Contenu du sommaire : Construction des théories du son [Première partie]

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.19, n°1, 1997
Titre du numéro Construction des théories du son [Première partie]
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Construction des théories du son (1)

    • Articles
      • Introduction - Jacques Durand p. 3-4 accès libre
      • Sciences phonétiques et relations forme/substance : 1. un siècle de ruptures, négociations et réorganisations - Louis-Jean Boë p. 5-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dès la fin du XIXe siècle la phonétique descriptive possède toute une panoplie instrumentale. Comment faire de la multitude des données extraites une lecture opératoire et classifiante ? Comment organiser la matière pour la rendre compréhensible dans le cadre d'un fonctionnement linguistique ? En 1928, l'émergence de la phonologie va naître de cette question et dans ce contexte. Historiquement et avec le recul, on peut considérer que la rupture entre phonétique et phonologie était nécessaire, inévitable. Dès les années 1950, la synthèse et la reconnaissance automatique de la parole vont relancer la problématique du passage entre le code linguistique et le signal. Les relations entre la phonétique et la phonologie renvoient pour l'essentiel de leurs tensions aux relations entre la forme et la substance. Il est possible d'en faire une lecture à la lumière : (1) des réarticulations scientifiques entre ces deux domaines de recherche, (2) des interrogations suscitées par les développements technologiques applicatifs.
        Since the end of the 19th century, descriptive phonetics has been able to handle a large set of sophisticated instrumental procedures. Phoneticians, however, overwhelmed by this impressive flow of data, were unable to develop an efficient theory to classify this enormous amount of information. How could this substance be structured for a proper comprehension and interpretation ? The advent of phonology, after the split from phonetics, constituted the answer to some of these questions. Historically speaking, the break-up between phonetics and phonology was necessary and unavoidable. From the beginning of the 1950s, speech synthesis and recognition gave a new impetus to the old form/substance issue, though within a different framework. The relationship between form and substance is thus fundamentally linked to the debate between phonetics and phonology. This can be analysed in terms of (i) scientific rearticulation between these two fields of research, and (ii) problems arising from the technological development of synthesis and recognition.
      • Linking r in English : constraints, principles and parameters, or rules ? - Jacques Durand p. 43-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Au cours des dernières années, les recherches en phonologie se sont orientées vers la nature des généralisations phonologiques. Pour résumer, faut-il baser la phonologie sur des règles de réécriture classiques (l'approche dite 'dérivationnelle') ou au contraire faut-il remplacer les règles par des contraintes (l'approche dite 'non- dérivationnelle') ? Le but de cet article est de comparer et d'évaluer diverses descriptions « dérivationnelles » et « non- dérivationnelles » d'un problème spécifique : le r de liaison et le r intrusif (en termes plus neutres le r de sandhi) dans les variétés non-rhotiques de l'anglais de Grande-Bretagne (en particulier la Received Pronunciation, l'anglais de Londres et celui de Boston). Nous examinons en détail trois analyses possibles du r de liaison : une analyse classique en termes de règles, une analyse dans le cadre 'Principes et Paramètres' et une analyse en termes de contraintes dans le cadre de la Théorie de l'Optimalité. La conclusion à laquelle nous aboutissons est qu'en dépit du fait que les modèles s'appuyant sur des contraintes sont plus prometteurs et potentiellement plus restrictifs que les modèles s'appuyant sur des règles (transformationnelles) classiques, ils se heurtent tous à des difficultés face aux phénomènes décrits ici. Néanmoins, même si un important travail empirique et méthodologique attend encore les phono- logues, il semble bien que les analyses gagnent progressivement en profondeur justifiant l'hypothèse que la phonologie est une discipline cumulative.
        In the last few years, the interest of phonologists has largely shifted to the nature of phonological generalisations. In summary, should phonology be based on classical rewrite rules (the so-called derivational approach) or should it, on the other hand, ban rules in favour of constraints (the so-called non- derivational approaches) ? The aim of this paper is to compare and contrast various 'derivational' and 'non-derivational' approaches to a specific problem : r-linking and r-intrusion (more neutrally 'r sandhi') in some varieties of non-rhotic English (particularly, RP, London English and Boston English). After a brief presentation of the phenomena under review, the paper examines three possible analyses of linking and intrusive r : the classical rule-based approach, an approach based on principles and parameters, and one approach formulated in terms of constraints i.e. invoking the Optimality Theory framework. The conclusion drawn is that despite the fact that constraint-based approaches are promising and potentially much more restrictive than rule-based descriptions, they are still tentative in a number of respects. Nevertheless, although much empirical and foundational work still needs to be done, some progress has been achieved in breadth and depth of coverage, justifying the idea that phonology is a cumulative science.
      • English [r]-sandhi - a sociolinguistic perspective - Paul Foulkes p. 73-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La liaison en [r] de l'anglais a fait l'objet de nombreuses discussions en matière de phonologie. Cependant, ce phénomène n'a jamais jusqu'ici été analysé au moyen d'un corpus représentatif conséquent. Cet article sert à combler ce vide, à travers une étude sociolinguistique effectuée dans les villes de Newcastle upon Tyne et de Derby. La distribution du [r]- sandhi se révèle être plus complexe que prévue. Cette découverte entraîne plusieurs répercussions intéressantes au niveau des modèles phonologiques. L'ensemble de l'étude montre également l'utilité de la méthodologie quantitative concernant l'approche des questions théoriques.
        Although [r]-sandhi is one of the most widely discussed topics in English phonology, it has not previously been studied via analysis of a large representative corpus. This paper bridges that gap, describing a sociolinguistic study carried out in the cities of Newcastle upon Tyne and Derby. Patterns of [r] usage are shown to be more complex than previously assumed, a finding which has interesting implications for phonological models. The study as a whole demonstrates how productive corpus-based methods can be for theoretical issues1.
    • Varia
      • Catégories sémantiques et historicité des significations - Vincent Nyckees p. 97-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article illustre la nécessité de prendre en compte la dimension historique dans l'étude des catégories linguistiques. Nous commençons par proposer des définitions en termes de conditions nécessaires et suffisantes (CNS) des lexemes jeu et oiseau réputés rebelles à ce genre d'analyse. Puis, un examen approfondi des difficultés rencontrées par les théories du prototype nous conduit à rejeter la réduction des catégories linguistiques à de pures représentations mentales. Le modèle proposé distingue trois niveaux différents dans l'analyse des phénomènes de catégorisation : 1) le plan de la constitution historique des catégories linguistiques émergeant d'une expérience sociale partagée et du besoin de coordination entre les acteurs, 2) le plan des opérations de catégorisation linguistique individuelle, mettant en œuvre des critères définitoires (CNS) hérités de l'histoire linguistique, 3) le plan de la catégorisation perceptive individuelle.
        abstract : This paper demonstrates that prototype theories are inefficient and that it is possible to define in terms of necessary and sufficient conditions (NSC) some of their favourite examples such as game (jeu) and bird (oiseau), provided that the historical dimension of linguistic categories are taken into account. I therefore offer an alternative model where linguistic categories are no longer considered as mere reflects of pure conceptual categories. I emphasize the necessity of clearly distinguishing three levels in the study of categorization : 1) the level of historical constitution of linguistic categories emerging from shared social experience, 2) the level of individual operations of linguistic categorization, implementing definitional criteria (NSC) inherited from linguistic history, 3) the level of individual perceptual categorization.
      • L'invention de la philologie. Les échos français d'un modèle allemand - Michel Espagne p. 121-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        résumé : Une philologie des textes modernes fait son apparition en France au début du XIXe siècle dans un milieu également fréquenté par des philologues allemands. La philologie en France aura tendance à se développer d'abord à partir d'une réflexion sur les textes médiévaux (tradition de l'École des Chartes, exemple de Francisque Michel) et sur les textes étrangers, double brèche dans une approche rhétorique des œuvres. Les travaux sur des textes du Moyen Âge ou du midi de la France (Raynouard) sont notamment publiés chez des imprimeurs libraires allemands installés à Paris (Brockhaus et Avenarius, Franck, Vieweg). Lorsque se développe en France une romanistique (Paul Meyer, Gaston Paris) ou que s'affirme une science linguistique (Michel Bréal), la référence à divers aspects de la philologie allemande (Diez, Bopp) apparaît à nouveau déterminante.
        abstract : Philology applied to modern texts appears in France at the beginning of the 19th century in a scholarly environment that also includes German philologists. In France, philology tends to develop out of the consideration of (a) medieval texts (the École des Chartes tradition, the example set by Francisque Michel) and (b) foreign language texts, a two-fold assault on the rhetorical approach. Studies of medieval texts or of texts from Southern France (Raynouard) are published by German booksellers-printers established in Paris (Brockhaus and Avenarius, Franck, Vieweg). Later, when the organized study of romance languages develops in France (Paul Meyer, Gaston Paris) and when linguistics becomes established as a science (Michel Bréal), once more the reference to various aspects of German philology (Diez, Bopp) turns out to be essential.
    • Discussions
      • Language and reason in Kant's epistemology - Yaron Senderowicz, Marcelo Dascal p. 135-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Nous répondons ici aux doutes de Lia Formigari au sujet de la thèse que nous avions défendue sur l'important rôle du langage dans l'épistémologie kantienne. Outre la discussion de l'objection de Lia Formigari, nous ajoutons ici d'autres arguments en faveur de notre thèse. En contrastant les affirmations sur le langage dans la première et deuxième éditions de la Critique de la Raison Pure, nous montrons que leur inconsistance logique même indique que Kant était conscient du rôle du langage dans son entreprise transcendentale, mais qu'il n'a pas développé une explication de ce rôle, probablement à cause des conséquences dangereuses que cela aurait eu pour la 'pureté' de la Raison.
        abstract : This is a reply to Lia Formigari 's doubts about the main thesis argued for in my previous papers-namely, the claim that language plays an important role in Kant's epistemology. In the present paper, I discuss Formigari' s objection, and add further evidence in support of my thesis. By contrasting Kant's statements on language in the first and second editions of the Critique of Pure Reason, I argue that their very inconsistence shows that Kant was aware of role of language in his transcendental enterprise, but refrained from developing an account of this role, presumably out of concern for the damaging consequences it might have had for the alleged purity of 'pure Reason'.
      • Réponse - Lia Formigari p. 149-150 accès libre
    • Archives et documents
      • De l'elementarium au thesaurus : l'émancipation des lexiques latins monolingues aux XVe et XVIe siècles - Martine Furno p. 151-175 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article passe en revue les différents types de lexiques monolingues latins utilisés du XIe au XVIe siècle, et retrace l'évolution de ce genre d'ouvrages. Jusqu'à la fin du XVe siècle, les lexiques peuvent se répartir en deux catégories : petits lexiques simples, destinés à la mémorisation du sens et de la morphologie, et gros lexiques savants, structurés de manière plus ou moins rigoureuse par la disciplina deriuationis, qui regroupe les mots par familles autour d'un étymon tout en fournissant renseignements morphologiques et quelquefois exemples extraits des textes. D'abord tentative de classification rationnelle du corpus lexicographique, où l'usage n'est pas le critère absolu de l'existence d'un mot, les lexiques, à partir de 1470, reflètent au contraire essentiellement cet usage, multipliant citations et exemples. Ils deviennent la seconde étape de l'apprentissage de la langue, après une première découverte de la grammaire rudimentaire.
        This paper reviews the various kinds of monolingual latin dictionaries used from the 11th to the 16th century, and relates the development of these books. Until the end of the 15th century, two sorts of dictionaries can be distinguished : small and simple ones, which help to memorize meanings and morphology, and big and scientific ones, using disciplina deriuationis to group words into etymological families and giving morphological information, or examples extracted from authentic texts. These scientific dictionaries also show the general evolution of pedagogy in latin language teaching. From the years 1450-70, dictionaries try to classify, in a logical and rational way, the entire corpus of latin words, even if they are not used by authors. On the contrary, between 1470 and 1530, dictionaries are mainly built on quotations and testimonies of the authors' use, and become the second level in latin language learning, coming after reading basic grammars.
      • De l'alphabet proto-phénicien à l'écriture grecque - Herbert E. Brekle p. 177-186 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le noyau de l'article est une hypothèse sur des critères qui pourraient avoir dominé l'évolution morphologique de la majorité des lettres de l'alphabet protophénicien jusqu'à l'alphabet grec ancien. Ces critères se basent sur les caractéristiques kinétiques de la production des lettres. Le résultat est l'établissement d'un principe structural nommé hasîa + coda qui permet l'explication des changements de formes de lettres pendant le premier millénaire de notre alphabet.
        The essence of the article is a hypothesis on some criteria that may have dominated the morphological evolution of the majority of the letters of the protophoenician alphabet leading up to the Greek alphabet. These criteria are based on the kinetic properties of the production process of letter forms. The result is a structural principle, called the hasta + coda principle, which makes it possible to explain changes in the form of letters during the first millenium of our alphabet.
    • Lectures et critiques