Contenu du sommaire : Géographie et population

Les mouvements migratoires liés à la suburbanisation prennent une place primordiale dans les flux migratoires internes. Ils sont caractérisés par des tranches d'âge, une structure des ménages et des classes socio-économiques spécifiques. Les motivations de ce mouvement sont largement liées aux caractéristiques de l'habitation désirée : une habitation individuelle dont on est propriétaire, située dans un environnement agréable. Le processus de suburbanisation s'étend de plus en plus, s'éloigne des centres-villes, engendre des coûts importants pour la construction des réseaux et des dessertes, génère une consommation d'énergie accrue et des coûts de déplacements toujours plus élevés. En Belgique, c'est à la fois une absence de mesures des pouvoirs publics dans les domaines de l'aménagement du territoire et de la politique du logement destinées à enrayer ce phénomène et un régime de fiscalité communale encourageant l'augmentation de la population, qui sont à l'origine de ce phénomène néfaste par différents aspects et contraire aux idées du développement durable.

Face à l'éveil migratoire de la population juive d'ex-URSS au lendemain des événements de 1989, Yitshak Shamir, alors premier Ministre d'Israël, affirmait qu'« une grande immigration nécessite un grand Israël ». Cette déclaration a souligné la pérennité du lien étroit qu'a su tisser Israël entre démographie et stratégie territoriale. Né de l'aliya -l'immigration juive-, Israël a toujours soutenu l'idée que l'entrée de nouveaux immigrants représentait une force vive permettant d'assurer sa sécurité et ses options géostratégiques. Après une décennie d'immigration où la démographie israélienne a été revivifiée par l'entrée de près d'un million d'ex-Soviétiques, il convient de mesurer les résultats de la relation établie entre « population et maîtrise territoriale ». Pour mener à bien ce projet, cette communication s'efforcera de comparer les logiques de l'État et les logiques des migrants en prenant appui sur l'actuelle géographie de la population dans le Néguev, la Galilée et les Territoires occupés : hauts lieux de cristallisation de cette relation.

Dans les sciences sociales, une loi peut se définir comme le constat de certaines régularités dans les interrelations entre les faits sociaux. Ces régularités observées, puis validées par l'expérimentation invoquée, permettent de proposer des lois, même si ces dernières n'ont pas nécessairement un caractère universel et pérenne, comme parfois en science physique. Conformément à cette démarche et appliquant les principes de la méthode expérimentale de Claude Bernard, nous proposons deux des lois démogéographiques de la politique, la loi du nombre et la loi du différentiel. Par l'expérimentation invoquée, leur véracité peut être établie. La géographie de la population peut donc apporter des enseignements utiles à la science politique.

L'article rappelle que les notions de migration et de mobilité ne sont pas dénuées de connotations annexes, y compris idéologiques. La diffusion de l'emploi du terme "mobilité" répond à un souci de construire une représentation unifiée des types de déplacements spatiaux, et de contribuer à une approche plus scientifique, recourant à la quantification et à la modélisation. Une convergence se dessine avec les approches qualitatives, mais se heurte encore à un certain nombre de difficultés, méthodologiques et conceptuelles, dont quelques-unes sont soulignées dans l'article.

L'étude des migrations n'est pas un domaine réservé de la géographie de la population, qui s'attache principalement à l'analyse de la population des migrants. Il est proposé de définir, en termes de géographie de la population, le contenu du concept de migration, qui peut s'exprimer ainsi : déplacement résidentiel contribuant au mouvement de la population dans les ensembles territoriaux de départ et d'arrivée. Cela implique la détermination d'un seuil minimum pour l'enregistrement du phénomène, dans l'espace (changement de circonscription territoriale) et dans le temps (trace de la durée de l'installation). Une application, dans le cas français, peut être effectuée à travers les concepts de migrant résultant et de balance migratoire intérieure, pouvant être assortie de propositions pour mieux cerner la réalité migratoire et ses difficultés d'évaluation.

Depuis quelques années, certaines communes frontalières ne se dépeuplent plus et connaissent un accroissement spectaculaire de la population. Il est dû à une forte attractivité migratoire qui s'inscrit dans un double contexte, national et international. Au niveau du pays, le récent attrait pour ces régions s'inscrit dans le processus de la périurbanisation : les individus et les ménages migrent vers des espaces verts, parfois éloignés des pôles d'emploi. À l'échelon international, la cause est la libération de la circulation des biens et des marchandises qui a transformé les espaces frontaliers en espaces transfrontaliers. Cet article étudie, sur la longue tendance et dans une logique comparative, la dynamique démographique de communes situées le long des frontières avec l'Allemagne et le Grand-Duché de Luxembourg. Grâce au couplage de données individuelles du Registre national et du recensement de la population de 1991, nous analysons les caractéristiques démographiques et socio-économiques des populations qui se sont installées, entre 1993 et 1998, dans ces espaces frontaliers.

L'hypermobilité est un signe de réussite professionnelle ; elle prouve que le cadre sait faire reconnaître, dans les pays où il séjourne, ses compétences, son savoir ou savoir-faire. Le choix des pays de résidence des Français domiciliés à l'étranger n'est pas indifférent à la géographie des espaces mondiaux et la mobilité internationale des cadres est fortement conditionnée par les aléas politiques et économiques. Ce mode de vie, qui consiste à déménager régulièrement d'un pays à un autre, souligne qu'une plus-value est attendue de chaque nouvelle mission acceptée. D'où des stratégies qui supposent des choix judicieux dans des affectations spatiales qui n'ouvrent pas toutes les mêmes opportunités de carrière. La nouvelle répartition spatiale des Français établis à l'étranger, essentiellement concentrée dans l'hémisphère Nord (75% répartis entre l'Europe et l'Amérique du Nord), illustre, à elle seule, leur représentation mentale du monde ainsi que leur valeur professionnelle.

Caractéristiques et facteurs déterminants des migrations et mouvements de retour en Andalousie. Le cas de la province de Jaén. Les mouvements migratoires sont un thème d'étude récurent en géographie de la population. En Espagne les principaux centres d'intérêt sont l'émigration qui a suivi la guerre civile et les mouvements récents d'immigration. Les mouvements de retour ont toujours été considérés comme moins importants, même s'ils sont une partie intégrante de l'étude de l'émigration. On a souvent utilisé des modèles macroéconomiques pour expliquer le phénomène migratoire sur le plan théorique, tandis qu'on utilisait des méthodes quantitatives sur le plan méthodologique. Ces deux approches ont négligé les migrants eux- mêmes et les circonstances ayant entraîné la décision d'émigrer ou de rentrer. Pour y remédier il est nécessaire de combiner macro- et micro-approches. La méthode préconisée dans cet article est d'utiliser des techniques qualitatives pour vérifier les trajectoires individuelles des migrants, comme les interviews en profondeur, utilisées dans ici pour reconstituer les trajectoires des émigrés retraités de la province de Jaén, en mettant plus particulièrement l'accent sur les motivations d'émigration et de retour ou de non-retour.

En France, les conditions d'accès des chercheurs à la statistique publique évoluent beaucoup. Le cadre législatif est utile à connaître (Loi de 1951, Loi IL), comme le sont les institutions ayant des fonctions de production et de diffusion (INSEE), de contrôle et de régulation (CNIL, CNIG et CNIS), de réflexion et de proposition (SFdS). Plusieurs actions ont été récemment entreprises par les chercheurs en sciences économiques et sociales, pour contribuer au renouvellement de ce cadre législatif (loi Informatique et Liberté). Deux structures, le LASMAS et le centre Quételet, récemment créé, offrent d'importantes ressources aux chercheurs en matière de données et de fonds de cartes. Une meilleure coordination des géographes, souhaitée par l'INSEE et la CNIL, devrait permettre de mieux nous informer et nous défendre.

A travers deux exemples d'atlas de population, l'un en Mauritanie et l'autre au Mali, nous avons été confronté à des choix de représentation des informations qui, loin de se limiter aux problèmes du langage graphique, induisaient la production d'une image plus ou moins pertinente des territoires. Or la fabrication d'une carte scientifique est très spécifique de notre culture et de notre manière de nous représenter le monde. Construites à partir de bases de données géoréférencées, des cartes respectant les maillages administratifs risquaient de produire une représentation des populations selon les stocks observés lors du recensement. Mais cet instantané ne pouvait pas rendre compte de la dynamique et de la mobilité des sociétés. Par le respect de la géométrie euclidienne, la carte favorise la métrique topographique dans sa représentation de la société au détriment de la métrique topologique. Ces deux atlas ont été l'occasion de tester d'autres formes de cartographie et de mesurer aussi les limites de certains modes de représentation. La carte offre un support d'information qui permet d'élargir l'expérience individuelle de l'espace, mais l'utilisation d'un code sémiologique et le traitement de l'information qui conditionnent la production de la carte, contraignent la représentation de la réalité sociale. Le cartographe et le destinataire de la carte doivent garder une distance critique avec cette représentation de la réalité, en se rappelant que la carte relève plus du sujet que de l'objet.

L'évolution des technologies de l'information et de la communication modifie-t-elle les capacités d'investigation de la recherche géographique ? L'interactivité massive transforme profondément les anciens outils (images multi-dimensionnelles, cartographie, analyses multivariées, tableurs, animation) surtout lorsqu'ils sont intégrés dans un SIG. Ils offrent des moyens d'analyse rapides et d'une efficacité très supérieure à celle de la somme des mêmes outils utilisés séparément. Une plate-forme logicielle prototype a été testée à l'occasion d'une coopération avec le Ministère du développement rural d'un État de l'Inde centrale, l'Andhra Pradesh. Objectifs : 1) tenter de diagnostiquer les distorsions locales de développement à l'échelle villageoise à partir de la seule source d'information disponible partout dans le pays et sur une profondeur historique suffisante : les recensements de population. 2) Développer, à partir de cette expérience et de travaux complémentaires de terrain, des outils et des méthodes capables d'améliorer la formulation, la réalisation et le suivi des micro-programmes de développement destinés aux régions et aux minorités les plus défavorisées. Les outils d'analyse, utilisés simultanément et interactivement, permettent des visions complémentaires de la même information, des réitérations en temps réel avec vérification immédiate de la validité quantitative ou spatiale des hypothèses et des phénomènes découverts. La "spectrographie fine" ainsi opérée autorise des typologies hiérarchisées dépassant si nécessaire la centaine de types et sous-types. Clairement articulés entre eux grâce aux présentations cartographiques et graphiques, les résultats peuvent être quantifiés, synthétisés et communiqués en quelques heures.

L'analyse des mouvements de population agitant le système urbain occupe une place toujours plus importante dans l'étude des populations. La ville est de plus en plus éclatée. Cette réalité nouvelle ne correspond plus ni aux définitions, ni aux délimitations classiques de l'espace urbain. Les mobilités décuplées animent l'ensemble du système urbain, centre et marges comprises. L'étude de ces déplacements se complexifie, tout autant que leurs nombres et leurs trajectoires. Les seules données issues des recensements de la population ne suffisent plus à les quantifier et encore moins à les qualifier. C'est pourquoi le recours à des bases de données annexes, tel le fichier SICLONE, recensement des permis de construire peuvent contribuer à échelle fine, à de meilleures analyses, et ce notamment dans le cas d'une approche de la structuration des espaces périurbains.

En 1995 étaient publiés les premiers résultats d'une enquête démographique réalisée en Côte d'Ivoire sur les migrations et l'urbanisation : d'après cette enquête, entre 1988 et 1993, les campagnes enregistraient un solde migratoire positif aux dépens des villes. Le résultat était si improbable qu'il suscita de la méfiance : ce devait être une erreur de mesure, l'enquête ne devait pas être fiable. Précisément, nous voulons montrer que la mise en avant de l'émigration urbaine (migration ville-campagne) dans les échanges entre milieux urbain et rural est un fait démographique réel. La méthode consiste à identifier tous les biais qui pourraient expliquer par eux-mêmes l'inversion des flux entre milieux urbain et rural. Il ne s'agit pas de les évacuer en les niant mais plutôt d'en évaluer la réelle portée sur les résultats afin d'introduire éventuellement des facteurs correctifs. En la matière, les biais liés à l'appréhension de l'espace font l'objet d'une attention particulière. En définitive, nous voulons montrer que la méfiance dont "l'enquête ivoirienne sur les migrations et l'urbanisation" (EIMU) a fait l'objet est en réalité le produit d'un aveuglement suscité par l'obsession de la croissance urbaine et de « l'exode rural ».

L'analyse des mouvements de population agitant le système urbain occupe une place toujours plus importante dans l'étude des populations. La ville est de plus en plus éclatée. Cette réalité nouvelle ne correspond plus ni aux définitions, ni aux délimitations classiques de l'espace urbain. Les mobilités décuplées animent l'ensemble du système urbain, centre et marges comprises. L'étude de ces déplacements se complexifie, tout autant que leurs nombres et leurs trajectoires. Les seules données issues des recensements de la population ne suffisent plus à les quantifier et encore moins à les qualifier. C'est pourquoi le recours à des bases de données annexes, tel le fichier SICLONE, recensement des permis de construire peuvent contribuer à échelle fine, à de meilleures analyses, et ce notamment dans le cas d'une approche de la structuration des espaces périurbains.

Pour étudier la complexité de la répartition spatiale de la population d'une région densément peuplée, le delta du Fleuve Rouge, (il compte plus de 1000 hab./km2 en zone dite « rurale ») alors que son taux annuel moyen de croissance démographique reste encore élevé, l'approche classique de la géographie régionale n'est pas adaptée. Les catégories de phénomènes à prendre en compte relèvent d'échelles variées et de temps plus ou moins longs. Si la carte des densités démographiques de ce delta, espace hydraulique riche, mais difficilement maîtrisable, est la résultante d'un long processus d'occupation par les populations et d'aménagement par des États puissants et centralisés, les logiques socio-économiques en œuvre depuis la mise en place de la politique du Renouveau ou Doi Moi ont créé une forte différenciation spatiale. Pour étudier les mécanismes produisant de fortes densités humaines, il convient de distinguer ceux relevant de l'environnement physique et des dynamiques socio- économiques locales de ceux qui dépendant des échelles plus petites (le district, le bassin hydraulique, la province ou la sous-région). Ce sont ces processus qu'il va falloir décrire, mesurer et localiser, notamment le poids des cadres spatiaux, de la polarisation des grandes villes, de la proximité des grands axes hydrauliques et de communication, le poids des dynamiques sociales et de l'histoire politique locale, autant de phénomènes que l'on tentera de spatialiser et dont on localisera les interférences de façon plus systématique grâce à la mise en place d'un SIC Enfin, l'enquête de terrain bien ciblée permet de mieux étudier la diversité et la complexité des processus d'adaptation au surpeuplement que la carte, à des échelles plus petites, ne pouvait appréhender. Dans un espace aussi densément peuplé, les stratégies de résidence des habitants sont de plus en plus complexes et difficilement mesurables à l'aune des statistiques.