, le taux est resté quasiment stable depuis 1977, augmentant même dans la population d'origine indienne. Les raisons tiennent autant à la résistance des valeurs traditionnelles qu'aux effets indirects de la modernisation : raccourcissement de l'abstinence post partum et déclin de l'alimentation au sein. Mais elles tiennent aussi à l'imperfection du message délivré et du suivi des programmes du planning familial.