Contenu du sommaire : L'autonymie

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.27, n°1, 2005
Titre du numéro L'autonymie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'autonymie

    • Articles
      • Présentation - p. 4-4 accès libre
      • Pour Josette Rey-Debove (1929-2005) - Simone Delesalle p. 5-6 accès libre
      • Le devenir d'un merveilleux outil - Jean Lallot, Irène Rosier-Catach p. 7-10 accès libre
      • Philosophes du langage et autonymie : une déjà longue histoire - Philippe De Brabanter p. 11-43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Nous tentons de montrer la richesse de la réflexion sur l'autonymie en philosophie du langage et de mettre cette réflexion en parallèle avec l'évolution de la discipline au cours des 120 dernières années. Les philosophes-logiciens de la fin du XIXe et première moitié du XXe siècle (citons Frege, Tarski et Carnap) aspiraient à construire, à l'usage de la science, des langages formels dépourvus des défauts des langues ordinaires. Mais le projet logiciste s'est révélé irréalisable et les préoccupations se sont déplacées des systèmes formels vers les langues naturelles et le langage. Dans le même temps, s'est substituée à un discours plutôt prescriptif une entreprise de description et d'analyse proprement linguistique, centrée principalement sur les phénomènes qui mettent en jeu la signification. Les théories avancées pour caractériser l'autonymie reflètent cette transformation de la discipline: on est passé de propositions (l'autonyme comme nom ou comme description définie) qui convenaient aux langages formels à des théories qui épousent mieux la diversité des manifestations réelles de l'autonymie. Ces théories permettent, entre autres, de rendre compte, avec une réussite variable, des cas nombreux où un fragment de discours semble être à la fois en emploi autonyme et en emploi ordinaire (cf. Ton «amoureux» est arrivé). Ces énoncés hybrides sont importants parce qu'ils touchent à des questions centrales en philosophie du langage, notamment le problème de la frontière entre sémantique et pragmatique.
        This paper reviews the wealth of theories put forward by philosophers of language over the last 120 years to account for autonymy (= the mention of linguistic expressions), and relates these theories to the major developments undergone by the discipline. The philosophers-cum-logicians from the turn of the XIXth to the XXth century (notably, Frege, Tarski and Carnap) hoped to build formal languages for science that would not exhibit the flaws of natural languages. But their logicist project proved unfeasible and interest shifted from formal systems to language and ordinary speech. The largely prescriptive judgements of philosophers of language concurrently gave way to description and analysis of linguistic phenomena, with special focus on meaning. Theories of autonymy bear witness to these transformations: from proposals tailored to the characteristics of formal languages (autonyms as names or definite descriptions), they have evolved into accounts that allow for the diversity of autonymy-related phenomena. These theories provide explanations •some better than others •for the numerous instances of •simultaneous use and mention” of an expression (cf. Your •sweetheart” has arrived). Such hybrid utterances are important because they affect our ways of looking at some central issues in the philosophy of language, notably that of the semantics/ pragmatics interface.
      • La question du genre et du nombre des autonymes en latin - Christian Nicolas p. 45-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Augustin est le premier auteur latin à proposer un corps de doctrine constitué pour une théorie du signe linguistique. Ses analyses très subtiles se bloquent néanmoins juste avant la théorisation de l'autonyme. On constate que lui aussi, malgré sa réflexion poussée sur le métalangage, a du mal à faire la part entre les genre, nombre et cas de la forme en mention et ceux du mot en usage. On rappelle quelques formes d'énoncé, si fréquentes en latin, qui permettent d'évacuer cette difficulté logique et syntaxique. Toutefois, un auteur technique, Nonius Marcellus, pratique un système occasionnel qui témoigne peut-être d'une réflexion sur la question du genre et du nombre de l'autonyme en latin.
        Augustine was the first Latin author to propose a systematic body of doctrine on the theory of the linguistic sign. Although extremely subtle, his analyses fall just short of theorizing autonymy. It is clear that despite substantial reflexion on metalanguage, he, like others, has difficulty in distinguishing between the gender, number and case of the mentioned form and of the form in usage. The article examines some of the forms of statement, frequent in Latin, that make it possible to overcome this logical and syntactical problem. However, one technical author, Nonius Marcellus, on occasion resorts to a system that seems to suggest reflexion on the question of the gender and number of the autonymic word in Latin
      • L'autonymie dans la tradition grammaticale sanskrite paninéenne - Émilie Aussant p. 73-92 accès libre
      • L'autonymie dans la tradition linguistique arabe - Pierre Larcher p. 93-114 accès libre
      • Citation, métalangage et autonymie en Gbaya ‘Bodoe de Centrafrique - Yves Moñino p. 115-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'étude du marquage des termes en citation, en usage métalinguistique et autonymique présente un grand intérêt dans le cas de sociétés à tradition orale. L'exposé et l'analyse de ce champ dans une communauté gbaya de Centrafrique, à partir de données de terrain, constitue une première approche de ce contexte d'oralité encore peu exploré. Après une présentation des locuteurs et de leurs attitudes face à leur langue, et des termes gbaya dénotant l'activité langagière, l'étude de la citation fait apparaître une distinction entre discours direct et indirect, différence dont le marquage est souple et variable. Quant à l'autonymie, dans les échanges verbaux traditionnels, c'est uniquement le contexte qui permet de décider si l'on parle du mot ou de la chose. Dans des situations d'interlocution inédites, des créations spontanées de termes techniques et des usages nouveaux (référentiels vs autonymiques) de termes existants ont été observés.
        In this paper, I describe how the members of a Gbaya community (Central African Republic) mark metalinguistic, autonymous use in their speech. This study is based on fieldwork data and is the first of its kind to explore oral traditions. I begin by introducing the speakers and their attitudes towards their language, then proceed to present the Gbaya terms that denote language activity. A closer look at the ways of quoting reveals a distinction between direct and indirect speech and shows that this distinction is marked in a flexible and variable way. As regards autonymy, in traditional verbal exchanges only the context allows to determine whether the speaker is talking about the word or about the thing. In novel? communication contexts, spontaneous creation of technical terms and new uses (autonymous vs. referential) of existing terms have been observed.
    • Varia
      • Du nombre grammatical dans les composés sanskrits : le concept d'abhedaikatvasamkhyā - Pascale Haag p. 127-152 accès libre
      • Georges Mounin y Antoine Meillet : observaciones críticas sobre una semblanza - Pablo Cano López p. 153-197 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        On sait qu'Antoine Meillet, le célèbre comparatiste français, est mort à l'âge de 70 ans. C'était la fin d'une carrière longue et féconde. Depuis cette époque, l'évaluation de Meillet a subi des changements importants. Pendant les années trente et quarante, et même pendant les années cinquante, il était tenu en haute estime à la fois comme comparatiste et comme spécialiste de linguistique générale. Cependant, au tournant des années soixante, ce deuxième aspect de Meillet a commencé à être oublié: il a été considéré comme un comparatiste qui s'était peu intéressé aux aspects théoriques. Ces jugements étaient basés principalement sur l'incapacité supposée de Meillet à comprendre la pensée de son maître et ami Ferdinand de Saussure, telle que reflétée dans le Cours de Linguistique Générale (CLG). Bien qu'il soit favorisé par des circonstances générales, ce changement de perception a été particulièrement promu par un autre linguiste français, Georges Mounin. Il semble que l'on peut prouver que c'est Mounin qui a peint le nouveau portrait de Meillet. L'objet de cet article est de tester le travail de Mounin, en d'autres termes, son but est de vérifier si le profil qu'il a dessiné de Meillet est adéquat. En conséquence, le centre en sera la réaction de Meillet au CLG, qui semble être la question principale.
        As is well known, Antoine Meillet, the reputed French comparativist, died in 1936 at the age of seventy. That was the end of a lengthy and fruitful scientific career. Since then Meillet's profile has undergone major changes. During the thirties and the forties, and perhaps even in the fifties, he was still held in high esteem both as an Indo-Europeanist and as a general linguist. However, around the middle of the sixties this last side of Meillet started to fall into oblivion. Scholars began to regard him as a mere comparativist, and therefore they suggested that he had displayed very scarce interest in theory. Those charges were mainly based on Meillet's alleged inability to grasp the conceptions of his master and friend Ferdinand de Saussure as reflected in the Cours de linguistique générale. Although it was propitiated by circumstances, this change of public image had a promoter in the person of another French linguist, namely Georges Mounin. In fact, it seems arguable that it is Mounin who has drawn the new portrait of Meillet. The purpose of this paper is to put Mounin's piece of work to test; in other words, the paper is intended to check whether the profile he has sketched for Meillet is adequate. Consequently, the focus will be on Meillet's response to the Cours, which seems to be the key issue.
    • Lectures et critiques