Contenu du sommaire : Le nom des femmes
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 45, 2017/1 |
Titre du numéro | Le nom des femmes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Agnès Fine, Christiane Klapisch-Zuber p. 7-32
Dossier
- Nommer les prêtresses en Grèce ancienne (Ve-Ier siècle) - Marie Augier p. 33-59 Cet article se propose d'étudier comment, dans le monde grec antique, les femmes étaient nommées et comment s'articulait la différence des sexes en fonction du contexte d'apparition de leur nom. Il s'appuie sur la documentation épigraphique et plus particulièrement sur les décrets honorifiques – des textes gravés sur pierre souvent affichés dans l'espace public – qui honoraient une personne pour ses actions en faveur de la cité. Les femmes étaient honorées dans ces documents notamment lorsqu'elles exerçaient une charge religieuse, comme celle de prêtresse. Cette étude, en partant d'un décret athénien honorant une prêtresse du nom de Timokritè, se demande où se joue le genre, en s'intéressant à la manière dont les prêtresses étaient désignées et en observant ce que la façon de les nommer indiquait sur leur statut et leur fonction. Il s'agit de montrer comment certaines femmes, en tant que prêtresses, occupaient grâce à leur statut de citoyennes des fonctions politiques de magistrates.This article examines the ways in which women were given names in Ancient Greece, and how sex difference operated in the context of naming practices. It draws on epigraphs and in particular honorific decrees – texts carved in stone and often placed in public spaces – honouring a person for his/her actions benefiting the city. Women were chiefly honoured in this type of text if they held a religious position, such as priestess. Starting from an Athenian decree honouring a priestess by the name of Timokrite, this study will explore the role of gender, by examining the manner in which priestesses were chosen and asking what this procedure indicated about their status and function. It will show that certain women were able, in their role as priestess, to have citizen status and carry out the political functions of a magistrate.
- Les patrons célestes des filles et des garçons au baptistère de Florence (XIVe-XVe siècle) - Christiane Klapisch-Zuber p. 61-83 Attribuer un nom de saint ou de sainte au baptisé.e revient-il à affirmer un lien particulier du ou des parents avec ce saint, ou à instituer une relation de patronage entre ce dernier et l'enfant baptisé ? S'agit-il de proposer à celui-ci un modèle moral et religieux, auquel cas les pratiques italiennes de féminisation des noms de saints masculins paraissent peu cohérentes avec cette aspiration ? Ou les donneurs du nom prétendent-ils d'abord honorer le saint et en recevoir eux-mêmes en retour « honneur et profit », consolidant ainsi le lien avec le saint grâce au nom qu'ils ont reporté sur leur enfant ? Et en quoi le patronage recherché à travers le nom diffère-t-il selon le sexe de l'enfant ? À partir des registres de baptême et des livres de famille florentins entre les XIVe et XVe siècles, l'article contribue au débat portant sur les différences dans la nomination entre le sud méditerranéen et les contrées d'Europe plus au nord.Did giving a saint's name to a child at baptism signify a special link between one or both parents and the saint, or was it a way of establishing patronage between the saint and the baptised child? Did it mean proposing a moral and religious role-model for the child, in which case the Italian practice of feminizing the names of male saints appears at odds with this aspiration? Or did those who chose the name intend above all to honour the saint so as to receive in return « honour and profit » themselves, thus strengthening the link with the saint through the name they were bestowing on their child? This article draws on baptismal registers and family records from fourteenth- and fifteenth-century Florence, as a contribution to the debate on differences in naming practices between Mediterranean countries and those of further north in Europe.
- Hendl, Suessel, Putzlein. Les noms des femmes dans les communautés ashkénazes (XIVe-XVe siècle) - Martha Keil p. 85-105 Cet article traite de deux aspects de la nomination dans des communautés ashkénazes d'Autriche au Moyen Âge : d'une part, comme caractéristique identitaire quant à l'appartenance religieuse et, d'autre part, en relation avec le genre et l'assignation de genre. Diverses prescriptions juridiques et habitudes spécifiquement genrées pèsent en effet sur le port du nom : dans les sources historiques les hommes juifs sont repérés aussi bien par leur nom « sacré » hébreu que par leur prénom usuel, et éventuellement par un surnom, alors qu'on ne repère le plus souvent les femmes que par leur prénom usuel. Selon le droit juif, les hommes produisent dans leur nom hébreu le nom de leur père ; les matronymes ne sont que rarement donnés, et tout au plus avec le prénom usuel. Les femmes, en revanche, s'identifient par le nom de leur mari. Quant aux noms affectueux et aux noms usuels, ils sont très comparables chez les enfants masculins et féminins.This article deals with two aspects of naming practices in Jewish Ashkenazi communities in the Middle Ages: on one hand, as an identifying feature to signify belonging to a religious group, and on the other in relation to gender and gender assignment. Various specifically gendered legal rules and customs were brought to bear on a child's name: in the historical sources, Jewish men were identified as much by their « holy » Hebrew name as by their usual first name, and sometimes by a nickname, whereas women were usually identified simply by their everyday first name. According to Jewish law, men were, in their Hebrew name, reproducing their father's name; matronymics were rarely given and only as an addition to their usual name. Women on the other hand were identified by their husband's name. As for pet names and nicknames, they were comparable as between girl and boy children.
- Politiques féministes du nom (France, XIX e-XXI e siècle) - Florence Rochefort p. 107-127 Dès le tournant des XIXe et XXe siècles en France, les féministes abordent la question du nom des femmes dans une perspective égalitaire et identitaire qui englobe la nomination, la dénomination et la filiation, à savoir le nom comme réputation et identité personnelle, le pseudonyme, le nom des femmes mariées, l'appellation Madame/Mademoiselle et la transmission du nom. À partir des moments forts du débat et des mobilisations autour du nom des femmes, une généalogie conceptuelle est retracée de la Belle Époque aux premières années du xxi e siècle. Les discours et pratiques féministes radicales de la Belle Époque, d'Hubertine Auclert et de Clémence Royer en particulier, posent les termes du débat qui est repris par les féministes modérées et par les féminismes d'État, à partir des années 1970, puis à nouveau par les féministes radicales qui œuvrent aux changements législatifs et administratifs (1985, 2002, 2012, 2013). Au-delà du droit, les pratiques égalitaires et l'inscription du nom des femmes dans l'espace public restent un objectif féministe.
From the turn of the nineteenth to twentieth century, French feminists began to approach the question of women's names from a perspective of equality and personal identity embracing the processes of naming, changing one's name, and filiation, in other words considering a person's name as linked to reputation, identity, and personality ; particular questions concerned pseudonyms, married women's names, the titles Madame and Mademoiselle, and the transmission of one's surname. Focusing on particular moments in the debate and campaigns relating to women's names, this article traces a conceptual genealogy running from the Belle Époque to the early twenty-first century. The radical discourses and practices of the Belle Époque, those of Hubertine Auclert and Clémence Royer in particular, set the terms of a debate taken up by moderate feminists and state feminism in France from the 1970s on, and also by radical feminists aiming for legislative and administrative change (1985, 2002, 2012, 2013). Over and above the legal position, egalitarian practices and the inscription of women's names in the public arena remain among the aims of French feminism. - Garder l'usage de son nom et le transmettre. Pratiques de la loi française de 2002 sur le double nom - Wilfried Rault p. 129-149 La loi 2002-304 du 4 mars 2002, entrée en application en 2005 et portant réforme du nom de famille, permet aux parents de choisir, lors de la déclaration de naissance, de transmettre à leurs enfants soit le nom du père, soit celui de la mère, soit encore un « double nom », c'est-à-dire un nom constitué des noms de chacun des parents « accolés dans l'ordre choisi par eux dans la limite toutefois d'un nom de famille pour chacun ». Ces nouvelles dispositions modifient le régime de pérennité du nom des femmes. Issu d'une enquête qualitative auprès d'une cinquantaine de personnes ayant opté pour le dispositif du double nom, cet article montre comment l'usage de cette nouvelle loi permet aux femmes d'éviter, dans le cadre du mariage, de choisir entre abandon de l'usage de leur nom de naissance et communauté de nom avec leurs enfants à laquelle elles sont généralement attachées. L'article étudie cette double pérennité onomastique non pas sous l'angle d'une possibilité juridique mais à partir de la situation de femmes qui la mettent en œuvre.French law no. 2002-304 (4 March 2002) on the reform of family names, which came into effect in 2005, enables parents registering a birth in France to give their child either the father's surname, the mother's surname, or a “double name” formed of both parents' surnames “combined in the order of their choice, but limited to one family name for each parent”. This new law means that women can now hand down their surnames to the next generation. Based on a qualitative survey of around 50 people who gave a double surname to their child, this article shows how women who marry can take advantage of this new law without being obliged to abandon their own birth name in order to share a surname with their children, which is generally an option they would prefer. This article studies the handing down of double family names, not in legal terms, but based on the situation of women who choose this option.
- Nommer son enfant lorsqu'on est deux parents du même sexe - Jérôme Courduriès p. 151-169 Le Code civil français, depuis juin 2013, permet aux couples de même sexe de se marier, d'adopter conjointement, et de recourir à l'adoption de l'enfant du conjoint. Malgré ces changements juridiques considérables, nombre de situations parentales sont difficilement prises en considération. Tel est le cas, par exemple, lorsque des couples de femmes recourent à une reproduction assistée avec don de sperme ou lorsque des couples d'hommes recourent à une gestation pour autrui, tous ces couples ayant élaboré conjointement le projet de fonder une famille. Le choix du nom de famille et du prénom de leur enfant est alors une occasion d'affirmer le statut parental des deux membres du couple de même sexe. L'examen précis de quelques situations laisse entrevoir les pratiques spécifiques de ces couples mais aussi les différences entre couples de pères et couples de mères. Si les enquêtes disponibles montrent qu'en France les mères se soucient rarement de transmettre leur nom à leur enfant, les mères lesbiennes y portent au contraire une grande attention et vont même jusqu'à quelquefois donner en premier le nom de la mère non biologique. Les familles qu'elles composent ont ceci de particulier qu'à condition que l'état civil le leur permette, elles favorisent la transmission des noms féminins.The French Civil Code has, since June 2013, allowed same-sex couples to marry, to adopt jointly, and to proceed to the adoption of a spouse's child. Despite these considerable changes in French family law, the Civil Code does not take on board every type of situation. Such is the case, for example, when two women resort to assisted reproduction with sperm donation, or when two men resort to a surrogate maternity, all such couples having jointly planned to start a family. So the choice of their child's surname and first name is an opportunity to affirm kinship ties for same-sex families. Examining some individual situations reveals the characteristics of same-sex couples with regard to naming the children, but also the differences between father-couples and mother-couples. While previous research has hitherto indicated that in France mothers are not greatly concerned about passing on their own surname to their children, this study reveals that lesbian mothers by contrast pay a good deal of attention to this and sometimes register the surname of the non-biological mother in the first position. The characteristic feature of such families is that when the registration regulations allow, they are promoting the transmission of women's surnames.
- Nommer les prêtresses en Grèce ancienne (Ve-Ier siècle) - Marie Augier p. 33-59
Regards complémentaires
- Les enfants de Madeleine, esclaves à l'île Bourbon (XVIIIe-XIXe siècle) - Sue Peabody p. 172-183 En utilisant des exemples tirés d'une famille esclave de la Réunion et de l'île Maurice, cet article analyse comment le choix des prénoms ainsi que des noms de famille a marqué le statut de ses membres et a signalé ou bien dissimulé leurs relations de parenté. Selon le droit colonial français, les pères esclaves ne disposaient pas du statut de pères, mais les noms des esclaves et de leurs descendants conservaient les traces de leur ascendance maternelle en portant le nom de famille de leur mère. Comme le statut des enfants esclaves était déterminé par la condition de leur mère, les archives coloniales préservaient souvent la trace de l'ascendance maternelle en effaçant la mémoire de leurs pères – esclaves ou libres. Quand le nombre des affranchis et de leurs descendants a augmenté pendant la première moitié du XIXe siècle, la pratique d'adopter le prénom de la mère comme nom de famille est devenue commune. C'est ainsi que la féminisation des noms de famille des descendants d'esclaves les a marqués insidieusement et a favorisé leur discrimination officieuse jusqu'à présent.Using examples drawn from a particular enslaved family in Réunion and Mauritius, this article considers how the gendered selection of both given and family names marked status and signaled or obscured kinship. While enslaved fathers enjoyed no legal status as parents under French colonial law, the names of slaves and their descendants enshrined maternal relationships in the use of gendered family names. Since the slave status of children rested on the condition of the mother, colonial archives often maintained a record of the maternal line while obscuring the memory of fathers – whether enslaved or free – of enslaved children. As the number of freedmen and their descendants increased in the early nineteenth century, it became common practice to adopt a mother's given name as a surname. Thus, the feminization of family names for the descendants of slaves codified an inherited inequality that may subject individuals to informal discrimination even in the present day.
- Quand le nom marital ne va plus de soi : naissance d'une réflexivité - Caroline Vasseur-Bovar p. 185-198 À partir d'une enquête par entretiens menée dans la région nantaise avec des femmes mariées d'âges différents, on a pu mettre en évidence les évolutions qui se sont produites en l'espace de deux à trois générations dans la pratique du nom marital et le sens qui lui est donné par les femmes mariées. Il montre comment l'adoption du nom marital, autrefois automatique et vécue dans une relative indifférence, tend à devenir aujourd'hui un choix réfléchi et investi de sens pour les femmes qui l'adoptent.Based on a survey carried out in the Nantes region of France, consisting of interviews with married women of different ages, it was possible to plot the changes that have taken place over the space of two to three generations in the practice of adopting a husband's surname, and the meaning conferred on it by married women. The study shows how adopting a married name, which was once automatic and accepted in a context of relative indifference, is tending today to become a considered choice, and invested with meaning by those women who do adopt it.
- Les enfants de Madeleine, esclaves à l'île Bourbon (XVIIIe-XIXe siècle) - Sue Peabody p. 172-183
Actualité de la recherche
- Le genre du nom dans l'Occident médiéval (VIe-XIe siècle) - Arnaud Lestremau p. 199-221 Les études anthroponymiques visent généralement à faire du nom un outil pour comprendre les usages sociaux et culturels dans un espace donné. Le statut spécifique des femmes dans la société du haut Moyen Âge invite donc à s'appuyer sur leurs noms pour comprendre quelle était leur condition. La rareté de la documentation ne facilite pas cette tâche. Néanmoins, en s'appuyant sur les noms, il est possible d'analyser le rôle des femmes dans la parenté : il s'avère qu'elles ont plus de peine à transmettre leurs noms et qu'elles transmettent également les noms de leurs ancêtres plus difficilement que ne le font les hommes, sauf dans de rares cas d'hypogamie. Il serait toutefois imprudent de postuler l'existence de différences radicales entre noms des hommes et des femmes, et tout aussi dangereux d'attacher aux noms une sémiotique genrée.Studies in anthropological onomastics generally take names as a guide to understanding social and cultural practices in a given community. The specific status of women in the Early Middle Ages suggests that their names might help us to understand their status. The sparse nature of the documentation does not make this easy. Nevertheless, by considering names, it is possible to analyse the role of women in kinship patterns: indeed, they had much more difficulties than men to transmit their names to their descendants and also to transmit the names of their forebears, except in cases of hypogamy. It would however be rash to assume the existence of radical differences betwen the names of men and women, and equally risky to attach gendered meaning to names.
- Le pouvoir de nommer et ses effets de genre. Matériaux pour une anthropologie comparative - Bernard Vernier p. 223-259 L'étude des pratiques de nomination offre de précieux renseignements sur les rapports de pouvoir entre les sexes et le processus de leur différenciation symbolique. Hommes et femmes ont un pouvoir de nommer qui diffère selon les sociétés. Il vient renforcer ou contrebalancer l'effet de structuration exercé par le système de filiation sur les rapports intrafamiliaux et véhicule une image plus ou moins prestigieuse de l'homme et de la femme. On peut aussi étudier l'inégalité entre les sexes en observant les différences qui existent parfois dans la construction, le contenu symbolique et l'usage des prénoms masculins et féminins. Mais le nom peut aussi être une arme redoutable, y compris aux mains des femmes de sociétés patrilinéaires, dans la lutte des sexes ou la rivalité entre personnes de même sexe. Le cas limite de sociétés où l'on peut prendre un nom du sexe opposé offre l'occasion de tester la théorie performative du nom pour qui le nom fait le genre et d'apercevoir certains des facteurs selon lesquels varient les effets de genre d'un nom.The study of naming practices offers valuable information about power relations between the sexes and the process of their symbolic differentiation. Men and women may have powers of naming that vary as between societies. Such power may reinforce or counterbalance the structuring effect exerted by any given kinship system on intra-family relations, and may convey a image of greater or lesser prestige for men and women. It is also possible to study inequality between the sexes, by observing the differences which may sometimes exist in the construction, symbolic content and use of male and female given names. But the name can also be a powerful weapon, including for women in patrilinear societies, in the battle of the sexes, or rivalry between persons of the same sex. The extreme case of societies where it is possible to take a name usually given to the opposite sex offers an opportunity to test the performative theory of naming, whereby the name creates the gender, and to perceive some of the factors by which the gender effects of a name may vary.
- Le genre du nom dans l'Occident médiéval (VIe-XIe siècle) - Arnaud Lestremau p. 199-221
Documents
- Sur les stèles. Le nom des épouses dans quelques cimetières d'Écosse et de la région lyonnaise - Siân Reynolds, Michelle Zancarini-Fournel p. 261-279
Portrait
- Ida Blom (1931-2016), historienne et amie - Karen Offen p. 275-278
Varia
- Fêtes de citoyennes, délibération et justice féminine sur l'Aréopage (Athènes, v e siècle avant J.-C.) - Miriam Valdés Guía p. 279-307 Thesmophories à Athènes, une fête exclusivement féminine. Cette analyse permet de montrer comment les femmes interviennent, en contexte rituel, dans le domaine de la délibération politique. Il s'agit d'abord de discuter – à partir de l'analyse comparée de quelques passages des Thesmophories d'Aristophane et des Euménides d'Euripide – les hypothèses formulées par les archéologues sur la localisation de la fête des Thesmophories. Cette fête a en effet été associée à la Pnyx ou à l'Eleusinion ; nous proposons de la placer dans les environs immédiats du lieu de réunion du conseil de l'Aréopage d'Athènes, à l'ouest de l'Acropole, et sur la même colline que l'Aréopage. Il s'agit ensuite de comparer les actes politiques masculins et les rituels féminins décrits à l'occasion de la fête des Thesmophories. L'enjeu est de comprendre si la « délibération » féminine de caractère politico-judiciaire qui est décrite dans la pièce d'Aristophane reflète un possible discours des femmes d'Athènes qui pouvait être perçu comme parallèle ou « similaire » à celui des hommes. En un sens et en prolongeant une étude de Christopher Faraone, il s'agit de savoir si les femmes d'Athènes rendaient effectivement une forme de justice lors de la fête des Thesmophories. Enfin il s'agit d'évoquer les discours alternatifs qui semblent avoir été produits par les femmes dans cet espace situé au cœur civique et politique de la cité.This article examines the political reverberations of the Athenian Festival of Thesmophoria, celebrated exclusively by women. It demonstrates how, in a ritual context, women might intrude upon the political space of men's deliberations. Starting from a comparative analysis of some passages in Aristophanes' Thesmoporiazusae and Aeschylus's Eumenides , it will first review the hypotheses formulated by archaeologists about the physical location of the festival. It has been associated with the Pnyx or the Eleusinion; we propose to locate the celebration in the civinity of the Council of the Areopagus of Athens on the western side of the Acropolis, and on the very hill of the Areopagus. It will then compare the deliberative acts carried out by Athenian male citizens and the women's rituals as described in representations of the Thesmophoria. It will explore the possibility that “deliberation” of a politico-judicial character enacted by women, as described in Aristophanes' play, reflects a possible women's discourse which could be perceived as parallel or “similar” to that of men. Following a suggestion in the work of Christophe Faraone, it asks whether the feast of Thesmophoria could, in this context, constitute a place where Athenian women were concretely handling “justice”. In conclusion, reference will be made to possible alternative discourses produced by women in this space lying at the civic and political heart of the city.
- Fêtes de citoyennes, délibération et justice féminine sur l'Aréopage (Athènes, v e siècle avant J.-C.) - Miriam Valdés Guía p. 279-307
Clio a lu
- Dossier « Laisser son nom : femmes et actes de mémoire dans les sociétés anciennes » : Pallas. Revue d'études antiques, 99, 2015 - Isabelle Pernin p. 309-311
- Christoph Rolker, Das Spiel der Namen. Familie, Verwandschaft und Geschlecht im spätmittelalterlichen Konstanz, Ostfildern : Ostfildern, Jan Thorbecke, 2014 - Christiane Klapisch-Zuber p. 313-314
- Frédérique Le doujet-thomas, « Nom de famille et nom d'usage : le système onomastique a-t-il un genre ? » : in Stéphanie Hennette-Vauchez, Marc Pichard & Diane Roman (dir.), La Loi & le Genre. Études critiques de droit français, Paris, CNRS Éditions, 2016 - Anne-Marie Leroyer p. 316-319
Clio a reçu
- Clio a reçu… - p. 318
Compléments en ligne : Clio a lu
- Véronique Dasen, Le Sourire d'Omphale. Maternité et petite enfance dans l'Antiquité : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire – Série Histoire ancienne – Cahiers d'Histoire du corps antique », 2015 - Jean-Baptiste Bonnard p. 320
- Isabelle Havelange (dir.), Journaux de voyage et d'éducation de Louis-Philippe d'Orléans et Charles Gardeur-Lebrun, Spa, été 1787, préface de Dominique Julia : Paris, Classiques Garnier, coll. « Correspondances et mémoires », 2015 - Pierre Caspard p. 321
- Christian Zonza (dir.), Vérités de l'histoire et vérité du moi. Hommage à Jean Garapon : Paris, Champion, 2016 - Pierre Caspard p. 322
- Beatrice Zucca Micheletto, Travail et propriété des femmes en temps de crise (Turin, xviiie siècle) : Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. « Genre à lire... et à penser », 2014 - Laurence Croq p. 323
- Éliane Viennot, Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir 1789-1804 : Paris, Perrin, 2016 - Martine Lapied p. 324
- Tim Allender , Learning Femininity in Colonial India, 1820-1932 : Manchester, Manchester University Press, 2016 - Rebecca Rogers p. 325
- Gabrielle Houbre, Isolde Pludermacher & Marie Robert (dir.), Prostitution. Des représentations aveuglantes : Paris, Musée d'Orsay/Flammarion, 2015 - Lola Gonzalez-Quijano p. 326
- Yannick Ripa, Les Femmes dans la société, une histoire d'idées reçues : Paris, Le Cavalier Bleu, 2016 - Laurence Alessandria p. 327
- Carola Togni, Le Genre du chômage. Assurance chômage et division sexuée du travail en Suisse (1924-1982) : Lausanne, Antipodes, 2015 - Morgane Kuehni p. 328
- Anne Revillard, La Cause des femmes dans l'État. Une comparaison France-Québec : Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2016 - Bérengère Marques-Pereira p. 329
- Eléonore Armanet, Le Ferment et la grâce. Une ethnographie du sacré chez les Druzes d'Israël : Toulouse, Les Anthropologiques, Presses Universitaires du Mirail, 2011 - Valérie Pouzol p. 330
- Yvonne Knibiehler, Martine Sagaert, Les Mots des mères du XVIIe siècle à nos jours | Patricia Ménissier, Être mère, XVIIIe-XIIe siècle : Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2016, 1176 p. | Paris, CNRS Éditions, 2016, 203 p. - Emmanuelle Berthiaud p. 331
- Mara Montanaro, Françoise Collin. L'insurrection permanente d'une pensée discontinue | Dominique Fougeyrollas-Schwebel & Florence Rochefort (dir), Penser avec Françoise Collin. Le féminisme et l'exercice de la liberté : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », 2016, 388 p. | Paris, Éditions IXe, 2015, 191 p. - Bérengère Kolly p. 332
- Lucien Faggion, Christophe Régina & Bernard Ribémont (dir.), La Culture judiciaire. Discours, représentations et usages de la justice du Moyen Âge à nos jours : Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2014 - Loraine Chappuis p. 334
- Christina Toren & Simonne Pauwels (eds), Living Kinship in the Pacific : New York & Oxford, Berghahn Books, 2015 - Hélène Nicolas, Simonne Pauwels p. 335
- Rebecca Rogers et Pascale Molinier (dir.), Les Femmes dans le monde académique. Perspectives comparatives : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016 - Odile Goerg p. 336