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Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 6, décembre 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Études
- Artisans et pluriactivité : L'exemple de Dijon à la fin du Moyen Age - Thomas Pfirsch p. 5-21 Le phénomène de la pluriactivité, déjà connu dans les élites urbaines ou chez les travailleurs non qualifiés, a été peu étudié chez les artisans qualifiés des villes de la fin du Moyen Âge. Les contrats d'apprentissage dijonnais de la fin du XIXe siècle montrent pourtant l'ampleur de la polyvalence dans cette catégorie sociale. Les artisans avaient fréquemment une activité agricole mais pouvaient également cumuler deux activités artisanales économiquement complémentaires ou techniquement voisines. La polyvalence était très forte chez les apprentis et chez les femmes. Elle concernait des individus, mais également des entreprises familiales exerçant simultanément et durablement des activités parfois très différentes. La pluriactivité apparaît donc comme une caractéristique structurelle des économies urbaines de la fin du Moyen Âge.Craftsmen and work polyvalency. The case of Dijon at the end of the Middle Age Work polyvalency is a well known phenomenon among medieval urban upper classes and unskilled workers, but it remains unexplored among Later Middle Ages urban craftsmen. Through Later Fourteenth Century Dijon apprenticeship contracts, however, polyvalency proves to have been widespread in medieval craftsmen's world. Dijon craftsmen often had both a craft and agricultural work, and could concurrently hold several complementary or akined crafts. Polyvalency was particularly important among apprentices and women. It was both an individual and family phenomenon, since many family businesses simultaneously held very different crafts. Thus, work polyvalency turns out to be a typical feature of Later Middel Ages urban economies.
- Le bourgeois arboriste (XVIIe -XVIIIe siècles) : Les élites urbaines et l'essor des cultures fruitières en Ile-de-France - Florent Quellier p. 23-41 Dans les deux derniers siècles de l'Ancien Régime, les campagnes parisiennes connaissent une véritable fièvre bâtisseuse de maisons des champs des élites urbaines; pour manifester leur bon goût et leur distinction sociale, nobles et bourgeois doivent les orner d'un jardin potager-fruitier. Or les principaux lieux de résidence de la Cour et de la Ville correspondent aux grands foyers arboricoles parisiens. Cette rencontre, loin d'être fortuite, est probablement une des principales raisons de l'essor de l'arboriculture fruitière en Ile-de-France à partir des années 1640. En effet, les clos privilégiés enseignent, à une paysanneriemarchande, les fruits à la mode, introduisent de nouvelles espèces et variétés fruitières dans un finage et contribuent à une diffusion régionale des techniques arboricoles.The «bourgeois arboriste» ( XVIIth - XVIIIth centuries). The Urban Elite and the Rise of Fruit Cultivation in Ile-de-France. In the last two centuries of the ‘‘Ancien Régime'', a feverish urge moved the Parisian élite to build country houses. Both aristocrats and bourgeois had then to prove their good taste and social refinement with the settlement of fruit and vegetable gardens. The main places of residence of the Court and the city were also the great Parisian arboricultural centres, which certainly was not accidental but probably one of the principal reasons of the rise of fruit cultivation in IledeFrance during the 1640s. The privileged taught a merchant peasantry how to grow the fashionable fruit, launched new fruit species and fruit varieties and helped spread new arboricultural techniques in the whole region.
- Le cœur de Paris à la veille de la Révolution : Étude de géographie sociale - Youri Carbonnier p. 43-68 Le dépouillement de deux ans (1788-1789) de sources notariales et policières fournit les adresses et les professions de plus de 14000 Parisiens et permet une approche de la répartition socioprofessionnelle du centre de Paris à la fin de l'Ancien Régime. Cette répartition est d'abord analysée au niveau des paroisses: quelques-unes apparaissent dominées par une catégorie socioprofessionnelle, tandis que d'autres sont plus homogènes. La répartition de chacune des catégories dans l'espace urbain, étudiée ensuite, met en lumière quelques concentrations professionnelles. Les hommes de loi et les orfèvres, particulièrement bien documentés, permettent même une étude exhaustive.The heart of Paris at the eve of the French Revolution. A study of social geography. The perusal of two years (1788-1789) of notary and police sources supplies with the addresses and occupations of more than 14000 Parisians and allows an approach to the socio-professional distribution in the centre of Paris at the end of the Ancien Régime. The analysis of the distribution in each parish shows that few of them are dominated by one socio-professional category, while others are more homogeneous. The distribution of each category in urban space, which is also studied, brings some professional concentrations out. Lawyers and goldsmiths, who are particularly well-documented, even allow an exhaustive study.
- La boutique magnifiée : Commerce de détail et embellissement à Paris et à Londres dans la seconde moitié du XVIIIe siècle - Sophie Descat p. 69-86 Bien que l'on parle peu d'architecture commerciale pour les périodes qui précèdent le XIXe siècle, que l'on considère souvent comme «le » siècle des grandes innovations en la matière, la gestion des aires de chalandise a fait l'objet, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, de questionnements et de programmes originaux qui ont jusqu'à présent trop peu retenu l'attention des historiens de l'architecture. L'idée est ici de montrer, à travers les exemples parisiens et londoniens de Pierre-Louis Moreau et George Dance le Jeune, particulièrement représentatifs des changements qui ont lieu, l'importance acquise par la boutique. Magnifiée, devenue un motif-clé de l'espace urbain, elle a incité les architectes à concevoir de nouveaux dispositifs d'aménagement – comme les passages couverts – qui ont pleinement contribué à façonner l'identité de la ville contemporaine.Retail trade and improvment in Paris and London on the second half of the 18th century Although studies have been made of commercial architecture in the 19th century, a period which is generally recognised as being responsible for the greatest innovations in this field, significant developments had already taken place much earlier, in the second half of the 18th century. These have not so far been studied in detail by architectural historians. This article seeks to explore these issues through an examination of the projects of Pierre-Louis Moreau and George Dance the Younger in Paris and London respectively, whose works can be seen as being representative of the changes in commercial planning and shop design at that time. It is demonstrated that the improvement of the shop, considered a keymotif of the urban design, pushed the architects into developing new urban forms–such as the arcade– that have gone on to contribute significantly to the identity of the modern city.
- Une ville en ordre : l'étatisation de la police lyonnaise (1848-1862) - Florent Prieur p. 87-113 Au XIXe siècle, la ville entre dans la pensée politique. Lyon, ville réputée fangeuse, suscite, tout au long du siècle, la crainte des différents régimes de voir s'y développer la révolte. Depuis le début du XIXe siècle, les autorités nationales ont mis sur pied une organisation générale de la police, s'appuyant sur les nouveaux pouvoirs locaux nés de la Révolution Française et du Premier Empire (préfet, maire, commissaires de police). Dans la première moitié du XIXe siècle, le modèle policier mis en place à Lyon ne se démarque pas, globalement, de celui des autres villes de France. Les journées de février puis de juin 1848 n'imposent pas non plus de changements profonds dans l'organisation générale du maintien de l'ordre lyonnais. En juin 1849, la révolte des Voraces provoque une réforme qui permet aux autorités nationales d'étatiser la police, et de créer une nouvelle entité administrative : « l'agglomération lyonnaise ». La direction de la police se trouve unifiée, sous l'égide du préfet et d'un nouveau « secrétaire général pour la police ». Les commissariats de police sont réorganisés, leur personnel accru. Il est créé un nouveau corps de policiers – les sergents de ville – qui assure le maintien de l'ordre sur la voie publique par l'îlotage, et des services spéciaux – pour la police politique et de sûreté. Enfin, cette réforme instaure un nouvel ordre urbain, basé sur une perception subjective des espaces de la ville. Les autorités concentrent ainsi largement les forces de police et de gendarmerie sur le centre (lieu des pouvoirs), et sur les marges de la ville. Par ailleurs, Lyon et son agglomération se retrouvent au centre d'un dispositif départemental et national de maintien de l'ordre, s'articulant autour de la disposition des forces de police et de gendarmerie et de la naissance de la police des chemins de fer. L'étatisation de la police lyonnaise contribue ainsi à créer une situation particulière, pour une ville alors perçue comme séditieuse. Elle révèle surtout un mode de contrôle des sociétés urbaines au XIXe siècle, et illustre ainsi les étapes de la construction de l'institution policière française.A town in order: the building of a state police in Lyon (1848-1862) XIXth century sees city enter political thought. Lyon, considered as rebel, raise, during the whole century, the authorities's fear concerning apparition of revolts. Since the beginning of the XIXth century, national authorities have created and developped a general organization of police, based on new local powers borned of French Revolution and First Empire (prefects, mayors, superintendants of police). In the first half of XIXth century, the police model established in Lyon isn't, globally, different from the other french cities. Days of February and June 1848 don't impose deep changements in general organization of lyonese police. In June 1849, the revolt of the Voraces engage a reform which conduct national authorities to create a state police, and a new administrative entity: ‘‘the lyonese agglomeration''. The police's direction is unified, and gived to the Rhône's prefect, and to a new ‘‘general secretary for police''. Police-stations are reorganised, their staff increased. A new police corps is created – the ‘‘city's sergeants'' – as also new special services, for political and surety police. Lastly, this reform sets up a new urban order, based on subjective perception of city areas. Authorities choose to concentrate police and gendarme strenghts essentially on center and on the edge of the town. Lyon and its agglomeration are also integrate in a national and departemental scheme (distribution of police and gendarmerie strenghts, birth of railways police). The reform of lyonese police contribute to create a particulary situation to a city tought rebel. It reveals moreover a mean of control of urban society in XIXth century France, and thus shows a stage of building of the french police institution.
- Des villes américaines entre corruption et réforme à la fin du XIXe siècle : L'exemple de la gestion des travaux publics à Baltimore - Hélène Harter p. 115-129 Au début des années 1890, Baltimore offre l'image d'une ville économiquement dynamique mais très mal gérée. Elle a vingt ans de retard sur les autres métropoles américaines qui ont décidé d'investir massivement dans la modernisation de leurs infrastructures de travaux publics dès les années 1870. Ceci est dû notamment au poids du privatisme et à la politisation des services municipaux. L'étude des politiques de travaux publics menées à Baltimore dans la dernière décennie du XIXe siècle et à l'heure du progressisme démontre cependant que la ville n'est pas si atypique que cela. Comme dans les autres métropoles, c'est la multiplication des crises urbaines, notamment les incendies et l'aggravation de l'état sanitaire de la ville, qui permettent d'entreprendre des réformes. On constate un début de moralisation et de professionnalisation de l'administration municipale au tournant du XXe siècle. Comme les autres grandes villes américaines avant elle, Baltimore fait le choix d'adapter ses institutions pour répondre aux défis de l'ère industrielle et urbaine.Corruption and reform in American cities: The management of Baltimore's public works at the end of the nineteenth Century. Baltimore is a very badly managed city at the beginning of the 1890s despite its economical vitality. It was twenty years ago that Boston, Chicago and New York decided to modernise their public works infrastructures and support the construction of capital-intensive, technologically sophisticated sewer and water supply systems. Baltimore lags behind the other American metropolises because of its culture of privatism and the politicisation of its municipal administration. However, the study of the Baltimore's public works policies during the last decade of the nineteenth century and during the progressive era shows that the city of Baltimore responds to same concerns as Chicago, New York and Boston. The increase in urban crises, particularly the 1904 fire and the deterioration of the sanitary condition of the city, prompts the demand for reform. The municipal administration is in process of moralization and professionalization in the first decade of the twentieth century. Baltimore models herself on the other American metropolises and chooses to modernise its institutions in order to take up the industrial and urban era challenges.
- Que faire de la statue de Franco ? : Mémoire historique et action politique à Ferrol (Espagne) - José María Cardesín p. 131-150 Le 19 novembre 2001, la statue équestre de Francisco Franco à Ferrol (en Gallice), la ville qui a vu naître le dictateur, a été peinte en rose. L'analyse de ces événements et de leurs retombées médiatiques permet de les inclure dans un triple débat plus vaste: sur les nouveaux mouvements sociaux et leur connexion avec les médias; sur les «lieux de mémoire », et leur mise à jour, dans le contexte particulier des politiques de la mémoire du franquisme; sur la nature du régime franquiste et le caractère de la transition démocratique espagnole.What should we do with Francisco Franco statue? Historical memory and political action in the Spanish town of Ferrol. On 20th November 2001, twenty-five anniversary of Francisco Franco death, the equestrian statue on his memory that's placed in Ferrol, the Galician town where the Spanish dictator was born, appeared painted pink. A similar fate awaited other Franco's statues that are placed in such towns like Madrid or Melilla. Analysis will follow of such events, and its repercussion on the media, in order to relate them to broader questions: on new social movements, and their relationship to mass media; on the bringing up to date of «places of memory», in the specific context of Franco system politics; on the nature of Franco system, and the character of Spanish transition to democracy.
- Artisans et pluriactivité : L'exemple de Dijon à la fin du Moyen Age - Thomas Pfirsch p. 5-21
Profil
- Réflexions sur un parcours : Pierre Deyon (1927-2002) - Philippe Guignet p. 151-159
Quartier libre
- La fabrication de la Cambridge Urban History of Britain - Peter Clark p. 161-174
- La reconstitution historique des formes urbaines (À propos de Naples, San Francisco et Paris) : Entretien de Jean-François Coulais avec Jean-Luc Pinol - Jean-François Coulais p. 175-186
Lectures
- John M. Camp, The Archaeology of Athens, New Haven et Londres, Yale University Press, 2001, XII-340 p., 277 fig. dans le texte. - Michel Sève p. 187-190
- Religion et société urbaine au Moyen Âge. Études offertes à Jean-Louis Biget par ses anciens élèves, réunies par Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau, préface de Pierre Toubert, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000,567 p. - Étienne Hubert p. 190-193
- Hélène Harter, Les ingénieurs des travaux publics et la transformation des métropoles américaines, 1870-1910, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001,444 p. - Mathieu Flonneau p. 193-195
- Caroline de Saint-Pierre, La fabrication plurielle de la ville : décideurs et citadins à Cergy-Pontoise, 1990-2000, Paris, Créaphis, 2002,311 p. - Mathieu Flonneau p. 195-196