Contenu du sommaire : New Diasporas, New Directions
Revue | Etudes anglaises |
---|---|
Numéro | Vol. 70, no 1, janvier-mars 2017 |
Titre du numéro | New Diasporas, New Directions |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Preface: New Diasporas, New Directions - John McLeod p. 3-10
Articles
- Vehicular Cosmopolitanism: The Car in Bernardine Evaristo's Soul Tourists - Henghameh Saroukhani p. 11-27 La sensibilité cinesthésique des discours récents sur le cosmopolitisme a eu tendance à universaliser et à abstraire les représentations de l'interconnectivité globale. La matérialité de la culture — entendue ici comme forme d'échange culturel médiée par les objets — a été négligée, tandis que l'attention critique se portait vers des modes d'être hybrides et vernaculaires. Le roman Soul Tourists de Bernardine Evaristo (2005), mêlé de prose et de vers, permet d'esquisser une redéfinition du cosmopolitisme en tant que praxis littéraire spécifique, tenant compte de la portée significative de la vie matérielle. À travers la présence obsédante dans le roman des voitures et de la mobilité — de l'auto-mobilité —, on s'interrogera sur la façon dont le texte accumule des connexions transculturelles et transmatérielles qui mettent en jeu la conception prédominante du cosmopolitisme comme subjectivité hybride. Si l'on a pu louer, dans Soul Tourists, la capacité de l'auteur à réinventer dans un sens progressiste la Grande-Bretagne noire dans un contexte noir européen, le roman n'a pas encore suscité de véritable débat sur l'existence d'objets, devenus produits de consommation, qui, telle la voiture, reconfigurent les tactiques politisées de l'appartenance. Il me semble qu'une telle réflexion autorise un déplacement phénoménologique crucial, en vertu duquel les images, les odeurs, les sons des objets en mouvement révèlent des relations extra-nationales inattendues entre les corps et les formes inanimées. Le cosmopolitisme véhiculaire de Soul Tourists fait de la voiture une poiesis, de manière à venir ébranler les postulats humanistes du cosmopolitisme vernaculaire.The kinaesthetic sensibility of recent discourses on cosmopolitanism has tended to universalise and abstract representations of global connectivity. The materiality of culture—understood here as an object-mediated form of cultural exchange—has been neglected in favour of a critical attention to hybrid and vernacular modes of being. Through Bernardine Evaristo's novel-with-verse Soul Tourists (2005), I rearticulate cosmopolitanism as a specific literary praxis that takes into account the significance of material life. By tracing the novel's fascination with cars and (auto)mobility, I interrogate how the text assembles cross-cultural and cross-material connections that complicate prevailing notions of cosmopolitanism as hybrid subjectivity. While praised for its progressive ability to reimagine black Britain through a distinctly black European context, Soul Tourists has yet to garner sustained debate concerning the commodified life of objects, like the car, which reconfigure such politicised tactics of belonging. I argue that a focus on the car enables a crucial phenomenological shift whereby the sights, smells and sounds of objects-in-motion reveal unexpected and unexplored outer-national relations between inanimate forms and animate bodies. The vehicular cosmopolitanism of Soul Tourists sets up the car as poesis in ways that unsettle the humanistic assumptions of vernacular cosmopolitanism.
- Against Biocentrism: Blood, Adoption, and Diasporic Writing - John McLeod p. 28-44 Cet article analyse la circulation continue des métaphores liées au sang et aux liens du sang dans la littérature et la critique diasporiques. En se fondant sur des recherches récentes sur la représentation de l'adoption, il approche la pensée diasporique au travers du prisme des études sur l'adoption, pour mettre au jour et interroger les analyses biocentriques de la personne diasporique, analyses problématiques qui continuent de rabattre les notions de provenance culturelle sur la factualité supposée de l'origine biogénétique. Prenant comme point de départ la critique proposée par Lawrence Hill, écrivain canadien métis, cet article considère la tendance au biocentrisme qui menace les écrits de Zadie Smith ou de Jane Jeong Trenka, avant de se porter sur la quête, elle-même quelque peu problématique, d'une personne génétique au-delà du biocentrisme chez Jackie Kay, ce qui permet de dépasser une fois pour toutes la question du « langage du sang ».This essay explores the continued circulation of modern metaphors of blood and blood-lines in diasporic literature and criticism. Drawing upon recent research into representations of adoption, it approaches diasporic thought through the critical lens of adoption studies in order to expose and question the problematic biocentric rendering of diasporic personhood which continues to keep aligned notions of cultural provenance with the alleged facticity of biogenetic origin. Beginning with the critique of blood mounted in the work of the mixed-race Canadian writer Lawrence Hill, it considers the tendency towards biocentrism which endangers the writing of Zadie Smith and Jane Jeong Trenka, before exploring Jackie Kay's attempt, itself not without problems, to conceive of biogenetic personhood beyond biocentrism, so that the dangerous “language of blood” is voided once and for all.
- No Place like Home: the Anxiety of Return in Taiye Selasi's Ghana Must Go and Yvonne Adhiambo Owuor's Dust - Amy Rushton p. 45-62 Popularisé par Taiye Selasi, le terme « afropolitain » met en évidence le sentiment d'appartenance au continent africain chez les jeunes générations diasporiques. Cette insistance sur la centralité africaine témoigne d'une intéressante reconceptualisation de la diaspora, généralement envisagée en termes de destination et en référence au point de départ originel, une reconceptualisation particulièrement perceptible dans la fiction récente sur la diaspora africaine. Dans Ghana Must Go de Selasi (2013) et Dust d'Yvonne Adhiambo Owuor (2014), l'imaginaire des personnages principaux, issus de la diaspora, semble aimanté par le Nigéria, le Kenya et le Ghana. Pourtant, aucun de ces deux romans ne campe le « foyer » africain comme un lieu à célébrer sans ambiguïtés, et la perspective du retour apparaît paradoxale, dans la mesure où il est objet de crainte, autant que de désir. Le présent article étudie les stratégies narratives que ces romans déploient en vue de dramatiser et de négocier les anxiétés du retour chez les Afropolitains d'aujourd'hui. En dernier ressort, et quoique l'expérience du sujet afropolitain soit dépeinte comme mélancolique, l'opération plaçant l'Afrique au centre de l'expérience diasporique contemporaine apparaît ici comme un geste utopique et porteur de progrès.Popularised by Taiye Selasi, “Afropolitan” foregrounds the sense of belonging to the African continent for a young diasporic generation. This emphasis on Africa's centrality marks an interesting reconceptualisation of diaspora, usually rendered in terms of destination, in relation to the originary point of departure, one that is discernible particularly in recent fiction about the African diaspora. In Selasi's Ghana Must Go (2013) and Yvonne Adhiambo Owuor's Dust (2014), Nigeria, Kenya and Ghana loom large in the imaginations of its diasporic protagonists. Yet neither novel frames the African “home” as a straightforwardly celebratory location, and the prospect of the return is one characterised by paradox, for it is an outcome both deeply desired and feared. This essay explores how both novels deploy narrative strategies to dramatise and work through the anxiety of the homecoming for today's Afropolitans. Ultimately, although the experience of the Afropolitan subject is portrayed as melancholic, the positioning of Africa as central to the contemporary diasporic experience is read here as a progressively utopian gesture.
- Doris Lessing's London Observed and the Limits of Empathy - Ágnes Györke p. 63-77 London Observed (1992) présente la ville de Londres comme un palimpseste, qui diffère radicalement des paysages urbains des premiers romans de Doris Lessing. Contrairement aux textes précédents, In Pursuit of the English (1960), The Golden Notebook (1962) et The Four-Gated City (1969), ce recueil décrit la métropole telle qu'imaginée par une narratrice anonyme occupée à y déambuler sans fin, comme un espace certes plaisant mais régi par une forme de censure. La ville de Londres y dissimule des vies secrètes, mais amène aussi à réprimer toute réaction d'empathie envers l'existence d'autrui. Cet article démontre comment la métropole permet à la narratrice de goûter à la vie urbaine tout en restant indifférente à ses tragédies quotidiennes : plutôt qu'une observatrice ultra-sensible des existences qui l'entourent, c'est une psychogéographe désabusée qui choisit l'indifférence pour pouvoir survivre dans cet espace urbain. Loin d'offrir de nouvelles vies possibles, comme le croyait Michel de Certeau dans « Pratiques d'espace », la déambulation dans London Observed conduit à une vision implacable et déshumanisée de la ville : c'est l'acte qui permet d'enfouir des histoires refoulées sous de nouveaux récits. Lues depuis notre point de vue du XXIe siècle, les nouvelles de ce recueil semblent suggérer comme par anticipation le lieu clairement genré et multiculturel qu'est devenue la capitale britannique depuis la fin des années 1980, mais aussi et surtout la ville indifférente et impassible exigeant de ses habitants l'abandon de toute empathie.London Observed (1992) portrays London as a palimpsest which is profoundly different from the urban representations in Lessing's early novels. As opposed to In Pursuit of the English (1960), The Golden Notebook (1962) and The Four-Gated City (1969), the volume depicts the metropolis as a joyful yet visibly controlled space, imagined by an unnamed narrator who is relentlessly wandering in the city. The London it presents hides secreted lives, yet it also requires the repression of empathetic affective responses to the lives of others. As I argue in this paper, the metropolis allows the narrator to enjoy urban life while remaining unaffected by its everyday traumas: she is not a hypersensitive urban observer in this city, but a disillusioned psychogeographer who opts for indifference in order to survive in the metropolis. Instead of offering alternative possibilities, as de Certeau believed in “Walking in the City,” walking produces a controlled and indifferent vision of the city in London Observed: it appears as an act that re-inscribes new narratives upon repressed stories. When read from today's post-millennial vantage, we might discern how Lessing's collection presciently suggests that the British capital, from the late 1980s onwards, was becoming not only a more visibly gendered and multicultural place, but also an indifferent and apathetic city, habitable at the price of declining empathy.
- The Druzification of History: Queering Time, Place, and Faith in Diasporic Fiction by Rabih Alameddine - Alberto Fernández Carbajal p. 78-94 Cet article analyse les œuvres de Rabih Alameddine consacrées à la diaspora libanaise aux États Unis, en particulier The Hakawati (2008), I, the Divine (2001), et KOOLAIDS: The Art of War (1998). Il montre comment le roman The Hakawati, en replaçant la question taboue de l'homosexualité dans l'histoire de l'islam, va à l'encontre de sa répression dans les sociétés modernes de culture islamique. L'article amorce également une critique de l'homonationalité américaine dans I, the Divine, et examine les procédés de « queering » de l'histoire, des lieux et des textes sacrés dans KOOLAIDS, dont le récit entremêle la guerre civile au Liban et la crise du SIDA aux États-Unis. En « druzifiant », c'est-à-dire en suturant diverses traditions narratives et religieuses, Alameddine démontre la nature foncièrement hybride de la sensibilité diasporique.This essay explores Rabih Alameddine's fiction dealing with the Lebanese diaspora in America, namely The Hakawati (2008), I, the Divine (2001), and KOOLAIDS: The Art of War (1998). The article illustrates The Hakawati's reinscription of the taboo subject of homosexuality onto the Islamic past as an antidote to its repression in modern Islamicate societies. It also undertakes a critique of American homonationalism in I, the Divine, as well as examining the queering of time, place, and religious scripture, in KOOLAIDS, whose narrative interweaves the Lebanese Civil War and the AIDS crisis in America. By “druzifying”—or suturing—various storytelling and religious traditions, it is argued Alameddine productively reveals the assembled nature of his diasporic sensibility.
- English as “Unmoored”: Contemporary Perspectives on English as a Language “in Diaspora” - Françoise Král p. 95-109 Dans cet article je propose de repenser le rôle et le statut de l'anglais dans le contexte actuel de mondialisation culturelle, à partir du point de vue des diasporas anglophones. Si les études postcoloniales ont étudié le rôle joué par la langue anglaise dans la domination culturelle qui a accompagné la colonisation, il reste beaucoup à dire de la façon dont l'anglais s'est repositionné dans le contexte des populations diasporées, à la fois comme l'outil d'une réinvention de soi mais également comme une langue qui affecte et se trouve affectée de l'intérieur par ses locuteurs. Cette question centrale à l'étude des diasporas en ce début de XXIe siècle se doit d'être repositionnée par rapport au couple notionnel anglais standard et ses avatars, qu'il s'agisse de l'anglais simplifié utilisé dans l'entreprise ou des « nouveaux anglais » dont il se distingue. Dans cet article, je m'intéresse tout particulièrement à la façon dont le roman Americanah (2013) de Chimamanda Ngozi Adichie représente le sujet diasporique et cerne les effets du changement de code linguistique ; le regard que porte Adichie permet de voir que les populations diasporées occupent une sorte de méta-perspective qui permet d'appréhender au mieux les jeux de pouvoir qui sous-tendent les relations au sein de la sphère anglophone à l'heure actuelle, et d'esquisser les nouvelles généalogies linguistiques émergentes en ce début de XXIe siècle.In this essay I reassess the role and position of English in the current context of global cultural exchanges from the vantage point of Anglophone diasporas. Whilst postcolonial studies have given much thought to the status and role of the English language as an instrument of cultural domination, much remains to be said about the role of English in a diasporic context, not only as an instrument of self-reinvention but also as that which both acts upon speakers and is acted upon through their linguistic interventions. This question—a key one in studies of Anglophone diasporas—is positioned in relation to the complex binary that opposes standard English to its modern-day avatars, and in particular the standardised English of corporate culture, which itself differs from the “new Englishes.” I look specifically at the way Chimamanda Ngozi Adichie's novel Americanah (2013) presents the position of diasporic subjects and their practice of code-switching as offering a metaperspective on the power-relations of the Anglophone sphere today, before offering some thoughts on the necessity of new linguistic genealogies in the twenty-first century.
- Vehicular Cosmopolitanism: The Car in Bernardine Evaristo's Soul Tourists - Henghameh Saroukhani p. 11-27
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 110-120